Es Anguilles fe prennent à la naffe, qui eft une espece de filet, dans le quel on met pour appât les inteftins de quelque animal, on en pêche quelquefois à la foüine, lorfqu'elles font dans la bourbe: voici encore un autre fecret dont on fe fert pour pêcher l'Anguille. On prend une javelle de farment, on la noue par les deux bouts les brins fort écartez l'un de l'autre, on lajette enfuite dans le fond de l'eau avec une groffe pierre pour l'y tenir arrêtée, ou bien on attache un pieu, on la laisse en cet endroit pendant une nuit ou deux, puis après on tire cette javelle de l'eau & on trouve dedans des Anguilles entrelaffées & prifes au farment par des dents. Elian qui a écrit quelque chofe de la Pêche, dit que pour pêcher les Anguilles il faut prendre un boyau de Mouton ou d'autre animal, long d'environ trois ou quatre coudées, le tenir de la main par un bout & jetter l'autre dans l'eau, &'inferer dans le bout qu'on tient un morceau de canne percée long d'un doigt feulement, l'Anguille qui voit cet appât y accourt d'abord, l'avalle avidemment, enfuite celui qui pêche doit foufler dans la canne ; alors le boyau s'enfle, & preffant fortement le golier de ce poiffon, il le lui ferre de maniere qu'elle en perd la respiration & qu'elle étouffe, & ne pouvant à caufe de cela débarraffer fes dents du boyau, on l'amenne aifément à foi, puis on la prend. Pour la Lamproye, elle fe pêche à la nasse & jamais au filet. Pêche de la Tanche, CE Poiffon fe pêche aux filets, à la naffe & à l'hameçon ; le veritable temps eft le Printemps & l'Eté, on n'en trouve pas tant en Hyver & en Automne; la Tanche fe trouve en abondance dans les Etangs & les lieux marécageux. De plufieurs autres Secrets pour prendre toutes fortes de Poissons.. ON prétend que lorfqu'on frotte ses mains de fuc de joubarbe, d'orties & d'ail, & qu'on les trempe ainfi dans l'eau, les poiffons y accou rent auffi-tôt, & qu'on les prend aifément à la main; le fecret qui fuit a le même effet: voici quel il eft. Prenez des feuilles de joubarbe, de baume domèstique & fauvage, faites-les bouillir dans de la graiffe de cheval en confiftance d'onguent, frottez-vous-en les mains, trempez-les ainfi dans l'eau où il y a du Poiffon foit riviere ou étang, vous prendrez du Poiffon fans peine avec vôtre main. Quelques-uns prennent du fuc de cette même joubarbe, le verfent fur de l'ortie & de la quintefeuille, ils pilent le tout enfemble dans un mortier, puis ils fe frottent les mains de cette compofition, en jettent le marc dans l'eau & fe mettent après en état de prendte du Poiffon en trempant leurs mains dans l'eau, tout le Poiffon y accourt auffi-tôt, & le Pêcheur fait alors bonne pêche. Les Pêcheurs de profeffion attirent le poiffon dans leurs filets de la ma niere que voici. Ils ramaffent des vers luifans en Eté, c'est la faifon qu'on les trouve, ils les font diftiller à feu lent dans un vase de verre jusqu'à ce que l'eau en foit toute évaporée, enfuite ils prennent cette eau, its la mettent dans une fiolle de verre, ils y mêlent quatre onces de vifargent & bouchent bien cette fiolle, qu'ils prennent après pour la mettre dans leur filet, lorfqu'il eft tendu, & l'on tient que cela y attire les poiffons. Le Poiffon s'amaffe encore dans un filet tendu, lorfqu'on y met des os de Porc falé dont on a tiré la chair, après qu'on les a fait cuire. Il y en a qui mettent dans leurs filets de l'appât odoriferant, & qui mettent tout autour cinq ou fix fleurs d'une couleur bien vive & fufpendent le tout au milieu du filet. D'autres, pour operer le même effet, prennent de la chair de Levraut tout des plus venez, ils la font rôtir & à mesure qu'elle cuit ils l'arrofent de miel, puis ils s'en fervent comme d'appât en cette forte; cette chair étant à demi cuite, ils en font des rôties avec du pain qu'ils mettent dans la léchefrite fous le dégoût du Levraut, & quand ce rôt eft cuit, & que les rôties font bien imbibées, ils coupent le Levraut & les rôties par morceaux, & prennent le tout pêle-mêle pour leur fervir d'appât, qu'ils mettent dans leurs filets. Voici un autre fecret qu'on prétend très-bon pour trouver des vers pour fervir d'appât quand on veut pêcher. Prenez environ un quarteron de noix verdes dans le temps qu'elles font encore fur l'arbre, rapez-les l'une après l'autre, enfuite mettez une brique dans un feau d'eau ou une tuile, il n'importe, répandez dessus vôtre rapûre, laissez-là dans cette eau jusqu'à ce qu'elle ait pris l'amertume des noix, prenez cette eau, & vous en allez où vous croyez qu'il y a des vers, jettez de cette eau en cet endroit, & vous verrez pour lors les vers fortir de terre à milliers, ramaffez-les auffi-tôt crainte qu'ils n'y rentrent. On fe fert principalement de ces vers pour la ligne ou pour compofer d'autres amorces dont on fçait que le poiffon eft avide. C Pêche des Ecreviffes & des Grenouilles. E font ici les Pêches aufquelles on s'adonne le plus volontiers à la campagne, & pour réüffir à la Pêche des Ecreviffes, il y en a qui pren neut un chien ou un chat, on un vieux liévre, c'eft pour le mieux, ils le mettent dans du fumier de cheval durant huit jours, enfuite ils l'en tirent, ils le lient enfuite: à une corde qu'ils attachent à une pierre ou piquet, puis ils mettent cet appât dans l'eau, l'y laiffent jufqu'au lendemain, puis quand ils retournent à leur pêche, ils trouvent leur charogne toute environnée d'Ecreviffes dedans & dehors, ils les prennent & laiffent leur Liévre en même état qu'auparavant, cela fe fait tous les jours deux fois tant que la charogne fubfifte, & pour faire qu'ils ne s'y perdent point d'Ecreviffes on gliffe deffous la charogne un panier dans lequel les Ecreviffes tombent, ou bien on fait autrement. On prend un fagot d'épines ou de bois.tortu, on met la charogne dans le milieu toutes les Ecreviffes s'y amaffent, & pour lors on peut tirer ce fagot avec un crochet fans qu'il s'y en échappe aucune. Quelques-uns prennent une vieille moruë qu'ils mettent pourrir dans du fumier pendant quinze jours, puis ils la mettent dans l'eau jufqu'au lendemain qu'ils la trouvent toute chargée d'Ecreviffes, on fe fert d'un panier comme on a dit pour les ramaffer. Il y en a pour prendre quantité d'Ecreviffes, qui s'en vont à de petits ruiffeaux où ils fçavent qu'il y en a beaucoup, ils en arrêtent l'eau par le moyen d'un bâtardeau, de maniere quele ruiffeau eft à fec, cela fait, on voit toutes les Ecreviffes qui font forties de leurs trous, & tomber à bas où on les prend à la main. D'autres fe mettent dans l'eau & les pêchent à la main qu'ilsfourent dans les endroits où ils croyent qu'il y a des Ecreviffes. Les Grenouilles ne font point difficiles à pêcher, les uns pour y réaffir mettent la nuit une chandelle fur le bord de l'eau où il y en a, cela les fait taire, puis ils y enfoncent un pot où on a enfermé un ferpent d'eau, & tout d'un coup les Grenouilles s'affemblent tout au tour, & on les prend après comme on veut. Shon veut réüffir d'une autre maniere à prendre desGrenouilles, il faut faire provifion de torches de paille, les allumer & aller plufieurs de compagnie à l'endroit qu'on fçait abonder en grenouilles; il eft à propos qu'un ou deux de ceux qui pêchent fe mettent dans l'eau tout nuds & prennent un fac qu'ils mettent entre leurs jambes pour y mettre les grenouilles qu'ils prennent. Tandis que ceux qui font dans l'eau font leur devoir, les autres tiennent chacun une torche allumée à la main, & c'est par le moyen de cette lueur que les grenouilles accourent à milliers au tour des Pêcheurs qui en prennent tant qu'ils veulent de cette maniere. Le verirable temps pour pêcher les grenouilles eft la nuit, quand elle est bien noire, cette pêche eft très-amufante à la campagne ainfi que tous les autres plaifirs qu'on y prend, & dont on a parlé dans cette derniere partie de ce Livre. Voilà à profent nôtre Theâtre d'Agriculture dans fa perfection, il eft vrai qu'il s'y paffe bien des fcenes differentes ;mais ce qu'on y trouve de particulier,c'eft que tout y fait plaifir, tout y eft avantageux, l'homme oeconô❤ me y trouve fon compte, les Gens de diftinction, les Bourgeois & les perfonnes de la campagne s'y trouvent interreffez; ainfi on peut dire que cet Ouvrage eft un Livre utile & digne de l'application de tout le monde. Fin du cinquième & dernier Livre, 734 TABLE DES MATIERES A PAR ALPHABET H. A Beilles, voyez Mouche à miel. Agneaux, comment les gouverner. 2071 Alimens, propriétez des alimens pour fe con- lées de Jardin & combien il y en a de for- Ane, à quoi propre dans une Maison de cam- 282. Arbre, choix qu'on en doit faire, 459. com- Arrofemens pour les Jardins, comment les Afperges, comment cultivées. 435. Aulne, comment cultivé. 406, B Bain, conftruction d'un Baffin pour un jet d'eau, 553. 554. differens. Baffins $55. Bafilic, fa culture. 445: Beurre, ce que c'eft, avec la maniere de le faire Boeuf, comment les domter, 168. * 169. 186. Bois, ce que c'est en Agriculture, 386. fon Bois champêtres, leurs ufages 391. commeat *Bois Futaye, comment le percer pour ména Bofquets, ce que c'eft, & ce qu'il y faut ob- Bones, choix qu'on en deit fçavoir faire 200, Brebis, des Brebis & du choix qu'il en faut fai- Buißon ardent la culture. 404. Canards, comment en élever. 435. Cerfeuil, comment multiplié. 434. Cire, maniere de tirer la cire, 298. comment la blanchir. 299. Cifterne, fa conftruction. 47. Citrouilles, comment cultivées. 444. remarquer, 143. 144. comment le peupler, Concombres, leur culture. 444. Chapons propres à conduire des Pouffins. 118, éteindre le feu qui s'y eft pris. 45. Chêne, differentes efpeces de Chêne, 391 fa de les connoître 227. autres circonstances né- Chicorée, comment cultivée, 432. Choux, efpeces differentes des choux, leurs Connoissance de foi-même pour bien réüffir au faire, 65 651. & 851. Cog, choix d'un bon Coq. 105. ce qu'il y a Cormier, la culture, 483. à quoi utile, idėm. Coulis, ce que c'eft, comment les faire. 630. Cuifirier, quelles en doivent être les quali- tez. 72. Cuisinier parfait, ce que c'eft, 589. quelques 491. Cuisiniere, qu'elle elle doit être. 75. D Aim, chaffe du Daim 705. Devoirs d'une femmerde campagne pour |