Imágenes de páginas
PDF
EPUB

elles en ont befoin, cela ne s'obferve que l'hyver, que les nuits font longues, & & que les beftiaux ne trouvent guères à manger par les champs; il ne doit point les laiffer manquer de litiere pour faire du fumier. Il aura foin des Vaches qui font pleines & prêtes à vêler, il fe donnera bien de garde de les battre,& prendra garde qu'elles ne fautent les foffez & les buiffons: Son carac- il ne faut que cela pour les faire avorter; c'eft pourquoi il eft bon que ce Vacher foit raisonnable, doux de fon temperamment, point yvrogne ni jureur, robufte de corps, point pareffeux à remplir fes devoirs, obéiffant à executer ce qu'on lui ordonne & refpectueux à fes Maîtres, autant qu'un Vacher le peut être.

tere.

Ce Vacher aura l'oeil encore inceffamment fur fon troupeau, pour voir s'il n'y a point quelque Vache à qui il foit furvenu quelque inconvenient, afin d'en avertir, & qu'on y remedie. Il aura foin des veaux, comme de les faire teter, & de les tenir attachez auprès de leurs meres, crainte que courant par l'étable, ils n'aillent teter quelqu'autre Vache qui les blesseroit & les tueroit peut-être. Les veaux tetent ordinairement avant que les Va ches aillent aux champs,

Du foin qu'on doit avoir des Vaches pleines..

Es herbages les plus gras, pourvû qu'ils ne foient pas marécageux; font les meilleurs pour le gros bétail. On nourrit en hyver les Va ches à l'étable, de bons fourages, comme par exemple, de bonne paille de méteil ou d'avoine, outre les beuvées qu'on leur fait, avec les bales de bled battu & du fon, le tout mêlé dans de l'eau chaude, de ma niere qu'on y puiffe fouffrir la main: on abreuve deux fois le jour les bêtes à cornes.

Le fainfoin eft très-bon pour les Vaches pleines; ceux qui en font pourvûs leur en donneront tous les jours en hyver une fois feulement pendant fix femaines avant qu'elles vêlent. Cette herbe les fortifie & les rend abondantes en lait; il faut qu'elle foit feche, la luiferne prise ainfi eft encore pour les Vaches une bonne nourriture. On leur donne aufli quelquefois du foin, & il faut que toutes ces herbes ne foient point moites, ni humides ni poudreuses, cela les dégoûte & leur cause unę toux dangereufe.

Les Vaches pleines ne devroient point être employées à la charruë; mais enfin si le befoin l'exigent, il faut les y ménager, & ne les y point preffer trop rudement. On aura les mêmes égards pour les Vaches, lorf qu'on les employera au harnois : on s'abftiendra de les traire fix femaines avant qu'elles vélent, auffi bien le lait n'en eft gueres bon; mais cette maxime n'est pas gardée fort exactement, particulierement par bien des femmes qui tirent leurs Vaches pleines, jufqu'à ce que le lait leur manque; il y a quelquefois des Vaches qu'on trait jufqu'à la veille qu'elles veulent vêler. Ce font celles-là qu'il faudroit ménager ; & d'autres qui tariffent un mois ou deux auparavant. La nature fait en celle-ci ce qu'on devroit obferver dans les autres.

Des foins qu'on prend après les Veaux nouvellement nex.

Georg. 3:

Es Anciens donnoient tous leurs foins aux Veaux fi-tôt qu'ils étoient LE nez, & avec un fer tout chaud ils leur imprimoient le cachet & le nom de la famille ; ils marquoient ceux qu'ils deftinoient à augmenter Virgit. leurs troupeaux, ou à être facrifiez, ou à labourer les terres : la plupart de ces foins ne fe pratiquent plus aujourd'hui, on remarque feulement, felon le pays où l'on eft, les Veaux qu'on peut nourrir, ou ceux qu'on deftine pour les Bouchers.

A peine le Veau eft hors du ventre de la mere, qu'on lui fait avaler le jaune d'un œuf cru, fans lui manier le corps, de peur de le bleffer; on le laiffe dans l'étable fur de la paille fraîche près de fa mere & fous fa tête, afin qu'elle le puiffe lêcher. Il y en a qui difent que ce lêchement fortifie le jeune Veau, & que pour y exciter davantage la Vache, ils répandent un peu de fel fur le corps de ce Veau: il eft conftant que fi cela n'opere pas l'effet qu'on prétend, du moins la Vache nettoye-t-elle le corps de fon petit d'une ordure qui ne pourroit que lui être préjudiciable, & que tout autre ne pourroit ôter fans bleffer le Veau ; la nature fait bien ce qu'elle fait, & pour de bonnes raifons, laiffons la agir.

Si c'eft en hyer que la Vache vêle, on foignera de tenir l'étable chaude en la fermant bien par tout, & en quelque temps que ce foit que cela arrive on observera de nourrir la mere de bonne herbe fraîche en Eté, & en Hyver de bon fourage, de bonnes beuvées faites avec bales de bled, fon, le tout bouilli dans une chaudiere pleine d'eau ; il faut les leur donner tiedes, & d'un peu d'avoine quelquefois, deux jointées feulement à dîner; cette nourtiture rétablit très-bien les Vaches qui ont nouvellement vêlé. Ce foin dure environ pendant huit à dix jours ; l'eau dont on les abreuve doit être un peu chaude & blanchie avec du fon, & après ce temslà les Vaches vont aux pâturages avec les autres, tandis qu'on laiffe leurs Veaux attachez à l'étable, jusqu'à ce qu'étant fortifiez ils puiffent les fuivre aux champs.

P

De quelques foins extrordinaires pour une Vache qui veut vêler.

Our parler encore de quelques foins extraordinaires qu'il eft bon de fe donner après une Vache quand elle veut vêler, & que c'eft de jour. Il peut arriver que cet aminal dans fon travail ait befoin pour s'en délivrer de quelque fecours étranger, & que fon veau fe prefente pour fortir d'une maniere qui n'eft pas naturelle, le travail ne fera point heureux que le veau n'ait ait été repouffé en dedans & tourné, ce qui ne peut fe faire fans l'aide de quelque perfonne, qui voulant bien faire alors l'office de fage femme fauvera la Vache & le Veau du danger qui les menace. Quand le Veau vient la tête la premiere, qui eft la fituation naturelle avec laquelle il doit venir, il n'y a rien à craindre, & neanmoins fi l'on fe trouvoit dans le temps que la Vache vêleroit, & qu'on vit qu'elle eût de la peine dans fon travail, ce feroit lui rendre encore un bon fervice que de l'aider.

Continuation des

La Vache porte neuf mois fon veau, & après ce terme, comme il faut plus d'air au fang de ce veau, pour le faire circuler, celui que le fang de la mere lui fournit, étant en petite quantité pour les mouvemens de fon cœur, qui font beaucoup forts & plus vigoureux qu'ils n'étoient dans les commencemens, ce veau fe met alors dans le mouvement, fes parties s'étendent, la matrice de la Vache fe relâche pour s'ouvrir, les eaux percent, la cavité du baffin s'agrandit, & l'animal fe pouffe au dehors par fes propres efforts, & par ceux que fa mere fait dans fon travail.

Quand la Vache a vêlé, on prétend qu'elle eft très-friande de fon délivre, appellé ainfi vulgairement, ou pour mieux dire, de l'arrierefaix de fon petit, qu'elle le mange, fi l'on n'y prend garde, & qué lorfqu'elle l'a mangé, elle eft toûjours maigre quelques foins qu'on puiffe prendre de l'engraiffer: cela pourroit bien être ; car comme cet arrierefaix n'eft formé que d'un fang groffier & corrompu, il peut arriver qu'il ne produife que de très-mauvais effets dans le corps d'une Vache c'eft pourquoi on a foin toûjours de prendre ce délivre, & de le jetter, si-tôt que le veau est sorti du ventre de fa mere.

Nous avons déja parlé de quelques petits foins qu'il falloit prendre après le veau fitôt qu'il eft né, il ne s'agit plus après qu'à foigner à le faire teter foins qu'on tous les jours deux fois : il y en a qui prennent plus volontiers que d'audoit pren- tres les tetes de leur mere; ces premiers veaux ne donnent gueres de peine die après à élever, au lieu qu'on en prend davantage après les autres, dans la boules Veaux. che defquels il faut mettte le tetin dans les commencemens.

Il arrivéquelquefois qu'uneVache n'a pas affez de lait pour bien nourrir fon veau, ou bien qu'on veut la ménager parce que c'eft une bonne laitiere, & qu'on a en vûë de nourrir fon petit pour en conferver de la race. Alors il y en a qui les font un peu teter, & leur donnent après des œufs cruds qu'ils leurs caffent dans la bouche, & les leur font avaller. D'autres prennent du lait de la Vache, le font bouillir & mettent mitonner du pain dedans, & le donnent ainfi aux veaux en nourriture: ces foins coûtent de la peine à la verité, mais auffi une Geniffe en devient belle, bien nourrie, & en état dans la fuite de rendre de bons fervices.

Les Veaux en divers pays fe nourriffent felon les differens ufages qu'on en veut faire, & que la nature des lieux le permet. Ici les pâturages abondans demandent pour le profit du Maître qu'on éleve beaucoup de Geniffes & de jeunes Boeufs, là la difette de fourages & d'herbes répugnent à ce ménage, d'autant qu'il coûteroit plus de foins & de dépense à les nourrir qu'ils ne rapporteroient de profit dans la fuite; c'eft pourquoi il faut donc s'y conformer & fçavoir pour bonne maxime, qu'où il n'y a point de pâturages, c'eft un abus de vouloir nourrir des veaux pour autre ufage que pour les vendre aux Bouchers, & pour lors on les laiffe teter un mois, six femaines ou deux mois ; plus ils font gras, plus on en fait d'argent.

Qu'on fe garde bien de faire comme certaines femmes avaricieufes qui pendant tout le temps que leurs veaux tetent, leur ôtent la moitié de leur portion de lait fans les fecourir d'ailleurs d'aucun autre aliment. C'est le moyen d'avoir des fqueletes de Veaux & dont les Bouchers ne fe chargent point; fi ce n'est à la campagne, où le Payfan n'est pas fi circonfpect

fur la qualité bonne ou mauvaise de la viande: ces fortes de ménages ne font bon que pour des pauvres gens qui n'ont pour fuftenter leur petite famille que leur lait, & qui trouvent plus à propos pour fe le conferver. de facrifier leurs Veaux.

[ocr errors]

Dans les pays où il fe fait un grand commerce de fromages on ne s'avife gueres de nourrir les Veaux pour en avoir des Vaches, principalement quand ces fromages fe vendent chers: on aime mieux en acheter ailleurs de quatre ou cinq ans qui foient pleines, & qui ne vaudront que vingt ou vingt-quatre livres, que d'élever des Geniffes qui ne fçauroient rapporter du profit qu'à trois ans. Il faut pendant ce temps da fourage, de la peine, tout cela coûte, & fi l'on calculoit à combien cette dépense monteroit, on verroit qu'achetant des Vaches, comme on a dit, l'argent qu'on met en foin & autre nourriture pour ce bétail, rendroit un plus gros interêt; ce ménage encore un coup n'eft eftimé que dans les pays où il y a de gras pâturages, & des bois où l'on puiffe envoyer paître les bêtes à cornes.

Mais fuppofons qu'on foit dans un climat propice à élever des Veaux, pour fe conferver quelque race de Vaches qu'on eftime, ou pour en faire des Boeufs pour la charruë, il faut quand ils font fevrez, les garder à part dans de petites pâtures, tandis que leurs meres iront ailleurs aux champs; cela empêche que ces Veaux ne les tetent : on doit auffi lesenfermer dans des étables feparées pour la même raison, ou bien fans fe donner tant de peine, leur mettre des mufelieres au nez, qu'on leur attache fur le front avec des lizieres de drap, cela ne leur empêche point de brouter l'herbe & conferve le lait aux Vaches.

Choix des

Lorfqu'on deftine des Veaux pour nourrir, il les faut choifir beaux, bien veaux pour proportionnez à l'ufage auquel on les deftine, & de bon temperamment, nourrir. c'est à dire qu'ils mangent de bon appetit; car ce n'eft qu'en bien mangeant que ces animaux s'acquierent une belle corpulence: ces Veaux pour bien faire auront teté deux mois & davantage.

ch. 26.

A quatre jours on commence à leur prefenter un peu d'herbes pour les accoûtumer à en manger, ou bien du foin le meilleur qu'il y ait & le plus fin; on les châtre à deux ans : il y en a qui font d'avis qu'on leur Colum, 16 faffe cette operation à fix mois, mais c'eft un peu bien rifquer, & il eft De Belleà craindre que ces Veaux ne meurent de la douleur qu'ils en reffen- Forêt. S:tent; c'est donc le veritable temps qu'à deux ans : on doit pour lors les crets de bien nourrir, leur donner du foin, & deux jointées de fon fec chaque jour l'Ag. jourpendant quinze jours, & jufqu'à ce que l'appetit leur foit revenu; il y a des perfonnes dont l'emploi confifte en partie à châtrer les beftiaux, & traiter les qu'on prend pour cela quand il en eft temps.

née 11.

Comment

Veaux nou

Après que l'operation eft faite on frotte la playe de cendre de farment vellemen: & de litarge d'argent mélée l'une avec l'autre, on s'abftiendra de don- châtrez. ner à boire au Veau le jour qu'il est châtré, & fa nourriture fera mediocre. Trois jours après l'operation on levera le premier appareil, puis on frottera la playe d'un onguent fait avec de la terebentine fondue, de la cendre de farment & de l'huile d'olive, le tout bien incorporé & mêlé cnfemble. L'Automne cft la faifon propre pour châtrer les Veaux, il faut

qu'il ne faffe ni trop chaud ni trop froid. Il n'y a que les veaux qu'on deftine pour avoir des Taureaux, qu'on ne coupe point, mais on en laiffe peu. On fe fouviendra donc de bien nourrir les Vaches & leurs veaux tant aux Herbagesde jardins très champs qu'à la maifon; un jardin rempli d'herbages eft d'un grand fecours bons pour pour la nourriture des Vaches, & l'experience nous le fait voir dans les nourrir les Fauxbourgs de Paris, où elles ne font nourries que de ceux que les Laitieres admodient dans les marais ou jardins qu'on y cultive avec grand foin ; rien n'y eft perdu, feuilles de choux, de poirée & leurs racines avec quantité d'autres; tout cela fert de pâture aux Vaches, qui rendent du lait en abondance. Cet avis doit fervir pour ceux qui ont des jardins, & qui veulent en tirer un double profit.

Vaches.

CHAPITRE XII.

Qu'il faut avoir des Bœufs à la campagne; comment dompter les jeunes Bœufs & tes gouverner. Choix qu'on en doit faire pour la Charruë. Maniere de les engraiffer pour les vendre. Leurs effets dans les alimens.

C

A été de tout temps que les Boeufs ont été en recommandation à la campagne; c'est un animal d'un petit entretien, & qui rend beaucoup de profit; les harnois qu'il lui faut font de peu de confequence; if eft très-bon au trait & à la charruë, il eft peu fujet aux maladies, & quand if eft malade il eft aifé à guerir: il vit affez long-temps, & après avoir rendu de bons fervices, on l'engraiffe, puis on le vend aux Bouchers pour en faire de l'argent, à la difference d'un cheval qu'il faut jetter à la voirie, s'il vient par malheur à fe rompre une jambe, à fe caffer une épaule, ou autre partie du corps femblable; un boeuf n'est point perdu pour cela, on le vend, ou bien on le tue pour la provision de la maison quand il y a grand train, & les boeufs remuent mieux la terre forte que toute autre bête de charruë: toutes ces confiderations doivent exciter ceux qui demeurent à la campague, & qui veulent mener un labourage, à nourric de ces animaux.

Q

Comment dompter les Boufs & les accoûtumer an joug.

Uandles Veaux font châtrez, & qu'ils font encore jeunes, c'eft à dire, dès leur premiere année, on commence doucement à les apprivoifer, en les flattant de la voix, les careffant de la main, les frottant par tout le corps, jufqu'à l'entre-deux des cuiffes, & leur donnant de temps en temps un peu de fel & du vin ; ces appâts rendent les Boeufs dociles, fe laiffant approcher aifément, & leur fait dépouiller ce naturel farouche avec lequel ils naiffent.

[ocr errors]

Les Veaux que vous deftinez pour les ufages champêtres, dit Virgile, doivent

« AnteriorContinuar »