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les empêcher un peu de boire ; d'autres veulent que cette faignée fe faffe à la veine de l'oeil droit.

Une Brebis ou un Mouton atteint de ce mal, va fouvent fe mettre à F'ombre; il broute l'herbe negligemment, il marche le dernier, il s'arrête en paiffant au milieu de la campagne, & il fe retireroit feul fi l'on n'y prenoit garde quand il feroit la nuit fermée, mais le Berger qui doit veiller à fon Troupeau, fi-tôt qu'il s'en apperçoit, doit y prendre garde & foigner l'animal qui eft malade.

Les orages & les vents impetueux, dit Virgile, ne font pas plus frequents Georg. 1.31 fur mer que les maladies contagieufes des beftiaux font nombreuses: elles ne les attaquent pas feulement en particulier, mais tout le Troupeau enfemble, les meres & les petits dans les chaleurs exceffives de l'Eté. Qu'on prenne bien garde de ne point laiffer inveterer cette contagion, qui fe manifefte par une foif ardente qui devore ce bétail, par leurs yeux enflez & troublez, leurs levres baveufes, leurs corps chancelans. Il faut d'abord qu'on apperçoit quelque Brebis atteinte de ce mal, qui eft incurable, la jetter à la voirie, & fortant tout le Troupeau de l'étable, la parfumer avec de bons aromats, en ôter tout le fumier & lui donner de l'air pour laiffer exhaler ce qu'il y a d'infect, après cela on y remet le Troupeau, mais il faut huit ou dix jours de temps pour rendre falubre cette étable.

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Clavelée.

Les Brebis font quelquefois attaquées du Claveau ou clavelée, comme Claveau ou on voudra dire; ce mal eft fort dangereux, & on le connoît par plufieurs taches qui paroiffent comme des clouds fur la peau de ce bétail. Quand ce mal n'a pas été negligé on peut le guerir avec de l'alun, du fouphre & du vinaigre mêlé enfemble, ou avec de la noix de galle brûlée & raclée, mise dans du vin, & appliquée exterieurement.

Larogne eft encore une fâcheufe maladie pour les Brebis, elle leur cause Rogne. une langueur extrême, qui fouvent leur donne la mort ; elle leur furvient au menton, & eft caufée par des pluyes froides qui les morfondent: il faut feparer les Brebis rogneufes d'avec les autres, elles les empêchent de manger; & pour y remedier, prenez de l'huile de chenevis, de l'alun de glace, & du fouphre vif, faites un onguent du tout & en frottez le Mufeau de la Brebis.

L'ardeur du Soleil, principalement celui du Mois de Mars, ou de la ca- Etourdiffenicule, eft dangereufe de bleffer le cerveau des bêtes à laine, de maniere fement. qu'elles ne font que tourner fans vouloir manger; ce mal eft appellé Avertin, en quelque païs, & on le guérit par un fuc de poirée ou bettes blanches, qu'on fait avaller à la bête malade, & des feuilles de cette même plante qu'on lui donne à manger; ou bien on prend du jus d'orvale ou toute bonne, qu'on lui inftile dans l'oreille. Quelques-uns faignent la Bre bis à la veine du nez, & justement au milieu, le plus haut qu'il eft poffible; elle s'évanouit tout d'un coup, & revient aprés ; quelquefois auffi elle meurt de ce mal, qu'on connoît encore fous le nom de Sang, parce qu'on prétend que cet étourdiffement ne provient que par des parties d'un fang extrémement agité.

Pour guérir la toux qui incommode les Brebis, on leur fait boire le ma- La Toux. tin avec une petite corne de l'huile d'amande douce, mêlée dans un peu de

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vin blanc, le tout tiede, puis on leur donne à manger d'une herbe appelléd Tuffilage, ou pas d'âne, c'eft ordinairement au Printemps que ce mal les prend. Si c'eft en un autre temps donnez leur du fenugrec concaffé avec du cumin.

On voit quelquefois que les Brebis ont peine à refpirer, ce qui leur provient par quelques obftructions qui fe forment dans les conduits du než, & pour leur rendre la refpiration libre, on leur fend les nazeaux, ou bien on leur coupe le bout des oreilles.

Quelquefois les Brebis deviennnent enflées pour avoir mangé de mauvaises herbes, & on les guérit de cette enflûre en leur faifant avaller environ un bon verre d'urine d'homme, ou gros comme un poid d'orvietan dé→ trempé dans un verre d'eau, & les faignant aux veines des lévres ou à celles qui font prés du fondement.

Il n'y a pas de maladie plus dangereufe pour les bêtes à laine que la mor ve, c'eft un écoulement par les nafeaux d'une grande quantité d'humeurs vifqueufes blanches ou rouffes; ce mal provient des poulmons vitiez & fe décharge ordinairement par les conduits de la refpiration en fi grande abondance, que fouvent une Brebis ou un Mouton en font en deux jours fuffoquez. La cure de cette maladie eft toûjours fort douteufe, & lorfqu'elle eft entierement formée, il n'y a plus de remede: mais pour tâcher d'y remedier, s'il y a moyen, on prend gros comme une noix de fouphre, on le fait fondre dans une cuilliere de fer, puis on le jette tout bouillant dans un demi feptier d'eau, on en tetire le fouphre, qu'on fait fondre encore une feconde fois, puis on le jette dans la même eau qu'on donnera à boire à la Brebis morveufe; on ne s'eft pas plûtôt apperçû de ce mal, qu'il faut feparer du Troupeau les Brebis quijen font attaquées, crainte que les autres Brebis ne léchent cette humeur, qui en tombant s'attache aux rateliers, & dont elles font friandes à caufe du fel dont elle eft empreinte. Il ne faudroit que cela pour les infecter toutes & les faire mourir. Il eft rare qu'une Brebis morveufe éhape de ce danger, & le malheur veut que le plus fouvent on foit obligé de les jetter à la voirie.

Si la Brebis devient boiteufe pour avoir les ongles trop amollis fa par fiente, où elle aura demeuré trop long-temps, vous prendrez plein une cuilliere de fer de vieille huile de noix ou d'olive, gros comme le pouce d'alun pulverifé, faites bouillir le tout, & quand il fera reduit en onguent vous en frotterez chaudement l'ongle de la Brebis boiteufe, & après avoir coupé ce qui en eft gâté, il s'endurcira. Il y en a qui ne fe fervent que de chaux vive pulverifée qu'ils appliquent fur l'ongle l'efpace d'un jour feulement, puis ils y mettent du verd de gris, changeant ainfi alternativement de remede, jufqu'à ce que l'ongle foit entierement refait,

Maladies des Agneaux,

Fit, Feux ont lapperçoit lorsqu'ils font dégoûtés, qu'ils ont le front

Es Agneaux ont leurs infirmitez particulieres, la fiévre quelquefois les

extremément chaud, & qu'ils ne tetent point leurs meres, alors on les separe, puis on en prend le lait qu'on leur fait avaller, mêlé dans de l'eau de pluye.

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Il font fujets auffi a une efpece de gratelle qui leur croît au menton, pour Gratelle. avoir mangé des herbes couvertes de rofée. Pour remede on prend de l'hyfope avec du fel broyez enfemble, & on en frotte le palais, la langue & tout le museau de l'Agneau, puis on lave les ulceres avec du vinaigre, aprés quoi on les frotte avec de la poix réfine fondue dans du faindoux. Il ne nous refte plus dans ce Chapitre qu'à parler des effets bons & mauvais que produifent la chair & quelques parties des bêtes à laine tant dans les alimens qu'en Medecine; cet article eft affez neceffaire pour ne le point paffer fous filence,

Des bons & mauvais effets que produisent la chair & quelques parties des bêtes à laine dans les alimens & en Medecine.

O

N fait grand cas de la chair de Mouton, elle eft nourriffante, de facile Chair de digeftion & fournit un bon aliment. Mouton,fes

Celle de Brebis a les mêmes effets quand elle eft jeune & en bon effers. corps, autrement elle a le goût infipide, elle fe digere mal aifément, fi ce n'eft Chair de dans les gens laborieux & robuftes qu'on voit qu'elle nourrit affez bien.

Brebis.

La chair de Belier se mange rarement, à moins qu'il n'ait été châtré & Chair de engraiffé après, parce qu'auparavant cette chair à une odeur défagréable Belier. & une faveur forte qui approche de celle du Bouc.

Pour l'Agneau il eft humectant & rafraîchiffant, il nourrit beaucoup & Chair d'Aadoucit les humeurs âcres & picotantes ; la chair d'Agneau doit être choifie gneau. tendre, blanche & délicate, le temps qu'on le mange le plus ordinairement eft le Printemps.

On employe le fiel de Mouton pour déterger les yeux, & l'on fe fert Fiel de de fon fuif interieurement pour arrêter la diffenterie. On le mêle dans Mouton, les onguens, dans les emplâtres & dans les pomades pour réfoudre & pour adoucir.

On employe le fiel d'Agneau dans l'épilepfie, on en prend depuis deux goutes jufqu'à huit dans du vin ou dans de la tifane.

fon fuif.

Fiel d'A

gneau.

ses caillet

tes.

On dit que la caillette qui fe trouve au fond de l'eftomac de l'Agneau est un fpecifique contre le venin, on s'en fert auffi pour faire cailler le lait. Le lait de la Brebis contient moins de petit lait, que les autres, mais Lait deBrebeaucoup de parties caféeufes & butyreufes qui le rendent gras, épais & bis. très-propres pour faire de bons fromages; on en ufe comme du lait de Vache dans les lieux où il n'y en a point d'autre. Quelques-uns eftiment Fromage plus les fromages de Brebis que ceux de Vache, parce qu'il fe digere plus aifément, qu'il n'eft pas d'une fubftance fi groffiere ni fi compacte; on prétend neanmoins qu'il n'eft pas fi nourriffant.

La freffure de Mouton recemment tué, appliquée fur la tête, eft fouveraine pour la frenefie, & pour appaifer les douleurs de tête infuportables; fon poulmon deffeché & mis en poudre guerit les mules.

La laine de Mouton crue, c'eft-à-dire, qui n'a pas été lavée, qui eft toute graffe, réfoût les tumeurs, on en met principalement fur celles qui croiffent fous la gorge, avec un peu d'huile de camomile,

Ee

de Brebis.

Freffure de
Son poul-

Mouton.

mon.

Sa laine.

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Des Cochons & des Trupes, de la conduite qu'on doit garder à leur égard, & à quoi propres, tant en aliment qu'en Medecine.

IE Cochon eft l'animal le plus immonde qu'il y ait, & on peut dire en

même temps un de ceux qui enrichit le plus une Baffe-cour; une Vache, une Brebis fe contente, pendant un an, de donner leur fruit une feule fois, & un ou deux petits à chaque portée, au lieu qu'une Truye produit deux fois l'année, & donne à chaque ventrée depuis dix jufqu'à quinze petits Chocons. Malgré cette fecondité, neanmoins on ne voit pas tant élever de ces animaux que de Brebis; il n'y a que dans les pays où l'on en fait un grand commerce, encore font-ce des gens qui les font acheter de Ferme en Ferme, & qui en font un amas pour les mettre à la glandée, pour après. les vendre dans les Foires ou dans les Marchez particuliers.

Mais fuppofons que dans un gros domaine un Receveur voulût nourrir plufieurs Cochons, & qu'il ait pour en multiplier l'efpece des Verrats & des Truyes. (Un Verrat,eft un Cochon qui n'eft point châtré, & qui fert à fouer les femelles.) Suppofé donc ce qu'on vient de dire, il faut lui choisir un Porcher pour les conduire..

CE

Comment choifir un Porcher.

E Porcher aura dix-huit à vingt- ans, parce qu'il faut qu'il foit un peu robufte pour bien gouverner ce bétail; il fera matineux pour mener les Cochons aux champs, il veillera à ce qu'ils n'aillent point en dégât, & il épiera le terme que les Truyes devront cochonner, tant pour les fecourir alors dans leurs befoins, que pour les empêcher de manger leur arrierefaix après avoir mis bas leurs petits. Leur gourmandife les rend fujettes à ce défaut qui leur eft préjudiciable.

Il faut encore qu'un Porcher ne foit point yvrogne, qu'il foit actif, moderé dans fes emportemens, parce que les Cochons donnent quelquefois beaucoup de tablature à leur conducteur, qui pourroit dans fa colere en eftropier quelques-uns, & qu'il fache l'art de les attirer doucement par quelques apâts qu'il leur jettera.

Du choix d'un Verrat, & à quel âge il faut le donner aux Truyes; comment doit être une Truye pour être bonne.

Our multiplier la race des Cochons, il faut des Verrats & des Truyes; le Verrat eft le mâle, & doit être choifi grand de corps, plus quaré Columel I. que long, ayant le ventre avallé, les feffes grandes & larges, les jambes un peu groffes & courtjointées, le cou grand & gros le groüin court & camus, & les yeux petits & fort ardens après les Truyes; on peut

7. C. 9.

donner un Verrat aux Truyes dès qu'il a un an, & il eft propre à engendrer jufquà quatre. Il y a des Verrats qui font amoureux dès fix mois, mais ils n'en valent pas mieux à fouer les Truyes de fi bonne heure, cela les énerve, & fait qu'ils ne durent pas tant, & que fouvent pour s'être trop épuisé de Combien femence, on a de la peine à les engraiffer après qu'on les a châtrez. Il ne de Truyes faut que dix Truyes pour un Verrat.

à un Verrat

Pour la Truye elle doit être longue de corps & d'une race à produire beaucoup de Cochons à chaque ventrée, au refte choifie dans toutes fes parties comme le Verrat. Une Truye eft feconde pendant fept ans fi on a fçu la ménager, c'eft-à-dire, fi on ne lui laiffe que très-peu de cochons à nourrir; car plus elle en alaite, plûtôt elle fe paffe, elle commence d'entrer Sa premiere en chaleur des fa premiere année. Le Verrat ne dure pas fi long-temps, à chaleur. caufe qu'il eft trop lafcif,

La Truye porte fes petits quatre mois, & cochonne dans le cinquième, Sa portée. deux fois l'année, commançant à rentrer en amour trois femaines ou un mois après qu'elle a mis bas fes cochons, quoiqu'elle les nourriffe toûjours, à moins que le trop grand nombre qu'elle alaite ne l'amaigriffe & par ce moyen ne diminue en elle l'ardeur d'apeter fi-tôt le mâle. Quand la Truye eft en chaleur elle cherche les chemins où il y a de la boue pour s'y veautrer. Une Truye doit donner à chaque ventrée qu'elle fait, autant de cochons qu'elle a de tetins à la mammelle; fi elle en donne moins, c'eft une marque qu'elle n'eft point feconde, il faut s'en défaire ; fi elle en donne davantage, c'eft un prodige.

La meilleure faifon pour faire cochonner les Truyes eft le temps de la moiffon, c'eft pourquoi il faut, autant qu'on le peut, les faire fouer au mois de Février. La moiffon eft une faifon où tout abonde en grains & en herbages, où les Truyes fe rempliffent le mieux, & où elles amaffent le plus de lait, ce qui contribuë entierement à l'accroiffement des petits cochons qu'elles nouriffent, & qui à l'aide de la glandée qui fuit de près, deviennent beaux dès la premiere année, fans qu'il en coûte beaucoup, de maniere qu'après ce temps on peut les tuer.

Les petits cochons qui naiffent au mois de Mai font encore fort bons parce que leurs meres ne manquent point d'herbes pour pâturer; outre cet aliment on jette encore aux Truyes du grain afin de les tenir en meilleur corps, & capables de furvenir plus abondamment à la nourriture de leurs petits. Les Cochons qui naiffent en hyver s'élevent plus difficilement,

Par. de re

u. 11.

Quand fai

re louer les Truyes.

à caufe des froidures qu'ils ne fuportent qu'avec peine. Cependant lorfque Var. de re cela arrive, il ne faut pas les negliger, on les tient bien chaudement dans ruf, l. 1. leur étable, on a foin de bien nourrir les meres, & de ne leur épargner ni fon ni grain, foit gland ou autre.

En quelque temps que ce foit qu'une Truye mette bas, left bon toûjours de la décharger d'un partie de fes cochons, afin qu'elle éleve mieux ce qui lui en refte, principalement fi l'on eft près des Villes où l'on puiffe en avoir le débit. Sept ou huit petits cochons fuffiront pour une Truye, tandis que les autres feront envoyez au marché au bout de quinze jours ou trois femaines ; & comme les mâles font préferables aux femelles, on en garde toûjours quatre pour une femelle, & on ne les fevre qu'à deux mois,

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