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Qu'il eft bon de fçavoir à peu prés à quoi peut revenir un Bâtiment

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pour ne point être trompé dans fon entreprise.

Près avoir fait un ferieux examen fur tout ce qui vient d'être dit, les Particuliers qui veulent faire bâtir, doivent outre cela, avant que de l'entreprendre, confiderer mûrement à quelle dépenfe leur projet les peut conduire; car de s'y aller jetter inconfiderément, & fans confulter fes revcnus, c'est vouloir s'abîmer dans les fondemens de l'édifice, pour ne s'en pouvoir après quelquefois retirer,

Le moyen donc de connoître à peu près, à combien reviendra le bâtiment qu'on projette, on entrera d'abord en connoiffance du prix des fouilles, vuidanges, & tranfport des terres des fondations, de la pierre de Moëllon, & de Taille, de la Chaux, du Sable, du gros & menu Pavé, des Carreaux, Tuiles & Ardoifes, de la Latte, de la Contrelatte, du Cloud, du Verre, du Plomb, du Fer, du Bois, tant de Charpente que de Ménuiferie, de la Peinture de chaque travée, de celle des portes & croifées, de la Toife des Materiaux mis en oeuvre, & du Toifé même. On acquiert cette connoiffance-ci par le fecours de l'Arithmetique, qu'on ne fçauroit trop recommander à une perfonne qui veut s'établir à la Campagne, pour y faire fon profit.

Et comme les prix de toutes ces chofes varient felon les differens Païs & le changement des tems, il faut, pour bien faire, s'y regler, s'étant étudié attentivement à fe faire un Devis de tout ce qui peut entrer dans le bâtiment qu'on projette, on calcule le tout, & l'on voit par-là à peu près à combien la dépenfe peut monter.

Il eft bon en paffant de remarquer ce que voici. L'eftimation que l'on peut faire en gros des parties du Bâtiment, fe peut concevoir en cette maniere, la moitié du prix paffe pour la dépenfe de la Maçonnerie, le quart ou peu s'en faut pour la Charpente, & le refte de la fomme pour toutes les autres dépenfes, fçavoir la Couverture, Menuiferie, Serrurerie, Peinture, s'il y en a, Vitres, Pavé, & le refte.

Telles font les idées qu'on peut prendre d'abord, pour fe faire en quelque façon un plan de la dépenfe qu'on eftimera à peu près devoir être faite pour la conftruction de la Maison qu'on fouhaite faire bâtir; fi le calcul, comme il eft vrai, n'est pas tout à fait jufte, on peut dire du moins que c'est un grand obstacle aux Entrepreneurs, ou Ouvriers, pour empêcher qu'ils ne trompent de beaucoup les Particuliers qui les emploïent; cette connoiffance qu'ils remarquent, les tient en refpect, & les obligent à ne deman der qu'un prix raisonnable pour fe recompenfer de leurs peines.

CHAPITRE

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CHAPITRE IV.

Prix de la vuidange des Terres maffives, des tranchées & rigoles faites pour bles fondations, & de ce que coûte la Pierre de taille, le Moellon, le Platre. la Chaux, le Sable & les autres Materiaux necessaires à un Bâtiment, avec quelques remarques fur ce qu'il en faut pour faire une toife de Mur.

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Out ce qu'on a dit jufqu'ici feroit comme inutile, fi l'on ne fçavoir les prix de tout ce qui peut entrer dans un Bâtiment, pour en faire un calcul à peu près de la dépense à laquelle il reviendra. Commençons par les fouilles des terres, & l'on fera averti que fous le nom de Bâtiment, on comprend les Jardins dépendans de la Maison,

Fouilles des Terres.

Les fouilles, vuidanges & tranfports des Terres maffives, & rigoles qu'on fait pour les fondations, font plus ou moins cheres, felon qu'elles font plus ou moins profondes, ou qu'on les tranfporte plus ou moins loin. Quand il ne faut jetter la terre que fur le bord des tranchées, la toife cube coûte ordinairement vingt à vingt-cinq fols, cela fe regle felon leur profondeur; mais s'il y a du tranfport qui foit éloigné, comme par exemple à vingt ou vingt-cinq Toifes, elle vaut à Paris & aux environs trente à trente-cinq fols, & quelquefois quarante fols, files fondemens font profonds; ainfi on peut juger du refte à proportion de l'éloignement, & felon que le terrain eft plus ou moins uni.

Quand ce ne font que des fouilles de jardins pour en ameliorer la terre, & où il n'y a qu'à la jetter devant foi, il faut fçavoir d'abord à combien de profondeur on veut la fouiller, & felon que le terroir eft plus ou moins difficile à manier; on ne fait guéres foüiller alors à moins d'un pied & demi, & en ce cas on donne aux environs de Paris, & à Paris trois ou quatre fols de la Toife courante avec un Labour dans le fonds.

Si c'est à deux pieds, cinq fols, à deux pieds & demi ou trois pieds, fix fols, on peut aller jufqu'à fept; mais il faut que le terrain foit bien rude. On ne fouille guéres plus avant pour des Jardins, & s'il y en a qui veufent le faire, c'est une dépenfe fuperflue.

On ne doute pas que dans les Provinces, ces fortes d'ouvrages ne se faffent à meilleur marché, c'eft pourquoi on en peut regler les prix à proportion de ceux dont on vient de parler.

Il faut encore remarquer, généralement parlant, que tous ces prix augmentent ou diminuent, felon que le pain eft plus ou moins cher, parce que comme cet aliment eft un des principaux fondemens de la vie, & qu'on ne peut s'en paffer, cela fait que lorfqu'il eft cher, il faut plus d'argent pour en achetter, & par confequent il faut gagner davantage.

Si l'on veut quelquefois mettre à uni un terrain à un fer de Befche feulement, on donnera un fol de la Toife courante, fi la terre n'est pas

C

bien rude, au lieu que fi elle fe manie difficilement, on en donnera un fol fix deniers.

Prix du Moëllon.

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Uant au Moëllon, la Toife cube prife fur le bord de la Carriere, aux environs de Paris, coûte fix ou fept livres, felon qu'il eft bon, & quand il faut le charrier, & rendre en place, dix, douze & quatorze livres, fuivant qu'on eft près ou loin de la Carriere.

Il y a des endroits en Province où la Toife cube de Moëllon ne revient qu'à trois ou quatre livres prife fur la Carriere: il ne refte plus après cela que le charroy qui coûte plus ou moins, felon les lieux, de forte qu'il y en a où il ne revient qu'à fix livres la Toife rendue, d'autre à huit ou à dix, & felon que le Moëllon eft eftimé.

Prix de la Pierre de Taille.

A Pierre de Taille aux environs de Paris vaut cent fols le charriot, qui contient deux Voyes, quelquefois fix jufqu'à fept livres, fuivant la diftance des lieux. Il doit y avoir cinq Carreaux & quinze pieds de Pierre ou environ à la Voye. Quand le chemin eft mauvais, il faut trois Chevaux pour tirer une Voye, au lieu que deux fuffifent quand il eft beau.

La Pierre de S. Leu & de Vertgelé, fe vendent au Tonneau; il contient quatorze pieds de Pierre cube, & revient à trois livres, quelquefois à quatre ou quatre livres dix fols, même fur le Port, quand la riviere n'eft pas navigable; outre cela on donne ordinairement pour voiture du tonneau vingt-cinq & trente fols, & une voiture menée depuis quatorze jufqu'à vingt-deux pieds de pierre cube.

Les Pierres de Tailles fe prifent & s'achettent encore au pied, felon l'é chantillon; car fi ce font, par exemple, quartiers de trois fur trois en quar, ré, ou s'ils font oblongs, ayant néanmoins les angles quarrez, ils en font plus chers, fi bien qu'alors le pied de Cliquart & de Liais fe vendent feize a dix-huit fols: quand il eft propre à faire Platte-bandes ou Jambages de Cheminées, il coûte vingt fols; fi l'on en peut faire des Comiches, il s'achette depuis trente jufqu'à cinquante fols.

Si les quartiers de Liais font cornus & de tout appareil, & qu'on en pren→ ne une bonne quantité, le Pied peut ne revenir qu'à dix ou douze fols: f l'on n'en prend que peu, il vaut quelquefois quatorze ou quinze fols,.)

Le haut Liais & le refte des autres Pierres qui fe tirent aux environs de Paris, quand elles font de grand appareil, ne fe vendent qu'environ douze fols le pied, il y en a à prefent de cet échantillon qui vaut vingt fols le pied; on peut néanmoins marchander entre l'un & l'autre de ces prix, afin de tirer le meilleur marché qu'on pourra; mais fi ces Pierres font de tout appareil, le pied ne vaut que huit ou dix fols.

Il y a du Franc-Liais, & du Liais Farault, de celui-ci on fait les Fours: les Atres, les Fourneaux, parce qu'il refifte au feu; on appelle Cliquart, le Liais de tout appareil, du haut Liais, du bon Banc.

La Pierre de S. Leu qui eft d'appareil propre pour faire des Armes & Figures, vaut cinq, fix ou fept livres le tonneau, felon la grandeur de l'appareil; autrefois on ne la vendoit que quatre livres ou environ.

Les Pierres des Carrieres de S. Cloud ne fe vendent guéres au tonneau, ce n'eft qu'à la Voye, comme les autres Pierres.

On ne doit point fe regler fur ces prix-ci pour achetter de même les autres Pierres de Taille, parce qu'il eft conftant que tout coûte bien plus à Paris que dans les Provinces, où les quartiers de Pierres de trois à quatre Pieds de longueur, fur deux Pieds & deux Pieds & demi de largeur fur tous fens, ne coûtent que vingt fols fur la Carriere, refte le Charroy à payer, & une Charrette à trois bons Chevaux en menent toûjours trois à quatre quartiers de cet échantillon ; il y a même des lieux, où ces Pierres se vendent encore moins, l'ufage du Païs où l'on est, nous rend en peu de tems fgayant là-deffus.

Prix du Plâtre.

LE Prix du Plâtre elt quelquefois de fept livres dix fols, & d'autrefois

il monte depuis huit jufqu'à neuf livres le Muid, qui contient trentefix facs, & le fac quatre boiffeaux. Il eft rare, fi on n'y prend garde de près, que les Plâtriers donnent la mesure jufte; car le plus fouvent il ne sy en trouve que trois boiffeaux & demi. On compte pour l'ordinaire le Plâtre à la voye, qui fait douze facs, & trois voyes par confequent compofent le Muid.

Le Plâtre dans les Provinces où il n'y a point de Carriere à Plâtre, se vend bien plus cher qu'à Paris : car il faut encore avec le prix dont on vient de parler, compter la voiture qui eft plus ou moins éloignée, ce qui fait qu'on ne peut rien dire de fixe là-deffus. C'eft à faire aux Particuliers de Province qui en veulent employer, de tabler fur cette voiture, & le prix marqué.

Prix de la Chaux.

L fure A Chaux fe vend au Muid à Paris, ou au boiffeau, c'eft la même meque celle du Plâtre; le Muid de Chaux pris fur le Port à Paris, coûte quelquefois depuis vingt-quatre livres, jufqu'à trente-deux livres, on l'a vû même dans la cherté du pain, monter jufqu'à quarante-deux; & quelquefois quarante-quatre livres, fans la voiture, qui eft ordinairement de trois livres, ajoûtez aux fommes précedentes, font quarante-cinq ou' quarante-fept livres.

Dans bien des endroits en Province on vend la Chaux dans des futailles, c'est-à-dire, en Muids ou en Feüillettes. Le Muid contient vingt-trois Boiffeaux mesure de Paris, qui pefe cinquante-fix livres, fi bien qu'il en' faut fix Muids futailles pour un Muid, qui eft une eftimation de plufieurs feptiers, & non pas un vaiffeau.

Le Muid vaiffeau ne vaut quelquefois que quatre livres, quelquefois cent fols en Eté, & la Feuillette quarante ou cinquante fols, en d'autres endroits

la Chaux peut valoir un peu plus ou moins, felon que la diftance des lieux en augmente le prix du charroy, & quelquefois en Hyver le Muid dans ces mêmes endroits ne coûte que cinquante fols.

Prix du Sable.

N fe fert de deux fortes de Sable à Paris pour la Maçonnerie, fçavoir

ON Seffet de Terrain, ou de Sablonniere, & le Sable de Riviere. Le Sable qu'on tire de terre eft plus eftimé que l'autre, il fe vend au Tombereau; on le vend depuis douze jufqu'à feize fols, & depuis cinq fols jufqu'à huit, dans bien des endroits de Provinces, pris fur le lieu fans compter la voiture..

Prix du Pavé..

N employe du Pavé de plufieurs échantillons differens, de Grais & de Pierre, le premier eft de deux fortes, fçavoir l'un gros & l'autre menu, le gros ne fert que pour les Paffages publics, & fe place feulement avec du Sable, on l'appelle auffi Pavé de Rue. Il a fix à fept Pouces en quarré, il coûte la Toife depuis fix jufqu'à neuf livres, mis en œuvre.

Le menu Pavé eft auffi de deux fortes, & n'eft propre que pour paver des Cours; le premier eft un Pavé commun de tout échantillon, il s'employe à Chaux & à Sable, & la Toife quarrée tout employée, vaut depuis cent dix fols la Toife, jufqu'à huit & neuf livres, lorfqu'il eft avec bon ne quantité de Chaux & de Sable de Riviere, & qu'il y faut beaucoup de hauffes.

S'il y faut des Bornes on le paye dix livres la Toife, & il faut qu'il foit de bonne épaiffeur & de bon échantillon étant fait, comme on dit, à bain de Mortier, dont on fe fert pour paver fur les Caves.

L'autre espece de menu Pavé eft quarré & taillé d'échantillon, il s'employe à Chaux & à Ciment, il n'a que quatre à cinq Pouces en quarré, &.coûte quarante ou cinquante fols plus que le précedent : il y a encore le petit Pavé noir, qui vaut encore mis en oeuvre, quatre ou cinq fols davantage, & qui peut revenir à douze livres la Toife. Plus ce pavé eft menu plus il eft beau, mais il ne tient pas fi ferme.

Nous avons encore une autre forte de Pavé nommé Rabot, qui fe fait de Pierre de Liais, ou d'autre pierre dure; on l'employe à Chaux & à Sable aux endroits où il n'y paffe point de voitures, & où l'on ne veut pas faire de dépense; ce Pavé, felon le temps, eft toûjours moins cher que l'autre, c'eft-à-dire, qu'il vaut ordinairement cent ou cent dix fols la Toife quarrée. On ne doute pas que dans les Provinces la Toife quarrée de toutes ces fortes de Pavez ne coûte un tiers moins qu'à Paris & aux environs.

On donne ordinairement pour affeoir le gros Pavé, & ne rien fournin par l'Ouvrier, vingt-cinq fols de la Toife quarrée.

Le petit Pavé à tout fournir, la Chaux, Sable ou Ciment, coûte pour: le Paveur vingt fols la Toife; le Pavé de Pierre, & prendre le Sable ou la: Terre aux environs, vingt fols auffi,

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