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les engraiffe très-bien, ils mangent les fauterelles qu'ils trouvent, c'eft encore une nourriture dont ils font fort avides.

Les Faifans qu'on éleve tous petits dans la Faifanderie ne font point fi fauvages que les autres: on les y laiffe promener, & ils couchent ordinaitement dans la Voliere dont nous avons parlé, & qui fait une piece de la Faifanderie.

Il n'eft plus queftion à mefure qu'ils croiffent que de les bien foigner pour Comment les engraiffer, on leur donne pour cela de la farine d'orge imbibée d'eau, engraiffer des féves mouluës, de l'orge mondée, du millet, de la navette & de la les Failans? graine de lin cuite, & fechée parmi de la farine d'orge; c'eft ordinairement fous une muë ou quelqu'autre cage de cette forte où on peut les tenir enfermez pour prendre graiffe: il faut un mois ou fix femaines pour cela, s'ils avoient la campagne libre, ils n'engraifferoient pas fi bien, quelque abondante nourriture qu'on leur donnât.

Les riches Vivandiers engraiffent ainfi des Faifans. Hy a des Rotiffeurs à Paris qui en font la même chofe ; fe font auffi après cela de chers Oiseaux les achettent, & ils fçavent bien en tirer leur dépenfe

pour ceux qui Faifans qu'on nourrit ainfi dans la Faifanderie font defti

ufure. Les nez pour le maître auquel elle appartient; il s'en fert pour fa table ou pour en faire des prefens, & c'eft ainfi qu'il faut fe faire honneur 'des chofes qu'on n'entreprend que par un air de grandeur & digne du fang. dont on fort.

Le Faifan nourrit beaucoup, fa chair eft fucculente & délicate quand il Bons effets. eft jeune & gras; il produit un aliment affez folide & durable, il fortifie, du Faisan. il reftaure & rétablit les perfonnes convalefcentes, il fe digere aifément, fon usage convient aux épileptiques; & à ceux qui font fujets aux mouvemens convulfifs.

La graiffe de Faisan appliquée exterieurement fortifie les nerfs, réfoût Graiffe de les tumeurs & diffipe les douleurs du Rhumatifme.

Des Gelinotes..

A Gelinote de bois ne s'éleve pas comme les Faifans, elle eft d'un naturel plus fauvage, & ne peut s'accoûtumer à pondre ni à couver en fervitude, il lui faut fon air naturel, qui eft la campagne. Quand on peut prendre ces Oifeaux jeunes, on les engraiffe comme les Faifans, ou pour le mieux, fi l'on trouvoit des nids de Gelinotes, on en prendroit les oeufs qu'on mettoit couver fous une Poule, puis on en éleveroit les petits.

On les nourrit comme les Faifandeaux, & on les engraiffe de même ; ; mais il faut tenir ces Oifeaux toûjours enfermez dans un endroit d'où ils ne puiffent point s'envoler, car ils tiennent toûjours de leur inftinct fauvage, & fe déroberoient fans doute de celui qui les gouverneroit, fi-tôt que leur force le leur permettroit..

La Gelinote de bois fe nourrit de grain, foit de froment ou autres, elle s'éleve peu de terre, c'eft pourquoi on en peut avoir affez aifément dans les pays où ces. Oifeaux font frequens: il ne faut point les mettre parmi

Faifan.

Bons effets

Hote.

les Poules, ils ont trop d'antipathie l'un pour l'autre, & cela fuffiroit pour les empêcher de prendre graiffe.

Ces Oifeaux font fort nourriffans, d'un bon fuc & de facile digeftion, de la Gelt- & quelques Medecins prétendent qu'ils font propres pour les perfonnes attaquées des douleurs néfretiques. Voilà tous les Cifeaux dont un bon Gentilhomme peut être fourni: un particulier n'en élevera que des plus utiles,& de ceux qu'on appelle ordinairement Volaille commune, parce que les aurres coûtent plus qu'ils ne rendent de profit. Il faut yoir à prefent les bêtes à cornes,

Difference

CHAPITRE XI.

DES BESTES A CORNES,

Et premierement des Vaches, & des foins generaux qu'elles exigent de nous, Du Taureau. Choix qu'on en doit faire, & comment gouverner les Veaux2 & en élever d'un & d'autre sexe pour multiplier l'espece,

A

Près avoir parlé affez amplement dela Volaille, & marqué de quelle utilité elle étoit à la campagne, nous allons ici traiter des bêtes à cornes qui font une bonne partie du gros revenu de la Baffe-cour, & nous commencerons par les Vaches qui en font la principale fource.

Ces animaux different confiderablement l'un de l'autre fuivant leur des Vaches grandeur, fuivant la diverfité de leurs cornes, & la differente conformation de quelques-unes de leurs parties, fuivant le lieu où ils naiffent, & plufieurs autres circonftances qu'il feroit trop long de rapporter ici.

Choiz

ne Vache.

Les Vaches d'Angleterre, de Hollande & de Flandres font plus groffes qu'en France, parce que les pâturages en font plus fucculens, & l'on remarque que dans les pays froids ces animaux font d'une plus belle corpulence que dans ceux qui font plus chauds, & la raifon de cette difference, c'eft que les herbes de ces climats-ci ont leurs principes trop exaltez par la chaleur, d'où vient qu'il s'y en convertit moins en fubftance que de celles qui croiffent dans les regions qui ne font pas fi échauffées du foleil.

C'eft pour cela qu'en Affrique les Vaches font fi petites qu'à peine éga1ent-elles nos veaux en groffeur de corps; mais on dit en récompenfe, qu'elles font très-fortes & très-laborieufes.

Pour avoir une bonne Vache, & afin qu'on ne s'y trompe point, elle d'une bon doit avoir le corps grand & long, le ventre fpacieux, le front large, les yeux noirs & ouverts, les cornes belles, polies & noires, les oreilles velues, les machoires ferrées, le fanon & la queuë grande, la corne du Colum. 1. pied petite & les jambes courtes : il y en a qui difent que les marques d'une 6. ch. 21 bonne Vache font d'avoir la tête défagréable, d'être chargée d'encolûre, & que la peau lui defcende depuis le mufeau jufqu'à la cuiffe, qu'elle ait les côtes bien longues, que tous fes membres foient gros fans même

Virg.Geor

lib. 2.

excepter

excepter fes pieds, que fes oreilles foient heriffées & fes cornes courbées en dedans d'autres eftiment une Vache d'une moyenne taille, tachetée de blanc & de noir, les nazeaux ouverts, le pis grand & gros, & les tetines groffes & longues; tous ces fentimens néanmoins font quelquefois bien trompeurs, car à dire vrai, il fe trouve de bonnes Vaches de toutes tailles; & celles qui ont le plus de pis ne font pas toûjours les plus abondantes en lait, ainfi il ne faut pas abfolument y affeoir fon ju

gement.

Ces marques font bien quelque chofe : mais on doit encore obferver qu' elle foit jeune, ce qui fe connoît à la dent & aux cornes : à la dent lorfqu'une Vache les a blanches, bien rangées & point ufées ni noirâtres en deffus : & aux cornes, lorfqu'à leur naiffance il y paroît beaucoup d'anneaux: quelques-uns difent qu'autant qu'on voit de ces anneaux, autant la Vache a d'année, c'eft à quoi l'on prend garde.

Une Vache doit avoir l'oeil éveillé, & non trifte; ce dernier fymptôme eft un préfage d'un mauvais temperamment de la bête, & dont on peut fe méfier, enfuite on regarde au pis, on en manie les trayons; fi la Vache regimbe, c'eft figne qu'elle les a douloureux, & qu'elle y a du mal, ce n'est pourtant pas un fujet pour rejetter une Vache, qui d'ailleurs auroit de bonnes qualitez, cela peut venir d'un lait en grumeaux, & qui auroit de la peine à paffer, parce qu'on auroit refté trop long-temps à la traire ; mais en la trayant, ce lait fe diffoût & fe liquefie.

Après avoir un peu manié fes trayons, on en tire du lait ; s'il paroît blanchâtre & un peu clair, c'est un mauvais lait, & peu chargé de parties butireufes, ce qu'on y recherche particulierement, & faute de quoi on doit faire peu de cas d'une Vache laitiere.

On examine encore fi elle n'eft point trop maigre, telle maigreur pouvant provenir d'une très-mauvaise cause, à laquelle on ne pourroit remedier; mais fi l'on voyoit que cette maigreur ne fût caufée que par un défaut de bonne nourriture, & qu'on eût de gras pâturages pour pouvoir rétablir cette Vache, on ne feroit point difficulté de l'acheter, s'il n'y avoit que ce défaut. Une Vache maigre au fujet d'une maladie paroît trifte, elle eft dégoûtée, & ne marche que nonchalamment, c'eft pour lors qu'il y a à craindre, & qu'il ne faut point s'en charger.

Un Auteur ancien dit, qu'on doit plus faire cas d'une Vache nourrie dans les Montagnes que de celle qui vit dans de bas pâturages, que la pre miere dure douze à quatorze ans, au lieu que l'autre ne vit pas fi longtemps. Cette maxime ne trouve pas beaucoup de partifans, puifqu'on voit des Vaches dans l'un & l'autre cas, être bonnes & mauvaifes. Il fe peut que les montagnardes naturelles ne trouvent pas les herbages des vallons fi à l'eur goût que ceux aufquelles elles font accoûtumées, que même cette nourriture ne leur convienne pas fi bien, & que par confequent elles y dé periffent, il en eft de même des Vaches nourries dans les marais, qui font ordinairement d'un gros corfage, au lieu que les autres font petites, & qui diminuent à vûe d'oeil, quand on les change de climat ; ainfi le plus sûr en cela eft de prendre des Vaches du pays, c'eft à dire à trente lieues à la ronde avec les marques dont on a parlé, fans s'arrêter pofitivement aux fenti

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X

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mens de quelques Agriculteurs, qui ont écrit conformément aux lieux où ils demeuroient; il faut écrire autant qu'on le peut, pour toutes fortes de climats.

Il ne faut avoir de Vaches qu'autant qu'on juge avoir de quoi les bien nourrir ; ainfi on ne détermine point cette quantité. Une Vache bien entretenuë vaut mieux que trois mal nourries. Confiderons ici une Vache qui n'a pas encore porté de fruit, & fuivons-là jusqu'à ce qu'on veuille la facrifier au Boucher.

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A Geniffe, c'est ainsi qu'on appelle une jeune Vache qui n'a point en core fouffert les approches du Taureau, ne doit commencer à le fouffrir qu'à deux ans & demi, ou trois ans pour le mieux ; il y en a qui failliffent la deuxième année, c'eft felon que la chaleur les prend plus ou moins tard, & que la nature regle leurs mouvemens. Quelques Auteurs difent que les jeunes Vaches ne commencent à s'accoupler qu'à quatre ans; mais cette opinion n'eft point fondée fur l'experience, ou bien il faut que ce foit une Vache tardive. On connoît qu'une Geniffe eft en chaleur, lorfqu'elle a les ongles enflez, qu'elle ne fait que meugler & faillir les Taureaux-mêmes, & la premiere Vache qu'elle trouve en fon chemin: à dix ans les Vaches ne portent plus & ne valent plus rien qu'à être envoyées au Boucher,

Le meilleur temps de mener les Vaches au Taureau eft le mois de Mai, Juin & Juillet, fuppofé que leur chaleur fût reglée à ce temps, mais quelquefois cela arrive plûtôt ou plûtard, ce qui fait qu'on ne manque point de Veaux pendant toute l'année, plus en des faifons qu'en d'autres. Il y en a qui veulent que ce foit en Février & en Mars, & non pas dans un autre temps; cela s'obferve du côté de laBreffe & dans les climats qui font chauds, parce que ceux-ci n'apprehendent point que le froid faffe tort à leurs Veaux; mais files Breffans pouvoient changer de maxime, ils s'en trouveroient mieux. Et comme il eft queftion d'avoir un bon Taureau pour faillir les Vaches, voici quelles en font les veritables marques.

Un Taureau doit être gras, éveillé, il doit avoir le regard fier & affreux, les cornes groffes & noires, la taille moyennement haute & longue, quelques-uns la veulent courte, le poil rouge & noir, les épaules & la poitrine larges, les reins fermes, le dos droit, la tête courte & les oreilles larges & velues, les jambes groffes, le mufle grand & le nez court & noir. Il faut apparemment qu'il y ait des pays où les Taureaux font plus vigoureux que dans d'autres, puifque felon un ancien Agriculteur, un Taureau bien choifi & depuis l'âge de quatorze mois jufqu'à quatre ans, peut fuffire à quarante, cinquante & même jufqu'à foixante Vaches, mais que quatre ans paffez, c'eft folie de le faire faillir davantage; qu'il faut le châtrer, l'engraiffer & le vendre aux Bouchers. A quatorze mois c'eft un peu trop tôt mettre un Taureau à l'épreuve de tant de Vaches, c'eft l'épuifer & l'empêcher de devenir gros: c'eft auffi trop tard à quatre ans commencer à lui donner les Vaches, jufqu'à dix, fi bien que pour

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trouver un milieu à cela, on juge que depuis deux ans jufqu'à fix un Taureau peut bien faire fon devoir, & ne lui donner que quinze à vingt Vaches par jour. Et pour bien difpofer un Taureau au Rut, il faut dans le temps qu'il y a le plus de Vaches en chaleur, lui donner une fois le jour un picotin d'avoine, principalement quand c'eft un Taureau banal, autrement les efprits & l'humeur feminale n'y pourroient fuffire que pour peu de femelles, fi l'on ne foignoit à réparer cet épuisement par une bonne nourriture. Un Taureau eft propre à faillir les Vaches depuis quatre ans jufqu'à dix, ce temps paffé, il n'y faut plus penfer. Quinze Vaches fuffiront pat jour.

Obfervation fur les Vaches en chaleur.

Forêt

Ly en a, pour mettre les Vaches en chaleur, lorfqu'ils voyent qu'elles y font nonchalantes, qui leur donnent du pain fait avec de la graine de lin, ou du marc de cette graine, après en avoir exprimé l'huile, ou qui Belle Ford leur prefentent du fel à manger, ou d'autres ingrediens de cette nature, 11. jour de & qui prétendent que cela opere l'effet qu'ils en attendent, c'est une l'Ag chofe facile à éprouver, auffi-bien qu'a mettre en pratique, fi l'on veut

s'en fervir.

Dans le temps qu'on veut mener les Vaches au Taureau, il faut un jour ou deux auparavant les laiffer un peu jeûner. Les Naturalistes prétendent qu'elles conçoivent mieux que lorfqu'elles font trop pleines de nourriture, & l'on dit que la marque qu'une Vache a conçu, c'est lorfqu'elle ne veut plus fouffrir les approches du Taureau, c'eft à quoi on peut prendre garde,

Du foin qu'on doit prendre des Vaches après qu'elles ont failli.

Depuis ce temps-là jufqu'à ce que les Vaches veulent véler, on ne

leur fera autre chofe que de les bien nourrir dans de bons pâturages, s'il y en a, finon on aura recours à d'autre nourriture qui leur convienne, tant dehors que dedans les étables, felon les faifons & les lieux qu'on habite; c'eft'le Vacher ou la Vachere que ce foin regarde, il eft avantageux d'en avoir un bon, & voici quel il doit être.

d'un

Un Vacher ou une Vachere, c'eft la même chofe, doit être éveillé & Devoits fe lever matin, afin de foigner que fes Vaches foient traites avant que de les mener aux champs dès la pointe du jour en Eté, pour en brouter cher. l'herbe toute mouillée encore de la rofée. On prétend que cette herbe leur eft fort falutaire: il les ramenera à l'étable fur les dix heures, où elles refteront pendant la grande chaleur, qui incommode les beftiaux.

Sur les deux ou trois heures après midi, le devoir du Vacher eft de remener fon troupeau aux pâturages jufqu'à ce que la nuit vienne, où pour lors il le reconduit à fa maifon, comme auparavant. Il fuffit en Hyver qu'il mene une fois le jour paître fes Vaches, c'eft ordinairement fur les onze heures ou midi qu'il faut qu'il les forte.

C'est à faire au Vacher à donner à manger aux Vaches à l'Etable, quand

Va

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