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propos de le purger, on lui donnera une once & demie d'aloës très-fin, autant d'agaric, & une once d'iris de Florence, le tout bien pulverifé dans une pinte de lait trait récemment. Cette purgation fe doit donner au Cheval huit jours avant qu'on lui faffe quitter la farine d'orge, & lui en donner encore huit jours après la purgation.

CHAPITRE XX.

Des maladies des Chevaux, & des moyens de les en guerirs

Uoiqu'il foit vrai de dire que tous les animaux ont dû avoir toute leur perfection en fortant de la main du Créateur; cependant il a voulu qu'ils ayent été fujets à tous les differens mouvemens dont il avoit rendu leur machine fufceptible; & bien que les Chevaux fe nourriffent d'alimens, qui ayent des proprietez bienfaifantes, cependant il fe rencontre tous les jours qu'il le mêle de méchans fucs parmi leur nourri ture: que l'oeconomie des humeurs qui coulent dans leurs vaiffeaux,s'altere par le mélange de ces corpufcules ennemis de leur constitution: que loi generale de la communication des mouvemens y peut introduire à toute heure, ou par quelque accident imprévû quelque reffort, ou quelque partie de la machine fe rompe, & en un mot, que ces animaux fe trouvent expofez à mille dangers, c'eft pour cela qu'on a cherché plufieurs remedes, dont les vertus font d'un grand fecours pour guerin leurs maladies.

Les plantes fur tout en font le principal objet ; c'eft d'elles que nous tirons tout ce qu'il y a de proprietez les plus effentielles pour foulager les Chevaux dans leurs infirmitez, parce qu'il y a des plantes dont les vertus font fpecifiques pour arrêter le fang trop agité, & y rétablir l'oeconomie & l'ordre naturel; l'on en trouve d'autant d'efpeces qu'on conçoit d'alterations differentes dans leurs humeurs. Il y en a qu'on employe pour chaffer hors de la machine tous les fucs impurs & groffiers, qu'on ne peut réduire par les alimens, qui ne peuvent par nul moyen s'affocier avec les principes des humeurs, & encore moins fervir de nourriture aux parties; & il fe trouve d'autant de difference de ces plantes purgatives, qu'on peut concevoir de ces fortes de levains irreguliers; enfin il y a des plantes dont les fucs huileux & balfamiques fervent à rétablir les parties, les guerir des atteintes qu'elles ont reçues de la part des corps étrangers, & à les aglutiner & confolider quand elles font déchûës ou bleffées.

On a été bien aife de faire cette difgreffion avant que d'entrer en matiere fur les maladies des Chevaux. pour donner une legere idée des principes d'où pouvoient provenir la plupart de leurs maladies; venons à prefent au fait & après en avoir marqué les fymptômes, nous enfeignerons comment il faut y remedier.

Mais comme le Cheval eft compofé de plufieurs parties, fur lesquelles

les humeurs malignes fe jettent, & que la plupart font inconnues à ceux qui commencent à entrer en connoiffance des Chevaux, on a crû devoit donner une lifte de ces parties: voici quelles elles font.

La Tête.
Les Yeux.
Les Oreilles.
Le Front.

Les Larmiers.
Les Salieres.
La Ganache.
Les Nafeaux.
Le Nez.

La Bouche.
La Barbe.
L'Encolûre.
Le Garrot.
Les Epaules.
Le Poitrail.
Les Reins.
Les Rognons.

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Pronoftic.

Remede.

Autre

mede.

Les Côtez,

Le Talon.

Le Fourreau.

Il n'y a gueres de gens, pour peu qu'ils foient verfez dans la connois fance des Chevaux, qui ne fachent là scituation de ces parties.

Du Cheval murfondu.

E Cheval morfondu fe reconnoît tel, lorfqu'on voit qu'étant bien nour ri, & travaillé moderément, il n'engraiffe point & qu'il eft trifte. Cette maladie eft un rhume, communément parlant, ou une fluxion qui tombe fous la gorge du Cheval & les autres parties qui en font proches.

Une des plus grandes marques pour connoître fi le Cheval eft morfondus c'eft lorfqu'il a le gofier fec & dur plus qu'à l'ordinaire, on le remarqué encore quand il jette par les nafeaux une liqueur blanche, qu'il touffe, & qu'il eft dégoûté.

Le plus court & le remede le plus affuré, c'est de lui donner les pillu

les fuivantes.

Prenez un gros de beurre frais, quatre gros de fucre, deux gros de re gliffe, un gros de poudre cordiale, une once d'agaric, du fené, de la sca monée, & du miel rofat, de chacun un gros, reduisez le tout en poudres incorporez-le avec le beurre & le miel, formez des pillules du tout, & les donnez au Cheval, ce remede lui appaisera la toux ; mais fi le Cheval n'a pas la toux, on lui fera prendre ce breuvage.

On prend deux gros de poivre, autant de canelle, de gingembre, du gerofle & de la mufcade, de chacun auffi deux gros, avec une once d'huile d'olive, que tout ce qui doit étre pulverifé le foit bien fubtilement, mês

lez bien le tout ensemble, ajoûtez-y quatre onces de miel rofat, & le donnez au Cheval dans une chopine de vin blanc, il ne faut que réchauffer le Cheval morfondu, & ne le faigner que dans le preffant befoin, c'est-àdire, que lorsque le morfondement l'oppreffe trop.

Du mal des yeux.

Es maux des yeux viennent aux Chevaux ou par fluxion ou par quelque coup qu'on leur a donné, ou par autre accident; lorfqu'on s'eft apperçû que le mal eft caufé par fluxion, on commence par lui ôter l'avoine, à la place de laquelle on lui donne du fon mouillé, & pour autre nourriture du foin arrofé d'un peu d'eau ; on fe gardera bien de lui tirer du fang, ce fetoit le moyen de lui faire perdre les yeux; cette fluxion paroît, lorfque le Cheval a l'oeil rouge, enflé, chaud & fermé: pour rémede,

Prenez quatre poignées de liere terreftre, qui croît dans les marais, pilez-les bien, faites durcir fix oeufs & en pilez les blancs avec le liere, Remede. ajoûtez-y demi septier de vin blanc fort clair & la moitié moins d'eau rofe, du fucre candi & de la couperofe blanche, de chacun une once & demie, mêlez le tout en poudre dans un mortier, ajoûtez-y une once de fel menu, laiffez le tout ainfi l'efpace de cinq ou fix heures dans une cave, retirez-l'en & mettez toute cette compofition dans une chauffe à hypocras, ou laiffezle filtrer à travers du papier gris, puis de ce qui en fortira, vous en frotterez l'oeil malade du Cheval.

Si c'eft un coup que le Cheval ait reçû dans l'oeil, le même remede eft encore excellent, & fi le coup eft grand, il faut auffi-tôt faigner le Che val du larmier ou du cou en abondance,

De la Toux.

LAToux eft un mal affez violent qui tourmente le Cheval's quand la toux eft nouvelle elle eft aifée à guerir, mais lorsqu'elle eft inveterée, elle eft fort dangereufe. On connoît qu'unCheval a la toux quand il bat du Hanc, qu'il a les nafeaux enflez & qu'il touffe: on calme la toux vieille ou nouvelle par le remede que voici.

On prend du chardon benit, de l'hyfope, du pas d'âne, du bouillon blanc, de la femence de fénugrec, de chacune fix onces, des bayes de ge niévre & de l'iris de Florence, de chacun cinq onces, une demie livre de Touphre vif, demie once de canelle & autant de mufcade; il faut piler le tout à part, & que le tout foit fec, afin d'en faire une poudre mêlée qu'on garde & qu'on fait prendre aux Chevaux qui ont la toux ; on leur en donne zous les jours le matin une once & demie infufée pendant toute la nuit dans ane chopine de bierre, ou d'eau commune, ou bien du vin,

Pronoftic,

Remede.

Remede pour la

gourme qui

fort par la ganache.

De la Gourme.

A Gourme eft une maladie dont il n'y a point de Chevaux exempts; il faut les jeunes Chevaux fe purgent par là des mauvaises hu meurs qu'ils ont interieurement, qu'ils faffent, pour ainfi dire, corps neuf, afin d'être dans la fuite délivrez de quantité d'autres infirmitez auf quelles ils feroient fujets fans cet effort que la nature fait en eux,

Les Chevaux jettent leur gourme par plufieurs parties du corps, tan tôt par une épaule, par un jaret, par-deffus le rognon, par un pied, en fin par l'endroit le plus foible qui foit fur le Cheval, mais communémeng cette humeur fuperflue fe décharge par les nafeaux, ou par les deux os de la ganache,

Pour traiter méthodiquement la gourme qui fort par ces dernieres par ries; lorfque la tumeur fe manifeste, on envelope la gorge duCheval d'une peau d'Agneau ou de Mouton, la laine du côté de la tumeur, on le tient chaudement, bien couvert, & à l'abri des vents, puis on frotte le mal avec un onguent fait de beurre frais, d'huile de laurier, & de l'onguent althea le tout battu à froid, cela réfout la tumeur; ou bien on fa fert fimplement de bafilicum, ou bien de cet onguent mêlé de vert de gris & de couperofe en poudre,

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S'il arrive que l'onguent n'ait pas affez de force, pour obliger la matiere percer le cuir du Cheval, on y appliquera un bouton de feu; nous laif fons aux habliles Maréchaux à faire cette operation, mais fur tout qu'ils prennent garde de ne point offenfer le gofier qui eft proche de la tumeur.

Crainte que le trou qui fe fera fait de lui-même, ou qu'on aura fait në vienne trop tôt à fe fermer, on y mettra une tente trempée dans le ba filicum, & fi par malheur le trou s'étoit rebouché, il faudroit de nou veau y appliquer le bouton de feu, ou l'onguent dont on a parlé pour atti rer la matiere.

De la gour. Sile Cheval jette fa gourme par les nafeaux, & que l'écoulement en me par les foit heureux, on laiffera le Cheval de repos fans lui rien faire, observant feulement de le tenir chaudement, & de le promener foir & matin; car dès que les conduits font ouverts, il n'y a rien à craindre,

nafcaux.

Remedes.

Mais fi l'on s'apperçoit qu'il ait les conduits bouchez par l'humeur qui fe coagule, & que ce Cheval ne jette fa gourme que difficilement, il fau dra lui feringuer les nafeaux d'une liqueur faite avec moitié cau de vie, & moitié huile d'olive, le tout battu enfemble & tiede.

Quelques-uns prennent de grandes plumes d'Oyes induites de beurre frais, fondu fur une affiete, avec un peu de poivre en poudre ou du tabac, puis ils infinuent ces plumes dans les nafeaux du Cheval, & afin qu'ils y tiennent, ils les attachentpar le tuyau avec un bon fil qu'on lie au cou.

C'est un avantage pour les Chevaux qui ont la gourme dans l'Eté, de les envoyer en pâture jour & nuit; l'herbe qu'ils mangent, & qui détrempe l'humeur, aide beaucoup à l'écoulement de la gourme par les nafeaux; outre qu'ayant encore toûjours la tête baiffée, cette gourme fe décharge alors facilement par ces conduits.

y en a pour faciliter l'évacuation de cette humeur maligne, qui prenhent un fac percé par les deux bouts, dont l'un fert pour mettre la tête du Cheval, & l'autre qui eft ouvert fur l'ouverture d'une chaife renverfée, puis ils mettent fous cette chaife un réchaud de feu avec de l'encens dedans, la fumée qui en fort entrant par les nafeaux du Cheval l'oblige à jetter fa gourme.

Če mal fe communique, c'eft pourquoi il faut autant qu'il eft poffible, mettre les Chevaux qui font atteints de la gourme dans une écurie feparée. Les Chevaux jettent ordinairement leur gourme à deux ou trois ans. C'est un bien pour eux, quand cette maladie, qu'ils ne peuvent éviter, leur artive à cet âge ; quand la gourme les prend plus tard, ou qu'ils ne la jettent qu'imparfaitement, il arrive que depuis l'âge de fix ans jufqu'à douze, elle eft très dangereufe, dégenerant fouvent en morve.

Pendant que le Cheval aura fa gourme à l'écurie, on lui donnera pour Regime? nourriture du fon mouillé, & pour boiffon ordinaire de l'eau tiede blan chie avec du fon ou de la farine d'orge, avec de bon foin.

Les Avives.

Es Avives viennent aux Chevaux pour avoir été trop travaillez, ou qu'on leur a fait boire de l'eau trop froide & trop crue, lorsqu'ils ont chaud, ou qu'ils boivent plus qu'il ne faut : tellement que les humeurs qui fe jettent dans les glandes de la gorge, les enflent, & caufent aux Chevaux une fi grande difficulté de refpirer, que fi on n'y remedioit prompte ment, ce mal les fuffoqueroit.

On connoît qu'un Cheval eft atteint des avives, lorfqu'il eft impatient, PronoRica qu'il pert l'appetit tout à coup; qu'il fe couche, puis qu'il fe refeve, & qu'il fe veautre, & pour le guerir,

Prenez l'oreille du Cheval, pliez-la en bas & à l'endroit on arrivera fa Remed pointe, fera celui ou la tumeur le tourmentera ; fi le poil s'arrache aisement de cet endroit, c'eft figne que les avives font mures, & qu'il eft temps de les réfoudre; pour lors, & après avoir découvert le mal, comme on vient de le dire, on prend toute la glande qui eft en cet endroit avec des tenailles, on bat la tumeur doucement avec un bâton, jufqu'à ce qu'on juge qu'elle foit corrompue, ou bien on broye la glande avec la main jufqu'à ce qu'elle foit amolie, c'eft là le moyen, le plus affuré, & qu'il faut toûjours employer pour ce mal, à moins que les avives ne fuffent fi groffes, qu'il y eût apparence que le Cheval en dût êrre fuffoqué; en ce cas il faudroit les ouvrir avec une lancette, & fuivre alors la maxime des Maréchaux, qui croyent que cet expedient eft le plus court, mais l'experience apprend tous les jours qu'ils fe trompent.

On donnera enfuite un lavement rafraîchiffant au Cheval pour

la fluxion, & il fera compofé de la maniere que voici.

divertir

Prenez cinq chopines d'urine d'homme, mettez dedans deux onces de Lavemean caffe mondée, une once & demie de policrefte pulverifé fubtilement:

faites bouillir le tout à gros bouillons, tirez le du feu & le donnez tiede au Cheval, après y avoir mêlé deux onces d'huile de laurier,

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