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Maxime à rejetter.

bled a été formé, il n'y a que les fucs avec lefquels ce bled fe trouve dans la proportion neceffaire à leur fermentation & à leur accroiffement, qui peut les faire germer & croître comme il faut.

On peut dire la même chofe des differentes terres fituées en differens endroits, & dont les fucs préparez diverfement demandent qu'on leur donne des grains, dont les principes puiffent être par le fecours de ces fucs trés-bien vivifiez.

Tous les fumiers dont on vient de parler, ne s'employent pas toûjours féparement, on en fait de gros tas dans la Baffe-cour, qu'on mêle les uns parmi les autres à mesure qu'on les tire des étables&de l'écurie,l'un abonnit l'autre & corrige fes défauts. Ainfi, lorfque ces fumiers ont refté du temps entaffez, on les coupe avec la befche ou un autre inftrument, pour les charger dans le Tombereau ou la Charrette à fumier, pour enfuite les charrier aux terres, les y mettre en fumereaux, & les y répandre aprés dans tout le champ.

Du temps de fumer les Terres.

N commence à charrier les fumiers dans les terres incontinent après que la moiffon eft finie: il faut l'y répandre le plûtôt qu'il eft poffible, & le couvrir auffi-tôt de terre, autrement le grand air en fait exhaler inutilement une grande abondance de fels, qui profiteroient aux bleds, fi on n'ufoit de la précaution dont on a parlé.

Quelques-uns ne fuivent point cette maxime, ils charrient leur fumier dès qu'on a donné la première façon aux terres deftinées pour y femer les bleds: il eft fâcheux que ces gens-là ne foient point inftruits du préjudice que cela leur caufe ; car s'ils fe perfuadoient, comme ils le doivent abfolument, que ce fumier n'eft pas plûtôt mis en terre, qu'il agit puissamment, que fes fels dans une continuelle agitation cherchent à fe porter à ce qui peut avoir des rapports à eux, comme par exemple, aux méchantes herbes, dont la néchanique eft prefque fufceptible de toutes fortes de fucs: fi ces gens-là, dis-je, vouloient entrer en connoiffance de ce mouvement, ils jugeroient bien qu'il ne fe peut faire fans une très-grande diffipation de ces fels, qui ne fe réparent point après, quand on feme le bled dans les terres ainfi fumées, au lieu que lorfqu'on ne fume ces terres qu'au dernier labour qu'on leur donne avant que de les femer, le fumier qu'on y met y profite autant qu'on le peut fouhaiter, la femence en reçoit tout le fuc qui en fort, & par ce moyen elle fe multiplie & fait prendré aux plantes qu'elle jette une très-belle croiffance.

Si l'on pouvoit ne répandre les fumiers que par un temps fombre, & qui nous donnât de la pluie un peu après,la terre n'en vaudroit que mieux, parce que les parties de l'engrais qui concourent à la vegetation ne s'évaporeroient point tant, l'humidité les fixeroit, & toute la femence profiteroit.

Il faut donner du fumier aux terres autant qu'on juge qu'elles en ont befoin, plus aux unes qu'aux autres, & felon qu'elles font par elles-mêmes plus ou moins fubftantielles ; la prudence du Laboureur qui a coûtume de manier fa terre, & qui doit en connoître la nature, décide or

dinairement de ce fait. La maniere de répandre ce fumier eft fçûë de tous ceux qu'on y employe, c'eft pourquoi il eft inutile d'en rien dire ici, il faut feulement obferver que ce fumier foit répandu par tout, le plus également qu'on pourra.

Il y en a qui font du fentiment que les fumiers récemment fortis de def fous les beftiaux profitent plus aux terres que celui qu'il y a long-temps qui refte en monceaux dans la Baffe-cour, on ne fçait quel jugement pofitil on doit affeoir là-deffus, lorfque nous experimentons tous les jours que les fumiers bien entaffez de longue main, & placez dans un endroit qui leur convienne, produifent d'aufli bons effets que les premiers, ainfi ce fcrupule n'arrêtera nullement les Laboureurs.

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Et de tout ce qu'il y a à obferver à l'égard des Semences, avec la
maniere de les bien femer, & à propos.

A
d'entrer dans le détail de tout ce qui regarde les femailles
d'Automne, nous commencerons ce Chapitre par la peinture admira-
ble de ce que la nature fait des femences que l'on confie à la terre: nous
fommes redevables de cette idée à ce grand Orateur Romain, qui a parlé
fi avantageusement de l'Agriculture.

Après, dit-il, que le foc a ouvert & ramolli la terre, elle reçoit & ca-,,
che la femence dans fon fein ; & ayant renflé & ratendri le grain par le,,
fuc qu'elle lui communique, ellefl'ouvre & en fait fortir une pointe ver-,,
doyante, qui nourrie & foutenue par fes racines s'éleve peu à peu, &,,
pouffe un tuyau fortifié
par
des noeuds ; l'épi s'y trouve enfermé dans une,,
efpece d'étui où il acheve petit à petit de fe former, & d'où il fort enfin
dans fon temps, & fe prefente à nos yeux dans tout l'appareil de fon ad-
mirable structure & muni de pointes hériffées, qui lui font comme une,,
paliffade contre les infultes des petits oifeaux : tel eft l'ordre naturel que„,
la terre fuit dans fes productions.

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Et telle eft la vertu qu'elle communique aux femences qu'on lui confie: mais comme cette terre eft fufceptible d'alteration, & qu'il ne faut que cela pour contrevenir à cet ordre, on tâche d'en prévenir l'inconvenient par tout ce qu'il y a à obferver dans l'Agriculture, & particulierement à l'égard des femences qui font les principes de toutes les plantes.

Du temps des femailles d'Automne, & du choix des Semences.

N entend par la femaille de l'Automne le temps auquel on doit fefaint Martin, plûtôt en des païs qu'en d'autres ; cette remarque eft gc

Cic. de Sencct. c. 15.

convena b

.

nerale, mais on efpere là-deffus defcendre dans un détail plus particulier à l'égard de chaque femence de cette faifon, après qu'on aura parlé du choix qu'on doit faire des femences. Le plûtôt qu'on peut faire la femaille, en quelque païs que ce foit, c'eft toûjours le meilleur.

Le choix des femences eft l'un des plus importans articles de la culture des terres à grains, c'eft d'elles que dépend le plus la fecondité des terres, car on auroit beau avoir donné tous les labours neceffaires à ce champ & l'avoir bien fumé, tous ces foins feroient inutils, fi le grain étoit alte ré; on auroit beau le jetter en terre, toute la matiere qui devroit en penetrer la fubftance, agiroit en vain.

Qu'il la Il est encore neceffaire de choisir la femence, dont la mechanique ait des faut choifir rapports de convenance avec les fels des terres qui doivent lui donner l'accroiffement, c'eft-à-dire, qu'on ait experimenté que le froment, le méaux terres. teil ou le feigle, qui font les femences ordinaires de la femaille d'Automne, viennent mieux en certains terroirs qu'en d'autres, comme par exemple, il y a des terres où le méteil croît heureufement, d'autres qui ne font propres qu'à rapporter du feigle, ainfi du refte,&qui iroit confier à ces terres d'autres femences, celui-là perdroit le plus fouvent fa peine & fon temps à les cultiver.

Changement de fe

mences, quelquefois

neceДaires.

Il y a auffi une autre chofe à obferver en fait de femence. Les terres quelquefois veulent qu'on en change, c'est-à-dire, qu'après les avoir enfemencées de froment, de méteil ou de feigle, il faut y mettre de l'orge, de l'avoine ou d'autres femences de la femaille du printemps ; c'eft ce qui s'experimente tous les jours, foit parce que ces terres font épuifées de fels, & qu'elles n'en ont pas fuffifamment pour faire vegeter parfaitement le même grain, & que pour en récouvrer de nouveaux, il faut que ces terres ayent d'autres femences qui en demandent moins, pour après les laiffer repofer; ou foit plutôt que les fels de ces terres, qui font agitez par la matiere étherée, ne trouvent plus dans la tiffure de ces mêmes femences par les rapports de convenances qui manqueroient entre elles, des iffuës pour s'y introduire, & qu'il faut pour cela que ces fels reprennent de nouvelles difpofitions pour agir avec plus de fuccés, ce qui ne fe peut faire qu'en changeant de femences, & que par le repos qu'on donne à certaines terres.

Ce n'eft pas, comme nous l'avons déja dit, qu'il y a des terres d'une heureuse conftitution, & qui produifent du froment plufieurs années de fuite. Quand on en a qui font fi fertiles, on fe donne bien de garde de leur changer la femence, le froment vaut toûjours mieux que tous autres grains qu'on y puiffe femer.

D'autres veulent que trois ou quatre ans après qu'on s'est servi fucceffivement d'un même bled pour enfemencer ces terres, on en prenne d'autre que celui qu'elles ont produit, & qu'il foit crû dans un autre climat; ils prétendent qu'il en vient plus abondant: mais comme en fait d'opinions, il eft difficile de détruire la prévention, fur tout à l'égard du vulgaire, qui eft entêté, on le laiffera agir en cela comme il voudra, puifqu'il ne fçauroit mal faire d'une.& d'autre maniere, pourvû que fon guéret foit bien choifi; fauf neanmoins qu'il permettra qu'on dife qu'on a vû dce

puis long-temps, & qu'on voit encore tous les jours par l'experience qu'un grain forti d'un même terroir & femé annuellement dedans y a très-bien réüffi, c'eft pourquoi on laiffe le champ libre là-deffus.

bon bled.

De quelque efpece que foit le bled qu'on veut femer, il faut pour être Marque de bon, qu'il ait acquis fa maturité, qu'il foit pefant, de belle couleur, felon ce qu'il eft, qu'il ne paroiffe point alteré, ni ridé, & qu'il fonne bien dans la main qnand on l'y faute : avec toutes ces qualitez, un grain de bled ne fçauroit que multiplier abondamment, quand la terre à laquelle on l'a confié n'a point manqué de culture.

On bat les femences pour l'Automne, particulierement le feigle peu de temps après la moiffon, ou dans le temps feulement qu'on en a befoin pour femer; il faut des bleds qu'on recueille, toûjours choifir le meilleur & le mieux nourri, & le bien vanner pour le nettoyer du mauvais grain qui peut s'y trouver. Il eft bon d'y prendre garde, quand on veut femer du froment, qu'il n'y ait point d'yvroye parmi, & s'il s'y en trouvoit, il faudroit non-feulement le purger de cette maudite engeance par le fecours 'du van, mais même prendre ce froment gerbe à gerbe, & en tirer les épics de froment avec ceux de l'yvroye feparément l'un de l'autre pour fe fervir du premier & rejetter l'autre.

Il arrive un effet affez remarquable dans l'yvroye, auquel il n'eft pas Remarque mauvais de faire faire attention: le voici. Ce grain, comme on fçait, ne fur l'yprovient que d'un froment corrompu, & dont les principes ont été alte- vroye. rez de maniere que, de bien-faifant qu'il étoit, il devient très-pernicieux. Nous ne cherchons point ici à approfondir les caufes de ce changement, nous dirons feulement qu'on obferve que le froment fe revêtit de ce mauvais caractere dans les années pluvieufes, & dans les temps trop humides; c'est donc à la trop grande humidité qu'on doit attribuer ce défaut, & cela eft fi vrai, que fi l'on prend de l'yvroye pur, qu'on le feme dans un terrein leger & pierreux, & que l'année ne foit point pluvieufe, ce grain, de mauvais qu'il étoit, devient un beau froment, bien nourri, & rempli d'une farine propre à faire de très-bon pain ; ce qu'on dit n'eft fondé que fur l'experience, la chofe eft aifée à pratiquer, on peut s'en

rendre certain.

Q

Experience pour bien choisir la femence, & d'une erreur au fujet des

Bleds propres à enfemencer les Terres.

Uelques-uns avant que de femer le bled le mettent imbiber dans reau pour en faire un jufte choix ; & pour cela ils laiffent tremper ce grain pendant cinq ou fix heures, puis avec une écumoire ils ôtent entierement celui qui nage, & ne fe fervent pour femer leurs terres, que de l'autre qui eft defcendu au fond; cette méthode n'eft point à rejetter, & elle a même dans fon principe quelque chofe qui paroit fort probable, outre qu' elle avance la germination du bled.

Quand ce bled a été ainfi éprouvé, on le tire de l'eau, on l'expose fur des draps au foleil, on l'étend & on le remuë de temps en temps pour le

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faire fecher, & lorfqu'il ne tient plus à la main, on le prend pour le femer. Toute cette manoeuvre fe fait en peu de temps, & pendant que le Labou reur & fes animaux prennent leur repas.

On prend toûjours le bled de l'année pour femer les terres, parce qu'il eft plus à portée qu'un autre, que fouvent on n'a pas, & qu'il faudroit acheter, en voilà la feule raifon, & il eft furprenant de voir la fauffe idée de tous ceux, ou peu s'en faut, qui fe mêlent de l'Agriculture, fe font formée des bleds propres à enfemencer les terres ; ils ne fe font pas feulement contentez de douter, fi celui d'une année ou de deux feroit bon pour cela, ils ont même toûjours foutenu opiniâtrement qu'il ne valoit rien, qu'il en falloit du nouveau, & que ce feroit perdre abfolument du grain, fi on en agiffoit autrement.

L'experience contraire qu'on en a faite en 1709. qui a été une année très fatale à prefque toute l'Europe, & dont le fouvenir fait encore horreur par la famine qu'on y a foufferte, doit fuffire pour détromper ceux qui difent que le bled de deux ans n'eft point propre à femer, lorfqu'on en a vû enfemencer des champs très-fpacieux, & multipler à fouhait.

On ne voit pas fur quel fondement ce principe puiffe être établi, il n'y a que la feule experience du bled d'un ou de deux ans qui auroit manqué, qui pourroit confirmer cette opinion; mais comme ceux qui la foutiennent n'ofent produire que leur curiofité les ait pouffé jufques-là, puifque cette tentative ne pourroit que les convaincre d'erreur, on a lieu d'efperer qu'on fe laiffera aller en cela à ce qui peut approcher le plus de la verité, fuppofé qu'on fe trouve dans le cas de n'avoir point d'autres grains à femer que de celui d'un ou de deux ans, car fi on en a du nouveau, il eft inutile d'en aller chercher ailleurs..

Beaucoup des Laboureurs mettent tremper leur femence dans une eau mêlée & délayée de fiente de Vache, ou d'autre fumier bien gras, prétendant par-là avoir attrappé le fecret de faire multiplier les bleds; mais comme ces fumiers n'ont pas des fels affez volatiles pour operer ce qu'ils cherchent en eux, il fuffit que l'eau dans laquelle on a mis ces femences, enflent le grain, & qu'elle en avance la vegetation, fans en rien efperer davantage.

D'autres jettent du nitre parmi les grains qu'ils doivent femer, afin qu'ils rempliffent mieux leurs caplules, qui d'ordinaire les reprefentent plus gros qu'ils ne font ; cette maxime fe pratiquoit beaucoup anciennement, mais on en eft prefque entierement revenu. On ne s'avife plus gueres auffi de faire tremper les femences, on ne blâme point neanmoins ceux qui le font, ils prennent, comme on a dit, le grain qui va au fond', & ramaffent celui qui nage, dont ils fe fervent pour mettre au moulin, & en tirer ce qu'il peut y avoir de farine, ou bien ils le donnent à la volaille.

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De la quantité de femence qu'il faut pour femer un arpent de terre.

Lyena qui déterminent la quantité de femenee qu'il faut pour enfemen

teil, chaque boiffeau pefant feize livres ; d'autres difent qu'il en faut neuf

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