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Des Eaux propres à faire du Mortier.

Tou
"Outes fortes d'eaux ne font pas propres à détremper de la Chaux pour
faire du Mortier, car par exemple, l'eau de Mer n'y vaut rien, ainfi
que les eaux de marais. Les premieres font remplies de fels trop volatiles,
ce qui empêche que le mortier ne s'aglutine, & ne faffe bon corps avec les
pierres, & les autres font trop groffieres pour que tous ces materiaux mis
enfemble faffent une maffe qui ne fe crevaffe point; il faut
pour bien fai
re de l'eau de puits, de fontaine, de riviere ou de pluye, ce font les plus
fubtiles & les meilleures,

Du Plâtre:

E meilleur Platre qu'on employe, eft celui qu'on tire de Carrieres de Montmartre; cette forte de pierre eft fort connue, & d'un grand usage à Paris; Il y a un Plâtre tranfparent, qu'on appelle Gyp. On l'employe pour mettre les vitres en blanc, lorfqu'il est bien & nettement cuit, il n'y a rien de fi propre que le Plâtre pour prendre telle forme, ou figure qu'on veut lui donner..

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Tuile de differentes fortes; marque de leur bonté.

y a de deux fortes de Tuiles en general, fçavoir les plattes, & les ron des, ou courbées. Les rondes font encore de deux fortes, fçavoir celles qui font courbées fimplement en canal & en demi cercle, & celles qui font courbées en S. Les premieres font propres pour des toits fort bas, paree qu'il n'y a point de clouds qui les y arrête, & s'appellent à caufe de cela Failieres, ou Goutieres.

Pour connoître la bonne qualité de la Tuile, Brique ou Carreau, c'eft lorfqu'étant fufpenduë & frappée de quelque chofe de dur, elle rend un fon clair, c'eft une marque qu'elle eft bien cuite, & bien conditionnée, & point caffée..

Du choix de la Latte & contre-Latte.

II faut que la Latte. & contre-Latte foit de bois de Chêne, & fans aubier, autrement l'une & l'autre font fujettes à la vermoulure, & ne dure guéres..

Du choix de l'Ardoife.

forte

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L'Ardoife & d'as p. 293. Ardoise eft une forte de pierre tendre & brune qui fe leve par feuillets Le même gers, la derniere eft la plus belle & meilleure que l'autre, principalement celle qu'on appelle Rouffenoire du grand échantillon. Les Marchands ont de trois fortes d'Ardoifes d'Angers, fçavoir, la fine, la forte, & la quarrée forte; refte à prendre de l'échantillon dont on a befoin,

L

Remarque fur le Plomb.

Il n'y a point de choix à faire à l'égard du Plomb, il faut feulement remarquer qu'il eft fujet à fe tourmenter fur les couvertures, & qu'il fe caffe d'ordinaire aux endroits où il eft foudé, c'eft pourquoi il eft bon d'ordonner aux Plombiers, quand nous voulons en faire mettre en œuvre pour couvrir, qu'ils le reployent l'un dans l'autre, & qu'ils le coudent, ou qu'ils le travaillent avec couture en ourlet; cette maniere d'employer le Plomb, eft la meilleure pour la durée.

Du choix du Fer, ce qu'il y a à remarquer lorsqu'on l'employe.

L nous vient du Fer de plufieurs endroits, & dont la fabrique & la matiere le rendent plus ou moins recommandable; & comme c'eft une chofe des plus importantes dans les ouvrages où le fer doit entrer, de n'en employer que de bon; on obfervera, pour le bien connoître, ce qui fuit, & l'on commencera à s'inftruire d'où il vient.

Car par exemple, il nous vient un fer de Senonches, qui eft doux & pliant, nous en tirons de Vibray qui est plus ferme: celui de S. Dizier est plus caffant, & a le grain plus gros.

Le Fer qui nous vient du Nivernois eft un fer doux, & propre à fabriquer des armes, celui de Bourgogne ne l'eft pas tant, le Fer de Champagne eft plus caffant, celui de la Roche eft doux & fin,

La Normandie nous en fournit, dont la plûpart font fort caffans; il nous. en vient de Suede & d'Allemagne qui font excellens, ainfi que d'Espagne: ces dernieres efpeces de fer ne s'employent guéres que pour des outils, &. autres inftrumens qui demandent plus de politeffe que celui qu'on confidere pour les Bâtimens.

Quand on est bien informé de la Mine d'où le fer eft tiré, on en peut connoître la qualité, ou bien fi on veut l'éprouver, on prend une barre de fer, & fi l'on voit qu'il y ait de petites veines noires qui aillent en long, que cette barre ploye fous le marteau, & fur tout qu'il n'y ait point de gersûres, c'eft-à-dire, de petites fentes ou découpures qui traverfent, c'eft figne que le fer eft bon & pliant, mais s'il y paroît des gersûres, il caffe ordinairement à chaud, & eft par conféquent difficile à forger. On connoît encore fi le fer eft doux à la couleur qu'il a en de caffant, s'il eft noir dans la fente, c'est une marque de bonté ; il y a d'autre fer qui lorsqu'il eft caffé, paroît gris, noir, & tirant fur le blanc, celui-là eft plus rude à employer que le précedent, & convient aux Maréchaux, Taillandiers, & à ceux qui travaillent de groffes oeuvres noires, comme font les gros fers qui entrent dans les Bâtimens, & ceux dont nous avons ici befoin.

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Les Ouvriers & ceux qui ont accoûtumé à travailler en fer, en connoiffent bien la qualité en le forgeant ; car s'il eft doux fous le marteau, il caffera à froid, au lieu que s'il eft ferme, il ployera à froid, ainfi c'eft par maliee ou par ignorance quand ils ne donnent pas du fer tel qu'on leur de

mande,

mande, & convenable aux ouvrages qu'ils entreprennent pour les Parti

culiers.

Le fer eft quelque fois dangereux dans les Bâtimens, lorfqu'il eft mis dans la Maçonnerie, & dans les pierres de Taille; parce qu'il fe rouille, & en fe rouillant il s'enfle, fait caffer les pierres, & rompre les murailles. Le remede à cet inconvenient, eft de le bien étamer pour le garantir de la rouille, ou y mettre plufieurs couches de peintures.

Remarque fur le bois de Charpente.

E Chêne eft le bois qu'on eftime le plus pour bâtir; foit qu'on l'em ploye fur terre ou dans l'eau, où il n'eft point fujet à la pourriture. Le Châtaigner a fon merite, pourvû qu'il foit à couvert & non expofé aux injures de l'air, & on fe fert de l'autre pour faire des Pilotis dans les en◄ droits aquatiques.

Le bois où il y a le plus d'aubier, eft le plus mauvais de tous, parce qu'il fe pourrit bien-tôt,& devient tout vermoulu ; c'eft pourquoi il faut prendre garde quand on achette du bois pour bâtir, ou qu'un Charpentier, ou un Menuifier vous le fournit, qu'il n'y ait point d'aubier. On peut voir ce que c'eft dans le commerce du bois..

Le bois roulé ne vaut encore rien quand il eft mis en oeuvre, & un bois eft encore vitié, quand il eft échauffé, venté ou fur le retour, cela lui caufe par tout de petites taches blanches, noires & rouffes qui dégenerent peu de temps après en pourriture. On fera un détail dans le Chapitre du commerce du bois, de toutes les pieces de bois de Charpente qui font propres à bâtir, n'étant pas ici l'endroit où l'on juge à propos d'y

defcendre.

On employe encore le Sapin pour bâtir, mais il n'eft bon qu'en folives ou en Poutres, pourvû, dit un Architecte moderne, que les bouts foient enfermez ou entourez de morceaux de doffes autour des portées dans les murs, de peur que le mortier de Chaux ne les échauffe,

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Remarques fur la Menniferie.

L entre dans la Menuiferie plufieurs fortes de bois, comme le Chêne, qui doit être auffi fans aubier, bien feç quand on l'employe, crainte qu'il ne fe travaille, ou comme difent les Ouvriers, qu'il ne fe déjette, après avoir été mis en oeuvre ; c'eft le bois dont on fe fert le plus en cet Art. Les Menuifiers employent auffi beaucoup de Noyer pour les ouvrages délicats & qui demandent de la varieté fur leur fuperficie.

Il faut obferver, quand un Menuifier s'oblige à vous fournir les bois, qu'il n'y ait point trop de noeuds ou de fentes, & fouvent pour dérober ces vices aux yeux, ils prennent de la poudre ou fciûre de bois avec de la Colleforte dont ils rempliffent les défauts, & nomment cette compofition de la Futée: Il y en a qui font du Mastic avec de la Cire, de la Raisine & de la Brique pilée, ce fecret eft meilleur que le precedent, parce qu'il n'eft point fifujet à gerfer. On tâchera donc le plus qu'on pourra de développer ces

Ε

défauts, afin que la Menuiferie en foit meilleure ; tout bois vitié eft à re jetter, parce qu'on n'en fçauroit rien faire qui foit de durée.

Après avoir donné à connoître quels doivent être les materiaux propres à bâtir, pour être estimez bons à employer, il eft conftant qu'on ne peut douter qu'une pareille connoiffance ne foit très-importante pour tous ceux qui aiment à faire dépense en Bâtimens, c'est le vrai fecret, comme on a déja dit, de ne fe rien laiffer impofer par les Ouvriers, fur tout ce qui regarde cet Art.

Le peu d'application qu'on a pour ces fortes de chofes, & la confiance aveugle qu'on donne aux Ouvriers, qui la plupart ne cherchent qu'à épuifer votre bourse, font caufe tous les jours de la ruine de beaucoup de familles ; on fe fent quelque argent, on veut faire bâtir pour le befoin même · qu'on croit en avoir, tout cela eft bon, mais ce qu'on y trouve de facheux, eft de ne vouloir point entrer en détail, ni en connoiffance de tout ce qu'il convient pour une entreprise de cette nature: fouvent auffi, manque de cette précaution, on fuccombe fous le poids du Bâtiment.

Il faut donc, quand on veut bâtir, ufer de toute fa prudence, voir avant que de commencer, à quoi à peu près, l'édifice pourra revenir, & étudier avec application les prix des materiaux, afin d'en faire aprés un calcul le plus exact qu'il fera poffible. Voici la methode qu'on pourra fuivre, pour profiter de tout ce qu'on a dit dans le Chapitre précedent.

· Ufage de ce qu'on a dit dans le Chapitre précedent.

ON fuppofe donc qu'on veuille faire bâtir; on examine d'abord l'éten

due du terrain qui doit fervir d'affiette au Bâtiment, & l'on en prend enfuite les alignemens pour y creufer les fondemens, puis raifonnant en foi-même fur les prix établis des materiaux ; on dit, j'ai tant de fouilles de fondemens à tant la Toife, tant de murs à élever, qui produifent tant en long qu'en large, tant de Toifes, à un tel prix la Toife, tant de couverture pour la Tuile, felon la grandeur du Bâtiment, tant de Menuiferie, & de Charpente, ainfi durefte; après cela on fait une addition de tout, & l'on voit à quoi à peu près le tout peut monter, & fur ce calcul tiré avec beaucoup d'examen, on ne s'enfourne point inconfidérement dans fon entreprife; quoi qu'il en coûte toujours plus qu'on ne fe l'eft imaginé; mais enfin on s'y attend en quelque façon, on compte là-deffus, & on ne fe ruine pas, parce qu'on entreprend rien au-deffus de fes forces. Et pour ai der ceux qui voudront entrer en cette connoiffance & y parvenir aifément,. on a crû que quelques calculs concernans des marchandifes à tant la Toife, le Boiffeau, où autre mefure, étoient neceffaires, pour voir à combien reviendra le tout, & pour cela paffons à l'opération.

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I

Les trois quarts donneront 2 fols donneront 2 fols 3 deniers. La moitié 1 fol 6 deniers. Le quart 9 deniers. Le huitiéme 4 deniers. Les deux tiers 2 fols, & le tiers fol.

A4 Sols la Toife courante de Fouilles de Terres.

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2 L
4 f

20

4 L

Les trois quarts donneront 3 fols. La moitié 2 fols. Le quart r fol. Le huitiéme 6 deniers. Les deux tiers 2 fols 8 deniers, & le tiers 1 fol 4 deniers.

A 5 Sols la Toise de Foüilles de Terres, ou le Pied de Verre de Lorraine.

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Les trois quarts donneront 3 fols 9 deniers. La moitié 2 fols 6 deniers. Le quart 1 fol 3 deniers. Le huitiéme 7 deniers, Les deux tiers 3 fols 4 de niers. Le tièrs 1 fol 8 deniers,

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