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que les Pigeons la mangent; & malgré toute cette dépenfe, il faut qu'il y ait encore des gens qui veulent cenfurer une partie de tous ces meubles. On trouve à redire que les boulins font trop petits, lorfqu'ils ont quatorze pouces de haut, que le mâle ne pourra s'y accoupler avec la femels le: d'autres, qu'ils font trop grands, que cela donne occafion aux autres Pigeons que ceux qui font en poffeffion d'un boulin, d'y venir troubler les couveufes; qu'il faut empêcher que les Pigeons ne fe baignent pendant leur incubation, parce, difent-ils, que lorfque les femelles retournent fur leurs oeufs toutes mouillées, elles les morfondent, & l'on n'entend que mille pauvretez de cette forte. Ce font des efprits qui veulent reformer la nature, tandis qu'on auroit befoin de les reformer eux-mêmes, qui veulent philofopher fur des fecrets qui furpaffent de beaucoup leur intelligence, & qui s'imaginent fçavoir à fond le genie d'un Pigeon, lorfqu'ils n'ont qu'une foible teinture de ce qui leur faute aux yeux; & ce qui prouve le plus que tout ce qu'ils difent eft très faux, c'est que les Pigeons réüffiffent mieux dans ce qu'ils condamnent, que dans ce qu'ils font d'avis qu'on faffe.

Les terrines ordinaires, felon eux, ne valent rien pour fervir de nids aux couveuses, il en faut de plâtre, les premieres font trop froides, le bois eft trop chaud en Eté, if engendre de la Vermine, ainfi que les paniers d'ozier; & cependant on voit tous les jours que mille & mille gens qui les employent à cet ufage s'en trouvent très bien une belle Voliere bien bâtie aura encore quelque défaut l'air y donnera trop, ou trop peu, les jours en feront mal expofez, les Pigeons auront trop chaud ou trop froid: ces inconveniens feront tort à leur fecondité. Lorfqu'on voit de ces Oifeaux profiter très-bien dans des galetas trèsmal en ordre, & dans des cours à couvert feulement fous de fimples toîts, où l'on a conftruit quelques boulins, ou planté quelques paniers : Voilà la probabilité de ces beaux fentimens, & dans lefquels neanmoins bien des gens de poids donnent aveuglement.

Il faut fuivre la feule nature à l'égard de ces Pigeons; Dieu qui agit toûjours par les voyes les plus fimples & les plus conftantes en formant les amimaux, nous dit affez que nous devons nous y conformer; que c'eft le plus sûr chemin, & il eft certain que les Pigeons ne font jamais mieux leur devoir que lorfqu'ils ne font point gênez: il fuffit de leur donner ce qui leur eft neceffaire pour vivre, & de leur aider de ce qu'ils ne peuvent

avoir fans nôtre fecours.

Abus

Avis far

de peupler une Volie

Il est bon neanmoins, quand on commence à peupler une Voliere, de la maniere faire accoupler à part les Pigeons qu'on y veur mettre, on eft sûr par-là qu'il n'y a pas plus de femelles que de mâles, & que tout profite dans la re. Voliere; cela fe pratique dans un petit endroit où l'on en met quelques paires pour les jetter après dans la demeure qu'on leur deftine, parce que quand il y a plus de mâles que de femelles ils fe battent à qui en aura, & fouvent ils détournent les couveufes de leur travail.

Il ne faut donc point fe mettre en peine où placer des Pigeons de Vo-liere, foit dans une Voliere faite exprès, un grenier ou autre endroit, pourvû qu'on leur y donne des commoditez pour couver, qu'on ne leur y laiffe

point manquer de nourriture, & qu'on les y garantiffe de leurs ennemis, ils feront toûjours des merveilles.

Quand les lieux où l'on eft permettent que les Pigeons puiffent aller aux champs ils n'en valent que mieux, & c'eft beaucoup de nourriture Parad, vf. épargnée; & comme l'épargne, dit Ciceron, eft un grand revenu, les Pigeons ne peuvent qu'ils ne rendent ainfi du profit, fi l'on eft obligé de les tenir enfermez, on ne les laiffe point manquer de grains, soit Vesce, OL◄ ge, Avoine ou criblûres de bled.

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Differentes fortes de Tremics,

Les Tremies font fort commodes pour que la nourriture de ces Pigeons foit toûjours nette, & qu'ils ne la gâtent pas avec leur fiente. Il y en a de pyramidales & de longues: on met le grain dedans, on la couvre, & à mefure que les Pigeons viennent le manger fur une espece de table bordée qui le reçoit, ce grain y coule toûjours jufqu'à ce que la Tremie foit vuide, & de cette maniere on peut donner pour long-temps de la nour→ fiture aux Pigeons,

Figure d'une Tramie,

N peu de chenevi de temps en temps eft très-falutaire aux Pigeons

en pendent

tous les mois, ce grain, qui les échauffe y contribue beaucoup, & les excite à couver pendant le froid. Quelques-uns défendentqu'on ne donne de l'avoine aux Pigeons pendant qu'ils ont des petits, difant pour raifon que ce grain, qui fe termine en pointe eft dangereux de percer le jabot des Pigeonneaux, après que leur mere leur a donné à manger, ce qui eft faux & il ne faut que l'experimenter pour fe défabufer de cette chimere, Les Pi

gcons

geons de Voliere qui vont aux champs, qui mangent dans les Baffescours, toutes fortes de grains, & qui en nourriffent leurs petits; ces petits en meurent-ils ? & pourquoi voudroit-on qu'ils fuffent plus délicats que les Pigeonneaux du Colombier, qui durant les femailles du Printems font repus d'avoine indifferemment comme d'autres grains.

Dans les Volieres où les Pigeons font toûjours renfermez, il faut avoir foin de mettre de la paille, afin que ces Oifeaux n'en manquent point pour conftruire leurs nids: cette paille fe met pour plus de propreté dans les coins de cette Voliere, qui fera fouvent balayée, pour en ôter la grande quantité de fiente que les Pigeons y font; cela empêche que ce lieu n'exhale une odeur trop forte, & qui pour l'ordinaire est très-mauvaise, & que la vermine ne s'y engendre.

Les nido des Pigeons, de quelques matieres qu'ils foient, feront trèsfoigneufement nettoyez après l'incubation de chaque Pigeon, pour la même raifon qu'on vient de dire; car, fans ce foin, les puces s'y mettent, fur tout durant l'Eté,& cette vermine incommode tellement les couveuses, qu'elles en deviennent maigres & fi ennuyées qu'elles ne couvent fouvent leurs oeufs qu'imparfaitement.

Les Pigeons de Voliere ne doivent point manquer d'eau, qu'on doit leur renouveller fouvent, crainte qu'elle ne fe corrompe; on la met ordinairemement dans de grands baquets, dont les bords font élevez de quatre doigts, ou bien dans d'autres vaiffeaux propres pour cela, fans fe mettre en peine fi ces Pigeons iront s'y baigner ou non, ils fçavent mieux ce qui leur faut que nous-même. Il y a des gens riches, qui font faire, comme on a dit, des petits jets d'eau dans leur Voliere, cela eft fort agréable, & les Pigeons mêmes aiment beaucoup ce bruit,

Comme on ne peuple pas tout d'un coup une Voliere, il faut laiffer aller la volée du mois de Mars,& fi elle ne fuffit pas, pour remplir le nombre de Pigeons qu'on fouhaite avoir, on ne touchera point à celle des deux mois qui fuivent, les Pigeonneaux du Printemps fe fortifient affez pendant l'hyver pour pouvoir pondre d'affez bonne heure.

Qu'on fe garde bien bour peupler tout d'un coup une Voliere, d'ache- Avertiseter de ces Pigeons, dont bien des gens à Paris font un maquignonage: pour meat. un qui fera fidele, il y en aura trente qui fe feront un plaifir de tromper. Il faut d'abord regarder où l'on jette fon coup, & tâcher d'avoir quelqu'un qui fe connoiffe en Pigeons, fi l'on ne s'y connnoît pas foi-même, qui paffe pour honnête homme, & veuille bien vous aider la-deffus de fes avis & ne prendre de ces Oifeaux feulement qu'un nombre raisonnable pour vous en fournir dans la fuite, & par ce moyên vôtre Voliere vous profitera

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Des Tourterelles & des Cailles, comment les engraiffer.

Comme on fe plaît à la campagne à donner la chaffe aux Oifeaux, à leur tendre des pieges, foit pour les élever en cage pour le plaific

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feulement, foit pour les y nourrir afin d'en tirer du profit, & que ce dernier motif eft celui pour lequel on doit avoir le plus d'égard : il y en a qui prennent des Tourterelles & des Cailles exprès pour les engraiffer & jouir enfuite du plaifir de les manger, ou d'en faire de l'argent.

Pour bien engraiffer les Tourterelles, il faut les mettre en cage, faites de maniere que ces Oifeaux ne puiffent point s'y donner beaucoup de mouvement; c'eft par-là que ne donnant point occafion aux liqueurs de fe trop exalter, la nourriture qu'ils prennent fe convertit prefque tout en graiffe.

On peut mettre cinq ou fix Tourterelles dans chaque cage, on en fabrique de plufieurs fortes, les unes. fe font comme les cages ordinaires, & dont on fe fert à élever les Oifeaux, d'autres les font à petits barreaux, gros comme le petit doigt, haute d'un pied & demi feulement avec des planches fort legeres deffus & deffous, ou bien travaillées en deffus à claires voyes, avec de petits bâtons, diftans l'un de l'autre d'un pouce, & attachez par les deux bouts à deux traverses qui tiennent aux quatre pilliers. de la cage; dans le dedans & fur le devant regnera prefque tout du long une petite Auge pour mettre leur mangeaille, & aux deux côtez feront deux petits vaiffeaux de terre qui ferviront pour contenir leur eau.

Au dedans de cette cage on mettra environ dans le milieu des autres bâtons de travers pour faire percher les Tourterelles, parce que ces Oifeaux n'aiment point à dormir en lieu plat, il leur faut un juchoir, & c'est en cela qu'on s'accommode à leur naturel.

Les Tourterelles qu'on veut engraiffer doivent être prifes jeunes: il faut neanmoins qu'elles mangent feules: elles s'apprivoifent aifément, & engraiffent en peu de temps: Quelques-uns, pour leur faire fupporter leur prifon plus agréablement, leur donnent quelquefois du pain trempé dans du vin cette nourriture leur eft bonne, principalement en hyver; elle les Columel. 1. échauffe, & leur fait prendre graiffe bien plûtôt que fi on les en privoit: le millet & le froment fcnt les deux grains qui les nourriffent le mieux, il faut le leur donner fec.

8.. C. 9.

propre

On fera foigneux de leur renouveller fouvent leur eau, & de nettoyer les vaiffeaux qui la contiennent ; leur cage doit auffi être entretenue ment,car la fiente qu'ils font leur endommage les pieds quand cesOiseaux y marchent trop long-temps.

Il y a des Auteurs qui difent, qu'il faut leur donner de la Vefce, de l'or-ge & d'autres grains indifferemment, mais les deux premiers, dont on a parlé, leur conviennent mieux & les engraiffent plûtôt.

La Tourterelle est une espece de Pigeon plus délicat que les précedens, le mâle eft ordinairement de couleur cendrée, & a le cou environné deplumes noires en maniere de collier. Il s'en trouve auffi de blancs, principalement dans les pays feptentrionaux. Cet Oifeau, quoique fauvage naturellement, cft aifé à apprivoifer; il fe plaît dans les terrains fabloneux, folitaires & montagneux, & il fe perche fur le haut des arbres, où il fait fon nid. On le voit fouvent qui cherche à manger dans la campagne & dans. les jardins. La Tourterelle, au fentiment de quelque Naturaliste, vit tout au plus huit ans, les mâles neanmoins un peu davantage..

La chair de la Tourterelle eft fort fucculente, & fait un mets très dé- Bons effeis licieux en cuisine ; mais il faut qu'elle foit jeune, tendre & graffe, l'ufage en eft eftimé, & l'on affure que cet Oifeau eft un aliment fort fa

lutaire.

Le fang de la Tourterelle tiré de l'alle recemment & tiede, eft fpeci- Sang de fique pour les inflammations de l'oeil, & les contufions qui y furvien- Tourterek nent, on le fait diftiller dans cette partie, & il en opere là guérison; fa les. fiente a la même vertu que celle dePigeon.

Des Cailles.

A Caille eft un Oifeau d'un plumage grivelé & de petit corps, elle s'éleve peu de terre, & ne vole pas même aifément, c'eft pourquoi Pline l'appelle plûtôt un Oifeau terreftre qu'aërien; mais en recompenfe elle court bien vite. Elle eft lubrique & laffive auffi bien que la Perdrix, Un feul mâle peut fuffire à plusieurs femelles. Ce n'est pas que nous ayons befoin de ces circonftances dans ce que nous voulons traitter ici, n'étant queftion que de trouver le moyen d'en prendre beaucoup dans la faifon qui y eft plus propre, & de les engraiffer.

Il faut aux Cailles faire des cages exprès, & dont le deffus foit couvert de toile, crainte qu'elles ne fe froiffent la tête; car ces Oiseaux vont toû jours fautant. Ces cages font ordinairement feparées par de petites cloifons, capables chacune de contenir une Caille un peu à l'aife; c'est à dire, de huit pouces de large, & d'un demi-pied de haut: moins les Cailles ont d'efpace pour le promener, plûtôt elles prennent graiffe; nous en avons dit la raifon au fujet de la Tourterelle.

Sa ficate

Le froment eft le grain qui convient le mieux pour engraiffer les Cailles, Nourriture le chenevy ne leur eft pas auffi mauvais; mais il les échauffe un peu trop, pour en& retarde par là l'effet qu'on en attend. On leur peut donner encore du graiffer les millet: il ne faut point laiffer manquer ces Oifeaux de nourriture, & Cailles. faire enforte bien au contraire que leurs petits augets en foient toûjours beaucoup fournis. Leur eau fera entretenuë nette, & pour cela renouvellée tous les jours.

Quand les Cailles font graffes (c'eft ordinairement l'Hyver où elles font plus délicates) on s'en fert pour les manger ou pour les vendre: ce mets eft très-délicieux, & fait un des principaux plats des meilleures tables.

La Caille doit être choifie jeune, tendre, graffe & bien nourrie; fa chair eft nourriffante, fucculente, & excite l'appetit; fon ufage convient aux convalefcens, & quoiqu'en difent de mal certains vieux Medecins, l'on foutient contr'eux,& l'on en a l'experience que laCaille eft un bon manger, qu'elle ne fait point de mal, & que pour être d'un autre fentiment, il faut radoter, ainfi que Galien, Pline, Avicene, & plufieurs de leur fecte quand ils ont dit que cet Oifeau étoit un aliment fort dangereux.

Bons effets.

La graiffe de Caille eft un remede très-bon pour enlever les taches des Graiffe & yeux. On employe fa fiente pour l'Epilepfie, étant fechée, pulverifée & fente de la prise dans du vin.

Caille,

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