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dans les ali

pos en avoir befoin, & felon que nous avons dit, qu'il falloit de Chévres pourun Bouc. Ils croiffent bien mieux quand ils font châtrez que lorfqu'ils font entiers, & leur chair en a bien meilleur goût, parce qu'il fe fait dès lors en eux une entiere ceffation de cette exhalaison, ou infpiration feminale d'odeur forte & comme puante, laquelle a coûtume de fe répandre dans toutes les parties du corps du Bouc, d'y augmenter la chaleur du fang, & des autres humeurs ; & enfin, d'y rendre les efprits animaux plus âcres & plus vigoureux au lieu que lorfqu'on a ôté les tefticules aux Boucs, le fang en eft moins huileux & moins chaud, toute fa portion pour lors n'étant employée qu'à remplir les vaiffeaux, & enfuite appliquée & ajoûtée aux parties en furabondance de nourriture qui engraiffe ce bétail.

Proprietez Qelques Medecins se font avisez de défaprouver l'usage de la chair de la chair de Chévre dans les alimens, à moins qu'elle ne foit jeune, parce, dide Chévre fent-ils, que fans cela elle eft dure & difficile à digerer; & que faire donc à la campagne, quand les Chévres ont rendu du profit pendant quatre ou cinq ans, quoi les jetter à la voirie on eft meilleur ménager que cela, le Domestique s'en accommode fort bien, la chair de cet animal qui se digere très-bien dans l'estomac des gens de travail, les nourrit beaucoup & le fortifie de même.

mens,

Effets du Воис.

Profit

Chévres,

Les effets.

On rapporte à ce fujet, qu'un certain Athlete de Thebes avoit coûtume de fe nourrir de chair de Chévre, & qu'il furpaffoit en force tous les autres Athleest de fon temps. Il peut en arriver la même chose aux perfonnes qui en mangent, & qui font très-robuftes; la Chévre est un animal vif, agile & leger, & qui par confequent contient beaucoup de principes exaltez, & qui peuvent communiquer à ceux qui en vivent des efprits très-vifs & très-actifs.

Le Bouc, quand il eft châtré & qu'il eft gras, fournit un aliment folide, & qui eft très-propre pour les gens qui travaillent beaucoup, on en fale comme on a dit, pour la provision de la maison, la Chévre se fale auffi elle n'eft pas à la verité fi délicate.

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Le Chévreau eft ce qu'il y a de meilleur dans les alimens, à l'égard de ce bétail, il faut qu'il foit fort jeune, qu'il ait deux mois, tetant encore, & qu'il n'ait point mangé d'herbes, fa chair nourrit beaucoup, fe digere aifé ment, & produit un aliment qui eft folide: à mefure que le Chévreau avance en âge, fa chair devient dure, mais elle trouve à la campagne des dents capables de la broyer, & des eftomacs pour la cuire.

Le lait de Chévre fe caille affez aifément, c'eft pourquoi on en fait du lait de de très bons fromages en Languedoc & en Provence, de la maniere que nous l'avons dit dans l'article des Fromages faits du lait de Vache. Il n'y a rien autre chose à y obferver: l'ufage qu'on fait du lait de Chévre en Medecine eft affez commun, il convient aux perfonnes d'un temperamment humide, il eft un peu aftringent.

Suif &

Le fuif & la moüelle du Bouc font propres pour ramollir, pour réfou mouelle de dre & pour adoucir, ils paffent auffi pour fortifier les nerfs. Bouc, fes

On 'fe fert de la frente de Chévre pour réfoudre, déterger les playes, Fiente de les deffecher, & pour lever les obftructions des vifceres, étant prife in

vertus.

terieurement; on l'applique auffi exterieurement pour réfoudre les tumeurs Chévre, fes froides, & pour les autres maladies où il faut attenuer les humeurs.

vertus.

On fait un cataplafme de fiel de Chevreau mêlé avec de la mie de pain, Fiel de Che des blancs d'oeufs & de l'huile de laurier, & on l'applique fur le nombril vreau, fes pour guerir la fiévre quotidienne.

vertus

Le fang de Bouc, tiré de fes tefticules ayant été deffeché au foleil, re- Sang de fifte au venin, excite les fueurs, les urines & les mois aux femmes, la dofe Bouc', fes eft depuis vingt grains jufqu'à deux dragmes prifes interieurement dans du vertuss vin blanc.

Maladies de Chèvres.

fans fiévre, mais il faut dire que c'eft une fauffe opinion qu'on a de ces animaux, d'autant que fi cela étoit, la chair n'en feroit pas fi faine, & ne fe conferveroit pas fi bien qu'elle fait, car le fang qui fermente continuellement, lorfqu'on a la fiévre, laisse toûjours beaucoup d'humeurs cor rompues dans fa circulation.

difent avoir remarqué que les Chèvres ne font jamais

Ce n'eft pas quelquefois que ces animaux ne puiffent être attaquez d'un mal, dont les fymptômes ne different point de ceux de la fièvre, & qu'on pourroit appeller, Fiévre putride,ou peftilentielle. à caufe du grand dégât en peu de temps qu'elle caufe dans un troupeau.

tilentielle.

Quand lesChévres font atteintes de ce mal, elles maigriffent en peu dé Fiévre pel temps, & quoiqu'elles foient fort alertes, on les voit tout d'un coup languiffantes & abatuës & en meurerent bien fouvent. On dit que ce mal leur vient par une trop grande abondance de pâturage qui les remplit de trop d'humeurs, & leur met trop le fang en mouvement.

C'eft pourquoi lorfqu'on en voit quelques-unes dans un troupeau attaquées de ce mal, il faut les en feparer, & faigner tout le refte, ne les laiffer paître qu'une fois le jour, & les tenir de repos jufqu'à ce que le fang foit tranquille.

Colum. I.

7. ch. 7.

L'Hydropifie eft une maladie à laquelle les Chévres font fujettes, on re- Hydropifie connoît ce mal à l'enflûre qui leur furvient au ventre, par un amas d'eau qui s'y fait; & pour les en guérir on leur fait adroitement une ponction fous l'épaule, pour donner moyen à cette humeur de s'écouler par cette inci fion; on met après cela une emplâtre de therebentine fur la playe.

rierefaix

Si après qu'une Chévre a misibas, il lui furvenoit quelque enflure Matrice enà la matrice, ou que l'arrierefaix ne foit pas bien venu, prenez trois demi fée ou ar feptiers de gros vin, ou moût cuit, & le faites après avaller à la Ché vre; au défaut de ce moût, fervez-vous de vin rouge, il aura le même effet.

retenu

Le mal fec eft encore une maladie qui furvient aux Chévres, on ap Mammelles pelle ainfi ce mal, parce que les mammelles leur deffechent entière deffechéesment, de maniere qu'elles n'ont plus de lait; les grandes chaleurs fettr caufent cette infirmité. Pour y remedier, on les laiffe un peu enfermées, on les nourrit à l'étable de feuilles d'arbres ou de vigne qu'on a foin de cueil fir, & on leur frotte les mammelles de lait bien gras, ou pour le mieux avec de la crême.

Ccij

LE NOUVEAU THEATRE

2011 y a encore d'autres infirmitez dont elles font atteintes, & qu'elles

ont de communes avec les Brebis, on y aura recours lorfqu'elles leur furviendront, elles en ont tous les fymptômes tant exterieurs qu'in

terieurs.

CHAPITRE XV I.

Qu'il n'y a rien qui apporte plus de profit à une Maison de Campagne è qu'un Troupeau de Brebis, & de Moutons. Maniere

CE n'eft

de gouverner ce bétail : fes proprietez,

pas d'aujourd'hui que l'experience nous fait voir, que les bêtes à laine font celles d'entre les beftiaux qui apportent le plus de profit à la campagne, tant à caufe de leur toifon & de leurs peaux, que de leur chair, de leur lait, de leur graiffe & de leur fumier. Nous détaille rons plus amplement ces avantages dans la fuite de ce Chapitre. Une Mai fon de Campagne, une Ferme fans Brebis, eft un corps fans ame. Le bétail à laine engraiffe la terre: il eft vrai que dans les pays maré◄ cageux il ne faut pas fonger d'en nourrir, le Mouton aime marcher à fec, & paître fur des colines, ou dans des champs où l'eau ne fejourne pas long-temps. Les pâturages trop gras lui engendrent trop de mauvaises humeurs, il lui faut du ferpolet, & d'autres herbes odoriferentes qui naissent fur les lieux élevez. Mais avant que de rien dire davantage de ce bétail, choisissons lui un Berger qui foit capable de le conduire avec affection & avec douceur, qui fache le garantir des loups, & le reveiller quelquefois, au fon de fa mufette, puis après nous nous mettrons en devoir de cher cher notre troupeau.

U

Comment il faut faire choix d'un Berger.

N Berger, pour être bien choifi, doit avoir l'humeur pacifique, & affectionné pour fes Brebis; il doit être alerte; car ce bétail lui donne fouvent de la tablature, robufte pour fupporter toutes les intemperies de l'air, fidele, c'eft à dire, qu'il ne faffe point tort à fon Maître en ifon Troupeau en l'attribuant au loup : il ne faut point qu'il foit

yvrogne,

blafphemateur ni corrompu. Tous ces vices font préjudiciables à ce bétail & le font négliger: ce n'eft pas qu'à la verité il ne foit fort difficile de trouver de ces gens groffiers exempts de ces défauts; car fouvent comme ils n'ont d'autre guide que la nature, il eft rare qu'ils ne fe laissent emporter à tout ce qu'il y a de plus mauvais. Un Berger peut conduire cent Moutons ou Brebis & même cent cinquante. Si on lui donne un petit garçon pour l'aider, le Troupeau n'en fera que mieux conduit.

Nous ne fommes plus dans ces premiers temps où l'innocence regnoit parmi les Bergers, où ce n'étoit que fimplicité & que douceur, & où ils faifoient tous leurs plaifirs d'avoir inceffamment l'oeil fur leurs Troy

peaux, & de jouer fur leurs Chalumeaux des chanfons ou quelquefois l'amour avoit le plus de part; cet heureux fiécle eft paffé, & comme nous fommes obligez de prendre un Berger, pour ainfi dire, fur des apparences, qui bien fouvent nous trompent, choiffons-le le mieux qu'il nous fera poffible.

Outre les qualitez dont on vient de parler, un Berger ne doit point être pareffeux à fe lever matin, pour mener paître fon Troupeau, il faut qu'il ait foin de le conduire dans les endroits qu'il fçait lui mieux convenir. Il aura un bon chien, pour bien ramener les Moutons qui s'écartent dans les bleds ou dans quelqu'autre heritage défendu. Qu'il entende ce que c'eft que de gouverner ce bétail, qu'il ait foin d'avoir toûjours de bons Beliers pour couvrir fes Brebis, & que lorfque quelqu'une veut mettre bas fon agneau, qu'il fache lui aider dans fon travail, qu'il prenne garde qu'elle ne tue point fon agneau, ou qu'elle ne le bleffe après l'avoir mis au jour, & qu'il foit adroit à l'apporter au logis lorsqu'il revient des champs.

Sa vigilance doit s'étendre fur tout ce qui regarde fon Troupeau, comme par exemple, de ne lui point laiffer manquer de litiere, ni de fourage en hyver,d'observer s'il n'y a point quelque Brebis qui cloche ou qui foit galleufe, afin d'y remedier & de l'ôter du Troupeau, crainte qu'elle n'infecte les autres.

Quand le Berger mene fes Brebis aux champs, il doit toûjours être à la tête, pour les empêcher de faire aucun dégat. Il faut que ce Berger, pour bien faire, foit habillé de toile, parce que cette couleur plaît aux Brebis, qui s'épouvantent prefque toûjours à l'afpect de toute autre couleur;&pour cette raifon, fes chiens, s'il eft poffible, feront blancs, munis d'un bon colier de fer à pointe, afin de les rendre plus hardis à combattre contre le loup, qui les prend d'abord à cette partie, pour les étrangler. Ces chiens feront inftruits à ramener les Brebis égarées,&obéiffans d'abord à la voix de leur Maître qui les anime; ce font ordinairement de gros matins qu'on choifit pour cela, il fautles bien nourrir. Il y a des pays où l'on prend des dogues pour garder les Troupeaux à laine, tandis que ces chiens veillent aux étables & aux champs, on ne craint point les vols nocturnes, ni les irruptions des loups.

Quant au Troupeau qu'il faut avoir prefentement, on doit en fçavoir choifir les Brebis & les Moutons ; voici ce qu'on peut dire là-deffus de plus affuré.

Pour

Du choix des Brebis,

Our faire un bon Troupeau de Brebis, il ne faut pas les acheter dé
pouillées de leur toifon, qui pour le mieux doit être blanche & non

II.

pas grife ninoire, bienfournie par tout, & fur tout au tour de latête,du cou Var dere & du ventre. Cependant, fi dans un Troupeau il s'y en trouve quelques- rut. 4, 11. unes de cette forte, il ne faut pas que cela faffe rompre un marché. On n'achetera point de vieilles Brebis, ni de celles qui font trop jeunes, Rejettez comme Brebis fteriles celles dont les dents marqueront plus de Lois ans, & qu'on reconnoît lorfqu'elles font ufées. Ces Brebis doivent

1

Marque

d'un ben

Belier.

être de bonne race, avoir un bon corps, les jambes bas-jointées, le ventro large & chargé de laine, la queue grande, les tetines longues, l'œil éveillé, & la démarche fort alerte. Ces marques exterieures font juger de la bonne conftitution du dedans. Les Moutons doivent être choifis de même. Tous les Auteurs fur l'Agriculture font d'accord fur ce choix.

Pour parler d'abord des égards qu'on doit avoir pour la multiplication de leur efpece, il leur faut donner un Belier d'un grand corfage, haut en jambes, bien chargé de laine, même aux endroits où communément if en a le moins, qui eft le ventre & la tête jufqu'au tour des yeux. Il aura de gros tefticules, la queue longue & fort velue, la tête groffe, le nez camus le front large, les yeux gros & noirs : Varron veut qu'ils foient 11. blancs, les oreilles grandes, les cornes entortillées & pendantes du côté du nez, s'ils n'en ont point, on ne les rejettera pas tout-à-fait, parce que l'experience nous fait voir qu'ils font affez bien leur devoir, mais on ptétend que les Beliers à cornes ont plus d'ardeur.

Par, de re

A quel âge

lir.

Les Beliers ne font point propres à faillir les Brebis qu'ils n'ayent trois il peut fail- ans, & peuvent faire ainfi fort bien leur devoir jufqu'a huit. On dit qu'ils vivent quinze ans. Il ne faut qu'un Belier pour fuffire à cinquante Brebis. Felle Forêt Il y en a qui difent que c'eft affez de vingt-cinq ou trente, & d'autres veujour 12. lent qu'un Belier peu faillir foixante Brebis. Le premier fentiment eft celui qu'on fuit le plus. Il faut bien nourrir pour lors les Beliers, il y en a qui leur donnent de l'orge, & qui difent que cela les rend plus forts dans ce travail.

Aage propre pour Accoupler

Le veritable temps auquel les Brebis doivent commencer à s'accoupler, eft lorfqu'ils ont deux ans. Avant ce temps-là tout ce qui eft propre à la es Biebis. formentation du foetus eft encore informe, d'où vient qu'elles n'appetent point le mâle, & cette fertilité, quand elles font de bonne race, continuë annuellement jufqu'à fept ans. La premiere portée des Brebis ne donne pas de beaux Agneaux comme les autres, parce que la nature de l'animal qui y fouffre beaucoup pour n'y pas être accoûtumée, ne fournit pas au foetus tout l'aliment qui lui eft neceffaire pour croître parfaitement ; c'eft pourquoi on vend ordinairement ces premiers agneaux au lieu de les garder; il vaut mieux en avoir peu qui foient beaux, que d'en nourig beaucoup qui ayent un corps de petite apparence.

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Remarque. Qu'on fe donne bien de garde pendant toute l'année de laiffer habiter les Beliers avec les Brebis ; il faut, ou les tenir enfermez feparement, & les mener de même aux champs, ou attendre de s'en fournir quand on jugera le temps propre de les donner aux Brebis ; & la raifon qui oblige d'en agir ainfi, c'est afin qu'étant sûr de la faifon que ce bétail a failli, les agneaux ne viennent pas plûtôt qu'on ne voudroit, à caufe du froid, qui en fait beaucoup perir, ou qui empêche qu'ils ne fe fortifient.

Temps de

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C'eft pourquoi, comme les Brebis portent cinq mois, ilest bon de ne faire faillir. Les faire accoupler qu'au mois d'Août, afin que leurs petits agneaux ne les Brebis. naiffent qu'en Janvier &'en Février, parce que le Belier qui peut rendre le

Troupeau fécond, fi-tôt qu'il y eft, & ayant beaucoup d'affaire à faillie les Brebis l'une après l'autre, cela fait que ces femelles vont bien jusqu'à ce temps à donner leurs petits. S'il vient quelque agneau auparavant, on ne doit pas s'en mettre en peine.

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