Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Jnvente, et Grave' par J.B.Jcetin.

deux ou trois qu'on laiffe entiers pour avoir des Beliers, au cas qu'on fe trouve en avoir befoin, finon on les châtre tous. Il faut qu'il ayent cinq à fix mois avant qu'on leur faffe cette operation, & pour y réüffir, on leur fait ordinairement une incifion à la partie genitale, par où on leur ôte les tefticules; il y a des gens fort habiles en cela & qu'on paye exprès.

Il eft bon d'obferver ce qui fuit quand on veut châtrer les agneaux. Il faut qu'il ne faffe ni trop chaud ni trop froid. Dans le premier cas la gangrene eft à craindre ; & quand il a gelé, la playe a trop de peine à fe confolider; on châtre les agneaux de deux manieres; nous avons déja parlé de celle qui fe fait par incifion : en voici une autre qui fe pratique de la maniere qui fuit.

Si les agneaux font nez en Novembre, on lee châtrera au mois de Mars fuivant; fi c'eft en Janvier, cela fe fera en Avril, & pour cela prenez un cordeau avec un lacs, & mettant le dos de l'agneau fur vôtre eftomac prenez-lui les tefticules avec ce lacs, prenez l'un des bouts de ce cordeau dans une main & l'autre fous le pied, ferrez-le jufqu'à ce qu'il détache les tefticules du lieu où elles tiennent, ce qui fe fait aifément fans qu'il foit befoin de les leur couper. Cette operation fuffit pour les rendre inhabiles à faillir les Brebis. Cela fait, frottez-leur la partie affligée avec du fain-doux, afin que la bourfe n'enfle point. Il arrive quelquefois que les agneaux nouvellement châtrez font triftes & femblent être dégoûtez, mais il ne faut pas s'étonner de cela, au bout de deux jours ils reprennent leur gayeté & bondiffent comme auparavant.

Il faut remarquer que pendant que les Brebis paffent la nuit aux champs Remarque. dans des Parcs, les Bergers doivent prendre le foin de les traire le foir, afin que le lait ne foit point perdu. Un petit Valet ou quelqu'autre perfonne a foin de l'aller querir pour le porter à la maifon. Ce ménage eft trop de confequence pour le negliger, & ce feroit dommage de laiffer inutilement diffiper ce lait. On continue de traire les Brebis jufqu'à ce que les froidures de l'Automne, & le temps qu'elles ont conçû, les faffe tarir.

Il ne fuffit pas de s'étudier à augmenter tous les ans fon Troupeau de nouvelles bêtes à laine, il faut fonger auffi à fe défaire des vieilles, afin qu'il fe renouvelle mieux. La fin du mois d'Avril eft le temps qu'on fe doit donner du mouvement pour cela, & l'on appelle une Brebis, ou un Mouton vieux, lorfqu'il a quatre à cinq ans.

Les bêtes à laine qui fortent de l'hyver fe reffentent encore au mois d'Avril des mauvais effets que les fourages ont produit en elles ; elles font maigres la plûpart, ou très-peu en bon corps. On fepare celles dont on veut fe defaire, on les vend vétues ou dépouillées de leur toifon, cela dépend de la fantaisie; mais on confeille, où les pâturages font fertiles & propres pour la nourriture des Moutons, d'en tirer la toifon, & de les faire engraiffer pour les vendre il n'en coûte prefque que la garde, & c'eft peu de chofe en comparaifon de l'argent qu'on en reçoit quand ils fonr gras. Il y a donc la laine & la graiffe qui augmente le revenu des Moutons quand on ne les vend pas à la fortie de l'hyver. La maxime n'en eft

fupportable qu'à ceux qui habitent des lieux où les pâturages font ingrats Parlons de la laine d'abord, & difons quand on en fait la recolte,

Saifon de tondre les Brebis.

ON tond les Brebis & les Moutons au mois de Mai, plus ou moins

avant dans ce mois que l'Eté eft plus ou moins chaud. Cette tonte fe fait en ce temps pour deux raifons. La premiere, pour profiter de leur dépoüille; & la feconde, pour faire que l'Eté fuffife pour leur faire acquerir une nouvelle toifon. Dans les pays où l'on tond les Brebis deux fois l'année, on commence la premiere tonte au mois de Mars, & la feconde au mois d'Août. Il eft rare en France de faire cette operation deux fois l'an; la laine de la feconde tonte n'eft jamais fi bonne que celle de la premiere. La recolte de la laine fe fait en Piedmont jufqu'à trois fois de quatre mois en quatre mois, à commencer en Mars. Dans les climats feptentrionaux, on retarde cette tonte jufqu'au mois de Juillet; car il ne faut pas que le temps foit froid; fi cela étoit, les Moutons & les Brebis dépouillez de leur toifon fe morfondroient entierement, & amafferoient la toux, qui eft une maladie dangereufe pour ce bétail.

Le jour qu'on choifit pour tondre les Brebis doit être ferain & agité d'aucun vent: on n'aura point d'égard à la lune, parce que ce aftre ne fait ni bien ni mal à cette tonte. On aura foin enfuite de mener le Troupeau le long d'une riviere, ou d'un ruiffeau dont l'eau fera fort claire, & dans laquelle on lavera bien les Brebis l'une après l'autre, afin que la laine en foit plus nette, puis lorfqu'elles font retournées à l'étable, on leur y tient de la litiere toute fraîche, crainte que cette laine ne fe gâte; il y a des pays où l'on tond les Brebis fans les laver.

Le lendemain dès huit heures du matin on fe met en devoir de tondre le Troupeau, & pour cela on prend de bonnes forces qui font des efpeces de cifeaux ; on lie l'amimal par les quatre pieds, on l'étend fur une nape ou fur un van, & on lui coupe la laine le plus près de la chair qu'il eft poffible, fans pourtant la bleffer. Si neanmoins il arrivoit qu'ayant la main trop pefante, on y fit quelque taillade, il faudroit avoir du vieux oing ou du fain-doux, en frotter la playe, elle gueriroit dans peu de temps. Il y en a qui fe fervent pour cela de poix fondue, mêlée d'huile de noix, ou bien ils frottent ces Brebis de fuye de cheminée, ou de charbon pilé, afin, difent-ils, que les mouches ne les incommodent point.

Il y en a à mesure qu'ils tondent les Brebis, & après qu'elles font tondues, qui leur frottent tout le corps avec de l'huile mêlée d'un peu de vin, ce remede repercute les parties trop volatiles du fang, qui venant à fe jetter & fe fixer à la peau, pourroient y caufer quelque mal. Outre que cela ouvre les pores, & fait que la laine en revient plus touffue & plus belle: on ne fçauroit dire pofitivement combien une Brebis ou un Mouton peut rendre pefant de laine, les uns en donnent plus les autres moins.

Il faut être bien foigneux de conferver cette laine, foit que les Moutons la portent encore ou qu'elle foit tonduë: Dans le dernier cas la vermine s'y met, fi on ne prend garde où on la met, ce qui la diminuë beau

coup de prix; quant à la toifon dont le Troupeau eft encore revêtu, on le nourrira bien, c'est le moyen qu'elle ne tombe point avant la tonte. Il faut donner fouvent de la litiere aux brebis & aux moutons, parce que leur fiente endommage beaucoup leur laine. Varron rapporte là-deffus que dans var. de r le Tarentin & le pays d'Athenes, on couvroit de peaux les Troupeaux à ruft. l. 11. laine, crainte qu'elle ne fe gâtât, & qu'on ne fût obligé de la teindre, de la laver ou de l'aprêter. C'eft pourquoi ces peuples étoient fort foigneux de tenir leurs crêches & leurs étables fort nettes, de maniere qu'ils les faifoient payer, afin que l'urine de ces animaux s'écoulât plus ailément. On fçait combien autrefois on faifoit cas de ces laines; ce qu'on en rapporte ici eft moins pour imiter ces peuples dans cette maniere d'agir, que pour inviter ceux qui ont des Brebis & des Moutons d'être beaucoup attentifs à confer ver leur laine en quelque état qu'elle foit.

A

Du temps de tondre les Agneaux.

l'égard des Agneaux, on les tond au commencement de Juillet, que leur laine pour lors eft affez forte pour que les cifeaux y puif fent mordre, il n'y a rien autre chofe à obferver que ce qu'on a dit à l'égard des Brebis.

Comment engraiffer les Moutons.

IL n'eft plus queftion à prefent que d'ongrailler les Moutons & les Brebis dont on veut décharger le Troupeau, & pour y réüffir on les met dans une étable feparée, on les mene aux champs dès la pointe du jour pour paître l'herbe encore toute humide de la rofée; à la difference des bêtes à laine, qu'on nourrit pour garder : cette rofée, il eft vrai, contribue à leur faire prendre graiffe, mais il ne faudroit pas qu'elles paffaffent l'hyver après une telle nourriture, leur foye fe corromproit entierement & mourroient toutes languiffantes.

On aura foin, autant qu'il fera poffible, de mener paître ce bétail dans les champs nouvellement moiffonnez, de le faire boire, de lui donner de temps en temps un peu de fel pour l'y provoquer, de fe tenir à l'ombre pendant le plus grand chaud du jour, de ne le point tourmenter, & de l'enfermer à l'étable ou au parc, lorsque le foleil eft couché; il ne faut se donner ces foins que pendant trois mois pour bien engraiffer un Troupeau de bêtes à laine. On engraiffe auffi les Beliers de cette maniere; mais il convient de les faire châtrer auparavant ; fans cette operation, la peine qu'on prendroit après feroit inutile.

Comment les engraiffer l'Hyver.

Bree

Es Moutons qu'on garde pour l'hyver, feront nourris avec les Brebis ordinaires, & pour en avoir de gras pendant le froid, on les met dans une étable à part à la fin de Septembre, on les y nourrit de bon foin, on les y abreuve, & on met dans leur eau un peu de fel, on leur

fait manger de l'avoine & des pelotes de farine d'orge ou d'autres grains? ces alimens les engraiffent à merveille en hyver, ou pour lors ce feront des Moutons bien chers, on ne perd point fa nourriture après ce bétail, tout s'y employe avec ufure.

1

De plufieurs autres foins que doit prendre un Berger,

I au mois
L faut que celui qui a foin de la Bergerie la cure deux fois l'année

Virg.Geor.

1. 3.

7. C.4.

[ocr errors]

d'Août; on met ce fumier dans la baffe-cour pour le laiffer confommer avec les autres qu'on mêle parmi, & après que l'étable eft nette, il eft bon de la parfumer d'encens ou d'autres aromats qu'on y fait fumer; cette fumigation en chaffe l'air groffier, & eft très-falutaire pour les Brebis. Brûlez, dit Virgile, du bois de cedre dans vos étables; mais comme ce bois eft rare, on y en brûle d'autre, dont l'odeur eft agréable, tel que peut être le Geniévre.

Chaffez-en les ferpens, dit le même Auteur, par l'odeur du Galbanum; on fe fert à la place de cette drogue de cheveux qu'on fait brûler, ou de cornes de cerf ou d'ongle de Belier; les couleuvres font la peffe des Boeufs Colam. 1. &des Vaches, & le poifon du bétail à laine, chaffez-les à coup de pierres & à grand coups de bâtons, quoiqu'elles s'élevent contre vous avec un air menaçant & qu'elles fifflent en s'enflant le cou. Cependant comme elles s'enfuyent, elles cachent leur tête dans un trou, & on leur coupe la moitié du corps. Ce reptile dangereux tété fouvent les Vaches & les Brebis, ce qui leur cause un notable préjudice; il y faut veiller, ainfi qu'aux maladies qui les attaquent, & dont voicy le détail.

La Galle,

L

Maladies des Brebis moyens de les en guerir.

Es Brebis deviennent galleufes fi des pluyes froides ou les frimats les penetrent jufqu'au vif, ou lorsqu'après les avoir tonduës il leur reste quelque incifion legere que l'on n'a pas bien lavée, & que des ronces leur Virg Geor. ont déchiré le corps. Les uns les frottent de marc d'olive mêlé de vif argent, de fouphre, de poix de Bourgogne, d'oignon pilé & de bitume. Belle Forêt D'autres prennent du camphre qu'ils font bouillir avec de l'huile d'olive,

1.3.

ou avec du beurre d'autres fe fervent de fleur de fouphre, dù blanc rafis, du camphre & de la cire; ils mettent fondre le tout enfemble, & l'incorporent bien, puis après en avoir frotté trois fois la Brebis, ils la lavent avec du leffu, autrement dit, Eau de leffive; puis pour la derniere fois avec de l'eau commune; ces mêmes remedes s'employent pour détruire les poux des bêtes à laine.

If y en a qui pour guerir les ulceres de la galle, en coupent les extremitez ; car le mal augmente & dure s'il demeure long-temps caché, & que le Berger neglige d'y appliquer les remedes neceffaires. Si le mal a gagné les Brebis jufqu'au dedans des os; s'il y caufe des douleurs cuifantes, & que l'ardeur de la fiévre ronge le corps, il est important d'ôter ce feu, de les faigner à la veine d'entre les ongles des pieds, &

« AnteriorContinuar »