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beaucoup ces Oilcaux de leur naturel fauvage, fait qu'ils ne s'écartent point des pieces d'eau où on les a mis ; il eft vrai aufli qu'ils ne vivront pas dans une cour, comme les autres, mais ce n'eft pas ce qu'on cherche, on veut peupler un étang de Canards fauvages, & on y réüffit par-là. il ne faut pas s'imaginer que prenant les Canes fauvages toutes grandes, & les enfermant, on puiffe les obliger à pondre,leur genie accoutumé à la liberté, ne le leur permet pas à moins qu'il n'y ait long-temps qu'elles n'euffent été enfermées, encore pourroit-on douter de la réussite.

Il y a beaucoup d'efpeces de Canards fauvages qui different entre eux des Canards par leur grandeur, leur figure, leur cry & par leur couleur ; il s'en trouve Lauvages, dont le vol eft lent, & d'autres qui volent plus vâte.

De la maniere de fe fournir de Canes d'Indes.

aprivoife aifément, il eft plus gros que la Cane ordinaire, & il n'en a ni le port, ni la figure, ni la couleur ; il ne dit mot, il donne peu d'oeufs,& fes petits font fort difficiles à élever,

Quand on veut mettre couver les Canes d'Indes ;c'eft affez d'un mâle pour fix femelles; elles fe plaifent à l'eau comme les autres, & vivent de même, & lorfqu'elles font bien apprivoifées, elles viennent foir & matin avec les Volailles à l'endroit où l'on a coûtume de leur donner à manger.

Le plus sûr expedient eft de donner à couver les oeufs de Canes d'Indes aux Poules communes qui les fomentent heureusement, mais quand les petits en font éclos, il faut fe donner de la peine après eux, ils font difficiles à élever; leur nourriture d'abord doit être de millet ou d'orge bouilli, & toûjours beaucoup d'eau, parce qu'ils veulent barboter. Le pain blanc émié & détrempé de caillé prévaut fur toute autre nourriture, il faut les tenir long-tems enfermez avant que de les laiffer aller à l'eau, & quand ils font fortifiez, on les lâche parmi les Canes communes avec lefquelles ils s'ac cordent très-bien; de maniere que confondant leurs lefpeces, ils font des Canes bâtardes qui fe multiplient & qui s'élevent comme les aurres. Ce mélange vient du côté des Canards d'Indes qui s'accouplant avec les Canes communes, produifent ces Oifeaux métifs: leCanard domeftique n'a commerce qu'avec fes femelles propres, & il eft bon même qu'il n'y en ait point, par parce qu'il empêche cesOifeaux étrangers d'ufurper fur fes droits. Rappellons tous nos Qiseaux, & voyons à quoi ils font propres pour la fanté. Ee Canard domeftique pour être bon à fervir fur table doit être choifi mestique, jeune, tendre & gras, Il nourrit beaucoup & eft d'une fubftance folide & qui dure. Les Medecins difent qu'il eft de difficile digestion, & qu'il produit des humeurs lentes & groffieres. On eftime particulierement la chair de l'eftomac du Canard, ce qu'on appelle vulgairement les aiguillettes. Un Poëte a dit là-deffus; qu'on me ferve un Canard, mais je n'en mangerai que Leftomac & la tête, & je renvoyerai le refte à la cuisine.

Canard do

Les effets.

Martial.

On prétend que le Canard vif ouvert tout chaudement & appliquée de même fur le ventre, guerit la colique & les tranchées; fon foye. arrête le

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flux hepatique, fa graiffe eft adouciffante, réfoût & amollit les tumeurs. Foye du Pour ce qui eft du Canard fauvage; il eft plus falutaire que le domef- Canard, fa tique, fa chair eft plus agréable, parce qu'il jouit d'une transpiration plus graiffe, libre, à caufe du mouvement qu'il fe donne, & qui contribue à attenuer & à rectifier ce qu'il pourroit avoir de groffier.

Le fang de Canard domeftique coagulé & bû avec du vin, est specifi que contre toute forte de venin,

CHAPITRE V

Des Cygnes.

Uifque nous voici fur l'article des Oifeaux aquatiques, difons quelque chofe de celui-ci : il eft vrai qu'il ne convient guéres au ménage, lorfqu'il eft de dépenfe, & qu'il n'apporte aucun profit; mais enfin il n'eft pas défendu parmi l'oeconomie de donner quelque chofe à la curiofité; le Cygne eft un Oifeau recommandable par fa blancheur, il a le cou long, & d'une encolure fort agréable; il eft haut monté fur jambes, & au refte femblable à une Oye.

Cet Oifeau eft de grande dépenfe & gourmand; il ne fe plaît que dans les lieux folitaires & aquatiques, comme Rivieres & Etangs, qu'il détruit par la grande quantité de poiffon qu'il mange, & quelquefois même il perd les bleds en herbe quand il fe jette deffus ; c'eft pourquoi l'on confeille de n'en nourrir qu'une petite quantité ; car outre ce qu'il trouve dans l'eau, il faut encore quelquefois lui donner du grain, des herbages hachées groffierement & des reftes de cuifine, comme tripailles d'ani

maux ou autre chofe de cette forte.

Il y a des Pays où les Cygnes vivent en partie dans la Baffe-cour; quelquefois on fe fert de cet expedient quand on a la curiofité d'en avoir & qu'on a peu d'eau au tour de fa maifon, mais encore un coup c'est une envie qui coûte.

Si donc on veut avoir des Cygnes, il fuffit de deux ou de quatre tout au plus. Il leur faut bâtir un toît qui ne foit point couvert, parce que ces Oifeaux aiment la liberté, & qu'ils ne fe plaifent point a être renfermez. Le Cygne fait fon nid foi-même, fa ponte eft de deux ou trois oeufs, & ne couve qu'une fois l'année; il veut être tenu proprement dans fon toît, parce qu'il fiente beaucoup, & que l'ordure fui déplaît.

La feule chofe en quoi le Cygne eft utile, & pour laquelle on aime en avoir à la campagne, c'eft qu'il fait merveilleufement bien la chaffe aux grenouilles, qui dans les grands foffez qui environnent une maifon & par leurs cris qui ne ceffent point prefque jour & nuit, importunent terriblement les oreilles de ceux qui y demeurent.

Ces Oifeaux étoient autrefois plus à la mode qu'ils ne font aujourd'hui, on en voyoit la riviere de Seine prefque toute couverte, mais aujourd'hui il n'y en a prefque plus.

Paons.

CHAPITRE VI.

De la maniere de nourrir d'élever les Paons.

Nous laiffons ici tout ce que la Fable dit du Paon, & plufieurs au

tres attributs qu'on lui donne, comme étant une matiere qui ne contribue en rien à nôtre fujet; & le Paon est assez connu fans qu'il soit befoin d'en faire la defcription.

Cet Oifeau eft d'un grand entretien ; il eft goulu, & fujet à endommager beaucoup les maifons & les jardins, fi l'on n'y prend garde, & s'il n'y a quelque pâture aux environs du logis. Il ne peut fouffrir que fa femelle Couve, & pour cela il caffe fes oeufs pour en jouir plus fouvent & plus Age des commodément. Les Naturaliftes difent que le mâle vit vingt ans, & la femelle moins, que l'un & l'autre font mal-aifez à élever dans leur jeuneffe, mais que lorfqu'ils ont abandonné leur mere, ils fe foignent affez bien eux-mêmes. On a vû qu'autrefois les Paons étoient plus communs qu'ils ne font aujourd'hui, & ce qui fait à la verité qu'on ne s'en eft plus guéres mis en peine, c'eft leur cri importun dont ils rompent la tête prefque toute la journée, car ils ont, dit le Proverbe, la voix du Diable.

Nombre des Paons qu'on peut nourrir.

I E Paon s'apprivoife aifément, & fi la curiofité porte d'en élever quel-
L

ques-uns, il fuffit d'avoir quatre femelles & un mâle. On ne fe met gueres en peine de lui bâtir un toît exprès pour le coucher la nuit. Cet Oifeau fe perche où il fe trouve, tantôt fur les arbres, tantôt fous un porche, & tantôt dans quelqu'autre endroit de cette nature où fon inftinct le L. 8. c- 11. pouffe. Columelle dit qu'il eft fort amoureux, & qu'il lui faut cinq femelles, & que s'il en faillit une trop fouvent, & qu'elle foit prête à pondre, il fait avorter fes oeufs qui à peine font formez dans fon corps, l'on veut nourrir plus de Paons qu'on a dit, cela dépend de la fantaifie.

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Ce que la Paoneffe a d'incommode, c'eft qu'elle ne fait point fa ponte en un même endroit, qu'il faut avoir foin de la veiller tous les jours dans le temps qu'elle la fait, & d'en ramaffer les oeufs. Elle fait trois pontes l'année, fi l'on ne la met point couver, car fi on l'employe à ce travail, elle n'en fait qu'une : elle commence fa premiere ponte à la my-Février, & fait cinq œufs de fuite, elle n'en donne que trois ou quatre à la feconde ponte, & que deux ou trois à la troifiéme, & chaque ponte fe fait environ à deux mois l'une de l'autre.

Il faut pourtant faire enforte, le plus qu'il eft poffible, que les Paoneffes pondent dans un endroit où on les aura accoûtumées de coucher, & dans la faifon qu'elles doivent pondre, mettre fous leur juchoir beaucoup de paille, crainte que leurs oeufs ne fe caffent, parce que fouvent quand les Paoneffes font juchées dans leur toît, leurs oeufs tombent la nuit pendant

qu'elles dorment, & par ce moyen ils ne fe trouvent point endommagez. Ĉes Oiseaux produifent beaucoup quand ils ont trois ans, au lieu qu'auparavant ils font très-fteriles.

Si dans le temps qu'on préfume que le Paon & la Paoneffe doivent être. en amour, & qu'ils ne s'y mettent point, il faudra leur donner à manger des féves roties fur la cendre. Cette nourriture les échauffe, & l'on connoît que le mâle eft en chaleur, quand il fe mire dans fa queue, & qu'il l'épanouit en forme de rouë.

Il faut donner les oeufs de Paon à couver aux Poules communes pour plus grande commodité, & pour cela on fait choix des plus grandes & des plus vieilles, elles peuvent embraffer neuf œufs, cela fuffit, il faut un mois pour en éclore les petits.

La Paoneffe couve auffi fes propres oeufs, & quand la nature l'y oblige Sa couvée elle se tient cachée pendant quelque jours, & ne paroît à la Baffe-cour. que lorfque la faim la preffe & qu'elle vient chercher à manger; ce qu'elle fait promptement, tant il lui tarde de retourner fur fes oeufs, qu' elle croit qu'on lui va dérober, ou qu'elle a peur de ne pas bien fomenter. Quand elle a une fois commencé ce train, elle n'y manque point tous les jours à certaine heure, foir & matin, & elle part ordinatrement de fon nid en volant & faifant un certain cri qui lui eft particulier quand elle couve, comme le gloffement l'eft aux Poules communes. Quand cette Paoneffe veut s'en retourner fur fes oeufs, elle ne vole point comme elle eft venuë, vous la voyez au contraire prendre des chemins détournez qu'elle change chaque jour, afin de ne point donner connoiffance à perfonne de fon ouvrage.

Dés qu'on s'apperçoit de tous ces mouvemens, il faut faire épier la Paoneffe, la fuivre de l'oeil autant qu'il eft poffible, & jufqu'à ce qu'enfin on ait découvert le nid : aprés cela on l'environne de bonnes clayes ou d'autres chofes femblables, de maniere qu'il n'y puiffe approcher aucune bête pour luy nuire & endommager fes oeufs. Si par malheur la Paonesse venoit à être troublée à la moitié du terme de fon incubation, & non plûtard, elle fe remettroit à couver une feconde fois, mais les petits qui écloroient de fes oeufs ne croîtroient pas fi beaux que fi la premiere couvée avoit été heureuse, à caufe de l'hyver qui les atteint trop-tôt, fuppofé neanmoins, à l'égard de ce fecond travail, qu'il n'y furvint point quelque nouvel inconvenient.

Qu'on fe donne bien de garde par curiofité d'aller trop près vifiter la couveufe jufqu'à en vouloir manier les oeufs, il ne faudroit que cela pour la détourner de fon ouvrage, & y renoncer pour jamais. Voyezla de loin, & que cette vifite ne foit point trop longue, & le plus sûr c'eft de la laiffer couver en repos, & de foigner feulement à lui jetter à manger à l'heure qu'on a marqué qu'elle vient en prendre avec les autres Volailles.

La Paoneffe, pour l'ordinaire (ce qui eft à remarquer) n'éclos pas fes petits tous à la fois non plus que les autres Qifeaux, à mefure qu'ils font nez, elle fort de fon nid, mene promener fes petits éclos, & laiffe les autres œufs couvez imparfaitement, ce qui est fâcheux, & & pour tâches

Comment

que les oeufs ne foient point fans effet, on les prend, & fi l'on a une Poule qui couve, on va adroitement, & la nuit les lui gliffer fous elle; cette couveufe acheve l'ouvrage, fans cela on peut dire que ce font autant d'oeufs de perdus.

Les Paoneaux étant éclos, on les laiffe un jour fous leur mere, puis on élever les les enferme fous une grande mûe avec elle, afin que le Paon qui les hait, & Paoneaux, qui les blefferoit, n'en puiffe pas approcher: quand on ne prend point cette

Nourriture

des Pao

neaux.

Remarques

Columel.

précaution, on voit trois ou quatre jours après la Paoneffe tous les foirs s'étudier, pour ainfi dire, à dérober fes petits aux yeux du monde, les menant coucher dans les hayes tantôt d'un côté tantôt de l'autre, quoique toû→ jours près de la maison, mais jamais dans leur nid, car ils n'y retournent plus, ce qui les expofe trop en proye à leurs ennemis.

Mais pour éviter ce danger, & après avoir obfervé où cette mere mene coucher fes petits, il faut parquer cet endroit avec quelque claye ou autres clôtures de cette forte, & changer ce petit parc à mesure que la Paonesse prend de nouveaux gîtes ; ce foin ne peut durer que pendant cinq ou fix jours, qu'elle accoûtume petit à petit les Paoneaux à jucher fur les arbres, & pour les mieux aider & leur y montrer le chemin, elle les prend l'un aprés l'autre fur fes épaules & les y porte; tel eft l'intinct de cet Оifeau, & c'est ainsi que la nature s'eft pluë à mettre dans chaque animal un carac→ tere different & particulier.

Le matin étant venu, la Paoneffe faute du juchoir en bas, fes petits qui la veulent fuivre répugnent d'abord un peu, mais à la fin ils fuivent leur mere, ils volent à terre, & à mesure qu'ils prennent des forces, ils les éprouvent à monter fur ces arbres, & fe mêlent quelque temps après à la compagnie des Oifeaux de leur efpece qui font plus grands.

On nourrit les Paoneaux les premiers jours avec de la farine d'orge détrempée dans du vin, ou de froment boüilli en forme de bouillie. On peut mettre dans cette nourriture du fromage mou bien mêlé parmi, le lait clair leur eft préjudiciable. Les Paoneaux fe nourriffent d'ailleurs de fauterelles, d'araignées, de mouches ou d'autres vermines de cette nature. On les nourrit ainfi pendant un mois, & après ce temps on leur donne de l'orge ou du froment bouilli fimplement, ce foin doit durer quatre ou cinq mois, après quoi les Paoneaux vivent comme les autres Volailles de la Baffe-cour.

Si c'eft une Poule commune qui ait couvé les Paoneaux, il faudra trente cinq jours après qu'ils feront éclos, les laiffer aller aux champs avec leur conductrice qui gloffe pour les appeller, comme fi c'étoit des petits pou1. 8. G. 1. lets. Il faut que celui auquel le foin d'élever ces Oiseaux eft commis, porte la Poule aux champs enfermée dans une cage, puis qu'il la laiffe fortir dehors attachée neanmoins par le pied à un cordeau de trois toifes, tous les Paoneaux voleront à elle, & quand ils feront affez repus, il faudra les ramener à la maifon, en les obligeant à fuivre leur mere.

Idem.

Quelques Auteurs prétendent qu'il ne faut pas laiffer de Poules qui ayent des pouffins parmi celles qui conduifent des Paoneaux, parce, difent-ils, que les Poules fi-tôt qu'elles les auront regardez, quitteront leurs petits. fropres pour affectionner les Paoneaux à caufe de leur beauté: on n'affure.

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