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ci-deffus, il faut que ces croifées foient bonnes, fortes & à bouement avec leurs guichets; fi elles ont huit pieds de haut, on les compte pour huit écus, c'est le prix pour Paris & des environs, au lieu que dans bien des Provin→ ces on n'eftime le pied que quarante-cinq ou cinquante fols.

On fait des Chafflis à carreaux de Verre au même prix; mais on en fait auffi qui ont un rond entre deux quarrez dehors & dedans avec baguettes. en dedans, de près de cinq pieds de large, qui valent à Paris & aux environs, quatre livres dix fols, & cinq livres le pied, & trois livres ou trois livres dix fols ailleurs: on eftime à proportion celles qui font plus ou moins larges & hautes, qui ont plus ou moins d'ouvrages, & dont le bois eft plus ou moins choifi & bienfait..

Les Croifées fans volets de pareille largeur & hauteur, pour mettre fur les Efcaliers & autres endroits, à trente fols le pied à Paris, toifé fur la hauteur feulement, & à vingt dans bien d'autres endroits qui en font éloignez.

Les Portes à placards de fix pieds neuf pouces de haut, fur trois pieds d'ou verture avec deux Chambranles & revêtemens, tant de murs de dix-huit. pouces d'épaiffeur que dans les Cloifons, coûtent trente-deux livres à Pa ris & aux environs, on peut les avoir à meilleur marché en marchandant ; & en Province vingt jufqu'à vingt-cinq livres.

Les Lambris à hauteur d'appuy de deux pieds huit pouces de haut avec Pilaftres & Socles, ornez de Cadres avec un Talon, & une Baguette le pa neau ravalé, vaut à Paris douze livres la Toife courante, & fept à huit livres en bien des endroits où le bois de Chêne n'eft point rare.

On donne à Paris treize livres pour chaque Chambranle de Cheminée avec revêtement de jambages par les dehors & une tablette d'un pouce & demi d'épaiffeur pofée en place; il y a des endroits où un Chambranle de cette forte ne coûte que neuf à dix livres, & même meilleur marché.

Les Menuifiers eftiment à Paris & aux environs vingt-quatre livres la Toife de parquet ordinaire à vingt panneaux, dont le bâtis fera d'un pouce & demi, les panneaux d'un pouce pofez & attachez fur les Lambourdes de trois pouces en quarré, pofez & attachez en place, on en fait de même ef pece en Province à quatorze & quinze livres la Toife..

Les Portes de bois de Chêne d'un pouce d'épaiffeur, emboëttées par les deux bouts, avec trois clefs dans les joints & languettes de fix pieds neuf pouces de haut fur trois pieds de large, valent fix livres piece, & quatrelivres ailleurs qu'à Paris.

Celles qui font de même bois, & qui ont quinze lignes d'épaiffeur & fix pieds & demi de haut fur trois de largeur, coûtent à Paris fept livres dix fols piece, en bien d'autres lieux éloignez, cent ou cent dix fols.

Les Portes Cocheres de huit pieds & demi de large fur douze pieds de haut à l'ordinaire, tant pour groffeur, & épaiffeur, de bois fec, cinquante: livres chacune; on les fait à moins ailleurs qu'à Paris.

Les Portes de Caves de quinze à feize lignes d'épaiffeur de bois de Chê-ne garnies par derriere de trois barres de quatre à cinq pouces de large, coûtent quatre livres dix fols piece à Paris & aux environs, & trois livres. en Province.

Les Portes à placards à deux venteaux de neuf pieds de haut, de quatre

& demi de large, avec embrafemens doubles, paremens, cadres & corniches au-deffus, dont les bâtis feront d'un pouce & demi, & le refte à. proportion, foixante & dix & quinze livres la piece à Paris; cinquantecinq livres ailleurs.

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Prix de la Peinture.

A Peinture jaune, grife ou en couleur de bois avec huile de noix, ne valoit autrefois que cent dix fols la travée, mais aujourd'hui à caufe de la perte confiderable des Noyers, elle en vaut plus de fept; mais les Peintres qui fe fervent d'autre huile, telle qu'eft celle de Lin, peuvent la faire au même prix à Paris, & à moins où l'huile ne coûte guéres de voiture.

La Peinture avec du verd de gris eft beaucoup plus chere, la Toise à plein peut valoir cent fols; on comprend fous la travée fix Toifes quarrées. Le blanc à huile coûte fept livres dix fols la travée, & la peinture à détempe cinquante, fi l'on toife des folives, il en faut toifer le joug.

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AVERTISSEMENT.

Sur l'idée des prix qu'on vient d'établir par rapport à chacun des materiaux qui entrent dans les Bâtimens, foit mis en oeuvre,ou non employez, il femble qu'avec un peu de travail d'efprit, une attention ferieufe, & un calcul medité, on peut à peu près juger à quoi un Bâtiment peut revenir. On doit être averti auffi qu'on ne prétend pas avoir ici fixé pofitivement ees prix pour s'y arrêter abfolument ; on les a marquez comme ceux qui font les plus courans, & aufquels il eft néanmoins loifible de ne fe point tenir, en pouvant appeller, & demander meilleur marché fi l'on veut.

Qutre cela, il eft conftant qu'il n'y a point de Païs qui n'ait certains prix d'ufage, , par rapport aux marchandifes qui y font plus ou moins à portée, & qui par confequent y font de plus ou moins de valeur ; on laiffe à la prudence de ceux qui veulent faire bâtir, d'entrer dans le détail de tout ce qui eft neceffaire pour y réüffir, & ne s'en point laiffer impofer par les Ouvriers, qui ne cherchent qu'à furprendre les particuliers, & à en trouver qui foient leurs dupes: qu'on tire donc avec eux le meilleur marché qu'on pourra. Il y a encore certains prix d'ouvrages qui regardent les Jardins, tant d'ornemens, fruitiers & potagers, & dont nous ne parlons point ici : nous les réfervons pour le Traité que nous ferons de ces fortes d'édifices, afin d'avoir toujours l'idée prefente des chofes qui y conviendront, & à quelles fommes elles pourront monter.

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De ce qu'il faut d: Materiaux pour une Foife de Mur:

U Ne Toife cube de Moilon fait trois Toifes de mur à dix-huit pouces d'épaiffeur; c'eft pourquoi il eft facile de juger par-là combien il faut de Moilon pour vingt, trente & davantage de Toifes de muraille à

cette épaiffeur, à deux pieds on en employe un peu davantage, ainfi on peut juger du refte à proportion..

On donne pour Toife de Maçonnerie ou gros. Mur en plâtre pour façon feulement à l'Ouvrier, depuis quarante fols jufquà trois livres, à dix-huit pouces d'épaiffeur. En fourniffant tout par l'Ouvrier, cent fols & fix livres. Elle vaut huit ou neuf livres, quand ce n'eft point dans Paris, & que le Moilon n'eft pas éloigné, & dix à onze livres dans la Ville, à caufe des droits. & du coût des voitures..

A l'égard de la Toife du gros Mur en terre, Chaux & Sable en fourniffant les Etayemens, Chaux & Sable par l'Ouvrier, elle vaut jusqu'à trois livres.

Il y a des endroits où pour façon de Toife de Mur à dix-huit ou vingt pouces d'épaiffeur en fourniffant tout par les Particuliers, on ne donne pour le Maçon que vingt ou vingt-cinq fols.

Pour une Toife quarrée dont la face de devant eft de pierre de Taille, le derriere étant de Moilon, il faut quarante-huit pieds de pierre, à cause pour les bien enlier avec le Moilon, qu'il faut qu'il y ait quatre pierres à chaque affife, chaque pierre ayant deux pieds de long, dont deux doiventTM être en face & les autres en boutiffe, alternativement placées. Il faut pour une Toife d'un pied & demi d'épaiffeur, le tiers d'un poinçon de Chaux, qui dit environ cinq boiffeaux, fur trois Tombereaux de Sable, le Tombereau a deux pieds de haut., autant de large, & quatre pieds & demi de long on peut voir à combien revient le tout, en ramassant les prix de chacun des materiaux, & felon qu'ils ont été marquez.

Il y en a qui ont éprouvé qu'un Muid de Chaux peut fuffire pour conftrui te vingtcinq ou trente Toifes de murailles de Moilon, à dix-huit pouces ou deux pieds d'épaiffeur, à prendre au muid quarante-huit minots, & gour chaque minot trois boiffeaux, mesure de Paris, pefant feize livres.

Prix du Ciment:

Il faut pour un Septier de Ciment un minot de Chaux, & cela fuffis pour conftruire une Toife d'ouvrage.

Prix du Chaume:

E cent de Chaume coûte pour façon trente fols au plus, & vingt-cinq

paille non battue au fleau; on l'appelle Gluis, en certains endroits; il fe roit à propos qu'on ner fe fervit point de ces fortes de couvertures à la Campagne, & encore moins dans les Villes, à caufe qu'il eft dangereux que le feu s'y mette aifément, mais quand on n'a pas de quoi faire mieux, il faut s'en tenir à ce qu'on a.

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CHAPITRE V.

Où l'on connoît quels doivent être les Materiaux pour être estimez bons
l'usage qu'il en faut faire, ainfi que de ceux dont on a parlé dans le Cha-
pitre précedent, avec
avec quelques calculs des prix pour une quantité plus on
moins grande d'ouvrages, dont on voudra fçavoir le montant.

C'eriabucculaires à batir, cela fait que les Ouvriers vous en font moins
"Eft beaucoup, il eft vrai, que de favoir à peu près les prix des ma

accroire, & que vôtre bourse n'eft pas tant en proye à leur avidité infatia-
ble; mais cela ne fuffit pas encore pour fe garder entierement d'en être trom-
pé, il faut connoître la bonne ou mauvaise qualité des marchandifes qui
conviennent aux Bâtimens, fans cette connoiffance on rifque toûjours fon
argent quand elles font mauvaises, à quel prix modique qu'on les puiffe
achetter; car, comme dit le proverbe, on n'a jamais bon marché de mé
chante marchandise. C'est donc un détail dans lequel il est à
defcendre, nous commencerons par la Chaux.

Du choix de la chaux.

propos de

c.

A Chaux, la meilleure eft celle qui eft faite de marbre, ou de pierre Vitru. liv2 la plus dure; car plus elle eft dure, plus la Chaux eft graffe & gluti- " so neufe. La Chaux faite avec les pierres les plus dure, eft la meilleure pour la maçonnerie, au lieu que celle qu'on fait de pierre fpongieufe, convient mieux pour les enduits; la Chaux de marbre eft rare en France, mais on trouve des pierres qui en approchent, & qui feroient merveilleufes pour cela, fi on vouloit s'en fervir. Il y en a de cette efpece à Château faint Ange.

Phil. do

On connoît que la Chaux eft bonne, quand elle eft fort pefante, qu'elle fonne comme un pot de terre cuit, quand on le frappe, qu'étant mouillée Lorme. fa vapeur & fa fumée eft fort épaiffe, & s'éleve incontinent en haut ; & qu'en la détrempant elle s'attache auffi-tôt au rabot,

Du Mortier.

A meilleure maniere de détremper la Chaux, pour faire d'excellent " mortier, c'eft d'en amaffer, lorfqu'elle fort du fourneau, telle quantité qu'on veut dans une place fort unie, & la mettre de deux à trois pieds " de haut.

Après cela on là couvre également par tout de bon Sable environ un “ bon pied & demi ou deux d'épaiffeur ; puis jettant de l'eau par deffus, on “ en verfe par tout une affez grande quantité pour faire que le Sable en foit " fi bien mouillé, que la Chaux qui eft deffous fe puiffe infufer & diffoudre. fans fe brûler

Idem li

1. c. 17.

Felib. de

Arch. 1. J. C. 12.

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Si l'on voit que le Sable s'ouvre en quelque endroit, & que la fumée ", y paffe, il faut d'abord jetter du fable deffus pour boucher ces paffages, ,, afin d'empêcher que la vapeur ne forte.

"Ces petites obfervations qu'il faut faire en détrempant du mortier, font ,, que le fable étant abreuvé, ainsi qu'on a dit, & la Chaux bien couverte elle devient comme une masse de graiffe, qui, lorfqu'on l'entâme au ,, bout de deux, trois, ou dix ans pour s'en fervir, ressemble à un fromage de crême.

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Un mortier fait de cette maniere eft fi gras & fi glutineux, que le rabot ne s'y manie qu'à force de bras, & confommant beaucoup de fable, il devient un mortier des plus propres pour les infcrutations & enduits des murs pour les ouvrages de ftuc, & les peintures à fraifque. Il n'eft pas hors de prodes particuliers qui veulent faire de la dépense en Bâtimens, étu dient ces petites remarques, & fe les impriment dans l'efprit, afin qu'au befoin ils puiffent s'en fervir avantageufement.

pos que

Car il eft certain, felon un Auteur moderne, que les couleurs des peintures à fraifque fe confervent bien mieux fur un mortier fait de cette maniere, que fur celui dont la Chaux eft fraîchement éteinte, parce qu'elle fait fendre & erevaffer les enduits, changer & alterer la beauté des couleurs, ce qui en ôte tout le luftre.

Quant aux ouvrages qui fe font dans l'eau, il faut employer la Chaux route chaude, & fortant du fourneau avec Sable de riviere ou Ciment, fait de tuiles caffées: car dans la fuite du temps ce mortier fe conglutine de maniere, que toute la maçonnerie ne fait qu'un corps très-dur; & comme il arrive fouvent à la Campagne d'avoir befoin d'un mortier de cette nature, & qui faute fouvent d'y avoir apporté toute l'attention neceffaire, on fait dans l'eau des ouvrages aufquel il faut toûjours retoucher, & par confequent dépenfer de l'argent; il eft donc très-à-propos de retenir cette méthode de faire du mortier, afin de s'en fervir dans le befoin, & que les Ouvriers ne Vous trompent point, foit par ignorance ou autrement.

Du choix du Sable.

Ly a des Sables fi gras & fi excellens, 'qu'on en mette cinq parties. & même jufqu'à fept, contre une partie de Chaux, & d'autres qui font fi fecs & fi mauvais, qu'il faut prefque autant de Chaux que de Sable.

La veritable maniere pour connoître le bon Sable d'avec le mauvais, eft de le mettre fur l'étoffe, s'il ne la falit point & n'y demeure point attaché comme fait la terre, c'eft une marque de la bonté du Sable.

Le Sable terrein, appellé autrement Sabla de Cave, eft celui qu'on eftime le plus, lorfqu'il a de gros grains comme de petits cailloux, & qu'il fait du bruit quand on le manie; celui qui eft mêlé de terre n'eft pas fi bon ? on voit des Sablés de plufieurs couleurs, les uns blancs, les autres jaunes les autres rouges, & les autres noirs, lefquels ont chacun leur bonté en particulier, & pour les connoître tels, on les éprouve comme on a dit. Le Sable de riviere eft bon pour les enduits, & dans le corps de la maçonnerie, On tient qu'il confomme plus de Chaux que le Sable de Cave,

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