Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ou dix, fuppofé que l'arpent ou l'acre contienne cent perches quarrées, on fe reglera à proportion fur le plus ou le moins d'étendue qu'auront les pieces de terres conformément à l'usage des lieux ou elles feront fituées.

La bonne maxime en matiere d'Agriculture, ne veut pas qu'on charge tant. une terre maigre de femence, qu'une autre dont le temperamment eft fort fubftantiel ; il y a cependant des Agriculteurs qui font d'un fentiment contraire, fondez en ce que la bonne terre, difent-ils, ne multiplie toûjours que trop les principes de la germination, d'où il arrive qu'un grain de bled produit plufieurs épics, & que par-là, il eft inutile de charger cette terre de tant de femence, au lieu qu'une terre maigre en veut davantage pour apporter bien du grain, chaque femence ne donnant qu'un épic; ce dernier Taifonnement qui eft faux fe détruit par lui-même, & fait valoir le premier, puifqu'il eft conftant qu'où il y a peu de fels dans une terre, il n'y faut que peu de grain pour les faire multiplier, parce que ; fi on en charge beaucoup cette terre, tout le grain germera: mais il en reftera la plupart qui ne produira que de l'herbe.

If eft conftant que plus on feme tard. & plus les terres font humides, plus il faut de femence pour emblaver un arpent, car alors il s'en perd toûjours beaucoup.

femer les

bleds.

Le mois d'Août n'est pas plûtôt paffé qu'on commence à fe mettre en Temps de devoir de femer le feigle, c'eft par ce grain que fe fait l'ouverture de la femaille, afin qu'il ait le temps de fe fortifier pour mieux refifter aux rigueurs de l'hyver; enfuite viennent les orges quarrez, puis le méteil & le froment aprés. Il y a des païs où on feme le feigle dès la fin du mois. d'Août.

Quand les femailles font ouvertes, il ne faut point perdre de temps à enfemencer les terres, les pareffeux y perdent toûjours; ce n'eft pas qu'il y a des païs où ce travail fe fait bien plûtôt qu'en d'autres, c'eft l'ufage qui

doit décider là-deffus.

Le Seigle veut être femé dans les terres féches, legeres ou fabloneufes, il ne fe plaît point dans les terres fortes & humides, & vient très-bien dans les climats temperez.

Du Seigle

Le Méteil qui eft un compofé de froment & de feigle, vient bien dans Du Méteils les terres d'un moyen temperamment ; ce n'eft pas qu'il multiplie beaucoup dans les terroirs propres au froment, & c'eft-là ordinairement où il faut le femer.

Quant au Froment on le feme au mois d'Octobre, & toûjours après quelques pluyes, s'il fe peut. Il faut de l'humidité au froment pour agiter fes principes & le hâter de pouffer; les fromens femeras, dit l'ancien proverbe, en la terre boüeufe ; ce fera donc toûjours le plûtôt qu'on pourra, dans les faifons convenables qu'on enfemencera les terres, car felon le dire de nos Peres, il vaut mieux s'avancer que de reculer à jetter la femence

en terre.

Du Fro

ment.

On appelle ce grain orge quarré, parce qu'il a une figure quarrée, on Orge quars le nomme ailleurs orge chevalin, à caufe qu'il eft très-bon pour engraiffer ré. les Chevaux ; il eft d'un très-grand fecours aux pauvres gens à caufe de fa prompte maturité, & qu'on le moiffonne le premier & dans le temps que

re rus. l. I. 2. 6.

le bled manque aux perfonnes qui ne font point à leur aife à la campagne :
& comme ce bled fe moiffonne promptement, auffi faut-il le manger de
même, n'étant point long-temps de garde, c'eft pourquoi on n'en referve
ordinairement que pour femer: on feme cet orge après le feigle..

Des marques du veritable temps auquel il fait bon femér.

les feuilles des arbres commencent à tomber d'elles-mêmes,

Séités ques a veuillent qu'il fait bon femer, de même que forfque les

araignées étendent leurs toiles fur la fuperficie des guérets; car cet insecte
ne file jamais en Automne, que le ciel ne foit difpofé à nous donner du
beau temps.

La veritable femaille des bleds dure fix femaines & gueres davantage, en quelque temps qu'on puiffe la commencer dans toutes fortes de climats; Palladius de cependant quelques Agriculteurs anciens difent que quinze jours plûtôt ou plus tard, ce n'est point une affaire qui doive caufer aucun fcrupule, & en effet on voit tous les ans confirmer cette verité. Cependant il eft toûjours plus sûr de labourer pendant le beau temps, labourez & femez tout Virg.Geor. nud, dit Virgile, Hefiode avoit été avant lui de ce fentiment, c'est-à-dire, fans être émbaraffé d'aucun vêtement, ce qui ne fçauroit fe faire que lorf que le temps le permet.

[ocr errors]

De la maniere de bien femer.

I
L faut d'abord avoir pour maxime, quand on feme, de répandre la fe-
mence le plus également qu'il eft poffible par tout le champ, le bled en
croît mieux, parce qu'il profite par tout des fels dont la terre eft remplie,
outre qu'un champ mal femé eft défagréable à la vûë, paroiffant garni d'un
côté & dépouillé de l'autre. Ces endroits vuides produifent auffi beaucoup
de mechantes herbes, ce qui incommode les touffes de bled qui en
font proches. Il y a des pais où après que le bled eft femé & couvert
de terre, on paffe la herfe fur le guéret ; d'autres où ce travail ne fe prati-
que pas, on ne blâme point l'une & l'autre maniere, & tout l'avis qu'on
peut donner là-deffus, c'eft de fe conformer aux coûtumes des païs
l'on demeure.

Qu'on fe fouvienne fur tout de couvrir par tout le bled, fi-tôt qu'on l'a mis en terre, & que le femeur n'en répande qu'autant qu'il en peut couvrir; le femeur, quelque bonne main qu'il ait, jette une partie du bled dans le fond du fillon, où en roulant, ce grain s'ammoncele auffi, ce qui fait que le champ n'eft pas femé également ; or, pour corriger ce défaut, on prétend qu'il n'y a qu'à paffer la herfe par-deffus le guéret, quand il eft femé; il n'y a que dans les terrespierreufes, où cet inftrument eft inutile & où il faut fe contenter du foc.

Un femeur qui veut bien recouvrir fa terre doit fe regler au temperamment dont elle est, c'est-à-dire, mettre de la terre fur le bled plus cu moins que la terre eft forte ou legere, le grain dans celle-ci voulant être plus couvert que dans l'autre,

D'AGRICULTURE. Liv. HI:

349 Comme la maniere de labourer les terres differe l'une de l'autre en bien des païs, on ne fixera rien ici fur cet article, au contraire on confeillera toûjours de fuivre l'ufage des lieux où l'on eft, & de n'y point introduire de nouveautez, car fouvent en voulant bien faire, on gâte tout.

De la germination des Bleds.

DE's que la femence du bled eft jettée dans la terre, les fucs qui font proportionnez à fa tiffure commencent à la penetrer & à la dilater. La racine eft la partie de la plante dont l'accroiffement se manifefte le plûtôt, lequel tend toûjours en bas ; c'est un effet de la matiere fubtile, qui dans fon mouvement, penetre les pores de la terre, & continuë d'agir jufques vers le centre de la plante; les pores de la femence fe dilatent pour lors, & la femence commence à fe déployer & à germer.

Et comme les fucs qui s'introduifent dans la femence, ont un mouvement de la furface de la terre vers le centre, ils n'y font pas plûtôt entrez qu'en formant le parenchime de l'écorce, ils trouvent des pores en long; car les femences ont les mêmes, difpofitions que les plantes-mêmes, par lefquels ils continuent leur mouvement en bas, où ils font croître la racine avec la même détermination.

C'eft de cette maniere qu'il faut concevoir que la force végetative dans la racine se fait en bas ; mais il faut un mouvement oppofé pour élever la tige fur la terre: voici à peu près l'idée qu'on peut s'en former.

Premierement, ce même mouvement qui les pouffe en bas peut être la caufe pourquoi une portion s'éleve; car il eft aifé de fe figurer que lorfque la matière éthérée a pouffé les fucs qu'elle a infinué dans la femence jufqu'à l'extremité de la racine, elle peut s'échapper par les pores des envelopes qui la couvrent ; mais les fucs qui font entrez en grande quantité, & qui ont déja dilaté la fubftance interieure du parechime, doivent s'arrêter ou paffer ailleurs : la premiere idée eft impoffible, donc il faut qu'ils paffent outre dans d'autres pores, dans la mouelle & dans le corps ligneux, qui n'étant qu'un tiffu de fibres, s'étend du bas en haut, ou des pores en long; tellement qu'à mesure que ces fucs defcendent par la difpofition du parenchime de l'écorce vers la racine, il en monte dans la mouelle & dans le corps ligneux; puis fucceffivement & journellement toutes les parties de la plante s'allongent jufqu'au période qui lui eft marqué par la nature; paffons à prefent aux femailles du Printemps.

Virg. Geor 1.1.

Froment de
Mars.

Avoine;

CHAPITRE

VII.

SE MAILLE DU PRINTEMPS.

Quand labourer les Terres pour femer les Mars ; diverfes inftructions
fur cette matiere,

Ars au plurier fignifie les menus grains qu'on feme au mois de Mars, comme les Avoines, Orges, Pois, Vefces, &c. Il y a des endroits où on les appelle Marfois ou Marfez, en d'autres, Semaille du Printemps, & ailleurs, Tranfaille, de tranferere, qui veut dire refemer,.parce qu'en effet on refeme les terres qu'on a moiffonnées l'Eté précedent, ou celles qui ont manqué de porter le bled qu'on y auroit femé en Automne. On dit alors les Tremois,à cause que les femences qu'on feme au Printemps n'ont que trois mois pour être moiffonnées,

[ocr errors]

Des Semences du Printemps, & quand commencer cette femaille.

au Miller, de Bled de Turquie, e sed Es grains qu'on feme au Printemps font ordinairement le Froment de

[ocr errors]
[ocr errors]

noir, le Ris, le Panis & le Safran; toutes ces femences, ainfi que celles de l'Automne doivent être bien choifies.

دو

رو

par la

Au commencement du Printemps, lorfque les neiges fondues commen,, cent à couler des montagnes, & que la terre humectée fe diffout douce temperature de l'air. Faites-moi gémir vos Boeufs fous la Charrue ,, enfoncée, dit Virgile, & que vôtre foc devienne luifant à force de labou ., rer la terre : c'eft en effet en ce temps qu'il faut que le Laboureur commence à s'exercer.

Nous commencerons nôtre femaille par le Froment de Mars appellé en certains païs Bled rouge, parce que la femence en eft effectivemont rouge, Ce bled fe feme au mois de Mars dans une terre laiffée exprès, cultivée de quelques labours avant l'hyver, & bien amandée; il faut que ce folt une terre à froment, autrement il croîtroit fort alteré, & en petite quantité. S'il arrive quelquefois que les pluyes trop frequentes empêchent qu'on n'enfemence en Automne certaines terres fujettes à s'imbiber trop d'eau, pour lors on laiffe ces terres jufqu'au Printemps, & on y met du froment de Mars. Il feroit à fouhaiter qu'on cultivât plus de ce grain qu'on ne fait, on s'en trouveroit très-bien, principalement dans les années où les terres manquent de rapporter.

Les Avoines viendront enfuite, & il faut toûjours choifir les plus noires, parce qu'elles font les meilleures, le grain en doit être gros, pefant, & non ridé. Il y a des Avoinès blanches, mais elles ne valent point les premieres. Plûtôt l'Avoine eft femée, plus elle fe multiplie & devient belle ; il faut prendre garde quand on la bat qu'elle n'ait point été échauf

fée dans le tas, car cela fuffit pour détruire en elle les principes de la vege

tation.

La veritable faifon de l'Orge pour être mis en terre, eft les mois de Mars Orge. & d'Avril, il veut une terre plus legere que pefante, plus féche qu'humi de, & qui foit neanmoins fubflantielle. L'Orge veut de temps en temps être arrofé par des pluyes, il en vient plus abondant, au lieu que dans les années féches il ne croit qu'épars çà & là.

Il faut femer le Millet dans une bonne terre bien labourée & bien aman- Millet. dée, le corps en doit être leger, & rempli de beaucoup de fels. Les pluyes d'Eté qui viennent de temps en temps aident beaucoup à donner l'accroiffement au Millet. Ce grain multiplie beaucoup, & veut qu'on le feme très clair & fouvent, quelqu'attention qu'on faffe à cette femaille, le Millet, à eaufe de la petiteffe de fa femence, tombe toûjours fi dru, qu'il fe nuit en eroiffant, au préjudice du Laboureur; il faut farcler le Millet fi-tôt qu'on yoit qu'il en a befoin.

Le Millet eft le plus petit de tous les grains, c'eft une efpeee de petit Bled, dont les feuilles reffemblent à celles des rofeaux; fon tuyau s'éleve à la hauteur d'une coudée, quelquefois davantage en certains païs. Il eft gros, noüeux & cotonneux, les épics en font chevelus, épars çà & là, & penchans dès la cime: ce grain eft petit, rond, luifant, ferme, plus jaune dans des faifons que dans d'autres & revêtu d'une envelope très-mince. Quand le Millet a produit fon épy, & que le grain y eft formé, on l'arrache, puis on le fait fécher au foleil pour le conferver plus long-temps.

Mais pour defcendre dans un détail plus grand fur celui qui regarde la culture du Millet, on le feme environ le huitiéme Juin, & toûjours par un temps fombre, ou après que le foleil eft couché: il faut le couvrir auffi-tôt de terre, il en germe plûtôt & en devient plus beau. Il faut herfer le champ pour bien faire deux ou trois fois de fuite pendant trois jours, & dès le grand matin avec une herfe garnie de bonnes dents, & d'un fagot d'épine attaché à la queue:plus la terre où on a femé leMillet eft humectée de la rofée du matin ou des petites pluyes qui furviennent pendant la journée, mieux le Millet germe & vient en plus grande abondance; car alors il eft défendu des ardeurs du foleil qui l'alterent quand il en eft trop rudement frappé.

Il faut farcler le Millet au mois de Juillet, car comme dit un ancien Proverbe,

Qui veur bien emplir fon vaisseau,

Son Miller farcle étant nouveau.

Il y a une espece de Millet qui eft plus gros qu'à l'ordinaire, & que les Italiens appellent Spargote, il ne craint pas tant la fechereffe que le Millet de la petite efpece, & rapporte affez, pourvû qu'il foit bien cultivé, mais on eftime bien plus le dernier. Les Contrées très-fertiles en Millet, font le Bearn & le Bigorre.

Il croît parmi le petit Millet, une efpece de Millet noir, dont les feüilles font plus étroites que celles de l'autre, ce qui le fait connoître lorf

« AnteriorContinuar »