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nettoyez, & parfumez, les Mouches s'en portent toûjours mieux. Ces paniers feront exactement recouverts de leur couvercle, principalement au commencement de l'hyver, afin de garantir les Mouches du grand froid.

De la recolte du miel, & comment le tirer des gâteaux.

A recolte du miel pour laquelle on prend tant de peines toute l'année, fe fait en trois differens temps, fçavoir incontinent après le printemps, durant tout l'Eté & au commencement de l'automne, on ne peut fixer pofitivement un jour pour ce travail, c'eft felon que les rayons font complets; car fi on les tire avant ce temps-là, les Mouches fe rebutent & ceffent de travailler.

On connoît qu'il eft temps de recueillir le miel, quand les Mouches ne font plus qu'un bruit fourd, que les trous des vaiffeaux font bouchez pardeffus, & que les Mouches chaffent les Frelons.

L'heure d'ôterles rayons des Ruches eft ordinairement le matin, & pour cela on prend un grand couteau fait exprès, qu'on moüille fouvent dans F'eau, afin que la cire ne tienne point.

Il faut bien fe donner de garde de vuider tout un panier, ni d'en tirer tout l'ouvrage, on en laiffe environ la cinquième partie tant au printems, qu'en Eté, & le tiers feulement en automne, & par ce moyen les Abeilles ne manquent point de nourriture.

Pour agir prudemment dans la recolte qu'on fait du miel; il n'en faut tirer que les rayons qui font les plus en état, & n'en prendre que les deux tiers; fi la Ruche eft à moitié pleine de miel, on en tire la moitié, s'il y en a moins, on n'en tire point du tout.

Quand les gâteaux font tirez, on les met dans des terrines qu'on porte à la maifon dans un endroit bien fermé, & dérobé aux Mouches, afin qu'elles n'y entrent point, autrement elles fuivroient leur ouvrage & piqueDoient ceux qui l'emporteroient: fi neanmoins malgré toutes les précautions qu'on puiffe prendre là-deffus, il y avoit plufieurs Mouches qui s'introduififfent en ce lieu, on les en chafferoit avec de la fumée.

Le meilleur miel & le plus delicat, est celui qui de lui-même coule le premier des gâteaux, on l'appelle Miel vierge on le ferre bien proprement & feparément de l'autre, dans des pots de grez verniffez, & bien nettoyez; & pour le faire diftiller, on prend des paniers d'ofier faits en maniere de chauffe à hypocras, pendus à un clou, au-deffus d'une terrine qui reçoit le miel, ou d'un pot de terre verniffé.

Après que le premier miel a découlé entierement des gâteaux, on ôte ces rayons du panier, on les met dans une preffe, pour exprimer celui qui eft plus épais, & qu'on appelle le fecond miel. Les pots étant pleins on laiffe découverts pendant quelque temps, que le miel fermente & boüillonne, puis on prend foin avec une cuilliere d'en ôter l'écume ; c'est cette façon qui le clarifie & qui le rend pur.

Il faut que le lieu où on le laiffe ainfi découvert foit bien net, point exposé à la pouffiere, & nullement hummide. Le miel ayant fermenté,

&

& étant bient net, on bouche les pots qui le contiennent avec du papier.
Avant que de tirer le miel des gâteaux, on doit toûjours foigner de les
bien éplucher de toutes les ordures qui s'y prefentent, comme des Mou-
ches mortes,
du couvain & de vieille cire noire.

Quelques-uns, au lieu de paniers faits comme on l'a dit, fe fervent d'une petite claye d'ofier fabriquée exprès, fous laquelle on met auffi un pot de terre pour recevoir le miel qui diftille des gâteaux qu'on a mis deffus.

La derniere facon de tirer le miel, & qui eft celle qui le rend le plus épais & le plus groffier, eft lorfqu'après l'avoir exprimé des gâteaux, ainfi qu'on l'a dit, on les jette dans une chaudière pour les faire tiedir fur le feu dans un peu d'eau, en remuant toûjours ces gâteaux, aprèsquoi on les tire de la chaudiere, on en remplit un fac de toile fort claire, qu'on met dans la preffe, pour en exprimer tout le miel qui peut y refter; ce miel eft plus âcre que les deux précedens, à cause du feu par lequel il a paffé, & de plus, parce qu'il n'eft pas auffi nouveau que les autres.

Des differentes fortes de Miel,

LE premier miel qu'on tire fe nomme auffi miel blanc, & le fecond, miel jaune, le miel blanc le plus eftimé, eft celui qu'on fait en Languedoc, & qu'on appelle miel de Narbonne ce miel eft plus délicieux qu'aucun autre, parce qu'en ce païs-là les Abeilles fuccent particulierement les fleurs de romarin qui s'y trouvent en grande abondance & qui y ont beaucoup de force, à caufe de la chaleur du climat.

Le miel qu'on a tiré au printemps eft plus eftimé que celui d'automne, parce que les Abeilles fuccent dans la premiere faifon des fleurs tendres & nouvelles, qui fourniffent pour lors un très-bon fuc. Le miel d'Eté eft auffi moins excellent que celui du printemps, parce qu'étant plus fujet à fe fermenter à caufe des grandes chaleurs, il acquiert une âcreté un peu défagréable.

On doit choisir le miel épais, grenu, clair, nouveau, tranfparent, d'une Choix du odeur douce, agréable, un peu aromatique, & d'un goût doux & piquant. Miel. Le miel fortifie l'eftomac, il eft pectoral, il excite le crachat, il rarefie Sesproprie la pituite grofhere, il aide à la refpiration, il lâche le ventre, il refifte à la tez. malignité du venin, il produit un fang loüable & bien conditionné & il' pouffe par les urines.

On fe fett du miel parmi les alimens, & en medecine, on l'employe auffi pour faire plufieurs boiffons. Le miel étoit autrefois bien plus en ufage qu'il n'eft pas aujourd'hni: on employoit le miel prefque par tout, au lieu de fucre, on s'en fert encore à prefent pour les confitures.

Pour donner une idée claire & diftincte de ce qu'on a dit touchant la fabrique du miel, on a cru devoir donner des Figures qui representassent tous les inftrumens qui y font neceffaires.

PP

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tiller le miel.

11. Terrine qui reçoit le miel qui

diftille.

12. Preffe peur exprimer le focond miel.

1.3. Pot qui reçoit le miel.

14. Chaudiere dans laquelle on fait chauffer les Gâteaux de miet qu'on prépare pour le tirer pour la troifiéme fois.

15. Femme qui tire la cire boüillante d'une chaudiere avec une cuilliere pour la mettre en pain.

16. Terrines pleines d'eau, dans lefquelles on met la cire, pour la former en pains.

17. Un homme qui tient un pain

de cire.

18. Autres pains de cire placez fur une table..

De la maniere de tirer la cire.

N vient de voir comment on tiroit le miel des gâteaux, & comme les Abeilles produifent auffi la cire dont l'ufage eft fi frequent par tout: voici la maniere que la recolte s'en fait.

Prenez les gâteaux dont vous avez tiré le miel, jettez-les dans une chaudiere remplie d'eau claire, laiffez bouillir le tout doucement fur le feu, fans difcontinuer de la remuer, & quand vous verrez que la cire fera montée, tirez la chaudiere de deffus le feu, paffez le tout dans des facs de toile claire,&ramaffez ainfi cette premiere cire dans des terrines;enfuite remettez la dans une petite chaudiere, faites-la encore fondre fur le feu, & fi-tôt qu'elle bouillonnera, écumez-la bien de fes ordures pour la purifier.

Etant purifiée, & ayant fuffifamment bouilli, verfez-la dans des terrines proportionnées à la grandeur des pains que vous voulez faire ; il faut qu'il yait de l'eau au fond de ces terrines, crainte que la cire ne s'y attache: on donne auffi le temps à cette cire de s'y refroidir, puis on la tire pour la mettre enfuite dans un endroit où elle ne puiffe fe gâter, ni être mangée des rats.

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