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Dans les païs couverts où les Fauconniers vont à pied à la chaffe, il n'y a point de meilleurs oifeaux que les Autours pour prendre beaucoup de Perdrix & ailleurs on ne s'en fert gueres qu'aux Perdreaux, en attendant que les autres oifeaux foient fortis de la muë. Leur purgation ordinaire pour les mettre en appetit, eft le beurre frais venant de la barate, fans laver, avec un peu de fucre ou de l'herbe appellée éclaire, que l'on leur donna de mois en mois; trempée dans l'eau. Il faut les choifir fort larges devant & derriere, qui ne croiffent guere, les ailes affez ouvertes, la main longue & bien déliée, le col long & la tête mediocrement groffe, la jambe courte & la cuiffe plate & longue. On les mue comme les autres oifeaux niais dans un cabinet où il y ait des cages. Ceux qui pefent le plus quand on les achette, proportion & efpece gardée, font toujours les meilleurs. L'on choisit d'ordinaire les plus petits Autours & les plus grands Tiercelets ; les Eperviers font la même chofe, foit pour le choix, la nourriture, ou pour les mettre en état. L'on muë les uns & les autres comme l'on fait les Faucons niais, avec les mémes précautions.

Les Autours branchiers paffent encore pour être les meilleurs, quand ils font bien dreffez & fi-tôt qu'ils commencent à fe percher, il faut les accoutumer fur le poing & les faire voler de bonne-heure aux Perdreaux dès le mois d'Août; en Septembre, on leur en fera voler deux ou trois tout au plus & dans un tems frais ; on n'eftime pas tant les Tiercelets d'Autours les formez mais les Fourcherets valent mieux que tous. Il faut bien se que donner de garde de leur donner à connoître la Volaille ni les Pigeons, étant à craindre après cela qu'ils ne détruifent la baffe-cour.

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LesAutours de paffage font très-bons pour les païs de montagnes où il y a des arbres. Il faut les chaperonner, ils en valent bien mieux à la difference des Autours niais. Les paffagers ne partent point du poing, & comme tous les Autours aiment à tirer, on a foin toûjours de les acharner au tiroir. Il ne faut pas que ce foit au foleil ni auprês du feu. Quand ces oifeaux ont tiré on les tient dans un endroit ni trop froid ni trop humide, & où le vent ne donne pas.

Il ne faut jamais abattre les Autours que dans un grand befoin, mais il eft bon de les jardiner tous les matins au foleil, quand il n'y a point de vent, on les laiffe deux heures en cet état fur la perche, après qu'ils ont pris leur pât'; c'est leur faire plaifir que de les baigner, & ces oifeaux pour le bien porter ne doivent point voler deux jours de fuite, & s'ils fe font débatus fur la perche, il faut pour les délaffer, les mettre dans un petit cabinet fans être attachez.

Lorfqu'on veut paître les Autours, on les acharne d'abord à un tiroir qui eft fec; fi on veut qu'un Autour donne du plaifir, il faut chercher à lui en faire, & pour cela on ne doit point lui faire voler plus d'une ou deux Perdrix qu'il ne foit bien animé. Quand il a volé, on ne le lâchẹ point qu'il n'ait repris haleine & qu'il ne fe foit fecoué.

La bonne maxime de bien faire voler les Autours eft de ne point les faire voler qu'à propos, c'est-à-dire, quand il ne fait point trop chaud, car ils font fujets alors de monter en effor ou de gagner les arbres, d'où ils ne defcendent point que la faim ne les presse.

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Comment lâcher les Auteurs.

U'on fe donne bien de garde de lâcher les Autours de rebat,c'est-à-dire, de les tenir trop long-temps fans les lâcher. 11 eft à propos de retenir les Autours quand on fçait que les Perdrix font trop fortes on doit fuivre ces Perdrix pour les obliger à repartir.

pour eux, & Les chiens qu'on deftine pour l'Autourferie ne doivent point être découplez que la rofée du matin ne foit paffée; la rofée blanche en hyver eft encore plus dangereufe que celle d'automne; il eft bon pour qu'un Autour vole à fouhait, de lui donner le loifir de guetter les Perdrix à la remife, il eft alors bien plus ardent après elles, & les empiéte bien mieux.

C'est encore un avantage pour les Autours, en ce qu'ils reprennent haleine avec bien plus de loifir, & qu'ils font bien plus difpofez pour le repart. Lorfqu'il y a des gens qui fçavent mal gouverner les Autours, ces oifeaux deviennent difficiles à affaiter, & il arrive fouvent qu'étant naturellement capricieux, ils ne veulent plus defcendre des arbres lorfqu'on les a lâchez; & crainte que cela n'arrive, la prudence veut qu'on porte avec foi une filiere longue de trois ou quatre toifes, où on aura eu la précaution d'attacher à un des bouts l'aile d'une Perdrix morte, pour la traîner enfuite loin de l'oifeau, qui la voyant remuer, fond deffus auffi-tôt, & par ce moyen on vient à bout de reprendre l'Autour.

Il est neceffaire encore de fçavoir fecourir l'Autour à la remife, & pour cela on s'y prend fans y aller étourdiment, car autrement il releveroit fitôt qu'il auroit volé. Il faut, outre ce qu'on vient de dire, chercher toûjours l'abri du vent quand on chaffe avec les Autours, & fi l'on chaffe en -plaine, & que le vent foit trop importun, le plus court expédient est de ceffer de chaffer & de remettre la chaffe à un autre jour, fi le vent neanmoins n'est que mediocre, on peut continuer ce divertiffement, & obferver feulement de ne point chaffer dans le fil du vent.

Les Autours qui volent bas font ceux qui entrent le mieux au vent, car ceux qui s'élevent trop,fe rebutent aifément. S'il arrive qu'on chaffe avec un Autour nouvellement pris, il ne faut pas le tenir long-tems, fans le faire voler, car alors il devient tout difgracieux & ne donne aucun plaifir, & au cas que le mauvais tems ou autre chofe en pût empécher, on prendroit des Perdrix vives qu'on attacheroit au bout d'une filiere longue de douze à quinze pas, puis on y attacheroit l'Autour à l'autre bout, enfuite on prend cet équipage, on s'en va dans un lieu un peu fpacieux, on y montre les Perdrix à l'Autour, qui tout d'un coup fond deffus. Il faut l'en laiffer paître & prendre bonne gorgée, on fait cette manoeuvre de trois jours en trois jours, après cela l'oifeau de proye prend des forces & s'affaite tout des mieux.

Si on veut faire voler l'Autour pour le Canard ou pour le Lapin, il faut qu'il foit des plus courageux & choisir pour la volerie un lieu où il y ait des foffez & des canards dedans qui foient sauvages; on observe d'abord où font ces oifeaux, & fi-tôt qu'on les a remarquez, on prend les devans le long du foffé avec l'Autour fur le poing,& quand on est vis-à-vis,il ne manque pas d'en partir, mais le Vautour auffi-tôt vole deffus; & on empiéte

toûjours quelqu'un. On affaite parfaitement les Autours à cetre chaffe en leur faifant voir quelquefois des Canards domeftiques.

Quand c'eft pour le vol du Lapin qu'on employe les Autours, il faut qu'ils foient tous dreffez au poil & qu'ils foient avides à la chair; mais pour le mieux, on a un clapier chez foi où l'on prend des Lapins pendant toute l'année pour faire que les Autours connoiffent ce gibier; une chofe qu'il y a à remarquer à l'égard des Autours, c'eft qu'à la difference des autres oifeaux de proye, ceux-ci font leur coup à la toife, c'eft-àdire, tout d'une haleine, d'un feul trait d'aile, & qu'ils font toûjours plus prompts à partir du poing que les Faucons.

Des Maladies aufquelles les Autours sont sujets.

Il faut toûjours avoir foin de paître les Autours le matin après les avois curé, autrement ils font attaquez de la botlimie, qui eft une défaillance très-dangereufe pour ces oifeaux; cette maladie leur furvient plus volontiers pendant le froid que dans un autre temps.

Les Autours font encore fujets à certain défaut, qui eft de monter quand le chaud les preffe, & fur tout lorfqu'ils font beaucoup emplumez, mais quand cela arrive, & pour ne point perdre fon oifeau, on fe couche à terre ayant toûjours les yeux fur l'oifeau, on obferve où il defcend, & comme la defcente des Autours eft toûjours fous le vent & fur les arbres qu'ils remarquent les plus proches, alors on les attend deffous, & comme ils y tombent infailliblement, on les reprend fans peine.

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A Près avoir parlé de bien des paffe-temps qu'on prend à la campament

qui confiftent dans les differentes chaffes qui s'y font ordinairement par les perfonnes qui les aiment, nous dirons quelque chofe de la Pefche. Il y a peu d'Auteurs qui en ayent écrit, nous n'avons qu'Appianus qui a fait en grec un Traité de cet exercice, il eft vrai qu'il eft fuccinct, & qu'il n'y parle que des Poiffons de mer.

Athenée & Pline ont bien dit quelque chofe de la nature des Poiffons, mais on n'y lit rien de ce qui regarde la maniere de les prendre, ainfi on peut dire que cette matiere jufqu'ici n'a été touchée que très legerement; l'ufage du Poiffon a été de tout temps,& il y a même beaucoup de Nations qui n'ufent que de cet aliment. Strabon dit même qu'il y en a qui font du pain de Poiffon qu'ils paîtriffent avec un peu de levain pour le rendre plus leger.

Ariftote dit qu'il fait bon pefcher quand le Poiffon fraye, c'est-à-dire, quand il eft en amour, ce qui arrive quand il commence à faire chaud, & dans les endroits de l'eau les plus expofez au foleil, c'eft pour lors, dit ce

Philofophe,

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Philofophe qu'on prend quantité de poisson, principalement lorfqu'on pêche quand le foleil fe leve.

Le poiffon en hyverfe retire dans les guez, quelquefois dans la bourbe ou le fable, il y en a auffi qui fe cachent dans les pierres. Dans le Printemps & dans l'Eté ces animaux reviennent fur l'eau & s'approchent dès que l'herbe commence à croître. Quant au temps de la pêche, c'eft en tout temps, fi on veut, mais on prétend qu'elle eft bien plus abondante en automne qu'en toute autre faifon, & qu'il faut y aller incontinent après que le foleil eft couché, car c'est alors, dit-on, que les poiffons dorment & qu'on les prend plus aifément au feu. Il y a à la verité des poiffons qui fe pêchent en Eté, d'autres en Hyver, les uns se plaisent en des endroits & d'autres en d'autres.

On prétend, qu'ainfi que lorfqu'on chaffe, il faut confulter le vent quand on pêche, que lorfqu'il eft au midi, on doit mettre fes filets au nord, & qu'au contraire quand le vent du nord fouffle, il faut les mettre au midi, ainsi du refte, & toûjours à contre-vent. Mais après cette petite digreffion fur la pêche, venons à la pratique.

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Differentes manieres de prendre le Poiffon.

N dit que l'odeur du Ciclamen, autrement dit, pain de pourceau enyvre & étourdit les poiffons, de maniere qu'on les prend à la main. Ce simple se trouve aifément dans la campagne, & il faut pour cela en mettre au bout d'une ligne, on prétend que la jufquiame ou hennebanne` opere le même effet.

On pêche le poiffon à l'hameçon, & on fe fert pour cela de vers qu'on pique au bout, les poiffons qui en font avides, ne les apperçoivent pas plûtôt qu'ils y courent, & voulant les engloutir, ils fe trouvent pris fous l'appât qu'on leur a tendu. Le poiffon fe prend encore à la foüine, qui est un inftrument de fer à trois pointes qu'on lance fur le poiffon lorsqu'il dort dans l'eau ; il faut pour cela qu'elle foit baffe & bien elaire, & être dans un batteau pour l'aller chercher, c'eft ordinairement au foleil que le poiffon fe trouve endormi, il ne faut point faire de bruit à cette pêche, car le poiffon a l'ouïe fort fine, & lorfqu'il entend le moindre bruit, il s'enfuit.

Le poiffon fe prend auffi aux filets, il y en a de plufieurs façons, mais comme nôtre fujet ne permet pas ici qu'on en traite, nous laifferons le Lecteur à s'en inftruire d'ailleurs, & voyons ici comment chaque poiffon fe pêche.

Pêche des petits Poiffons:

Ncomprend fous ce nom le Chabot, le Goujon, la Loche-franche & le Meunier, les deux premiers fe pêchent à la fouine fur le bord des Rivieres, lorfque l'eau eft claire ; on les trouve auffi fous des pierres qu'on leve doucement de deffus eux, & pour réüffir à cette pêche, il faut être botté, & que l'eau ne foit point profonde, on peut encore les prendre à la lune de cette maniere, & la vraye faifon pour cela eft depuis le mois de

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Novembre jufqu'à Pâques; ces poiffons ne fe prennent point à l'hameçon. Pour la Loche & le Meunier, on les prend à la ligne, à laquelle on attache pour appât des grillots qu'on trouve par les champs ou des grains de raisin, on peut, fi l'on veut, fe fervir de cervelle de boeuf. Le Meunier s'amorce à un petit poiffon qu'on met au bout de l'hameçon, il accourt auffi aux vers qu'on prend fur des charognes.

Pêche de la Perche & de la Plie.

LA
A Perche qui eft un poiffon de riviere fe pêche à l'amorce faite avee du
foye de Chévre, il fe prend auffi au filet. La Plie est un poiffon d'eau
douce ainfi que de mer; il faut que le tems foit calme quand on le pêche ;
& aller dans les rivieres où l'on paffe à gué, & pour cela on se botte fi l'eau
eft trop froide, finon on y va pieds nuds, & dans les endroits où il y a du
fable fur lequel on imprime fes pieds le plus profondement qu'il eft poffi-
ble,
c'eft dans ces trous que les plies fe mettent après qu'on s'eft retiré &
qu'on les trouve quand on y revient..

Pêche du Brochet, du Saumon & du Barbean.

E Saamon, le Brochet, le Barbeau & autres gros Poiffons de riviere fe pêchent au filet ou à la fouine; pour la Truite qui eft un poiffon d'eau douce, elle fe pêche à l'hameçon appât de vers de terre, ou bien on va dans quelque ruiffeau où l'on fçait qu'il y a de la Truite, on en détourne l'eau avec un bâtardeau, de maniere qu'on met le ruiffeau à fec, & après cela il eft aifé de prendre ce Poiffon.

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Pêche de la Carpe.

N prend auffi les Carpes au filet & au tramail le long des crônes, on en pêche encore à la ligne, & pour y réüffir il faut prendre des hameçons d'aciers & des lignes de foye verde, fortes & groffes comme un fer d'aiguillette, les attacher à des gaules pliantes ; ces lignes doivent être garnies d'un morceau de liege éloigné de l'hameçon à proportion de la hauteur de l'eau & de maniere que cette ligne étant jettée dedans, il y en trempe dans l'eau la longur d'un pied avec l'hameçon & l'appât au bout. Il eft bon que chaque ligne qu'on fait pour pêcher la Carpe ait cinq à fix toi fes plus que les autres, fans qu'on prétende dire pour cela qu'il faille la jetter ainfi toute entiere, tant s'en faut qu'au contraire on doit l'entortiller autour de la gaule, & n'en l'aiffer qu'autant qu'on juge à propos en avoir befoin pour pêcher d'abord, & après que la Carpe a donné à l'hameçon, & qu'on fent qu'elle veut s'échapper, on ne la violente point, mais détortillant petit à petit la ligne, on la laiffe promener à fon aife jufqu'à ce qu'elle fe noye, ce qui arrive peu de temps après qu'elle eft prife, puis on l'amene doucement à foi pour la prendre. Il eft bon que l'endroit où on pêche la Carpe à la ligne foit uni, c'est-à-dire, qu'il n'y ait ni pierres ni herbes, & que les bords de l'eau ne foient point trop efcarpez.

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