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peuple s'écria: C'eft la foi: la voilà: c'est le don de AN. 432. Dieu. Cyrille orthodoxe : c'est ce que nous voulions 25. Décembre. entendre. Qui ne dit pas ainfi, foit anathême. Paul d'Emefe continua : Qui ne dit pas, & ne penfe pas ainfi, foit anathême, & rejetté de l'églife. Il reprit fon difcours, & continuant d'expliquer le myftere, il vint à dire : Car le concours des deux natures parfaites, je veux dire, de la divinité & de l'humanité, a formé un feul Fils, un feul Christ, un feul Seigneur. A ces mots, le peuple l'interrompit encore & s'écria: Vous êtes le bien venu, évêque orthodoxe: digne de Cyrille, don de Dieu. Paul acheva fon fermon en peu de mots, anathématisant expressément ceux qui difoient deux Fils, ou qu'Emmanuel étoit un pur homme, & relevant la confeffion de S. Pierre, qui reconnoît un feul Fils du Dieu vivant. Matth. xvI. 16. Enfuite il laissa la parole à S. Cyrille, selon la coû¬

tume.

AN. 433.

Paul d'Emese n'ayant pas eu ce jour-là affez de tems pour s'expliquer, prêcha encore dans la grande Ibid, 6. 32% églife d'Alexandrie, huit jours après, fçavoir le fixiéme de Tibi, autrement le premier de Janvier 433. Le fermon fut plus long, & il y expliqua exactement le myftere de l'incarnation, contre les erreurs de Neftorius & d'Apollinaire. Le peuple l'interrompit encore deux fois, par des acclamations favorables, & S. Cyrille parla enfuite en peu de mots fur le même fujet.

B.

C.330

Paul vouloit que la déclaration qu'il avoit donnée Cyr. epift, ad Apar écrit, fervît à Jean d'Antioche, & à tous les évê- cac. Mel. p. 1116. ques Orientaux, comme étant faite en leur nom, & qu'on ne leur demandât rien davantage. Mais S. Cy

AN. 433.

P. 1153. C.

rille s'y oppofa, foûtenant que la déclaration de Paul ne fervoit qu'à lui feul, & voulut abfolument que Jean d'Antioche donnât auffi fa déclaration par écrit. Epift. ad Dou. S. Cyrille tint ferme auffi fur quatre évêques dépofez, pour le rétablissement desquels Paul insistoit dès le commencement. C'étoit Hellade de Tarfe, Eutherius de Tyane, Himerius de Nicomedie, & Dorothée de Marcianople. S. Cyrille déclara qu'il n'y confentiroit jamais, & ils ne furent point compris dans la paix.

Epift. ad Theogn.

to. Sa pa 1520

XX.

àConftantinople.

modic. 6. 203.

S. Cyrille dicta de concert avec Paul d'Emefe la déclaration que Jean d'Antioche devoit foufcrire, & en chargea deux de fes clercs, avec une lettre de communion pour lui: mais il leur défendit de lui rendre la lettre de communion, qu'il n'eût auparavant figné la déclaration. Les deux clercs accompagnerent le tribun Ariftolaüs, qui retourna à Antioche, s'ennuyant des longueurs de cette négociation. Il pro→ mit avec ferment à S. Cyrille, que le projet de la déclaration ne se perdroit point. Et fi l'évêque Jean, ajoûta-t-il, ne veut pas le foufcrire, je m'en irai droit à Conftantinople, & je dirai à l'empereur, qu'il ne tient pas à l'églife d'Alexandrie, que la paix ne fe fasse, mais à l'évêque d'Antioche. Cet écrit contenoit l'approbation de la dépofition de Neftorius, la condamnation de fes dogmes.

&

Cependant S. Cyrille agiffoit puiffamment à ConS. Cyrille agit ftantinople, afin que les ordres de la cour preffaffent Ep. Epiph. Sy-Ariftolaus de finir cette négociation, & Jean d'Antioche d'abandonner Neftorius. Saint Cyrille écrivit pour cet effet à fainte Pulcherie, à Paul préfet de la chambre, à Romain chambellan, à deux dames,

Marcelle & Droferia ; & il leur envoya des bénédi- AN. 433. ctions, c'est-à-dire des préfens. Il en donna aussi à un autre préfet, nommé Chryforete, qui étoit oppofé aux intérêts de l'églife, & il le fit folliciter de fe défifter de fes poursuites, par deux autres officiers, à qui il envoya des préfens. C'est ce qui paroît par une lettre d'Epiphane, archidiacre & fyncelle de S. Cyrille, à Maximien de Conftantinople, par laquelle il le preffe d'agir de fon côté pour la conclufion de cette affaire. Suppliez, dit-il, l'imperatrice Pulcherie, qu'elle écrive fortement à Jean, afin qu'il ne foit plus mention de cet impie, c'eft-à-dire de Neftorius: que l'on écrive auffi à Ariftolaüs, afin qu'il le preffe. Priez le faint abbé Dalmace, qu'il mande à l'empereur, avec des conjurations terribles, & aux officiers de la chambre, qu'il ne foit plus mention de Neftorius: priez auffi le faint homme Eutychés, qu'il combatte pour nous. C'est celui qui fut depuis héréfiarque. Epiphane ajoûte: Vous verrez par le mémoire ci-joint, ceux à qui on a envoyé des préfens, & combien la fainte église d'Alexandrie a fait pour vous; car nos clercs sont affligez, qu'elle foit dépouillée à cause de ce trouble, & qu'elle doive au comte Ammonius quinze cens livres d'or, outre ce qui a été envoyé d'ici; & on lui a encore écrit de donner auffi des préfens aux dépens de votre églife à ceux que vous connoiffez intereffez, afin qu'ils ne chargent pas l'églife d'Alexandrie. Priez Pulcherie qu'elle faffe mettre Laufus à la place de Chryforete, pour abattre sa puissance; autrement nous ferons toûjours maltraitez. Cette lettre nous fait voir en partie ce qui se passoit à Conftantinople.

AN. 433.

Cyr. p. 152.

Quelques-uns y murmuroient de l'accord com mencé, & faifoient courir le bruit, que S. Cyrille s'étoit retracté, & avoit condamné ce qu'il avoit Epift. 1o. 5. ep. écrit contre Neftorius. Car les Neftoriens qui vouloient revenir, interprétoient ainsi sa lettre à Acace de Berée. Cela obligea S. Cyrille d'écrire aux prêtres Theognofte & Charmofyne, & au diacre Leonce, fes apocrifiaires à Conftantinople, c'est-à-dire, fes agens, pour folliciter à la cour les affaires de fon églife. Il leur raconte tout ce qui s'étoit passé jusques alors, depuis la lettre qu'Acace de Berée lui avoit écrite pour entrer en négociation ; & conclut en ces termes: Ne laiffez donc perfonne en peine; je ne fuis pas fi dépourvû de fens, que d'anathématifer ce que j'ai écrit. J'y perfifte, & fuis dans les mêmes fentimens ; car ils font bons, & conformes à l'écriture, & à la foi de nos peres.

Sup. n. 18.

XXI. Réconciliation

che.

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Jean d'Antioche fe rendit enfin, & écrivit une letde Jean d'Antio- tre à S. Cyrille, où il dit que pour le bien de l'église, & pour fatisfaire à l'ordre de l'empereur, il a donné commiffion à Paul d'Emefe de faire la paix, & de donner en fon nom l'expofition de foi, dont ils Conc. Ephef. p. font convenus, en ces termes : Quant à la Vierge Marie mere de Dieu, & la maniere de l'incarnation, nous fommes obligez de dire ce que nous en penfons, non pour ajoûter quoi que ce foit à la foi de Nicée, ni pour prétendre expliquer les mysteres ineffables: mais pour fermer la bouche à ceux qui veulent nous attaquer. Nous confeffons donc que NotreSeigneur Jefus-Christ est le Fils unique de Dieu : Dieu parfait & homme parfait, compofé d'une ame raisonnable & d'un corps, engendré du Pere avant

les

les fiécles, felon la divinité ; & le même engendré AN. 433. dans les derniers jours pour notre falut, de la Vierge Marie, felon l'humanité : le même consubstantiel au Pere, felon la divinité, & consubstantiel à nous, felon l'humanité : car les deux natures ont été unies; c'eft pourquoi nous confessons un Christ, un Fils, un Seigneur. Suivant l'idée de cette union fans confufion, nous confeffons que la fainte Vierge est Mere de Dieu; parce que le Verbe de Dieu s'eft incarné, & fait homme; & par la même conception a uni à lui le temple qu'il a pris d'elle. Quant aux expreffions des évangélistes & des apôtres, touchant Notre-Seigneur, nous fçavons que les théologiens en appliquent les unes en commun, comme à une personne & les autres féparément, comme à deux natures; attribuant à Jefus - Chrift celles qui font dignes de Dieu, selon sa divinité, & les plus basses, selon son humanité.

Ayant reçû cette confeffion de foi, nous fommes convenus, pour procurer la paix univerfelle aux égli fes, & ôter les scandales, de tenir pour dépofé Neftorius, jadis évêque de Conftantinople, & nous anathématifons fes mauvaises & profanes nouveautez de paroles; parce que nos églifes confervent la faine & droite foi, comme votre fainteté. Nous approuvons auffi l'ordination du très - faint évêque Maximien, en l'église de Conftantinople, & nous fommes dans la communion de tous les évêques du monde, qui gardent & enfeignent la foi pure & orthodoxe.

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La paix étant ainfi faite, S. Cyrille annonça cette Conc. Eph. p. 3. heureuse nouvelle à fon peuple, en un petit fermon qu'il fit le vingt-huitiéme de Pharmouthi, indiction

Tome VI.

Z

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