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Maigreur.

Jambe 1ompuë.

Simple diflocation.

Bœuf boi[CUX

& une poignée de pouliot ; faites cuire ces racines dans de l'eau, avec les trois quarts d'huile d'olive, laiffez-les bouillir une heure, ajoûtez-y les feuilles d'herbes bien hachées, laiffez bien cuire le tout, & l'appliquez chaudement fur la partie que vous voulez ramolir.

Les Boeufs qui ont la peau attachée aux os, ne peuvent profiter,'outre les remedes interieurs ils ont befoin de fomentations, en voici une qui eft merveilleuse; mais pour la faire réüffir il faut d'abord faigner le Boeuf à la veine du cou, & le lendemain le frotter de ce que l'on va dire,

P

Fomentation.

Renez de la langue de lion, de la corne de cerf, de l'abfynthe, de l'aigremoine, du mille-pertuits feuilles & fleurs, de la marjolaine, du romarin, de la rhuë, de la fauge & du thaim, une poignée de chacune (s'il y manque quelques-unes de ces plantes, ce n'eft pas une affaire) mettezles dans une petite chaudiere avec de la lie de vin; laiffez-les bouillir longtemps, ajoûtez-y du fain doux, puis prenez de ces herbes dans vôtre main autant chaudes qu'il eft poffible de les fouffrir; frottez-en tout le corps du Boeuf, & la peau fe détachera de fes os.

Comme cette maigreur ne provient que d'une mauvaise caufe du dedans, il fera bon de lui donner quelque lavement rafraîchiffant.

Il faut donner au Boeuf maigre de bonne nourriture pour le rétablir comme par exemple, le nourrir deux fois le jour de fon mouillé en Hyver & de bonnes herbes en Eté.

gras

Si un Boeuf par malheur venoit à fe rompre une jambe, & qu'il fût il faudroit le vendre, car ce feroit peines perdues que de s'amufer à la lui vouloir remettre; mais fi ce Boeuf n'étoit pas dans un état à en pouvoir tirer de l'argent, on tâcheroit de remedier à ce mal par quelque operation qui y conviendroit.

Il faut après cela laiffer prendre du repos tant & plus au Boeuf, ne plus le remettre à la charruë, ni au harnois, mais le nourrir, de maniere qu'il engraisse en peu de temps, àfin de s'en défaire pour en acheter

un autre.

Si ce n'eft qu'une dislocation qui lui foit furvenue, il faudra remettre l'os déplacé, lui bien bander la partie, la lui frotter avec de la graiffe de cochon, & le laiffer à l'étable, jufqu'à ce que la jambe foit guerie & fortifiée.

On voit fouvent des Boeufs qui boitent par differentes caufes, l'un parce qu'il lui fera furvenu quelque tumeur aux pieds provenant de laffeude ou autrement, l'autre se trouvera atteint d'un chicot ou d'un cloud, & un autre enfin aura reçû quelque coup qui aura tumefié cette partie.

Si l'enflure eft caufée par quelque mauvaise humeur qui se soit jettée fur le pied ou sur la jambe d'in Boeuf, on prend un demi septier de bon vinaigre, demie livre de graiffe de cochon, ou du vieux oing, une once de feur de fouphre, on fait fondre le tout enfemble, on le mêle bien, puis on en frotte la partie enflée; fi ce mal lui vient de quelque coup

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ait reçû, on fe fervira du même remede ; & pour mieux'refferrer l'enflûre, on y joint du bol commun pilé, avec un peu de miel & de l'eau com

mune.

Pour guerir le pied d'un Boeuf qui a été piqué ou d'un cloud, d'un chi- Pied piqué, cot, ou de quelque épine, il faut prendre de la therebentine, la faire fondre, y mêler de l'huile, laiffer bien chauffer le tout, & en diftiler fur la playe, après que vous en aurez ôté le chicot, ou autre chofe qui aura caufé la bleffure; il y en a, pour la mieux découvrir, qui percent la corne du Boeuf jufqu'au mal; quand ce premier appareil eft mis, on frotte le pied d'une espece d'onguent fait avec du miel & du fain doux.Si l'on a del'efprit de vitriol, on en appliquera deffus à froid; on foignera de bien envelopper le pied, & de mettre l'onguent fur de la filaffe.

Quand l'ongle du pied d'un Boeuf eft éclaté, on prend du miel, de la Ongle écla cire neuve & de la therebentine, de chacune une once; on en fait un on- té. guent, qu'on applique au tour de l'ongle l'efpace de quinze jours, ce tems paffé, on ajoûte à ce remede de l'aloës hepatique, du miel rofat & de l'alun de roche, de chacun demi once; on en fait une emplâtre fur de la filaffe, puis on en enveloppe le pied malade, après avoir baffiné le mal de vin ou de vinaigre tiede.

Tefticules

Souvent les Boeufs fe mettent dans des embarras de charrettes, les tefticules fe trouvent meurtris & foulez, la fluxion y furvient & la matiere enfiez. s'y forme; un Boeuf alors fouffre & ne profite point: le remede ordinaire qu'on y apporte, eft de prendre une chopine de fuc de choux verds, une demi livre de miel, autant de beurre frais, un quarteron de favon noir, une demi livre de farine de féve, après cela on fait fondre le beurre & le favon noir enfemble, on mêle bien tout le refte, & on en fait un onguent dont on frotte à froid les tefticules enflez qu'on enveloppe foigneufement avec du linge; on peut mener le Boeuf à l'eau, & l'y faire entrer jufqu'au ventre; fi l'enflûre des tefticules n'eft caufée

vents, elle fe diffipera.

que par des

S'il furvient au Boeuf une luxation à l'épaule, il faudra la lui remettre, Epaule difla bander fortement avec des éclifes, après l'avoir frottée de fang de Boeuf loquée. tiré chaudement, & bien manié, crainte qu'il ne fe coagule, avec un demi feptier d'eau de vie, le tout bien mêlé ensemble.

lons.

Les étranguillons arrivent aux Boeufs pour avoir été trop pouffez au Etranguiltravail, ou forfqu'ils ont bû de l'eau trop froide; les glandes de la gorge fe gonflent alors, le Boeuf fe plaint comme s'il étoit prêt d'étouffer, il fe couche par terre, puis il fe releve: voilà les fymptômes de ce mal, en

voici le remede.

Sondez avec la main où font ces tumeurs, broyez-les fortement avec la main, battez-les avec le manche d'un marteau, ou autre chofe femblable, & après les avoir corrompues, percez-les avec une lancette, faignez enfuite le Boeuf fous la langue, lavez-lui la bouche avec du fel & du vinaigre, foufflez-lui de ce vinaigre dans les oreilles, broyez-les lui pour l'y faire penetrer, penetrer, cela appaifera la douleur des étranguillons, & les diffipera.

Mal de

Les fymptômes qui montrent qu'un Boeuf eft attaqué du mal de tête, tete. A a

Galle

Mal de
Яlancs

font lorfqu'il tient fa tête baiffée, qu'il a l'oreille abatuë, l'oeil trifte, les nazeaux ouverts, & qu'il chancelle en marchant; il faut alors prendre deux pintes d'eau de fontaine, la bien faire bouillir, & la jetter fur des cendres de farment, à quatre reprifes differentes, & toûjours toute boüillante, mêlez-y une demie livre d'huile d'olive, & un demi quarteron de bayes de laurier, remuez bien le tout, & en faites prendre par les nazeaux environ deux verres au Boeuf: il faut de deux heures en deux heures le traiter ainfi, jufqu'à ce qu'il ait pris toute la liqueur ; il fera bon que ce remede foit précedé d'une faignée à la veine du cou.

La galle vient ordinairement aux Boeufs pour avoir été furmenez au travail, ce qui les échauffe beaucoup. Le remede eft de les frotter de ce qui fuit.

Prenez deux onces d'huile de chenevi, demi once de cantharides, faites bouillir le tout ensemble, & en frottez les endroits galleux durant trois ou quatre jours feulement, puis vous ferez bouillir de l'urine, vous y mettrez dedans un peu de couperofe, & en frotterez le mal.

La galle des Boeufs fe guerit encore avec de la graiffe de volaille mêlée avec de l'huile d'olive; ou bien on prend du fiel de Boeuf, on y met du fouphre vif pulverifé, de l'abfynte, de l'huile, du bon vinaigre & un peu d'alun, de plume en poudre, on incorpore bien le tout, puis on en frotte la galle.

Il arrive quelquefois qu'un Boeuf s'eft trop échauffé au travail, puis qu'on la laiffe morfondre, cela fuffit pour lui caufer de la douleur aux flancs; il n'y a point d'autre connoiffance que de l'entendre plaindre & lui voir battre ces parties, & pour le guerir de ce mal,

V

Remede,

Ous prendrez quatre onces de bol d'armenie, deux onces de fel ammoniac, deux onces de mastic, & quatre onces de farine de froment, vous réduirez le tout en poudre, & le mêlerez bien, vous y ajoûterez fix ou fept blancs d'oeufs, une pinte de bon vinaigre, & ferez un cataplafme du tout, que vous appliquerez fur les flancs avec une peau de mouton par deffus.

Telles font les infirmitez aufquelles les bêtes à cornes font fujettes, & qu'il faut foigner de guerir, autrement un Boeuf ou une Vache tombe en langueur, il maigrit, & devient inutile pour le harnois, pour la charrue & pour être vendu. Il y a certains inconveniens qui fer la chararrivent

comme par exemple, de fe rompre la jambe, se disloquer une épaule, ou autres de cette nature, quand ils font gras & en état d'être tuez; alors fans s'amufer à les traiter, il faut chercher à s'en défaire, & cet accident n'empêche point qu'ils ne fe vendent, ou bien on les tue pour la provifiont de la maifon,

CHAPITRE XIV.

LE LA IT AG E.
LAIT

Comment le gouverner, faire le Beurre & les Fromages; moyen den garder pour la provision: leurs proprietez.

I

L n'y a rien qui veuille être tenu plus proprement que le lait, la moindre ordure en fait voir la mal propreté, c'eft pourquoi, le laitage ge neralement parlant, demande plus de foins qu'on ne s'imagine.

I

Choix d'un lieu pour mettre le Lait.

L faut d'abord lui deftiner un lieu qui foit frais en Eté, & temperé en Hyver, parce que le trop grand chaud & le froid qui glace, détourne l'effet qu'on en attend. Ce lieu s'appelle ordinairement une Laiterie : nous en avons déja parlé dans la defcription que nous avons faite d'une maison de campagne; mais comme l'idée en eft trop éloignée, on a jugé à propos de dire ici ce qu'il y a de plus effentiel à obferver, & de parler des meubles qui y conviennent.

On prendra garde que la laiterie foit bien fermée, de maniere que les chats ni les rats n'y puiffent avoir aucun accez. Il ne faut que ces animaux pour tout détruire le laitage; & comme le lait eft d'une fubftance à fe corrompre aisément, & à donner une mauvaise odeur à l'endroit où il est renfermé, on y tient ordinairement une fenêtre ouverte pour y donner entrée à l'air, mais il eft bon auffi que cette ouverture foit close d'un chaffis de fil d'archal à petites mailles, afin que rien de ce qui peut être nuifible au lait, ne s'y introduife.

Cette laiterie doit être blanchie, les tables bien lavées, & fouvent; & pour bien faire, il faut foigner de garnir ce lieu d'un évier, afin qu'à mefure qu'on en nettoye les uftenciles, l'eau s'écoule en dehors. Mais à propos de ces uftenciles, & avant que de paffer outre, difons quels ils font.

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Vftenciles de la Laiterie, avec leur defcription.

N fe fert de terrines de plufieurs grandeurs pour mettre le lait, après qu'il eft tiré, il y a auffi des pots qui font fort commodes pour cela, il s'en façonne de plufieurs fortes.

On a une barate qui eft un vaiffeau de bois, long, haut de deux pieds & demi, rond & plus étroit par le haut que par le bas, couvert d'un couvercle rond & percé au milieu pour y paffer le bâton avec lequel on bat le beurre, toutes ces pieces fe verront feparément gravées dans la figure qui fuit.

Les écliffes y font neceffaires, ce font en des pays de petites cages ou

des petits moules de bois tout ronds dans lefquels on fait des fromages, ils ont un fond d'ozier par où s'écoule le lait clair; en d'autres endroits ces éclifes font de terre & fe fabriquent chez les Potiers; ces vafes font garnis de plufieurs petits trous, ainfi qu'une paffoire, & s'appelle chaferons, ou formes en d'autres pays.

Les cuillieres avec lefquelles on dreffe le lait font de fer, d'airain ou de bois; ces dernieres font toûjours les plus propres & moins fujetes à donner mauvais goût au lait ; il n'y a qu'à les laver & les effuyer, au lieu que les autres veulent être écurées fouvent, crainte que la roülle ou le vert de gris ne s'y attache.

Il faut une ou plufieurs grandes cages pour mettre égouter les fromages; ces cages font d'ozier, elles font rondes, hautes de deux pieds & quelquefois davantage, ayant un pied & demi de diametre en largeur ; elles font partagées en dedans en deux étages, & couvertes par deffus en maniere de dôme un peu plat; leur porte a environ dix pouces de haut & autant de large; on les pend ordinairement dans un endroit aëré, & hors l'infulte des chats; on les appelle chafieres en des pays. Il y a auffi la couloire qui fert à couler le lait, c'eft une maniere d'écuelle ronde, percée par le bas, & aux trous de laquelle on applique un linge mouillé.

S'il n'y a point d'évier dans la laiterie, il faudra y mettre des baquets pour recevoir l'eau dont on aura lavé les pots au lait, & foigner de la jetter dehors incontinent après.

Il ne faut point être negligent à balayer fouvent cet endroit, & à en ôter les araignées, ces infectes font capables de tout gâter quand on les laiffe féjourner,

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Que la Servante ou toute autre femme à la garde de laquelle la Laiterie eft commife, ne foit point pareffeufe à obferver tout ce qu'on vient de dire, qu'elle foit bien propre elle-même; car il ne faut qu'une faloppe pour rendre le laitage dégoûtant: mais afin qu'on connoiffe mieux les uftenciles dont on vient de parler, donnons-en des figures.

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Ly en a qui au lieu de barate de bois fe fervent d'un grand pot de terre; mais il eft dangereux à fe caffer quand on bat le beurre, à moins qu'on n'ufe de beaucoup de précaution; c'eft pourquoi on confeille de fe fervir de barate, principalement quand on a beaucoup de Vaches à lait; d'autres qui n'en ont qu'une où deux fe paffent de ce meuble, ils

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