Imágenes de páginas
PDF
EPUB

160 1.

cent foixante livres, Pour la Servante de Cuifine quarante-cinq livres ; pour la Servante de baffe-cour trente fix livres ; pour la Vachere vingt livres, cela monte en tout pour ces Servantes à cent & une livre, cy

[ocr errors]

Pour le petit Valet d'Ecurie ving-cinq livres, pour un Berger foixante livres ; pour un Dindonnier quinze livres, le tout monte à cent livres, 100 1.

су

Voyons maintenant à combien toute cette dépenfe monte; felon nôtre Calcul, la dépenfe par jour va à douze livres dix-fept fols: quand on compteroit treize livres & quelque peu davantage, on ne fe tromperoit pas; fi bien que c'est déja fur le pied de cinq mille livres par an, jointrois tes à la fomme de treize cens foixante & une livre, font fix mille trois cens foixante & onze livres : & quand nous mettrions le tout à fept mille livres, nous ne nous tromperions de guéres, à caufe de quantité d'autres petites dépenfes qui furviennent lorfqu'on y penfe le moins, cy donc

7000 1.

Nous ne comprenons point dans cette fomme l'entretien pour les habits du Maître & des domeftiques, & pour ceux de la Dame, s'il y en a une, avec toute fa fuite, ce qui monte encore fort haut, pour peu qu'elle dépenfe; fi bien qu'on voit à vûë de pays que pour mener un train tel que celui-là, il faut avoir quinze mille livres de rente pour ne rien devoir à perfonne, & vivre noblement ; car il y a encore le Jardinier à payer, & dont nous n'avons point parlé.

Autre Reglement pour une Maison de Campagne de moindre confequence.

A

U lieu d'avoir tant de Domeftiques pour la magnificence, il y en a aufquels le Valet de Chambre fert de Maître d'Hôtel, d'Intendant & d'Officier, qui n'ont qu'une Cuifiniere, deux Laquais, un Cocher & deux chevaux de caroffe, une Servante de baffe-cour, un petit Berger, une Bergere, un Valet de charrue, un petit Valet pour lui aider, & trois chevaux de harnois pour labourer les terres. Ces derniers Domestiques fe doivent regler fur le plus ou le moins de temps qu'on a à labourer: car par exemple, pour foixante arpens, il fuffit d'une charrue, & par confequent d'un grand Valet pour la conduire, & d'un petit pour lui aider; car ce n'eft que vingt arpens par chaque tournure, c'est-à-dire, vingt arpens en bled, vingt en avoine, orges & autre grains des Mars, & les vingt autres qu'on referve pour la caffaille ou les fombres, comme on dit en certains Pays.

S'il y avoit quatre-vingt ou quatre-vingt-dix arpens de terres à labourer, il faudroit deux charrues à la verité, mais pour cela il ne feroit pas neceffaire de prendre deux grands Valets de charrue, on fe contenteroit dans les temps d'avoir un homme à la journée pour avancer l'ouvrage & fur la charrue on pourroit y mettre pour attelage deux boeufs au lieu de chevaux ; on ne fçauroit dire combien tout cela ménage la bourse d'un Maître; car comme on a déja averti, il faut toujours avoir moins de Domeftiques qu'on peut, le grand train mange le gain; mais fi le labourage eft de cent arpens & davantage, deux grands Valets alors conviennent fort bien.

Autre Reglement pour ceux qui n'ont pas tant de revenus, & qui par consequent fe contentent d'un plus petit train.

Els gens, par exemple, n'auront point de caroffe, ils n'auront qu'un Laquais qui fert de Valet de Chambre, une fille de Chambre pour la Dame, qui a foin de l'Office, une Cuisiniere qui fouvent a l'oeil fur la baffe-cour le matin & après le repas ; un petit Vacher, un petit Berger, un Valet de charruë, trois chevaux de charruë, dont l'un fert de monture au Maître dans le befoin, & une petite chaife pour rouler & Monfieur & la Dame, & pour cela on y attele les chevaux de charruë, quand ils n'y font point occupez: c'est ainsi que nous voyons bien des Gentil-hommes vivre agréablement avec leurs voifins, & amaffer de quoi fe foutenir & pouffer leurs enfans dans les emplois qui leur conviennent,

[ocr errors]

Autre Reglement pour des Maifons Bourgeoifes à la Campagne.

Es Bourgeois qui font bons ménagers à la Campagne se passent très-bien de Laquais, de filles de Chambre & de Cuifiniere particuliere; une bonne Servante forte & entendue fuffit pour la baffe-cour; la Maîtreffe, ou le Maître du Logis font la cuifine, quelquefois cette Servante peut leur aider pour peu qu'elle ait de génie : il faut un Vacher quand on a cinq à fix vaches, & une Bergere ou un petit Berger pour les brebis, & un Valet de charrue feulement; car on fuppofe que le labourage ne fuffife que pour occuper un homme qui fache labourer: fi dans l'occafion on a befoin de quelque ayde; on prendra quelque petit garçon à journée qui entende un peu fon métier ; il y aura deux chevaux de harnois, c'eft affez, dont le Maître pourra fe fervir pour monter quand il fera mauvais temps, & que ces chevaux feront de repos.

Sur le plus ou le moins de Domestiques qu'on veut prendre, on n'a qu'à fe regler fur les prix des gages qui font taxez, voir à quoi cela monte, & juger fi on a les reins affez forts pour foutenir une telle dépenfe,

Nous ne parlons point ici de ces Seigneurs à gros équipage, & aufquels il convient avoir un Intendant, un Aumonier, un Secretaire, un Ecuyer, des garçons d'Office & de Cuisine, outre les chefs, plufieurs Cochers, des Poftillons, plufieurs Palfreniers, un Suiffe, quantité de Laquais, filles de Chambre, Precepteur, Valet de Chambre des enfans, Gouverneur & le reste; tout cela n'eft pas tout à fait convenable à laCampagne,cela ne demande que la Cour; & il faut du moins cinquante, foixante, ou cent mille livres de rente & davantage, pour furvenir à une telle dépenfe: on s'y perd le plus fouvent, & à moins qu'on ait un Intendant & un Maître d'Hôtel très-fidele.

Quoique nous aïons taxé les prix des Valets de charruë, appellez ordinairement Charetiers, on ne prétend pas cependant qu'on s'y arrête tout à fait, puifqu'il y a des endroits, comme dans la Beauce & dans la Brie, où ces Valets ont de gages depuis cent jufqu'a fix vingt livres, au lieu qu'en Bourgogne les meilleurs ne gagnent que foixante livres, & l'on y en a même à quarante-cinq, cinquante & cinquante-cinq livres, c'eft pourquoi

il faut fe regler au Païs où l'on eft.

Il eft vrai que dans les Pays vignobles on leur donne trois chopines oti deux pintes de vin par jour en Eté, outre leur gages, dans les années que le vin n'eft pas cher; on n'en donne guéres aux fous-Valets, & le plus fouvent point du tout; le Valet Vigneron à caufe du fort travail de la vigne en a autant que le Charretier.

Voila tout ce qu'on peut examiner pour l'oeconomie d'une Maison de Campagne: telles font à peu près les regles qu'on y peut apporter, & fur lefquelles néanmoins on peut augmenter & diminuer fi l'on veut : tout cela dépend de la prudence du Maître, & il feroit à fouhaiter pour fe faire une loi de ces réflexions, qu'on s'interrogât foi-même, & qu'on confiderât au juste ce qu'on a de bien en fond, quel en eft le revenu, & que la deffus on voulût établir à peu près fa dépenfe; il eft vrai que la Providence est bien grande, & que ce feroit en quelque façon, difent bien des gens, s'en méfier: point du tout, c'eft la fuivre pas à pas, & fi nôtre dépense furpaffe fouvent nos revenus fans alterer nos fonds, c'eft que cette même Providence permet que d'ailleurs nôtre induftrie y fupplée, & fi cela eft vrai que les gens bornez à leur feul revenu fans autre travail, s'abîment quand ils en agiffent autrement: ainfi donc qu'on fe fonde autant qu'on pourra là-def fus, la Table qui fuit aidera ceux qui voudront entrer dans ce détail.

TABLE.

Où l'on peut voir ce que l'on a à dépenser par jour, à proportion du

revenu qu'on a par an.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Si l'on en veut fçavoir davantage, on en viendra aifément à bout

par

le moyen d'une addition, & encore un coup ce feroit un grand avantage pour le bien des maisons, fi cette Table pouvoit leur fervir de modele pour s'y conformer.

CHAPITRE XI

Qu'on doit choifir chaque Domestique felon le caractere particulier à for employ. Defcription de ces caracteres.

Uand on prend des Domestiques, tels qu'ils foient, il faut toujours confiderer s'ils font d'un caractere qui convienne à l'employ qu'on leur deftine, s'ils font de force & de taille à s'en acquitter comme il faut. Il eft vrai qu'à l'égard de l'interieur, on n'en peut approfondir bien des chofes, qu'à mefure qu'on pratique leur efprit; ce font dans les uns des trefors cachez, & dans les autres beaucoup de défauts: l'apparence eft trompeufe, pour juger fainement du dedans; mais fi après quelque temps de fervice & un examen ferieux fur leur conduite, ces Domestiques ne vous conviennent point, fauf pour lors à les changer. Il eft néanmoins certains défauts qu'il leur faut paffer; car il n'y a nul homme de parfait, outre que le changement de Domestiques ne vaut rien ni pour le Maître ni pour le Valet: c'eft pourquoi on fera fage dans l'attention qu'on fera à leurs démarches, & s'ils font tels à peu près qu'on les fouhaite, à la bonne heure, on les dera, finon, & que leurs défauts fautent trop aux yeux, on les congediera. Noyons quels font les caracteres qui font propres à chacun.

Du Maître d'Hôtel

gar

E Maître d'Hôtel qui eft chargé de la dépense générale, qui fe fait chaque jour dans une Maifon felon l'ordre qui lui en eft donné, doiz s'étudier à maintenir le bon ordre dans tout le Domeftique, & à leur donner à chacun ce qui leur appartient légitimement. Le choix des Officiers tant d'Office que de Cuifine dépend de lui, s'ils font bons il doit les garder, & les changer s'ils ne font pas leur devoir.

Les Boulangers & les Marchands qui fourniffent la bouche, font auffi de fon reffort, & c'est à lui à examiner fi par eux il eft fervi comme il faut; car il doit avoir foin que le pain, la viande & le refte de la nourrirure des Domestiques foit auffi bon qu'il fe pourra, bien apprêté & diftribué proprement, afin de prevenir les murmures, principalement des bas Domef tiques. Il doit avoir foin auffi des malades: & de la nourriture des Chevaux, s'il eft chargé d'achetter les provifions de l'écurie.

Il eft bon qu'il fe connoiffe en vin pour la Table du Maître, & en viande, afin de faire marché avec un Boucher, qui lui donnera deux entrées par semaine; il fera pefer cette viande devant lui, crainte qu'on ne le trompe au poids, & en tiendra un mémoire exact. Son devoir regarde encore les épiceries, & généralement toutes provisions de bouche, & allaifonnemens qu'elles demandent.

C'eft à lui à avoir foin des bateries tant de l'Office que de la Cuifine, & de les faire raccommoder dans le befoin, prendre garde s'il n'en manque point, ainfi que toutes les utenciles neceffaires à un Officier. Le bois pour la provision de la maifon le regarde encore, & la prudence, s'il eft intereffé pour le bien de fon Maître, doit lui faire achetter généralement tout ce qu'il faut dans le temps qu'il y en a en abondance, qu'il eft bon, & qu'il eft à prix médiocre.

Qu'il empêche autant qu'il pourra, le bruit & le tumulte dans la Cuifine & dans l'Office, qu'il appaife les querelles, & ne fouffre pas que les Officiers maltraitent leurs inferieurs. Il ne doit point fe fervir de ces volontaires qui ne font capables d'aucune regle, & peuvent gâter les autres.

Enfin il faut qu'un Maître d'Hôtel fache regler & difpofer les fervices des Tables, qu'il fe donne fur les inferieurs toute l'autorité neceffaire pour le fervice, de maniere que cela s'execute avec douceur & honnêteté,

Du Valet de Chambre.

A difcretion & la fidélité font deux vertus qui doivent être infépara bles d'un Valet de Chambre: il ne doit point être flatteur, ni rien faire qui puiffe préjudicier aux autres Domeftiques, parce qu'il a plus que perfonne l'oreille de fon Maître, & c'eft un avantage dont il ne doit point fe prévaloir pour nuire à qui que ce foit.

Il ne fera rien d'indécent ni de mal-honnête où l'on pourroit le commettre; il doit être adroit, & s'étudier à bien executer ce que fon Maître lui ordonne; il eft bon qu'il fache écrire, rafer, peigner & même coudre en cas de befoin.

C'eft à lui d'avoir foin que les habits de fon Maître foient bien propres, & de faire fon lit & fa Chambre ; il faut encore qu'il ait foin du Cordonnier, du Tailleur, du Perruquier, du Chapellier, & autres Marchands qui fourniffent pour le vêtir, & qu'il prenne garde que le Maître ne foit point trompé.

L'épée & autres armes dont il fe fert font encore commifes à fes foins; il rendra bon compte de l'argent qu'on lui donne pour la Chambre, ainsi que des autres chofes dont il eft chargé; qu'il fe garde bien d'être yvrogne, joueur ni jureur, afin de donner bon exemple aux autres Domestiques; Il eft des amusemens qui peuvent lui convenir, comme de jouer de quelque inftrument, de deffiner ou de peindre; il peut encore jouer aux échets ou aux dames; ces fortes de jeux qui paffent pour innocens, empêchent qu'il ne foit oifif ou qu'il ne dorme, parce que la plupart des Valets de Chambre n'ont rien à faire toute la journée, depuis que leur Maître eft

habillé.

De l'Officier d'Office.

'Employ de l'Officier d'Office, ou Somelier, comme on voudra dire, eft d'avoir foin de la vaiffelle d'argent qu'on lui met entre les mains, du linge de Table, de la batterie d'Office, & de tous les autres meubles qui en dépendent; il a auffi le foin du pain, qu'il doit diftribuer fuivant les

« AnteriorContinuar »