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La dinée

Faux

fi l'un ou l'autre de ces harnois, quand on s'en fert, venoit à fe brifer en quelques-unes de fes parties, & après que tout fe trouve en bon état, le Valet peut conduire fes Chevaux au labourage ou au charroi.

Le Charretier fe donnera bien de garde de preffer fes Chevaux, il faut peu à peu que ces animaux prennent haleine, autrement il y en a beaucoup qui fe rebutent; & qui perdent l'appetit, principalement en Eté. Souvent les avives les prennent, ou ils deviennent gras fondus où fourbus: que ce Valet ait donc foin de les ménager, comme fi c'étoit fon propre bien.

De ce qu'il doit faire au retour de la Charrue ou du Charroi.

U retour de la Charruë, qui est environ les onze heures du matin on met les Chevaux à l'écurie fans les déharnacher, parce qu'ayant chaud il feroit dangereux que les découvrant tout d'un coup, ils ne fuffent attaquez des tranchées ou des avives.

La plupart des Charretiers ont coûtume au retour du travail de frotter les jambes de leurs chevaux avec de la paille, fi-tôt qu'ils font arrivez à l'écurie, & prétendent par-là les délaffer & leur déroidir les jambes ; c'est un abus, puifque cette friction ne peut qu'attirer fur ces parties les humeurs qui font en mouvement par le travail de la journée, & les leur rendre roides & comme inutiles: il vaut mieux les leur laver avec de l'eau froide pour arrêter le cours de ces humeurs, ou bien les faire égayer dans l'eau feulement jufqu'au ventre fans permettre qu'ils boivent, fuppofé qu'on foit près d'une riviere ou de quelqu'autre endroit qui ferve d'abreuvoir aux Chevaux.

Ce n'eft pas qu'on défaprouve qu'un Valet frotte les jambes de fes chevaux, au contraire on dui confeille de le faire, mais il faut qu'il attende qu'ils foient réfroidis, que les parties du fang agité foient dans une affiette tranquille; c'eft alors, le foir avant que de fe coucher, qu'il doit prendre un torchon de paille & en bien frotter fes Chevaux.

Après que les jambes des Chevaux font lavées, comme nous avons dit, des Che- le Valet les laiffe un peu manger du foin, puis il leur donne dans leur mangeoire bien nettoyée une eau blanchie avec du fon, cela leur est trèsbon, les rafraîchit & les met en appetit ; ces Chevaux barbottent dans cette eau, qui leur fait manger leur foin avec plus d'avidité, & c'eft ce qu'on fouhaite.

On les laisse ainfi manger en repos jufqu'à deux heures ou environ qu'on les mene boire à la riviere ou en quelque'autre endroit destiné pour cela ; ou bien on les fait boire à la maifon dans des auges faites exprès ou dans des tonneaux remplis d'eau de puits, & échauffée au foleil en Eté, pour les raifons qu'on en a déja apportées ; puis après que les chevaux ont bû leur gouverneur leur donne leur avoine pour retourner peu de temps après à leur travail jufqu'au foleil couché, qu'on les ramené à l'écurie où on commence à les traiter comme à la dînée.

Ces heures qu'on vient de prefcrire regardent la charruë, car lorfque les Chevaux font occupez au charroi loin de la maifon, on ne peut pas

pofitivement fixer ce temps; mais comme il faut que les chevaux, alors à une heure plus ou moins avancée, ayent leur repas, le Valet charretier ne quittera point de vûë les inftructions qu'on lui vient de donner.

Les chevaux étant retournez le foir à l'écurie, & foignez à l'ordinaire;

le charretier leur fait bonne litiere, l'avançant extrémement vers les pieds Faire bon-
de devant, car les chevaux la nuit ne la repouffent toûjours que trop en ne litiere
arriere. Il leur donnera leur avoine, il les fêra boire comme le matin, & aux Chc-
il aura foin que leur ratelier foit rempli de bon foin, & autant qu'il en
faut pour chaque cheval pendant la nuit, quelques-uns leur donnent de
la gerbée mêlée, cela dépend de la fantaisie.

Qu'on fe défaffe de la coûtume dangereufe de la plupart des Laboureurs ou Charretiers de Village, qui laiffent long-temps croupir la li tiere fous leurs chevaux, on ne fçauroit dire le mal que cela fait aux pieds de ces animaux, la chaleur que cette litiere rend, leur perd les pieds: car leur fiente dont elle eft remplie, a des acides qui y font un ravage terrible, fi l'on n'y prend garde. Les chevaux en deviennent boiteux fans qu'on en fache la raison, & tout cela faute d'être inftruit de ce point qui eft très-important.

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Suite des foins d'un Valet Charretier.

N Valet Charretier ne fçauroit trop avoir l'oeil fur fes Chevaux, foit pendant qu'ils travaillent, foit lorfqu'ils font de retour à l'écurie, il faut qu'il ait foin de leur lever les quatre pieds pour les leur nertoyer du gravier qui y eft, & qui les incommoderoit, si on l'y laiffoit, pour voir s'il n'y a point quelque fer qui hoche, ou quelque cloud qui y manque, afin d'y en faire remettre d'autres.

Il obfervera fi fes chevaux mangent bien, ou s'ils font dégoutez, alors il cherchera les remedes pour leur faire recouvrer l'appetit ; s'il voit qu'ils maigriffent il courrera au-devant des maladies qui peuvent les menacer, & tâchera de leur faire réprendre bon corps.

Il eft bon qu'un Valet Charretier couche à l'écurie, afin que s'il arrivoit pendant la nuit que fes chevaux vinffent à se battre, ou qu'il leur furvint quelqu'autre inconvenient, il fut à portée tout d'un coup d'y donner du fecours. Ce feroit encore une chofe fort avantageufe à la campagne, fi ceValet entendoit un peu à ferrer un cheval & racommoder un peu les harnois, on ne fe verroit point obligé fouvent pour une bagatelle d'avoir recours à un Maréchal ou à un Bourelier, dont on eft fouvent fort éloigné. Il eft vrai qu'on dit qu'il faut avoir le double de ces harnois, on convient même que le ménage n'en eft pas mauvais, mais comme tout le monde ne veut pas en faire la dépenfe, ou n'eft pas en état de la faire, on tâchera, autant qu'il fera poffible, de trouver de ces Valets adroits, & qui font au fait de la plus grande partie de ce qui regarde leur harnois tant pour la bourrelerie, maréchaux, que pour le charronage.

Un Valet Charretier qui s'appliqueroit à bien foigner ses chevaux, comme nous l'avons dit, qui s'étudieroit à en connoître les maladies & à chercher les moyens de les en guerir, feroit un Valet qu'on ne pourroit

vaux.

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payer, on en trouve peu de ce caractere, & il eft rare que des Valets faffent tout ce qu'ils doivent faire d'eux-mêmes, fi l'on n'y a l'oeil ; c'est donc à un pere de famille, à un maître qui veut avoir des domestiques pour le fervir à la campagne, à veiller à ce qu'ils s'acquittent comme il faut de leur emploi : c'eft pourquoi toutes ces inftructions qu'on a données jufqu'ici le regardent plus que les Valets mêmes pour lesquels on les a décrites.

Nous n'avons plus à prefent que les maladies des Chevaux, dont il faut que ce particuier ait connoiffance, ainfi que des remedes qui conviennent pour les guerir, afin de tâcher de les démêler lui-même pour ne les point laiffer inveterer, ce qui feroit très-préjudiciable aux Chevaux. Les Valets n'y apportent pas toute l'attention poffible, & ils n'avertiffent bien fouvent qu'un cheval eft malade, que lorsqu'ils voyent que le pauvre animal tombe fur les dents; ainfi on voit l'importance qu'il y a de veiller fur les Valets Charretiers, & combien il cft avantageux à un Maître de s'appliquer autant qu'il peut, de connoître quels font les infirmitez aufquelles les Chevaux font fujets, afin d'y remedier, & d'y faire remedier promptement; outre qu'il y a un certain proverbe qui dit, que l'ail du Maître engraisse le Cheval, c'eft-à-dire, qu'un Maître qui a bien foin qu'on panfe reguliere ment fes Chevaux, a fe plaifir d'en tirer de longs fervices, ou de les re yendre après, & plus qu'il ne les a achetez,

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Où l'on traite d'une méthode fort aisée pour engraisser les Chevaux.

A maigreur des Chevaux a fes caufes differentes, elle provient quel quefois des parties d'un fang trop agité, & qui par leur acidité alte rent tous les endroits du corps par où elles paffent. Les longues fatigues & le travail outré qu'on les oblige de faire, doivent être regardez comme les principes de ce mouvement contre nature; il vient auffi quelquefois de plufieurs humeurs corrompues, qui empêchent que la nourriture ne profite aux Chevaux; & enfin manque feulement de certains alimens qu'il faut leur donner, de la maniere qu'on le dira; mais avant que d'en venic là, commençons par engraiffer les Chevaux maigres par des caufes inte Lieures, & dont on vient de parler.

Comment engraisfer les Chevaux fatiguez,

Lyabien des Chevaux fatiguez & maigres, qui ont le flanc alteré fans être pouffifs, il ne faut pour cela que les avoir trop pouffez au travail, & lorfque cette maigreur provient de-là; on leur donne le matin une demie livre de miel dans du fon chaud, ce miel rarefie la pituite groffiere, il produit un fang loüable & bien conditionné, & pousse hors les matieres Contenues dans le bas ventre,

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On double la dofe de ce miel deux jours après qu'on voit que le cheval mange bien cet aliment préparé, & l'on continue à lui en donner ainfi jufqu'à ce qu'on s'apperçoive qu'il vuide, après cela on lui donne quelques lavemens rafraîchiffans & compofez de la maniere qu'on le dira dans l'aricle qui en traitera; au lieu de miel on leur pile de la regliffe qu'on leur donne à manger, mêlée dans du fon; cette racine produit le même effet que le miel, mais il faut en donner plus long-temps au cheval, & ne lui point laiffer manquer de nourriture ordinaire.

Avant que le Valet Charretier fe couche il donnera aux chevaux maigres deux picotins de fon mouillé, outre leur ordinaire d'avoine, s'il a des chevaux qui foient étroits de boyau, il leur donnera le matin à chacun deux jointées de froment avant qu'ils boivent ; fi c'est dans le temps des herbes, il en faut donner à ces chevaux maigres, elle leug eft très-falutaire.

Quand on dit qu'il ne faut point laiffer manquer de nourriture aux chevaux maigres de fatige; on entend que cette nourriture leur foit diftribuée avec regle & avec prudence, autrement il feroit dangereux que voulant éviter un mal, on tombât dans un plus grand, qui eft le farcin; ainfi donc on les ménagera dans les commencemens, ne leur en donnant pas tant tout d'un coup, & pour bien faire, il est bon de faigner quelquefois les chevaux.

Un Cheval maigre qui commence à bien boire marque par-là qu'il engraiffera bien-tôt.

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Maniere d'engraiffer les jeunes Chevaux fort défaits.

I ce font des jeunes Chevaux fort défaits qu'on veüille engraiffer dans

fon fec deux fois le jour, s'ils font bien maigres, au lieu que s'ils ne font qu'un peu attenuez, une fois fuffit, environ à midi.

Après cela on leur donne de l'orge en vert ou de l'herbe, il n'importe, avec du fon mouillé, comme nous avons dit, mêlé à chaque fois de deux onces de foye d'antimoine préparé, cette drogue purifie le fang.

On obfervera de faigner le Cheval refait par le moyen de l'orge en vert, ou de l'herbe lorfqu'on le remet au fec, c'est-à-dire, au fon ou à l'avoine. Ceux qui font dans les endroits où les pâturages font abondans, rrouvent en cela un grand fecours pour les engraiffer bien vîte.

Pour bien donner l'herbe à un jeune Cheval tous les ans jufqu'à fept ou huit ans, il faut le faigner, lui donner à manger l'herbe deux ou trois jours après la faignée, & prendre fon temps que l'herbe foit affez grande pour que le Cheval puiffe paître à pleine bouche. Il faut le laisser nuit & jour dans la pâture fans le panfer ni l'étriller pendant un mois ou davantage, ne lui donnant autre nourriture que de l'herbe.

L'herbe imbibée encore de la rofée, fert de purgation au Cheval, & pouffe dehors tout ce qu'il peut avoir d'impur dans le corps, elle lui réablit les jambes & les décharge des humeurs fuperflues qui y font tombées, & abforbant par fes alcalis les acides du fang qui y fermente, elle gue

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rit les démangaifons & la galle qui peuvent y furvenir.

Les Chevaux qu'on a mis au vert, doivent boire à midi & le foir, & les ôter des pâturages quand les chaleurs ont darcit les herbes, parce qu'elles n'ont pas les mêmes vertus, comme lorfqu'elles font encore tendres: outre que dans ce temps-là les mouches les importunent tellement, qu'ils ne fçauroient manger en repos.

On n'eftime point le regain pour les Chevaux,ni vert ni sec, on faið mal de leur en donner, les fucs dont ils font remplis étant trop exaltez des parties qui contribuent à rendre cet aliment falutaire. On obfervera après que le Cheval fera engraiffé, & qu'on voudra le mettre au travail de le nourrir auparavant pendant douze jours de foin ou d'avoine, de le faigner, puis de le menager au commencement du travail.

Pour bien faire,& crainte que l'herbe n'ait engendré quelques vers dans les entrailles des Chevaux, qui les incommoderoient dans la fuite, fi on ne les en chaffoit ; on prend une livre de beurre frais, & demie once de fublimé doux en poudre, on paîtrit le tout ensemble, & on en forme des pillules qu'on fait avaller au Cheval avec une pinte de vin rouge: ce remede chaffe les vers ; au lieu de fublimé, on peut mêler avec le beurre quatre onces de cinabre en poudre.

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Voici une pouratique, et qui coûte peu pour y réüllir.

Oici une méthode pour engraiffer les Chevaux, qui est très-bonne,

Commencez d'abord par faigner le Cheval, ayez de l'orge ce que vous jugerez à propos qu'il vous en faudra, faites-la moudre des plus groffierement, fans la bluter, prenez de cette farine un demi boiffeau pefant huit livres, mettez-la dedans un feau plein d'eau, remuez le tout avec un bâ son, laiffez bien raffeoir la farine, & après que toutes les parties les plus groffieres feront tombées au fond, verfez toute l'eau dans un autre feau, donnez-la à boire au Cheval, qui n'en doit point boire d'autre, enfuite yous lui donnerez la farine qui eft au fond du feau, à trois differentes fois, fçavoir le matin, à midi & le foir,

Si le Cheval repugne à manger cette farine feule, mêlez-y parmi pour l'y accoûtumer, du fon ordinaire: le lendemain diminuez-en la dofe, & enfin ceffez tout à fait d'en mettre; au lieu de fon il y en a qui mettent de l'avoine dans le fon d'orge, l'une & l'autre méthode font fort bonnes obfervant comme à l'égard du fon, de diminuer l'avoine peu à peu jufqu'à ce que la farine d'orge mouillée lui plaife feule.Vingt jours fuffifent pour engraiffer ainfi un Cheval,

Lorfque le Cheval fera engraiffé, & qu'il aura pris bon corps, on quit tera la farine d'orge petit à petit pour lui donner d'abord une fois de l'avoine, & deux fois de la farine mouillée, peu après deux fois de l'avoine, & puis trois, enfuite continuez jufqu'à ce que le Cheval foit engraiffé.

Il ne faut pas le laiffer manquer ce temps-là de bon foin, & de bonne gerbée. On le laiffe de repos pendant quelque temps, & fi l'on juge

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