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de fer, élevées au deffus du carreau d'environ trois pouces, & que l'efpace qui eft entre les carreaux & les platines foit vuide, que le Contre-coeur foit une grande platine de fer, placée auffi à trois pouces de mur, & qu'au deffus il y ait deux ouvertures, une de chaque côté des jambages en dedans la chambre,

Quand cela eft accommodé de la forte, le feu échauffe les platines, qui à leur tour échauffent l'air contenu dans les vuides qu'elles laiffent, & cet air que les parties du feu agitent violemment, étant obligé de fortir par où il trouve un paffage, fe répand en abondance par toute la chambre, tandis qu'il s'y en infinue un autre à la place, qui produifant le même effet, remplit fucceffivement & de plus en plus le lieu d'un autre air beaucoup plus chaud.

Si l'on veut tenir chaudement un cabinet, ou autre petit endroit fans y faire du feu, & fans y avoir de Cheminée, il fuffit, quand ce lieu eft placé proche celle d'une chambre dans laquelle on allume regulierement du feu, de prendre une grande platine de fer, la faire fervir de Contre-coeur fans la couvrir par derriere : cette platine ne fera pas plûtôt échauffée, qu'elle communiquera fa chaleur à tout le Cabinet, comme fi c'étoit un poële mais il faut remarquer que cette commodité ne peut fe pratiquer, quand il fe rencontre audeffus du Tuyau de Cheminée, qui paffe entre le Contrecoeur de la Chambre, & le mur du Cabinet.

A

Conftruction d'un Puits.

du

Près avoir parlé du Feu, nous allons parler de l'Eau pour l'étein dre en cas d'accident. Une maison de Campagne fans Eau, est une maison bien incommode; & comme par tout on n'a point la commodité d'une Riviere, d'une Fontaine ou d'un Ruiffeau, pour en aller puifer dans le befoin, il faut avoir recours à un Puits, ou à une Cisterne: commençons par fçavoir comment fe conftruit le premier, pour après aller à l'au tre, & tomber dans le même détail.

L'ufage des Puits eft fort ancien, & pour le creufer, il faut d'abord chercher l'endroit le plus commode pour cela dans la baffe-cour ; il y a des lieux où il faut creufer bien plus avant que dans d'autres ; mais en quelque fituation que ce puiffe être, on en vient toûjours à bout avec la patience; car on trouve par tout de l'Eau, nous avons des preuves de cette verité à l'é gard de bien des Puits, qui font fur de hautes montagnes, & par confequent très-profonds; mais quand il s'agit d'une utilité indifpenfable pour fon profit, on fe fait un effort extraordinaire, qui retombe fur foi & fur fes defcendans.

On prendra garde fur tout de ne point placer le Puits à la Campagne proche des Privez, des Etables, des Fumiers ou des Cloaques, s'il s'y en trouvoit, à caufe de l'odeur infecte qui fe communiqueroit à l'Eau du Puits qu'on creufera d'abord, puifqu'on ceintrera par tout de bon moilon à chaux & à fable, ou bien le mortier fera à chaux & à terre, il n'importe pour la figure & la grandeur, cela dépend de la fantaisie de celui qui fait bâtir,

On fçait que la manoeuvre de ce Bâtiment est toute particuliere, qu'on commence à faire les murs par le haut en descendant en bas. Il eft vray qu'à mesure qu'on avance, on foutient ces murs en deffous par une espece de Pilotis qu'on fait jufqu'à ce qu'on foit arrivé fur les fondemens, & l'on en agit ainfi crainte que commençant autrement, les terres ne vinf fent à ébouler fur les Ouvriers.

Quand on eft parvenu fur la terre ferme, on a foin de laiffer des trous aux murs à l'endroit des fources qui y aboutiffent, afin de laiffer un libre paffage à l'eau pour le Puits. Cette Eau d'abord à laquelle on a creusé un lit nouveau, fe perd pendant quelque temps, jufqu'à ce que les interftices de la terre foient entierement imbibez, où pour lors elle s'enfle & groffit fon volume autant que fa colonne a plus ou moins d'élevation, & quelle eft plus ou moins forte.

Le bord d'un Puits s'éleve fur deux pieds & demi ou trois pieds, & on l'orne de Margelles taillées proprement & attachées l'une à l'autre dans le deffus par des crampons de fer fcellez avec du plomb.

On en tire l'Eau avec des Sceaux par le moyen d'une corde ou d'une chaîne paffée dans une poulie: d'autres fe fervent de pompes, qui font des machines propres à élever l'Eau ; on en fait de plufieurs façons, les unes plus travaillées que les autres, & par confequent bien plus cheres; il faut fe fonder fur ces fortes de dépenfes, afin de n'y point entrer inconfiderément.

Près du Puits on placera des Auges de pierre ou de bois, les premieres font bien meilleures, mais à leurs défauts on fe paffe des autres; Ces Auges ont leurs commoditez, elles fervent pour abreuver les chevaux, & pour cela il faut qu'elles foient entretenues fort nettes, crainte de les 'dégoûter. Ce font auffi des petits refervoirs d'où l'on puise de l'eau pour faire quelqu'autre chofe dans le ménage.

Il faut bien fe garder de rien jetter dans le Puits, qui puiffe en infec ter l'eau, & pour le tenir net, il eft bon tous les ans de le curer une fois, & d'en laiffer la gueule ouverte. L'air qui entre dedans en rarefie l'eau, au lieu que lorfqu'on la ferme, cette eau en eft plus groffiere. Quand on la tire fouvent elle n'en vaut que mieux auffi ; fon volume qui fe diminuë par re moyen dans le Puits, revient d'ailleurs en fon même état par la nouvelle eau qui fort de la fource, & qui eft plus faine que celle qui a trop de repos.

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Conftruction d'une Cifterne.

ON appelle Cifterne un Refervoir d'eau de Pluye qui s'y conferve, propre à bien des ufages, auffi-long-temps qu'on le fouhaite. L'endroit où l'on veut la placer, doit être éloigné des Cloaques & autres lieux qui

exhalent une mauvaife odeur.

Elle fera fituée à couvert du grand Soleil & à la difference des Puits, on la tiendra toujours fermée, crainte que la Pluye n'y tombe directement, fans auparavant avoir été filtrée, comme nous le dirons, & que les parties groffieres de l'air n'en rendent l'Eau mal faine; on aura foin fur tout de

Auges

Cifterness

la garantir des Eaux des ravines, & ayant choifi un lieu propre pour la mettre, on la creufera auffi fpacieufe qu'on voudra,

Trois ou quatre Toifes de large fur tous fens dans œuvre, & deux de haut fuffiront pour avoir une Cillerne capable de contenir affez d'eau pour les befoins d'une Maison ; les Berges en doivent être folides, car fi l'on avoit creufé dans un terrain remué, il faudroit pour les foutenir, élever tout au tour un mur capable de fupporter une Voûte : cela fait, & à deux pieds de diftance en bâtir encore un autre large de deux pieds & demi, puis entre ces deux murs, & à mesure qu'on conftruira le fecond, mettre de la glaife bien paîtrie jufqu'en haut.

Ce dernier mur fera revêtu d'un doigt épais de ciment, cela fuffit pour la propreté de la Cifterne, fans craindre que l'Eau fe perde à caufe de la glaife qui la retient; pour le fond, on fera un mallif de moilon de dix-huit pouces d'épaiffeur, avec un revêtement de huit pouces de ciment,

Si la Glaife eft rare dans les Païs où l'on conftruira la Cifterne, on ne fera qu'un mur autour des Berges à chaux & à fable affez fort pour foutenir une Voûte ; & revêtu comme celui du fond. La Voûte fera comme celle d'une Cave, & on y laiffera un trou au milieu pour fervir d'entrée dans la Cisterne, & par où l'on puiffe y puiser de l'eau. Quant à son ou◄ verture hors de terre, on la bâtira comme celle d'un puits, quarrée ou ronde, il n'importe, & revêtuë de Margelles ou Tablettes de pierre fimplement.

Ce fera affez que la Voute foit construite à l'ordinaire, fans être enduite de ciment, parce qu'elle ne peut porter aucun préjudice à l'eau qui n'y touche point, & l'on obfervera de bâtir la Cifterne long-temps aupa savant que d'y mettre l'eau, afin que les enduits des murs foient bien fecs, ils en valent toujours mieux; car alors ils ne font point fujets à fe détremper, ce qui les altere beaucoup, & rend l'eau vilaine pendant trèslong-temps.

Il faut que le ciment foit fin, fait de brique ou tuilleau caffé & détrempé avec de la chaux fortant du Fourneau, & fraîchement éteinte; ce mortier eft propre pour les ouvrages qui fe font dans l'Eau, & il fe conglutine de telle forte, que toute la maçonnerie ne fait qu'une masse.

Quand le Refervoir pour l'Eau eft conftruit, comme on l'a dit, il faut audeffus de la Voute dans une encoignure & du côté d'où doit venir l'Eau, bâtir avec du Moilon une maniere d'Auge longue de quatre pieds, & haute de deux, percé en rond dans le fond d'un demi pied de diamettre avec une crapaudine par dessus.

Ce trou fert pour faire écouler l'Eau dans la Cifterne, & ce petit ouvrage de Maçonnerie s'appelle Cifterneau. Il faut le garnir dans le fond de fin fable de Riviere bien net, afin que l'Eau qui paffe au travers fe purifie mieux. Il n'y a pas beaucoup de précautions à prendre dans la conftruc tion de ce Cifterneau, il fuffit que les murs foient crépis d'un doigt de ciment, parce que l'eau n'y fejourne point, elle ne fait que paffer dans le moment. Ce Cifterneau eft toûjours placé fous terre, & couvert feu lement d'une groffe pierre, qui dans le milieu a une boucle de fer atta chée pour la lever quand on veut le nétoyer,

Ceux qui ont écrit de la conftruction des Cifternes, difent qu'il faut choi fir l'Eau qui y eft propre, ils approuvent unanimement l'Eau de pluye; mais on doit, ajoûtent-ils, faire difference des faifons où elle tombe; car par exemple, ils rejettent l'Eau de nege, des tonnerres & des tempêtes, comme pernicieuse, & n'admettent que les pluyes d'Automne & du Prins temps, un peu de celles d'Hyver, quand ce n'eft pas un temps negeux; mais ce feroit bien des affaires, s'il falloit avoir cette fujetion, on a éprouvé que tout cela n'étoit qu'abus, que toute Eau qui fe filtre à travers le fable de Riviere, fe purifie de ce qu'elle a de groffier, & que par confequent, pourvû que ce foit de l'Eau de pluye, elle eft bonne en quelque faifon qu'elle puifle tomber.

Cette Eau ferecücille par des gouticres attachées au bord des couvertures du Logis, & qui ont toutes leur iffue dans un bafin de plomb, qui reçoit leur Eau pour être conduite après par un long Tuyau de même matiere dans le Cifternaù. Il faut foigner de mettre une petite grille de fer à l'embouchure du Tuyau qui reçoit l'Eau dans le baffin, afin d'empêcher que les groffes ordures ne paffent.

Il eft bon fouvent, pour en éviter le grand amas, de nettoyer de temps en temps les goutieres, ce foin contribue beaucoup à la bonté de l'Eau; c'eft pourquoy on dit qu'il n'y a rien qui doive être tenu plus proprement qu'une Cifterne. Il faut la tenir couverte d'un Toit, fi elle eft dans une Cour, & d'un couvercle fur l'ouverture par où on puise l'Eau, en quelque endroit qu'elle foit placée.

Pour revenir au vaiffeau principal de la Cifterne, au lieu d'en faire le fond de ciment, comme nous avons dit, on peut fur un maffif de moilon d'un pied & demy d'épaiffeur, fans être gopté à bouin, y mettre un lit de glaife de même épaiffeur bien paîtri, avec un petit pavé par-deffus façonné à fable de Riviere tout fec, c'est à dire fans chaux ni ciment: l'Eau eft toùjours claire fur un plancher bâti ainfi, & ne s'enfuit jamais. Nous dirons dans l'Article des Eaux jailliffantes de quelle maniere on paîtrit la glaife & comment la choifir. Il faut avoir foin de curer la Cifterne une fois tous les ans, fi l'on veut que l'Eau en foit agréable à boire, & pour cela on empêche pendant quelque temps l'Eau d'y entrer, tandis qu'on tire celle qui y eft, foit pour l'ufage du logis ou autrement, & qu'on n'en laiffe qu'une petite quantité dans le fond pour la ballier; c'est pourquoy ileft bon de remarquer que le fond foit tant foit peu en pente.

De la Mare & de fa Construction.

Utre tous ces moyens d'avoir de l'Eau à la camgagne, il y a encore Les tous qui love us commodes, a une Mare n'eft autre chofe qu'une foffe ou plus ou moins grande où s'amaffe l'Eau des Pluyes par le cofluent de plufieurs Ruiffeaux qui y aboutiffent.

On la creufe toûjours un peu en pente de tous côtez, afin que le bétail y puiffe defcendre aifément, au lieu que fi le bord de l'entrée en étoit efcarpé, il feroit dangereux que les animaux s'y noïaffent.

Cet amas d'Eau à la verité eft plus pour certaines commoditez de la

G

maifon, & des beftiaux, que pour fervir à boire, car l'Eau n'en vaut rien, & ce feroit un grand point, fi en crcufint cette Mare qui doit être plus profonde à mesure qu'elle defcend, on trouvoit quelque fource qui y coulât, ce feroit une Mare intariffable, & qui auroit bien fon agrément, mais cela eft rare, ainfi on s'en contente telle qu'on la peut avoir.

Les grandes Mares font toûjours celles où l'Eau conferve la plus belle & la plus faine; c'eft pourquoi quand on fait tant que d'en vouloir avoir, il faut les fouiller les plus fpacieufes qu'on peut. Le bord de ces Mares font conftruits fi l'on veut d'un petit Mur de moilon, haut de deux pieds feulement à chaux & à fable, crépy de bon mortier & revêtu de tablettes, ou d'un chaperon fimplement avec un larmier d'un bon pouce de sailie, ou bien on fe contente de paver les bords tout au tour.

Cette Mare fera dreffée loin des fumiers s'il fe peut, afin que l'Eau s'en entretienne plus nette, & plus d'ufage par ce moyen à bien des chofes ne ceffaires au ménage des champs. Une Mare eft fort commode, principale→ ment lorsqu'on eft éloigné d'une Riviere ou d'un Ruiffeau, elle fert pour y abreuver les beftiaux, laver la leffive, & arrofer le Jardin : les Canes & les Oyes y vont barbotter & fe promennent deffus, elle eft d'un très-grand fecours dans l'accident du Feu..

Comment bâtir une Glaciere.

L faut icy contenter un peu les fenfuels, ces gens qui ne fçauroient vi vre agréablement s'ils ne boivent à la glace, & pour cela il leur faut une Glaciere qui leur ferve comme d'un Magazin, pour en avoir en tout temps.

Pour conftruire une Glaciere il faut choisir un lieu fec & non marécageux, ny expofé au Soleil. On y creufe une foffe ronde de deux toifes & demie ou trois toifes de diamette par le haut, finiffant en maniere de pain de fucre renverfé, jufqu'à la profondeur de trois ou quatre toises; car plus une Glaciere eft profonde, mieux la glace s'y conferve.

Il faut revêtir ce trou d'une cloifon de charpente garnie de chevrons tout lattez, & qu'on ne 'defcendra, fi l'on veut, que jufqu'au trois quarts de la profondeur du trou. On la peut neanmoins faire defcendre jufqu'au bas de la Glaciere, pourvû qu'on faffe dans le fond un Puids de trois pieds de large & quatre de profondeur, pour recevoir les Eaux qui coulent de la glace qui fe fond. Si le terrein eft bon & ferme il n'eft pas befoin de charpente, la glace peut être mife dans le trou, pourvû qu'il y ait un peu: de paille entre elle & la terre.

L'e deffus de ce trou fera auffi couvert de paille en pyramide droite, de maniere que les bouts de la couverture touchent jufqu'à terre; on entredans une Glaciere par une allée ou petite gallerie tournée au Nord, longue environ de huit pieds, & large de deux & demi: elle fera exactement fermée par deux portes aux deux bouts, & on prendra bien garde qu'il n'y ait aucun jour à la couverture; il ne faut que cela pour la perdre.

Quand on voudra y mettre la glace, il faudra toûjours, s'il fe peut, cheifir un jour qui gêle, & la placer fur la cloifon qui eft faite de pieces

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