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de bois qui s'entrecroifent, après y avoir fait préalablement un lit de paille dans le fond, & dans tous les côtez en montant.

Enfuite on met un lit de glace, & l'on en range les pieces de maniere qu'il n'y ait prefque point de vuide, & pour le plus fùr, fans mettre la glace par lits, on la caffe dans la Glaciere le plus menu qu'il eft poffible, & l'on jette de l'Eau par-deffus de temps en temps, afin de remplir les vuides entre les petits glaçons : cette Eau fe gelant, ainfi lie toute la glace enfemble, & n'en fait qu'une maffe qui fe conferve beaucoup mieux.

Après que la Glaciere eft remplie & couverte de grande paille, on met par-deffus des planches qu'on charge de groffes pierres, afin de tenir la paille plus ferrée, & quand il fera queftion d'entrer dans la Glaciere, après qu'on aura paffé la premiere porte, il la faudra fermer avant que d'ouvrir la feconde, crainte que l'air du dehors ne s'introduife dedans. Quand on fortira de la Glaciere, on fera foigneux, pour la même raifon, de fermer la porte, qui eft à l'entrée de la Glaciere, avant que d'ouvrir celle qui eft en dehors.

On conferve de la neige auffi bien que de la glace, quand elle eft bien battue & preffée dans la Glaciere, & arrofée d'un peu d'eau de temps en temps. On obfervera au tour de la couverture de creufer une rigolle en terre pour recueillir les eaux de pluyes, & faire enforte qu'elle ne croupiffent pas, mais qu'elles puiffent s'écouler loin de-là par le moyen d'une pente qu'on lui donne. Quand on veut avoir de la glace, on la rompt à coup de maffe de fer, ou autre outil de cette nature.

On ne croit pas avoir rien obmis de ce qui regarde le Bâtiment Champêtre, on est même defcendu fur cette matiere dans un détail assez ample & mieux circonftancié qu'on n'a pas fait jufqu'icy; mais avant que de finir ce Chapitre, on va dire en peu de mots comment fe toifent les Ouvrages de Maçonnerie, afin qu'étant en quelque façon au fait de cet Art, les Ouvriers ne vous en faffent point acroire.

Toife des Ouvrages de Maçonnerie

de Charpente. !

IL ne fuffit pas de fçavoir les prix de tous les Materiaux & Ouvrages dont on a parlé, il faut fçavoir le Toifé, ou en avoir du moins une legere idée, pour être certain à quoy peut fe monter la totalité d'un bâtiment.

&

Savot Ars

Pour commençer par la Maçonnerie, les Cloisons recouvertes des deux cô chi. Franc. tex, les enduits des Galetas, à caufe qu'il faut contrelatter, le fcelement des Ch. 44. Lambourdes qui fupportent les Ais & Parquets, les Pavez à Carreaux, les Languettes des Tuyaux de Cheminées paffent pour gros mur. Ily en a neanmoins qui à l'égard des fcelemens ne comptent que trois Toifes pour deux. Les Aires & Planchers de Plâtre, les Cloisons non recouvertes de part ni d'autre, & les Ailes des Lucarnes; vont à deux Toifes pour une; l'En-· duit des vieux murs qu'il faut rehacher fe comptent à fix Toifes pour une, s'ils n'ont jamais été enduits, ou qu'il y ait à reformer & à rétablir, cela va à quatre Toifes pour une

Les Solins qui font au-deffus des poutres ne fe comptent que pour un quart de pied chacun, on compte un pied pour les Corbeaux, lorfqu'ils font fcellez avec bon Tuilleau & Plâtre fur le derriere, & bons éclats. de pierre dure fur le devant.

Les Barreaux de fer, fcellez dans la pierre de taille se toifent pour de mi pied chacun, & pour un quart, quand ce n'eft qu'en plâtre, chaque piece de moulure eft comptée pour un demi pied; les Marches tant en hauteur qu'en largeur, le Giron & le Pas fe toifent comme gros mur.. Si ce font des Marches tournantes, on ne les toife que par le milieu de leur longueur.

L'Arc d'une Voûte fe toife par dans oeuvre, & le remplage des Reins de la Voûte en berceau, en prenant la longueur de l'Arc, qu'on multiplie par la longueur de toute la Voûte. Blondel dit, que foit qu'elle foit en berceau ou en lunettes, elle fe compte toûjours au tiers.

Les Piles de pierres de tailles à quatre faces fe toifent fur leur largeur & leur épaiffeur, tellement que fi une Pile a quatre pieds de large & deux d'épais, on la toifera pour fix pieds.

L'ufage eft aujourd'huy de toifer tant plein que vuide, même jufqu'à la pointe des Pigeons & fommets des Lucarnes, le tout quarrément. Il eft bon que ceux qui font bâtir foient inftruits de cette Coûtume, afin de ne fe point trouver trompez dans leur calcul.

Les Saillies, Avant-corps & Arriere- corps, Rétables, Entablemens & Plinthes fe toifent chacun pour un pied de haut, lorsqu'il eft couronné de fon filet fur fa longueur ou pourtour, les Modillons & Denticules pour: deux pieds de haut fur leur longueur ou pourtour, & les Refends pourun pied de haut.

Les Tuyaux & Manteaux de Cheminées fe toifent pour mur, & leurhauteur par leur pourtour, rabattant les épaiffeurs des languettes, & augmentant neuf pouces pour celles du Plancher; les Atres de Cheminées faits de grands ou petits carreaux pour un fixiéme de toife.

Les Lambris & Plafonds à lattes jointives vont toife pour toife; les recouvremens des poutres & fablieres trois toifes pour une. Les Planchers carrelez toife pour toife, & un fixième, & s'il y a deffous recouvrement pour mur, un tiers feulement.

Les Pans de bois fimples fe toifent par leur hauteur & largeur, rabattant toutes les Portes & Croifées, même les épaiffeurs des fablieres, & fe comptent deux toifes pour une toife de gros mur.

Les Cloifons creufes lattées à lattes jointives des deux côtez vont une toise pour deux; celles qui font recouvertes d'un côté, & les Tableaux des Croifées & Portes fe comptent pour trois quarts de toife,pour une toife de gros mur, & on rabat la moitié des Bées; celles qui font recou vertes des deux côtez, vont toife pour toife fans rien rabattre..

Le redreßement des Planchers pour les remettre de niveau vont trois toi fes pour une de gros mur, on ne compte rien; pour le fcelement des Croifées à un mur neuf.

Les Tuyaux des Privez de poterie fe toifent par leurs hauteurs, & für fix pieds de pourtour, s'il n'y a point de poterie, ils ne vont que pour

trois pieds; chaque Siege fe compte pour douze pieds ; les ventonfes pour Trois fur leur hauteur, & les contre mars qui font derriere les Tuyaux, & jufques dans les Foffes & Caves, vont toife pour toife.

Les Marches, Coquilles & Pailliers des Efcaliers fe ceignent par le milieu des Marches, & ce qui fe rencontre de pourtour, fe multiplie par la longueur du demi angle, & paffe toife, pour toife.

Les Murs d'Echiffe fous les patins des Efcaliers vont toife pour toife, Jes Marches de defcentes droites le toifent comme les Efcaliers, & les petits murs au-deffous vont toife pour toife; les Efcaliers fe toifent par leur lon gueur feulement, & chaque pied eft évalué à fix pieds quarrez.

Les Perrons fe toifent par leur pourtour fur la longeur du milieu, & vont toife pour toife; le Maffif au deffous par la longueur & largeur, s'il n'eft dit qu'il fera toifé cube ; les Parapets fe toifent par leur longueur & leur largeur & passent toise pour toife; les Murs d'appuis fe toifent la longueur fur la hauteur, y ajoûtant la moitié de la face fur la hauteur, & les Fours à cuire le pain vont pied pour toife, fuppofé qu'un Four conrienne fix pieds dans œuvre.

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Toife des Couvertures de Tuille.

Our bien toifer une Couverture de Tuille, on prend une ligne, & on commence par un des bouts de l'Egout jufqu'à l'autre, paffant par-deffus le faîte, & à ce pourtour on ajoûte trois pieds pour le faîte & les deux Egouts s'ils font fimples; mais s'ils font doubles pointes, our compofez de cinq Tuilles chacun, alors on compte cinq pieds, on ajoûte auffi à la longueur les ruillées pour un pied.

Et quand un logis eft en croupe, on toife la longueur fans avoir égard aux croupes, & on ajoûte les arrêtiers ; le Battellement & Pente des goutiezes vont chacune pour un pied, une vie de faiiere pour fix pieds an œil de bœuf pour douze, une Lucarne pour demie toife, une Lucarne Flamande pour une toife, & quand le fronton eft couvert, une toife & demie, chaque pofement de goutiere pour un pied courant, & les autres mefures à proportion.

Toife de Couverture d'Ardoise:

C'Eft la même regle qué pour la couverture de Tuille, fi vous en ex

ceptez les Arrêtiers qui vont pour un pied, & les Egoûts pour demi pied. L'œil de bonf paffe pour demie toife, la Lucarne demoiselle pour au tant; la Flamande pour une toife, & compris la couverture du fronton ane toife & demie..

Toife de Bois de Charpente.

L'Embarras des reductions de pieces de bois de Charpente de differentes longueurs, qui caufe tous les jours des difputes pour les toifés, devroit obliger les particuliers qui veulent faire bâtir, de mettre dans leurs Marchez que les bois feront payez felon la mefure qu'ils fe trouveront avoi

Güj

en oeuvre, fauf à donner quelque chofe de plus du cent de bois.

Si l'on veut être inftruit plus au long fur cette matiere, on aura re cours à l'Arithmetique des Ouvriers & Marchan is, par Sion, & autres Ou vrages de ce genre, on y trouvera ce qu'on fouhaite.

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Où l'on voit ce que c'est qu'un veritable Oeconome, & les devoirs qu'il doit remplir dans fon Domestique à la Campagne.

U

N veritable Oeconome eft une perfonne prudente, ménagere, qui fçait regler fes affaires, fa dépenfe & l'administration de fon bien. La belle Oeconomie confifte encore à bien gouverner fa famille & fon domestique.

Sans de certaines regles qu'on doit fe preferire dans un ménage champêtre, il eft conftant qu'on fe prive non feulement de grands avantages qu'on en peut tirer, mais même qu'on s'y ruine entierement. Le ménage des champs eft une République où tout va en décadence, fi on n'y apporte de l'ordre. Il doit y avoir de la fubordination & de l'empire, mais il faut avec cela que la raifon préfide, & fans la raifon ce n'eft qu'une confufon capable de jetter tout dans le défordre. Sur cette idée, il eft aifé déja d'établir quelque devoir que doit fe prefcrire un bon pere de famile, qui entreprend le commerce de la Campagne.

Comme maître de fa famille il doit s'étudier à la bien gouverner, & à commander raisonablement & à propos à ceux qui lui doivent l'obéissance, c'est le fecret de les obliger à fuivre agréablement ce qu'il leur ordonne. Un Gentilhomme, & toute autre perfonne qui délibere de faire valoir le bien qu'il tient de fes Ancêtres, ou qu'il s'eft acquis par fa propre induftrie, doit avoir ces confiderations en vûë, s'il veut que tout lui profite.

Heureux celuy qui dans cette conjoncture a pour époufe une femme raisonnable, avec laquelle il jouiffe d'une tranquille paix ; tout fe paffe entre eux dans une parfaite intelligence; c'est un tréfor qu'une bonne femme, & de qui dépend tout le bon ou mauvais fuccés du dedans d'une maifon, puifque c'eft à fa conduite que tout eft commis: un homme a beau travailler pour amaffer tout ce qui peut provenir de la Culture des Terres, ce qu'il en tirera s'évanouira bien-tôt, fi la femme ne fçait le gouverner avec raifon; car comme dit le Proverbe, la femme fait ou défait la maison. :

On fçait bien que la premiere chofe qu'un homme doit faire, c'eft de rapporter tous fes deffeins à Dieu, d'inftruire fa famille & luy-même dans ce qui regarde les commandemens; les Livres faints nous en avertiffent, la morale nous l'apprend, & nous prefcrit les devoirs qui nous font abfolu ment neceffaires là deffus. Cette matiere n'eft traitée que trop à fonds par bien de celebres Auteurs; c'eft pourquoi nous n'en dirons rien ici davan

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tage, confeillant d'y avoir recours, comme à des fources d'où l'on peut puifer toute la folide pieté.

Il est des devoirs dans la vie civile qui ne font pas feulement l'honnêtekomme, mais qui contribuent encore à fes profperitez dans fon ménage; comme par exemple, lorfqu'une perfonne a de l'honnêteté pour tout le monde, qu'il eft affable, prevenant dans les befoins, liberal à fes amis fans profufion, careffant, & qu'il a de l'amitié pour ceux qu'il connoît, & qu'il eft bien fenfé; tout cela lui attire l'eltime d'un chacun, & le mettant en commerce avec toutes fortes de perfonnes, lui rend les efprits dociles à ce qu'il fouhaite d'eux, au lieu qu'un brutal, un homme hors de raifon, un efprit fauvage, pour peu d'affaire qu'il faffe, ne les fait le plus fouvent que de travers.

Ses affaires doivent toûjours être fi bien reglées qu'il foit toûjours en état de faire plûtôt du bien à ces amis, que d'être obligé d'avoir recours à eux dans fes befoins. Si l'occafion fe prefente qu'il ait affaire de leur bourfe, que ce qu'il en defire foit modique, & qu'il le leur rende bientôt. Qui bien rend, dit le Proverbe, emprunte doux fois.

Le moyen d'arriver à ce but eft d'être attentif à ce qui regarde fon interêt, comme d'avoir l'oeil à fa bourse, à fes Greniers & Caves & à fa Campagne ; à fa bourfe, en fe rendant compte tous les jours de fa dépen fe & de fon gain ; à fes Greniers & Caves, en confiderant les Marchandifes qu'elles contiennent, pour juger quand & comment il faudra qu'il s'en défaffe; & à fa Campagne, en fe confultant fur la maniere d'en faire la recolte; Il ajoûtera à cet examen quelque commerce qui n'ait point d'incompabilité avec l'Agriculture, afin qu'il foit, comme dit un ancien Auteurs plus Agric.. en état de vendre que d'acheter.

Ce n'eft pas le tout, pour un bon Oeconome de Campagne, de bien fçavoir cultiver les Terres, il faut qu'il fe faffe une application particuliere de développer les fecrets qui peuvent tendre à rendre un Champ fertil : il s'épuife de fubftance à force de produire ; il languit, pour ainfi dire ; il a befoin de nouvelles forces, & ce n'eft qu'en les lui fourniffant qu'on en augmente le revenu. Si nous voulons que la Terre nous foit prodigue, il ne faut point lui être avare, & celui-là, dit-on, n'a pas besoin de Terres, qui ne veut pas les ameliorer. Il eft bon pour un ménager de rifquer à la vente d'être prompt a planter, & de bâtir fort tard, à moins que quelque occasion ne l'y oblige absolument.

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Tous ces points fuivis exactement conduifent un homme ménager à la veritable fcience de l'Agriculture, & c'eft par-là qu'il groffit fes revenus, & que fon induftrie le dédommage fuffifamment de fes fueurs; rien n'échappe à fa connoiffance. Moulins, Aqueducs, Prairies, Herbages, Racines & plufieurs ufages & autres menuës denrées qu'on neglige, lui apportent du profit, & il fçait par fon genic particulier, d'un défert, se faire une demeure toute agréable & très-utile.

Rempli de toutes ces lumieres qui regardent l'Agriculture, il n'hesitéra point de donner fes ordres à fes domeftiques, qui lui obéiront d'autant plus volontiers, qu'ils verront que ce qu'il leur coinmande est raisonnable & fondé fur. l'experience.

Cato de

(,

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