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point trop cette opinion, mais l'on peut s'en convaincre par l'experience, fi l'on fouhaite abfolument en être certain.

Maladies des Paons.

Es
És Maladies des Poules font communes aux Paons, c'eft pourquoi
on ufe des mêmes remedes pour les guerir. Quand les Paoneaux ont

fept mois paffez, on lès met coucher avec les autres.

La chair de Paon eft difficile à digerer, pour ceux qui en mangent: Chair de elle n'eft plus gueres d'ufage aujourd'hui fur les tables; & pour la man- Paon, fes ger, il faut qu'elle ne foit point coriaffe, & tuer le Paon deux jours avant effets. que de le manger en Eté, & trois ou quatre en Hyver. On tient que cette chair étant rôtie fe garde un mois entier fans 'fe gâter.

Sa fiente

La fiente de Paon eft fouveraine pour les maladies des yeux, & l'on dit que cet Oifeaux eft fi envieux du bien de l'homme, qu'il mange lui- fes vertus même fa fiente, crainte qu'on n'en trouve. Ses plumes font fort recherchées par les Plumaciers; on en fait des manchons & plufieurs autres ou vrages qui font fort agréables

CHAPITRE VII.

"Qu'il faut nourrir des Pigeons fuyards à la Campagne. Construction d'un Colombier, ou d'une Voliere convenable à ces Oiseaux leur

utilité,& à quoi propres.

E profit qu'on tire de la nourriture des Pigeons fuyards n'eft pas moins confiderable que celui que nous rend la Volaille commune, foit рах la vente que l'on en fait, ou par ceux qui fe mangent à la maison. ¡

Ces Oifeaux ne demandent pas tant de foin que les autres qu'on éleve dans la Baffe-cour, & ne coûtent point tant à nourrir ; ils ont foin euxmêmes la meilleure partie de l'année, de chercher de la nourriture par les champs, il n'y a que l'hyver & lorfque la terre eft gelée ou couverte de neige, qu'il faut leur jetter du grain.

Le Pigeon fuyart eft affez connu par le grand ufage qu'on en fait parmi les alimens; & comme pour en tirer un grand profit, il faut en nourrir beaucoup, on doit auffi leur bâtir un endroit propre pour les mettre, foit un Colombier, ou une Voliere; & la difference qu'il y a entre l'un & l'autre, eft que dans le premier les Boulins font dès le rez de chauffée, ce qui n'eft pas ainfi dans les Volieres, fi ce n'eft dans celles qu'on appelle Voliere à pied, qui eft la même chofe que Colombier. Le droit de Colombier eft un droit feigneurial, qui n'eft permis qu'aux Seigneurs de fief d'en avoir. Voyons quelle en peut être la fituation, & comment le bâtir,

Liébault.

Ses Plumes

Boulins,

Affiete du Colombier, fa Conftruction.

'Affiete d'un Colombier doit être ordinairement dans l'endroit de la.

L'affe cour le plus éloigné de la maison, doit à caufe du bruit importun que font fes Oifeaux, ou de la mauvaife odeur qu'exale leur fiente, que du repos dans lequel les Pigeons fe plaisent à vivre, n'étant point en ce lieu troublez par les perfonnes qui paflent continuellement autour de leur demeure, ce qui arriveroit, fi on le fituoit fi près du logis.

Cette affiete doit être un peu élevée, pour ne point être humide, & le Colombier bâti fur de bons fondemens naturels; c'est à dire, que le terrain foit ferme, point fabloneux, ni une terre remuée. On doit juger par la hauteur & profondeur qu'on veut donner à son Colombier, quelle profondeur eft neceffaire aux fondemens. Pour plus grande feureté, on leur donne ordinairement la fixième partie de la hauteur de l'édifice; & quant à l'épaiffeur ils ont le double de celle du mur qui doit être élevé deffus: qu'on faffe donc déja attention à cette remarque importante pour la folidité de nôtre piece d'Architecture,

Défaifons-nous des fauffes idées que ce font formées là-deffus plufieurs Auteurs, qui ont écrit fur cet article, comme par exemple, d'empêcher que le Colombier foit moins battu des vents qu'il eft poffible, comme fi cela fe pouvoit faire à l'égard d'un édifice fi élevé, de le placer loin des arbres, à caufe du bruit qu'ils font quand le vent les agite; parce que ce bruit, difent-ils, les intimide, ce qui eft faux, les Pigeons ne s'y accoûtument toûjours que trop. D'éloigner leur demeure de l'eau pour des raifons frivoles, tandis que tous les jours, on voit des Colombiers fituez fur le bord des ruiffeaux ou de quelque fontaine, donner des Pigeons en abondance; ainsi de plufieurs autres fcrupules qui font auffi vains qu'on s'eft plû à fe les forger. Il faut fe fervir de l'affiete du terrain telle qu'on l'a, fans fe mettre en peine que de conftruire folidement le Colombier.

Cet édifice aura trois ou quatre toifes de diamètre dans oeuvre, & fera de figure ronde ou quarrée felon la fantaifie de celui qui le fait bâtir; pour la hauteur elle fera d'un quart plus que la largeur: on fait fa couverture comme celle d'une tour, avec des faillies en dehors pour rejetter les eaux des pluyes, afin que les murs n'en foient point endommagez.

Il feroit bon que la charpente fut pofée fur une voûte de pierre bien bâtie, pour empêcher par le haut que les bêtes qui font la guerre aux Pigeons ne s'introduifent point dans le Colombier; mais on voit beaucoup de ces édifices où il n'y a que la fimple couverture qu'on a foin de bien fermer fur l'entablement.

Le Colombier fera bâti, felon les materiaux qui feront les plus communs dans le pays, foit de moillon, de pierres, de grez ou de brique, il n'importe. On le garnit en dedans de boulins enclavez dans le mur, & faits de plâtre de brique ou de pierre. On ne fçauroit s'imaginer combien ces differentes matieres de faire ces nids fourniffent de raifonnemens en l'air à la plupart des gens qui prétendent fe connoître en tout. & avoir tout experimenté. Les uns tiennent pour la pierre, d'autres pour le bois, ainfi

'du refte, & tout cela vifion : il faut fe fervir en cette occafion des materiaux qui font le plus à nôtre portée, les bien employer, & cela fuffit pour qu'un Pigeon y faffe bien fon devoir, & que fes ennemis ne viennent point l'y faire infulte.

Il y a des Pays où on fe fert de pots de terre pour faire des boulins. On les enclave dans le mur en échiquier, & on les couvre tous d'une legere maçonnerie; l'invention en eft très-bonne, parce que aucune bête ne peut y avoir entrée, fi ce n'est par l'embouchure: on fait encore d'autres boulins avec des tuiles qu'on appelle Faiftieres, elles font, comme on fçait, le demi tuyau par leur cavité, & l'on en pofe deux l'une fur l'autre, de maniere que cela fait un trou qui eft rond; mais comme ces faiftieres n'ont pas affez de hauteur d'elles-mêmes pour pouvoir contenir un Pigeon à l'aife, on met entre deux un peu de Maçonnerie, & cela fait bien, autrement on pofe ces faiftieres en guife de caneaux à recevoir l'eau, les mettant par rangées éloignées d'un demy pied l'une de l'autre, foutenuës par des briques plattes, accommodées en haut & en bas à la rondeur des faiftieres & ces briques fervent de cloisons à ces boulins qui peuvent être fort utiles.

De quelque matiere que ces nids foient bâtis, le premier rang doit toû jours s'élever de terre de trois pieds, afin que les rats ne puiffent point monter dedans ; & pour se garantir plus fûrement de ces animaux, on fait deffous ce premier rang de nids, comme une voûte en forme de demituyau qui regne tout au tour du Colombier, & à laquelle on donne de faillie environ un pied: fi bien que lorfque ces deftructeurs de Pigeons - veulent aller les affaillir dans leurs boulins, ils n'ont nulle prife, il faut qu'ils tombent à moitié chemin, cette voûte eft faite de maçonnerie ou de plâtre, au défaut de ces materiaux, on fe fert de planches garnies de fer blanc par deffous.

Ces Boulins monteront dans le Colombier jufqu'à deux ou trois pieds près de l'entablement, on les couvre pardeffus & tout au tour d'une efpece de petit toit fait avec des ais larges de deux pieds, cela empêche auffi que les rats qui viennent d'enhaut, ne fe gliffent dans les nids des Pigeons; ces ais feront foutenus par des confoles de pierres, ou des bouts de chevrons enclavez dans le mur, qui ferviront au deffus pour affeoir les Pigeons & fe promener tout au tour. On ne doit pas craindre de garnir un Colombier de Boulins, il n'en devient que plus abondant dans la fuite par la grande quantité de Pigeons qui s'y retirent.

Il faut pour bien faire que les Boulins d'un Colombier fait avec des pots ou des faiftieres, foient mis en échiquier, les quarrez peuvent être l'un fur l'autre, fi l'on veut, on obfervera feulement au bas de chaque ouver-! tute de boulin, de mettre une petite pierre platte, ou brique, qui ait trois ou quatre doigts de faillie, afin que le Pigeon qui fort de fon nid, ou qui vient de dehors pour y entrer, trouve là-deffus de quoi se repofer, fur tout lorfqu'il fait un temps incommode.

Un Colombier doit donc être bien fondé, bien couvert,& avoir une bonne aire bien battue & bien cimentée. Cette aire fe fait dans le Colombier en pied, fur une voûte élevée au deffus du rez de chauffée environ de huit à

dix pieds; le deffous de cette voûte fert comme d'une espece de vinée ou de ferre où l'on met à couvert ce qu'on juge à propos. Tout le dedans du Colombier doit êtte bien blanchi, les Pigeons aiment le blanc, outre que cetre blancheur rend ce lieu plus éclairé & plus propre.

Cet édifice fera enduit foigneufement par tout dedans & dehors, foit de chaux ou de plâtre, il n'importe: il aura en dehors deux ceintures tout au tour de pierre de taille ou de plâtre, dont l'une regnera un peu audeffous de l'entablement, & l'autre vers le milieu du Colombier, ayant chacune de faillie environ trois pouces.

Au deffus de la ceinture la plus haute on donnera jour au Colombier par une feneftre, qui fervira d'entrée & de fortie aux Pigeons. Il faut y mettre tout au tour des plaques de fer blanc, afin que les animaux grimpans ne puiffent entrer par là dans le Colombier. Il y en a qui mettent des couliffes à ces fenêtres, & qui s'affujetiffent tous les jours de les ouvrir ou fermer d'autres qui laiffent ces fenêtres toûjours ouvertes, & qui ne craignent aucun danger, après avoir pris toutes les précautions dont on a parlé. Ce Colombier doit toûjours avoir la porte placée à vûë du logis, afin qu'on voye ceux qui y entrent ou qui en fortent, cela tient en refpect bien des Domestiques qui pourroient diminuer de temps en temps le nombre des Pigeons: il faut qu'il foit crépi dehors & dedans de bon mortier, & le plus uniment qu'il eft poffible.

On donne encore du jour à un Colombier par une grande lanterne, qu'on fait à la pointe du Dôme, elle eft en maniere de petit clocher, & ouverte fuffifamment pour bien éclairer; il y a encore, comme on a dit, les Colombiers quarrez, foutenus par quatre pilliers de pierre ou de bois, capables de porter un tel édifice. On voûte, fi l'on veut, ces Colombiers, ou bien on fe contente de faire un bon plancher. Pour ce qu'il y a à obferver au refte, c'eft tout comme aux Colombiers en pied.

Le dedans d'un Colombier rond doit avoir une échelle qui tourne fur un Pivot, qui eft placé au milieu; cette échelle eft faite de maniere que les côtez tournent à un pied & demi près des boulins, & que fa hauteur en égale le dernier rang; c'est par ce moyen qu'étant monté plus ou moins haut, on peut aifément prendre des Pigeonneaux qui font dans les nids. Il y en a qui fe contentent d'avoir pour cela une échelle portative qu'ils transportent où ils croyent qu'il y a des Pigeoneaux, mais elle n'eft pas fi commode que la premiere à beaucoup près, étant fujette, quand elle eft trop lourde, d'endommager des boulins, lorfqu'on la laiffe tomber deffus de fon propre poids. Il peut y avoir encore quelque chofe qu'on peut obferver à l'égard de la conftruction d'un Colombier rond ou quarré, ce qui ne dépend quelquefois que de la fantaisie d'un particulier qui l'ordonne; c'est pourquoi nous n'en dirons rien davantage: Paffons à la maniere de peupler le Colombier,

Comment peupler le Colombier,& du choix qu'on doit fçavoir faire des Pigeons,

Pour y réüfür, il faut d'abord faire attention à la capacité de l'édifice, & juger à peu près combien il peut contenir de paires de Pigeons. Vingt

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paires fuffisent pour trois cens boulins; on peut établir fur ce nombre pour tout ce qu'il y a de nids. Il y en a qui limitent ce nombre felon le corps du bâtiment; mais cette méthode n'eft pas fi sûre que la premiere. Quant au choix des Pigeons fuyards, les cendrez & les noirs font les plus fecondes; voilà à quoi mene tout ce choix, s'il y en a quelques blancs parmi, on ne les rejette point, mais il en faut peu, parce dit-on, qu'ils font trop ex pofez aux Oifeaux qui leur font la guerre.

Il faut que les Pigeons dont on veut peupler le Colombier ayent été pris tous jeunes fous leur mere, dès qu'ils font couverts d'un demi duvet & avant que les plumes de leurs aîles foient crûës parfaitement. Qui les prendroit plus jeunes rifqueroit à les perdre à caufe de la nourriture qu'ils ne voudroient point prendre que de leur pere & mere, & s'ils étoient plus vieux ils pourroient s'en retourner à leur Colombier de naissance.

P

Du temps de mettre les Pigeons au Colombier, comment les y accoûtumer,

Our bien les accoûtumer à celui qu'on leur destine pour demeurer, on les met dedans, fous de grandes muës, & tous les jours on va leug donner à manger deux fois en cette maniere.

Méthode pour nourrir les jeunes Pigeons, dont on veut peupler le Colombier.

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prenez chaque Pigeon l'un après l'autre, vous lui ouvrez le bec

;

avallée, vous lui en faites prendre de même un autre bequée, & continuez jufqu'à ce que vous fentiez que fon jabot foit plein, cela fait, vous lui verfez de l'eau dans le bec, pour le faire boire, puis vous le lâchez fous la muë, & en prenez un autre: on continue ce foin jufqu'à ce que tous les Pigeons forent repus & abreuvez; s'il y en a beaucoup, on fe met plu fieurs perfonnes à les nourrir ainfi, jufqu'à ce qu'ils mangent feuls. Quand cela eft fait on les abandonne à eux-mêmes, & il ne reffe plus après cela qu'à leur donner de la nourriture.

On prend ordinairement cesPigeons à la volée du mois de Mai, à caufe que fe fortifiant beaucoup avant l'hyver, ils ne craignent point le froid, quand ils y font parvenus, & en profitent mieux ; il ne faut point dans les com mencemens qu'on les accoûtume au Colombier, leur y laiffer manquer de nourriture, c'est le moyen de leur y faire prendre cette demeure en affection, & de ne la jamais abandonner. La méthode de mettre une couple de petits poulets avec les jeunes pigeonneaux pour leur apprendre plutôt à manger feuls, n'est point mauvaise; ces Oifeaux-ci qui veulent les imiter, bequerent le grain qui eft à bas, & fe repaiffent d'eux-mêmes fans le fecours d'autrui.

Quand lon

ner libre

Les Pigeons étant ainfi accoûtumez au Colombier, on fonge à les laiffer aller après par la campagne chercher de quoi fe nourrir & pour faire qu'ils ne s'égarent pas les premiers jours qu'on leur veut ouvrir la fenêtre du Co- effort aux lombier, on choifit un temps qui femble préfager de la pluye, & l'on Pigeons. attend fur les quatre ou cinq heures du foir, ou plûtard même à leur

T

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