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De la Voüéde, du Pastel, de la Garance, de la Gaude & du Safran, avec la maniere de cultiver ces Plantes. Leurs proprietez.

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DU PASTEL.

E Pastel ou Guefde vient d'une graine qu'on feme tous les ans au commencement de Mars: les feuilles de cette plante reffemblent à celles du Plantin.

Les moyens d'avoir du bon Pastel confiftent dans le choix qu'on doit faire d'une bonne terre, bien substantielle, amandée de bon fumier & cultivée de tous les labours qui lui conviennent. La terre legere ni la fabloneufe ne valent rien pour le Paftel, celle qui eft graffe en produit beaucoup plus, mais celui qui croît dans les terres qui font médiocres, c'eft-à-dire, qui tiennent le milieu entre les terres legeres & les terres graffes, a plus de force & plus de couleur.

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Du choix de la femence du Paftel.

N ne fçauroit avoir de bon Pastel fi on ne feme de bonne graine, & pour n'y point être trompé, il eft bon de fçavoir qu'il y en a de deux fortes, dont la graine fe reffemble, mais non pas la feuille.

Le veritable Pastel a la feuille unie & fans poil, au lieu que le faux Paftel appellé Pastelbourg ou Bourdaine, l'a veluë, tellement que pour en avoir telle quelle eft à fouhaiter, il faut en ôtant les mauvaifes herbes. arracher en même temps tout le Pastel bâtard, & les feparer d'avec celui qu'on voudra conferver pour la femence, qui par ce moyen fe trouve parfaite.

Cette plante croît en Languedoc, dans les Diocefes de Touloufe, faint Papoul, Mirepoix, Lavaur & Alby. Il fe fait quatre recoltes chaque année de cette plante, qui font très-bonnes.

Comment cueillir le Paftel & l'accommoder.

LE
E revenu du Paftel confifte en fes feuilles, qu'on recueille felon l'or-
dre de leur maturité, ce qui fe connoît lorfqu'elles commencent à
prendre couleur par les bords. Il ne faut point alors differer de cueillir ces
feuilles crainte qu'elles ne meuriffent trop, outre que cela en diminuëroit
confiderablement la recolte. On arrache les feuilles de leurs tiges, puis on
les porte à l'ombre pour les flétriť.

Čes récoltes ne font pas toûjours égales dans leur produit, car quoique la premiere fois foit ordinairement plus abondante que la feconde, la feconde que la troifiéme, & la troifiéme que la quatrième ; il arrive ce

pendant quelquefois le contraire, lorfque les pluyes font trop frequentes au Printemps, & même au temps de la récolte, & que les autres faifons fe trouvent plus temperées, plus chaudes & plus feches. La trop grande humidité rend la feuille du Pastel plus grande & plus mouëlleufe, ce qui en diminue la force & la fubftance, cette plante peut auffi fe cultiver en plufieurs autres Provinces de France; mais peut-être avec moins de fuccés, à caufe des differens dégrez de chaleur: on peut en faire quelques experiences, & ce n'eft qu'en experimentant qu'on trouve le moyen de faire Aleurir les Arts.

Outre les quatre récoltes dont on a parlé, il y a des Païfans qui en font encore une cinquième, & quelquefois une fixiéme, qu'on nomme communement marouchins, & quoique la cinquiéme fe trouve quelquefois affez bonne, lorsque l'Automne eft chaude ou feche, la fixiéme ne vaut jamais rien, ou fort peu de chofe, le foleil n'ayant plus affez de force pour pouvoir mûrir la feuille du Pastel, & lui donner la force & la fubftance qui lui conviennent.

Il n'y a perfonne dans les païs où croît le Pastel qui ne connoiffent lorfqu'il eft mûr, & le temps qu'il faut le cueillir; mais il y en a qui pour roient ignorer la raifon pour laquelle on laiffe quelque temps flétrir la feuille avant que de la mettre fous la roue pour la broyer: ce foin qu'on prend ne contribuë qu'à pouffer plus loin fa maturité, & lui faire perdre par-là une partie de fon fuc huileux, qui eft contraire à la bonne qualité du Paftel.

On laiffe auffi le Pastel huit ou dix jours en pile après qu'il a été moulu, obfervant de bien boucher les fentes & les crevaffes qui s'y font journellement pour le laiffer égouter de l'humeur fuperfluë qui lui refte.

Après qu'on a ainfi apprêté le Paftel, on le met en petites boules femblables à des petits pains, qu'on appelle Cocs ou Cocaignes; on le porte aprés fecher à l'ombre fur des clayes mifes exprès fur chaque moulin, d'ou on le tire pour le conferver après dans une chambre ou dans un magasin, jufqu'à ce qu'on veuille pefer les cocs & les mettre en poudre, ce qui fe fait pour l'ordinaire aux mois de Janvier, de Février ou de Mars.

Le Pastel étant rompu avec des maffes de bois, on le moüille avec l'eau la plus croupie qu'on puiffe trouver, pourvû qu'elle n'ait point d'odeur qui infecte, & qu'elle ne foit point fale ni graffe: ce Pastel étant également bien mouillé par tout, & l'ayant blen mêlé pour lui faire prendre fon eau, on le remuë de temps en temps pendant quatre mois, du moins trente-fik fois, & même jufqu'à quarante, afin qu'il ne s'échauffe point, & que fon eau le penetre par tout, cela fait, on l'emballe pour le tranfporter dans les Provinces où le débit s'en fait. Le vieux Pastel eft toûjours le meilleur, & quand il eft bon, il s'abonnit toûjours de plus enplus pendant fix ou sept ans, & même jusqu'à dix.

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De quelques Remarques fur le Paftel.

'Il arrive que le temps pluvieux faffe dégenerer le bon Pastel en Bourdaigne, il faut avant que de le cueillir, le purger des mauvaises her

Sa culture.

Tems propie á la Garance.

Sa culture.

bes, en arracher la Bourdaigne qui confomme la fubftance dont le bon Paftel devroit profiter, & qui fe charge de terre dans les feuilles, cette terre préjudiciant beaucoup à la bonté du Paftel.

Il faut bien fe garder de cueillir le Pastel tout mouillé encore de la rofée, ni de mêler aucunes herbes étrangeres parmi fa feuille, parce qu'il n'y a rien qui lui foit plus contraire. Ces herbes alterent la couleur du Pastel, & le rendent par-là bien moins eftimable.

Le pcu de force & le peu de fubftance qui fe trouve quelquefois dans le Pastel provient du défaut de fa culture, on ne fçauroit dire combien cette negligence lui eft préjudiciable.

La Voüéde.

par

A Voüéde eft une espece de Pastel qui croît en Normandie, elle a bien moins de force & de fubstance le Pastel que le défaut du terroir & de la chaleur qui n'eft pas affez grande en ce climat. On cultive la Vouéde comme le Pastel, il eft inutile de s'étendre làdeffus davantage, on peut confulter l'article ; ce qui peut fervir pour l'un eft utile à l'autre, & ce qui eft contraire au Pastel l'est aussi à la Voüéde: il faut feulement obferver que le païs étant des plus temperez, & la Voüéde fort foible, on n'en peut faire que très-peu de récolte ni le moüiller que foiblement.

L

La Garance.

A Garance eft une racine qui vient naturellement dans la plupart des Provinces du Royaume, elle fe cultive avec foin dans la Flandre & dans la Zelande; la meilleure fe recueille aux environ de l'Ifle, & quoique cette racine foit d'un grand revenu, fa culture eft neanmoins trèsfacile; elle croît dans les terres médiocrement humides, comme dans des marais deffechez, il faut cependant empêcher que l'eau n'y croupiffe, parce qu'elle pourriroit cette racine.

Les terres dans lesquelles on defire femer la Garance doivent avoir été bien labourées & bien fumées avant l'hyver; s'il s'y trouve quelques terres fabloneufes & aufquelles ont ait donné de frequens labours, la Garance y croît très-bien: ces terres font meilleures pour la Garanciere que les terres fortes & argileufes qui empêchent que la plante qu'on y commet ne groffiffe à fouhait ; les terres trop feches ne font point propres encore pour la Garance, qui veut de l'humidité. Telles font bien des efpeces differen tes de plantes qui croiffent plûtôt dans des païs froids que dans des païs chauds, chaque efpece étant d'une tiffure proportionnée à des fucs qui s'exaltent dans le terroir où on les met.

A

Quand femer la Garance, & du temps d'en faire la récolte.

Près
que la terre a été bien préparée, on feme la Garance au mois
de Mais, il faut la femer un peu dru, foignant après qu'elle eft fe-

mée de la couvrir avec le rateau ou la herfe, pour rendre la fuperficie de la terre plus unie, ce qui facilite beaucoup à en farcler les plants & à en détruire les méchantes herbes qui leur nuifent beaucoup, particu lierement quand ils commencent à croître. Cette operation fe fait à la main fans le fecours d'aucun outil, crainte d'endommager les racines de la Garance, qui font encore tendres, & qui eft l'objet en confideration duquel on la cultive; ce foin n'eft pas bien extraordinaire, & c'eft prefque le feul qu'on donne à la Garanciere pendant huit ou dix ans qu'elle fubfifte en fa force,

Comme la racine de la Garance eft le profit qu'on en tire, il est à propos de la laiffer groffir avant que de l'arracher; il lui faut pour cela dixhuit mois: c'eft ordinairement au mois de Septembre que fe fait cette récolte; & pour cela on obfeve d'abord, quand la graine de la Garance eft mûre, de la recueillir & d'en couper après les feuilles & les tiges rez terre, puis découvrir les racines de terre pour les obliger à groffir. On les laiffe ainfi jufqu'en Septembre, comme on a dit, qu'on arrache les plus groffes, & ainfi confecutivement d'année en année, pendant le temps qu'on a marqué, que la Garanciere demeure toûjours peuplée, foit de racines qu'on y a laiffées pour groffir, foit de celles qui restent au fond de la terre, ou qui fe forment des filamens, des petits oignons, ou du refte des autres racines qu'on a arrachées.

Quand toute la Garanciere eft épuifée, on fonge d'en dreffer une autre, mais pour le mieux, les bons ménagers n'attendent pas cela, ils ont foin d'en faire de nouvelles deux ou trois ans auparavant, afin de n'en point manquer pour le débit; on obfervera que ce foit dans une autre terre, parce que celle où la Garance a été une fois femée, n'eft plus propre que pour y mettre du bled, il y croît en abondance, parce que les racines de la Garance font pour la terre à laquelle on confie cette plante, une espece d'amandement qui est très-bon.

Comment renouveller la Garanciere, & des foins qu'on doit avoir
pour la Garance après qu'elle eft arrachée.

A Garanciere peut fe renouveller de plant enraciné comme de fevieille Garance. On les tranfplante comme des porreaux, on fuppofe que la terre où on les plante foit bien meuble & amandée; cette méthode de dreffer nouvellement une Garanciere l'avance de beaucoup, on la renouvelle de femence, fi l'on veut, cela dépend de la fantaisie.

Après avoir arraché les racines de la Garance, on les met fecher au foleil dans les régions temperées, au lieu que dans les païs chauds on fe contente de les mettre à l'ombre, parce que la trop grande ardeur du foleil en feroit trop exalter de principes ; étant feches, on les met au Moulin pour les réduire en poudre, après quoi on les met dans des facs bien fermez, afin que cette poudre ne s'évente point.

Z z iij

63 culture.

Quand

plante.

La Gaude. Des Terres qui lui font propres, & du temps de la femer.

A Gaude eft une plante qui croît naturellement, ou par culture dans

convient le mieux à la Gaude. On la feme au mois de Mars ou de Septembre: le champ doit être bien labouré, afin que la Gaude y croiffe mieux, & pendant que le plant y croitra, il faudra être foigneux de le tenir net des méchantes herbes qui lui nuifent.

La récolte de la Gaude fe fait dès le mois de Juillet ou d'Août fuivant auquel temps elle a acquis fa parfaite maturité. Quand on cueille la Gaude, on la coupe rez terre. Il faut remarquer que dans les païs chauds la graine fe trouve fouvent affez feche quand on la recueille; mais que dans les climats plus temperez il la faut faire fecher: on prendra garde que cette graine ne fe moüille point après qu'on l'a cueillie, & de ne la point recueillir qu'elle ne foit bien mûre, autrement elle fe ride & s'altere de maniere, qu'elle manque à lever la plus grande partie quand on la feme.

De l'utilité du Pastel, de la Voüéde, de la Garance & de la Gaude.

Toutes les plantes dont on vient de parler font utiles aux Teinturiers pour teindre leurs foyes & leurs draps, le profit qu'on en tire est confiderable, c'eft pourquoi on invite ceux qui aiment leurs interêts d'en cultiver.

Le Safran.

E Safran eft encore d'un bon revenu; la plante qui le porte est compofée de plufieurs feuilles longues, étroites & canelées, d'entre lefquelles il s'éleve environ au commencement de Septembre une tige basse, foutenant une feule fleur,au milieu de laquelle il vient une espece de houpe partagée en trois cordons découpez en crête de coq d'une belle couleur Louge & d'une odeur agréable quand elle eft dans fa vigeur

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De la Terre propre au Safran.

N remplit des champs entiers de cette plante dans les païs où l'on en fait commerce, ou bien on fe contente d'en cultiver une petite efpaee de terre, pour en avoir pour fa provifion; il vient en toutes fortes de Contrées froides & chaudes, & la terre qui lui convient le mieux, eft celle qui eft forte. Il ne croît pas fi heureufement dans les terres legeres, qui n'ont point affez de fels pour le nourrir.

Le Safran fe multiplie d'oignons qu'on plante, à quatre doigts éloignez l'une de l'autre fur des alignemens tirez au cordeau, & dans uneterre bien labourée & beaucoup amandée avant l'hyver.

Il y a deux faifons pour planter le Safran, fçavoir le mois de May & le mois de Septembre; celui qu'on plante au mois de May commence

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