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Domaine contient plus ou moins de terres ; cette forte de Bâtiment dépend de la fantaisie de l'Architecte qui la conduit; il faut toûjours une travée à chaque côté, au milieu defquelles eft l'aire pour battre le bled, qui doit être faite d'une bonne terre glaife bien battue à plufieurs volées, de maniere qu'elle faffe un fol qui foit ferme, & qui ne fe crevaffe point; Il y a des Granges à Porche, d'autres qui n'en ont point, les premieres font fort. commodes, à caufe qu'on peut y mettre à couvert bien des harnois & autres utenciles fervant au labourage.

Les Etables pour les bêtes à cornes feront d'alignement ou en équiere Etables aux Ecuries & à la Grange, felon que le terrain aura permis de les placer; elles feront autant fpacieufes qu'il fera neceffaire, un peu plus enfoncées en terre que les Ecuries, afin que les pailles puiffent mieux retenir l'urine des animaux, & par là contribuer à ce qu'elles en pourriffent mieux, & Tendent un fumier bien gras.

On bâtira la Bergerie attenant: il faut, ainfi que les étables, qu'elle foit chaude, pour faire en forte que les troupeaux à laine ne s'y morfondent point en hyver: car il ne faudroit que cet inconvenient pour perdre prefque toutes les Brebris, & les Agneaux qui veulent être établez chaudement. Il n'eft pas befoin de beaucoup de jour pour ces membres de Bâtiment, une petite fenêtre de deux pieds de large, & autant de haut fuffit, avec celui qui vient de la porte.

courr,

Il ne faut pas oublier le Poulaillier, comme un membre de la baffe qui n'apporte pas le moins de profit; on peut le placer proche la maison du Fermier, dont nous parlerons dans la fuite, afin d'être plus à portée de foigner la volaille, & d'en tirer les revenus. On le bâtira auffi fpacieux qu'on le jugera à propos; il faut que le dedans foit bien enduit d'un mortier à Chaux & à Sable, & blanchi par deffus d'un blanc de Chaux: le plancher fera un plafond de planches, ou d'autres matieres, de forte que nulle bête eunemie de la volaille ne puiffe s'y introduire. Ce Poulaillier fera garni dans le fond d'un bout à l'autre de Perches pour y faire jucher les volailles, & il eft bon qu'il foit plus long que large, & que les perches n'occupent que les deux tiers de l'enfoncement, afin, dans ce qui refte du côté de la porte, qu'on puiffe le long des murs y dreffer des nids pour les faire pondre & couver dans la faifon.

Bergeric

Poulailler.

Toit anx

Les Canes vont quelquefois fe coucher fous les Poules, quelquefois auffi on leur bâtit un toit exprès, & un autre pour les Oyes, ces pieces font Oyes & aux petites, & il peut y avoir fur le plancher un autre Poulaillier pour les Din- Canes. des, ou quelque Volliere pour de Pigeons privez : nous dirons dans fon Poulaillers lieu comment ce membre de baffe-cour pourra être conftruit, ainsi que le Poules Colombier, que nous refervons pour l'article des Pigeons fuyards, autre- Dindes. ment appellez Bizets.

pour les

Volliere.

Sur toutes les Ecuries & Etables, il y aura'des Greniers pour ferrer les Colombier. Fourrages, les Foins, Pailles & autres chofes fervans de nourriture aux bef Greniers. tiaux pendant toute l'année. Venons maintenant à la maifon du Fermier.

Fermier

Il est bon toujours à la Campagne de bâtir une petite maifon feparée du Maifon da Maître-logis, & qu'on deftinera pour un Fermier, au cas qu'on veuille donner fon bien à ferme; afin de ne point avoir de communication de logement

F

Laiterie.

Hangaid,

Fumier,

P'un avec l'autre: un tel appartement fuppofe qu'on exploite foi-même fon Domaine, foit pour y faire des Magazins de Bleds, de fruits, & d'autres * chofes neceffaires pour la vie, & propres pour le commerce des Champs. Cette Maison aura une chambre pour le fermier, une Cuisine où tous les Domestiques mangeront, & quelquefois le Maître, afin d'avoir l'oeil fur tout; une autre chambre pour coucher les Servantes : car pour ce qui eft des Valets, on place ordinairement leur lit à l'Ecurie, afin d'être promts la nuit à fecourir les Chevaux au cas qu'ils fe battent, ou qu'il leur arrive quelque autre chofe de facheux.

Il faut que cette maison foit accompagnée d'une Laiterie qui foit bonne, c'est-à-dire, voutée, s'il fe peut, bien blanchie, fraîche en Eté, & chaude en Hyver, c'est ce qui convient au lait pour rendre beaucoup de Crême, qui eft un des plus grands avantages qu'on en peut tirer.

Les tables fur lefquelles on mettra les utenciles pour le lait, feront trèspropres, & toûjours bien lavées, & pour cela il feroit à fouhaitter (ce qui peut fe faire dans les maifons de particuliers qui font riches) qu'il y eut un tuyau qui y donnât de l'eau par le moyen d'un robinet; cela feroit auffi que les terrines & autres vaiffeaux destinez pour le laitage, feroient entretenus très-proprement. Au deffaut de cette commodité, on fe ferviral d'eau de puits, de fontaine ou autre qui fera le plus à portée.

A côté de cette petite maifon fera un Hangard ou Hallage, ou quelques Remises de Caroffes, fi le Maître eft affez puiffant pour en avoir. Ces lieux ordinairement fervent pour mettre à couvert les Caroffes du Maître & de ceux qui viennent lui rendre vifite, les Charriots, Charretes & Charruës, Tombereaux & autres meubles généralement dont on fe fert pour le labourage. Ce font encore des commoditez en Hyver & en temps de pluye pour y fendre du bois, éguifer les Echalats, élire les Ofiers pour baiffer les Vignes, ou les lier, comme on voudra dire, & y faire plufieurs autres ouvrages plus commodément que lorqu'on eft expofé aux injures de l'air. Et comme les Fumiers font les fecours veritables qu'on apporte aux terres, pour reparer en elles l'épuisement de fubftance qu'elles ont fouffertes en nous donnant leurs productions, on les placera proche les Etables dans deux ou trois endroits un peu creufez dans le milieu, & pavez dans le fond, afin d'y retenir certaine eau graffe par la fiente des animaux, & qui donne beaucoup de fels aux fumiers qui font deffus: lorfqu'ils font pourris on y porte les balieures de la maison, les coffats, les herbages, & autres vilainies de cette nature, qui fe confommant, font corps avec les fumiers, & fervent comme eux d'un très-bon amandement.

Ce fera un avantage pour la volaille, fi les fumiers font mis à couvert du Nord, ou de la Bife; parce que quelque froid qu'il faffe elle y trouve toûjours quelque vermine à manger; nous parlerons dans le Chapitre de la Volaille d'un certain fumier fait exprès pour fa nourriture.

L'eau eft encore fort neceffaire à la Campagne, il faut en avoir de quelque maniere que ce puiffe être, ou par le moyen d'un Puits, d'une Cifterne, ou autrement. Nous dirons ici quelque chofe de leur construction, qui ne pourra être que très utile aux curieux, après que nous aurons parlé des che minées, & des moyens de les empêcher de fumer,

CHAPITRE VII

Des Cheminées; des moyens de les empêcher de fumer, d'éteindre le feu qui s'y est mis, & d'échauffer une chambre avec peu de bois. Conftruction d'un Puits, d'une Cifterne d'une "Glaciere, avec une leidée du Toife.

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Po

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OUR revenir à nôtre Bâtiment, cette matiere-ci merite bien qu'on la reprene. Nous avons encore les Cheminées à bâtir; ce font des parties de chambres fort neceffaires, & dont on ne fçauroit se passer en hyver, & dans les cuisines.

La méthode ordinaire de faire les Cheminées, eft d'en faire paffer les Cheminées tuyaux à côté l'un de l'autre, afin d'empêcher les jambages d'avancer, au lieu que felon la nouvelle invention, le biais qu'on leur donne dans la hotte, les fait rejoindre & s'accôter pour fortir ensemble hors du toit dans un même tuyau, qui les contient tous, feparé néanmoins par des languettes dans fa longueur.

Il faut prendre garde que le tuyau n'ait rien dans fon étenduë qui arrête la fumée, il ne faudroit que cela pour l'obliger à defcendre, & à fortir le manteau, c'est ce qui eft une incommodité très-grande.

par

On tâchoit autrefois d'adoucir la difformité des avances des Cheminées en les chargeant de beaucoup d'ornemens. Cette dépenfe eft inutile aujourd'hui, & comme le manteau avance peu, on fe contente d'un feul chambranle, & de quelque tableau au deffus. Pour les Cheminées de cui, fine, elles n'ont pas befoin de ces décorations.

Les parties d'une Cheminée font l'âtre ou foyer, le contre-coeur, le manteau, la hotte, les pieds droits, la montée & le tuyau. Expliquons chacun de ces termes pour l'intelligence du Lecteur, & le plaifir qu'il pren

dra à faire bâtir une Cheminée.

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L'Atre ou Foyer eft l'endroit où l'on allume le feu, le Contre-cœur est la plaque de fer qu'on met au milieu pour conferver le mur, & repercuter la chaleur; on appelle Manteau de Cheminée ce qui couvre la hotte, c'est auffi le haut de la Cheminée qui empêche que la fumée n'entre dans la chambre. Pour la Hotte, on nomme ainfi la pente du dedans des Cheminées, elle commence de deffus la barre de fer qui porte fur les jambages, & va finir contre le haut du plancher. Les Pieds droits font les jambages de la Cheminée; la Montée, l'élevation, & le Tuyau, l'endroit par où la fumée monte & fort. Cette explication eft neceffaire, pour parler un peu Architecture.

On fait à prefent les manteaux de Cheminées fort bas, crainte que le feu ne gâte la vûë, & que la fumée ne forte par la chambre, parce que la hotte étant ainfi plus droite, elle renvoye plus droit la fumée qui pourroit battre contre le tuyau, qui doit être conduit le plus uniment qu'il eft poffible, afin que l'inégalité ne puiffe rabattre la fumée,

Savot Ar-
Ch. **11**

chi. Frang,

Moyens pour empêcher une Cheminée de fumer.

Le L faut prendre garde en faifant une Cheminée que l'ouverture du Tuyau ne foit trop grande, crainte que l'air & le vent y trouvant trop d'efpa& qu'y pouvant être agitez, ils ne chassent la fumée en bas, & n'empêche qu'elle ne monte & forte aifément.

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On aura foin auffi de ne point faire cette ouverture trop étroite, parce que la fumée qui n'auroit pas un paffage libre s'engorgeroit & rentreroit dans la Chambre, deux ou trois pieds en un fens fuffifent pour une ouverture de Cheminée, & fix ou neuf pouces en l'autre.

Le meilleur moyen pour empêcher que la fumée ne forte par une cham bre, eft de faire que les Cheminées foient toûjours plus étroites en bas, & qu'elles s'élargiffent en montant, parce que le feu pouffe plus aifément la fumée en haut, lorfqu'elle eft refferée en bas, & qu'en montant elle trouve plus d'efpace pour fortir & fe dégager, & qu'ainfi elle ne se rabat pas fi-tôt dans la Chambre.

Les petits endroits font fouvent fujets à fumer, fi l'on n'y tient continuellement une porte ou une fenêtre entr'ouverte, parce, dit-on, que la flamme a befoin de beaucoup d'air pour s'entretenir, & que lors qu'elle en trouve peu, elle fe ralentit, & fe convertit en fumée; cette experience fe voit bien fouvent, mais on en corrompt l'effet par le raifonnement, & c'eft en quoi on fe trompe; on veut que cette porte ou fenêtre entreouverte ne ferve qu'à donner peffage à la fumée dont la chambre eft remplie, & à rien autre chofe; lorfque, fi l'on y prend garde, on voit effectivement, que pendant que les petites ouvertures fubfiftent, le feu en est plus clair, au lieu que quand on les referme, il s'obfcurcit & donne beaucoup de fumée.

Il fume encore dans les petites chambres, quand elles font trop échauf fées, à caufe du tourbillon trop violent des parties ignées, qui entraîne la fumée auffi-tôt dans la Chambre que dans la Cheminée; ainfi pour la diffiper, il faut ouvrir une porte ou quelque fenêtre, & d'abord elle montera par fon chemin ordinaire.

Si les Tuyaux de Cheminée font trop longs, les petits lieux font encore incommodez par la fumée, parce que le feu n'y pouvant jouir d'affez d'air pour porter la fumée jufqu'au haut, fouvent elle eft obligée par fon propre poids de retomber, & preffant celle qui y monte fucceffivement & continuellement, elle la contraint de fortir une bonne partie par le Manteau: fi bien que lorfque cela arrive, il faut encore ouvrir une porte ou une fenêtre pour laiffer entrer dans la Chambre affez d'air pour pouffer cette fumée jufqu'au haut de la Cheminée.

Pour fe garantir aisément de la fumée, auquel un petit lieu feroit fujet, il faut refferrer & retreffir à l'endroit du plancher la longueur du Tuyau, enforte qu'il n'ait guéres plus d'un pied de long, relever le Foyer d'environ quatre pouces, abaiffer le Manteau fi bas qu'il n'ait guéres que trois pieds de haut, & refferrer l'ouverture de la Cheminée entre les jambages, de même largeur, & en arcade,

Les Cheminées bâties de cette forte ne doivent point avoir leurs jambages conduits à plomb par dedans, mais en hotte; cela fait que la fumée ne peu point fe rabattre en bas par les côtez, mais feulement par le milieu où elle trouve d'autres parties en grand nombre, qui la pouffent en haut malgré elle.

On empêche encore la fumée d'entrer dans une chambre, grande ou petite e cette maniere. Appliquez d'abord fur le Foyer une grande plaque de for qui foit prefque auffi longue & auffi large; il faut qu'elle foit percée de plufieurs trous fort près les uns des autres, & élevez audessus du Foyer d'environ trois ou quatre pouces ; mettez fur cette plaque une grille de fer haute de huit à neuf pouces auffi longue que le bois qu'on doit pofer def fus, & large comme l'étendue du feu qu'on y peut faire, elle aura les barreaux fort proche les uns des autres, de forte que cela faffe comme trois étages, le premier qui eft le plus haut porte le bois, le second les charbons, & le troifiéme les cendres.

Le tout difpofé ainfi, donne paffage à l'air, qui tel qu'un foufflet; enflamme beaucoup les charbons qui brûlent le bois plus vite, & par ce moyen font qu'il rend peu de fumée, & cette fumée étant alors très-peu abondante, cede aifément au mouvement des parties du feu qui l'empor tent en haut: ce fecret eft facile à pratiquer, c'eft pourquoi on n'a pas jugé à propos de le paffer fous filence.

Secret pour éteindre aisément & promptement le feu pris à une Cheminée.

Uand vous verrez le feu pris à une Cheminée, prenez une botte ou deux de foin, moüillez-la bien, & bouchez-en promptement l'embouchure de la Cheminée, ou l'ouverture qui eft fous le Manteau entre les pieds droits, ou celle qui eft au deffus du manteau à l'endroit du plancher; faites entrer ce foin à force fans le pouffer jusqu'au feu, cela fuffira pour faire que le feu s'éteigne; ce qui arrivera encore plus promptement, fi incontinent après, & prcfque en même temps on couvre le def fus de la Cheminée, avec du foin qui foit auffi mouillé ; il ne faut pas le preffer tant que le premier, ce fera affez de l'arrofer, & de jetter pardef fas continuellement de l'eau le plus qu'on pourra, la fuye alors ceffera de s'enflammer, & le feu s'éteindra par ce moyen.

On évite pareils accidens quand on a foin de faire ramoner les Cheminées, parce que la fuye eft une matiere qui s'allumant petit à petit, embrafe enfuite tout le Tuycau d'une Cheminée, & y caufe du danger pour la maifon, principalement quand par la malice & l'ignorance des Ouvriers les poutres, les folives & autres bois paffent au travers des Tuyaux, fe con tentant de les recouvrir d'un peu de plâtre ou de mortier.

Des moyens d'échauffer une Chambre avec peu de bois.

E fecret eft un gain tout clair, quand une fois on en a fait la dépenfe. En voici tout le miftere.

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Il faut que le Foyer de la Cheminée foit compofé de grandes platines

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