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il ne porte qu'avec peine les pieds de derriere, tous ces fymptômes font les veritables marques de la lâdrerie dans un Cochon.

Cette maladie ne fe guerit que très-difficilement, ou pour mieux dire, point du tout, principalement quand elle eft confirmée par les fymptômes dont on vient de parler. On empêche à la verité un peu fon progrez, & fi l'on faigne le Cochon ladre fous la queue, on arrête par cette faignée les parties du fang, qui eft épais & acide, & avec lequel fermentent certaines particules terreftres & vifqueuses mêlées avec des fels fixes, à cause qu'elles font heterogenes. On a encore foin de faire baigner dans l'eau les Cochons ladres, & de ne leur point épargner la boiffon. Il faut fur tout les tenir bien nettement avec bonne litiere, qu'on leur renouvellera fouvent; l'ordure dans laquelle on les laiffe croupir étant la principale caufe de la ladrerie.

On tient que les Cochons font quelquefois attaquez d'une maladie contagieufe, que vulgairement on appelle la Pefte. Cette maladie fait fremir La pefte; feulement à l'entendre, & l'on croit que le meilleur moyen pour s'épargner beaucoup de foin qu'on prendroit après ces Cochons incurables, eft de les jetter à la voirie, fi-tôt qu'on s'apperçoit qu'ils font atteints de peste, fi tant eft que cet accident leur arrive, comme nos anciens veulent nous le faire acroire.

Pour les Cochons enflez, on leur donne de la décoction de choux Enflûre de rouges, ou bien les choux mêmes en aliment, cela leur fait paffer ventre. leur enflûre. Il y en a qui prennent des feuilles de mûrier, ils les font bouillir & les donnent ainfi aux Cochons enflez, l'effet en eft fingulier pour la guerifon.

La fiévre est une maladie dont les Cochons font quelquefois atteints. La Fiévre.* Les fymptômes qui la font connoître font lorfque les Cochons fébricitans Columel 1. baiffent la tête, & la portent de biais, quand ils courent dans les champs, 7.Ç. 10. qu'ils s'arrêtent tout court & qu'ils tombent par terre comme étourdis;

faut alors prendre garde de quel côté penche leur tête, & les faigner à l'oreille qui eft oppofée. On les faigne auffi fous la queuë, à une veine qu'ils ont à deux doigts près des feffes. Mais pour ne la point manquer, il faut la battre avec une petite baguette, elle enfle alors, & on ne la manque point; quand le fang eft tiré on fait une ligature au deffus de la veine avec un petit cordeau ou autre lien semblable; après cela on enferme le Cochon malade deux ou trois jours dans fon toît, afin de lui laiffer prendre du repos. Toutes ces précautions rallentiffent le ferment du fang, qui lui caufe la fiévre, & fouvent les gueriffent, & pour nourriture on lui donne à boire de l'eau tiede tant qu'il en veut, & dans laquelle on mêle deux livres de farine d'orge. Cet aliment lui tempere beaucoup les vifceres, & fuffit pour le nourrir jufqu'à ce que la fièvre foit paffée.

Les Cochons font fujets aux fcrophules, parce qu'ils abondent en humeurs groffieres & peu en mouvement, lefquelles font très-capables de caufer ces maladies. Les Cochons pour lors ont le cou rempli de tumeurs caufées par un acide qui fait des obftructions dans les glandes du cou qui les groffit, & les endurcit en épaiffiffant la matiere. Cette maladie eft

Ff

Scrophules

Catharre.

Galle

La foif

Bon ufáge.

Son utilité.

dangereufe & d'une guerifon très- difficile; il y en a qui frottent ces tumeurs avec du fel menu, mais ce remede a peu de pouvoir contre la malignité du mal. D'autres pour arréter les acides qui fe portent aux glandes de cette partie, leur tirent du fang fous la langue, puis leur frottent la gorge & le cou de fel broyé menu mêlé avec de la farine de froment.

On voit aufli quelquefois des Cochons qui ont le cou enflé par des obftructions qui font que les liqueurs nourricières s'arrêtent dans les glandes de l'oefophage; quand ce font de ces fortes de tumeurs, les Cochons ont de la difficulté d'avaler leur nourriture, & lorfqu'elles font groffes, & qu'elles preffent exceffivement la tranchée artere,le Cochon eft fouvent étouffé, fi on n'y remedie par une prompte faignée fous la langue, cette maladie s'appelle vulgairement Catharre.

Pour guerir la galle dont les Cochons font quelquefois infectez, on prend du Tabac qu'on met infufer dans de l'eau, puis on en frotte les parties galleufes. Il y en a qui prennent de l'urine avec un peu de fleur de fouphre, le tout mêlé ensemble, & qui en frottent le Cochon galleux, puis qui le lavent bien dans l'eau claire lorfqu'il eft gueri.

On fe gardera bien de laiffes avoir foif aux Cochons, la foif leur eft très préjudiciable, elle leur altere confiderablement les parties & les fait beaucoup maigrir. Cette infirmité vient de l'acrimonie faline de la lymphe qui picote & irrite l'orifice fuperieur du ventricule du Cochon, & comme pour la délayer & la laver il n'eft befoin que d'eau fimple, il ne faut point l'é pargner aux Cochons : plus cette lymphe eft acre & temperée, plus la foif eft violente ou moderée dans le premier cas il eft dangereux qu'elle ne caufe la fiévre au Cochon, laquelle pouroit après avoir de mauvaifes fuites; les Cochons, quand ils ont bien foif, font attaquez d'une petite toux feche, qui en eft le fymptôme. Il y en a, pour appaifer cette foif, qui leur donnent à boire du petit lait, cette liqueur éteint admirablement bien la foif en adouciffant ou emouffant la pointe du fel trop acre qui la produit.

L

Des proprietez du Cochon, bonnes ou mauvaises,

A chair de Cochon eft d'un goût fort agréable & fert beaucoup parmi les alimens, elle eft nourriffante, un peu difficile à digerer, & lâche le ventre, parce que les principes huileux & phlegmatiques en quoi elle abonde, relâchent les fibres de l'eftomac & des inteftins, & délayent les humeurs groffieres contenues dans ces parties.

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L'ufage du Cochon n'eft pas commun par toutes les nations, il eft dé-fendu aux Juifs d'en manger; les Arabes, les Mahometans, les Maures, les Tartares & plufieurs autres fuivent cette coûtume.

Le Cochon eft un animal fort fujet à commettre des dégats fi l'on n'y prend garde; il n'apporte du profit à l'homme qu'après fa mort; il donne alors fa chair, fa graiffe ou fon lard, fes inteftins, fes vifceres & fes autres parties, qui font prefque toutes en ufage dans les alimens. On le compare communement à ces avares qui ne fongent qu'à amaffer continuellement du bien aux dépens des autres, & qu'ils n'en font que lorsqu'ils font morts

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Jnventé, et Grave par J.B. Scotin

La graiffe de Cochon appéllée Panne, eft bonne pour amollir & réfoudre La Panne: les tumeurs, elle fert à la campagne pour graiffer les effieux des rouës, tant des charrettes, tombereaux, que charrues, on en fait auffi du vieux oing, qui fert pour les mêmes ufages.

Le vieux lard fondu & coulé guerit les puftules de la petite verole, Larda & dans les occafions où il s'agit de deterger & de confolider les playes. Sa fente exterieurement appliquée réfout les tumeurs, elle eft employée Fientes pour arrêter le faignement de nez; elle eft bonne pour la fquinancie & pour la galle.

On prétend que le fiel des Cochons fait croître les cheveux, qu'il de- Fiel terge & guerit les ulceres de l'oreille; on fçait d'ailleurs combien le lard eft d'ufage dans les cuisines, nous en parlerons plus amplement ailleurs.

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Et de tout ce qui regarde la maniere de les nourrir, de les élever; &de les faigner dans leurs maladies.

CE
E Chapitre-ci fera bien plus étendu que les autres, parce qu'il fournit
beaucoup plus de matiere. Si nous y parlons de Chevaux fins, de ces
Chevaux de felle de grand prix, ce ne fera qu'en paffant, & feulement
pour fatisfaire ceux qui en font curieux. Les Chevaux de trait ou Chevaux
de monture bourgeoife feront ici nôtre principal objet. Commençons d'a-
bord par la maniere de connoître quand un Cheval n'a point de défauts
ou qu'il en a qui font de peu d'importance.

Defcription d'un beau Cheval fin.

N beau Cheval doit avoir la tête menuë, étroite, déchargée & fe- Sa tête. che, c'est-à-dire, peu chargée de chair, n'étant point fi fujet alors

au mal des yeux que les autres: elle doit être courte & placée haut, fes Ses nafeaux nazeaux doivent être bien fendus & ouverts.

Il doit avoir les oreilles petites, étroites & hardies, il faut que la fubftance Ses oreilles, en foit fine & délice, c'eft-à-dire, qu'elle ne foit gueres épaiffe; fes oreilles doivent être placées au plus haut de la tête, & être portées la pointe en devant, c'eft une marque de hardieffe dans un Cheval.

Son front fera médiocrement large & égal, le devant en fera étroit; ce Sen front. fera une bonne marque, fi à cette partie paroît une épi ou deux qui fe touchent, fi le Cheval n'eft ni gris niblanc, fon front doit être marqué d'une étoile, appellée vulgairement pelotte.

Il doit ayoir les falieres élevées, parce que quand elles font enfoncées ses falieres & creufes, c'eft figne de vieilleffe.

Ses yeux doivent être clairs, vifs, pleins de feu, médiocrement gros, Ses yeur.

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