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Quelquefois l'Effaim fe divife en deux ou trois pelotons qui s'en vont chacun du côté qu'il lui plaît, ce qui embaraffe beaucoup; cette division est causée par la pluralité des Rois qui font dans l'Effaim, & qui n'étant point d'accord enfemble entraînent avec eux chacun leur parti. Le fecret. pour les prendre féparement, c'eft d'avoir du monde pour les fuivre, quelquefois ils ne s'arrêteront pas loin l'un de l'autre ; quelquefois auffi ils s'écarteront; mais dans l'un & l'autre cas, il faut les mettre dans de nouvelles Ruches, comme on a dit.

Si deux Effaims s'attachent à une même branche, & qu'ils fetouchent P'un l'autre, il faut, pour les prendre chacun à part, élever deux Ruches au deffus, l'ouverture en bas & en maniere de cloche fufpenduë, & mottre entre ces deux Effaims du chicotin attaché au bout d'un bâton.

La confufion parmi les Effaims eft quelquefois fi grande, que c'eft un extrême embarras pour les démêler ; mais on en vient à bout lorsqu'on fecoue la branche à laquelle ils font attachez: les Mouches pour lors fe feparent par Effaims, parce que les unes reftent en bas & les autres vont s'attacher feparément à des branches; ou bien faites autrement.

Prenez une grande Ruche, fecoüez toutes les Mouches dedans, elles ne manqueront pas, après qu'elle aura été renverfée, de s'y placer, chaque Effaim à part; enfuite forsque le foir eft venu, on fe coeffe d'un capuchon d'une bonne toile, l'on met de gros gans; après cela on fait tomber avec la main un des Effaims dans un panier, puis l'autre, & on en laiffe un dans le panier où on les a fecoué, cependant fi l'on juge qu'il foit trop grand pour contenir l'Effaim, on met cet Effaim dans un plas petit, & pour cela on renverse l'ouverture en haut, & on on met un deffus.

De la maniere de changer les Manches de Ruches, & des moyens d'en avoir qui profitent beaucoup.

N pratique encore la même chofe, quand un panier se trouve use, ou atteint de vermine: ce nouveau panier doit être préparé comme on l'a dit, c'eft-à-dire, bien enduit & frotté d'une liqueur compofée de vin & de miel; on laiffe ces Mouches fans les remuer jufqu'au foir qu'on ôte celles de deffus & qu'on met au rang des autres ; à l'égard de la vieille, on en tire tout l'ouvrage qui eft dedans.

On trouve fouvent en l'air des Effaims qui s'égarent, fi l'on veut les arrêter & les faire attacher à quelque arbre, il n'y a qu'à fifler doucement, & frapper des mains, ou bien faire du bruit avec deux cailloux qu'on frappe l'un contre l'autre, & pour lors on voit ces Effaims s'affembler, & fe mettre en pelotons fur un arbre.

Pour avoir des paniers à Mouches qui foient feconds, il ne les faut laiffer jetter qu'une fois l'année, & empêcher de jetter ceux qui font foibles, c'est-à-dire, où il n'y a gueres de Mouches.

Il faut donner des hauffes aux jeunes Effaims de l'année précedente, ainfi qu'aux paniers peu remplis de Mouches, & à chacun felon qu'on le juge plus ou moins abondant. On appelle Hauffes des paniers percez par les

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Flux de Yem re.

deux bouts, & fur lefquelles on met le panier, elles ont ordinairement
dix à douze pouces de hauteur.

Connoiffance des bonnes Ruchés d'avec les mauvaises, & du temps de
changer les Mouches de Panier.

Left bon de fçavoir démêler les bonnes Buches d'avec les mauvaises, foit qu'on veuille en acheter, ou qu'on souhaite parmi celles qu'on a, fe rendre certain fur l'article.

Quand on voit les Abeilles fe mettre en campagne de bon matin, & revenir chargées de vivres plus tard qu'à l'ordinaire, & qu'elles entrent dans leurs paniers fans repugnance, c'est une bonne marque, comme lorfqu'elles ne fortent point par le mauvais temps, car alors on ne peut qu'y préfager du défordre.

Si, approchant l'oreille des Ruches fur la fin de Février, ou au commencement de Mars, quand l'air eft doux, vous entendez un bourdonnement qui femble venir de loin, c'est un bon figne; ainsi que lorsqu'on frappe fur la Ruche, & que les Abeilles en fortent en bourdonnant fortement.

Suppofé qu'il fe trouve y avoir deux Rois dans un panier, il faut pour remedier à l'inconvenient qui en pourroit arriver, donner aux Mouches un panier qui foit étroit du fond, mais d'une longueur proportionnée à la quantité de Mouches qu'il devra contenir; ces Mouches dês le matin s'entrebattront les unes contre les autres, de maniere qu'on trouvera un Roi de mort au bas de la Ruche.

Il est temps de changer les Mouhes de panier, lorsqu'il y a deux ans qu'elles y travaillent; c'eft au printemps que cela fe pratique, & pour y réüffir on prend une Ruche percée deffus de cinq ou fix trous fur laquelle on pofe celle où font les Mouches; il faut bien la boucher tout au tour; peu de temps après les Mouches defcendent dans le panier de deffous, dans lequel on les laiffe dix ou douze jours, pendant lequel temps elles ne ceffent point de faire leur ouvrage.

Ce temps paffé, on ôte le panier de deffus, & foignant de bien reboucher les trous de la Ruche qui contient les Abeilles, crainte qu'elles n'en reffortent, on le met au rang des autres..

Des Maladies des Abeilles, moyens d'y remedier.

Es Mouches à miel font fujeres au fux de ventre, cette maladie les prend au printemps, quandle tithymale fleurit, & que les ormes donnent leur femence ; ces petits animaux font fort avides de cette nourriture, à caufe de la faim qu'elles ont fouffert pendant l'hyver; ce flux de ventre eft dangereux, fi l'on n'y remedie en cette maniere..

Prenez des grains de grenades, pilez-les menu, paffez-lés à l'étamine, mêlez-les avec du miel & du vin rouge, & en arrofez la Ruche avec une feringue recourbée; au lieu de grains de grenades, on peut prendre de l'eau. dans laquelle ona fais bouillir des coings.

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D'AGRICULTURE Liv. II.

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Il arrive quelquefois que dans le temps que les prez font tout émailfez de fleurs, les Mouches travaillent plus à faire du miel qu'à produire de nouveaux Effaims, ce qui les fatigue trop & les fait fouvent mourir Pour prévenir ces inconveniens, & faire enforte que l'efpece fe multiplie, il faut de trois jours en trois jours, & tant que les fleurs fubfiftent, fermer les entrées & les forties de leurs Ruches, & n'y laiffer que des petits trous par où elles ne puiffent paffer, & quand elles verront qu'elles ne pourront aller aux champs, clles couveront & produiront de nouvelles Mouches.

La teigne eft un ver dont les paniers des Abeilles font infectez, on les La Teigne. connoît tels, lorfque appuyant les mains deffus on les trouve froids, ou bien lorsqu'on voit hors des Ruches des excremens de ce petit ver qui s'y multiplie en quantité, ce mal eft incurable, ce font des paniers perdus, & dont il faut tuer les Mouches.

Le trop grand chaud eft dangereux pour les Abeilles, elles deviennent Le trop noirâtres & toutes deffechées, puis elles meurent, ce qui fe remarque, chaud & le lorfqu'on void les unes qui portent hors leurs Ruches les corps de celles

trop grand

qui font mortes, & que les autres font triftes par le filence qu'elles gat- froid dandent; le froid auffi ce mauvais effet.Pour prévenir l'entiere mortalité gereux

opere

Abeilles.

de cet infecte on prend du miel cuit, qu'on pile avec des rofes feches, pour les ou de la noix de galle qu'on leur donne pour nourriture.

S'il y a des paniers qui foient garnis de Mouches furieufes, & qui puif- Mouches fent nuire aux autres, on appaifera leur furie en les vifitant fouvent.

furieufes..

lly a quelquefois dans un panier tant de rayons de miel conftruits, qu'ils Des rayonsdemeurent vuides la plûpart, ce qui fait qu'ils fe corrompent, gâtent le gâtez. miel qui y eft renfermé, & font mourir les Mouches. Pour remede à cet accident, on met deux jettons dans une Ruche, ou bien on coupe les rayons corrompus qu'on ôte des paniers.

Les Papillons qui, quelquefois ce cachent dans les Ruches font des Les Papil ennemis très-dangereux pour les Mouches & les tuent ; c'eft pourquoi, au- lons. tant qu'on le peut découvrir, il faut les tuer eux-mêmes.

Il faut auffi donner la chaffe aux Bourdons ou Frelons qui viennent dans Les Bour les Ruches pour en manger le miel, & pour les détruire aifément, il n'y dons. a qu'à mettre de l'eau dans quelque petit vaiffeau prés des Ruches, les bourdons qui en fortiront raffafiez de miel iront en boire pour appaifer la foif que cette nourriture leur aura caufée, & pour lors il fera aifé de les tuer, fans craindre d'en être piquez, parce que les Bourdons n'ont pas d'aiguillons.

La faim eft une maladie qui fait perir les Abeilles, fi on n'y remedie, La faim. elles y font fujettes fur tout à la fin de l'hyver qu'elles manquent de provifion; & pour prévenir ce mal, on leur donne du vin bouilli avec du miel, ou fimplement de la farine de féves cuités, qu'on leur met à terre dans leurs Ruches.

Du temps de châtrer les Monches, & à quelle heure.

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Hâtrer les Mouches, eft tirer des Ruches le miel & la cire que les Abeilles y ont produit; il ne faut jamais fonger à faire cette operation que les paniers ne foient pleins, autrement c'eft perdre le miel, & tout le profit que les Mouches peuvent donner dans la fuite; outre qu'agiffant ainfi mal à propos, ces mouches fe rebutent, quittent leurs paniers, & laiffent en partie leur ouvrage imparfait.

La veritable occafion qui doit nous inviter à commencer cette récolte, eft lorfque les Mouches n'ont plus rien à faire, & que leurs Ruches font pleines d'ouvrage, ce qu'on reconnoît aisément à l'œil, quand on visite ces Ruches en dedans, ou bien on le remarque en dehors lorfqu'opiniâtrement les Abeilles chaffent les Frelons de leurs paniers.

Le temps de châtrer les Abeilles eft plus ou moins avancé felon les climats où on habite, que les faifons font plus ou moins chaudes; on fait deux fois la recolte du miel; fçavoir, la premiere à la fin de Juin, & l'autre à la mi Aouft, & non plus tard, afin que, devant l'hyver les Mouches puiffent faire affez de travail pour fe nourrir pendant cette faison, si ne châtre qu'une fois les Mouches, ce fera au commencement du mois d'Août

Il y en a qui veulent qu'on châtre les Mouches dès le mois de Fevrier ou de Mars, & qu'on commence par les paniers qui font les plus forts, cette diverfité de fentimens peut fe regler fur les differens pays ou l'on demeure & s'accommoder à l'ufage.

L'heure de tailler ou châtrer les Abeilles, comme on voudra dire, c'est la même chofe, eft ordinairement à midy où pour lors les Abeilles font la plupart en campagne pour chercher à vivre, n'en reftant que tréspeu dans les Ruches pour empêcher qu'on leur raviffe leur ouvrage ; il faut agir doucement quand on taille les Mouches,car autrement elles fe mettent en colere & piquent ceux qui les taillent.

Avant que de fe mettre en devoir de toucher aux paniers, & pour fe garantir des aiguillons des Abeilles, on s'affuble la tête d'un grand capuchon de toile qui defcend jufqu'à la ceinture, l'on met à l'endroit des yeux de la toile à tamis, & l'on précautionne fes mains d'une paire de gands, puis levant les paniers petit à petit, on les fume avec un toupillon de linge qui brûle, ou bien l'on fe fert d'un peu de foin embrafé, qu'on met dans un pot de terre, obfervant de le bien fouler, afin que la fumée en foit plus épaiffe, & qu'elle dure davantage : cette fumée empêche les Abeilles qui font dehors de s'approcher des Ruches, & oblige celles qui font dedans à fortir.

Ou bien, prenez un grand fac, envelopez-en tout le panier avec les Mouches, liez-le par le bas de maniere feulement qu'il y ait un trou par où la fumée puiffe paffer, mettez deffous votre foin embrafé, où votre toupillon de linge, laiffez-le fumer; les Mouches n'auront pas plûtot fenti la fumée, qu'elles fortiront toutes de la Ruche; & comme elles ne trouveront point d'autre chemin que les espaces qu'il y aura entre la Ruche

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& le fac, elles feront obligées d'y monter toutes; on obfervera pour bien faire que le fac foit accommodé par le haut avec des bâtons qui le tiendront ouvert, puis on ôte le panier, on le châtre, étant châtré, on le met fur l'ouverture du fac, & les Mouches y rentrent & y travaillent comme

auparavant.

Voici une autre méthode dont on peut encore fe fervir pour tailler les Mouches; on prend une chaife de paille qu'on renverfe, on met deffous un pot qui fume, & cette fumée ayant fait fortir les Mouches de la Ruche on la châtre commodément..

Il faut bien prendre garde, quand on taille les Mouches, de ne point toucher à certaines petites bouteilles couvertes d'une pellicule blanche, & qui paroiffent tout au tour de la couronne du panier, c'eft le couvain par où les nouveaux Effaims doivent fortir, & qui diminueroit la race des Mouches, fi on l'ôtoit.

On taillera toûjours haut les vieux paniers, cela les conferve, & on retranchera le vieux ouvrage. On coupera cinq pouces plus haut l'ouvrage que contiennent les vieux paniers, s'ils ont été hauffez vers la faint Jean précedente, pourvû neanmoins qu'il n'y ait pas de couvain ; & fi les Ruches font trop petites, on les laiffera hauffées comme elles font, les Mouches y donneront plus d'ouvrage.

Comment renouveller les Ruches.

R Enouveller les Ruches, eft ôter celles où font les vieilles Abeilles,

en chaffer bien loin les Mouches, ou les tuer pour empêcher qu'elles n'aillent point tourmenter les jeunes pendant qu'elles travaillent.

Le plus fur moyen de détruire les vieilles Abeilles, c'eft de les noyer. dans de grandes Auges pleines d'eau, où l'on plonge les Ruches enveloppées d'une grande nape, lorfqu'elles font toutes retirées; c'eft ordinairement la nuit que cela fe pratique.

Quand on a achevé de châtrer les Mouches, on prend foin de nettoyer Les fieges fur lefquels on pofe les Ruches.

Quelqufois auffi; au lieu de détruire les Mouches, on ne coupe que la moitié de la cire & du miel, laiffant l'autre pour nourtir les Abeilles qui reftent dans le panier ; cette méthode eft meilleure que la premiere, c'eft ainsi qu'on en agit en Provence, & pour y réüffir, on renverfe un peu le panier, puis on en tire du miel & de la cire ce qu'on veut.

Les Hollandois agiffent autrement, ils renverfent la Ruche fans deffus deffous, & en tirent ce qu'ils fouhaitent d'ouvrage.

Autres

Pour bien conferver les Mouches à miel, il faut vifiter les paniers l'un après l'autre deux fois la femaine, & examiner fi les Abeilles n'en font point foins pour forties & fi elles ne manquent point de nourriture:

Si-tôt que le printemps fera arrivé, on couvrira les paniers, après en avoir tiré la cire par deffous, afin de les nettoyer de la vermine & des autres ordures qui s'y font amaffées pendant l'hyver; il eft bon auffi de faire la revue des paniers de haut en bas en automne deux fois par mois, & foigner en même temps de les récouvrir; ces mêmes paniers feront auffs

les Abeilles

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