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Ouvrage, & s'offrit de faire les frais, tant de la réimpreffion des cinq numéros qui ont paru, que de l'édition de ceux qui reftent à faire. L'Auteur, follicité par l'amitié, encouragé fur-tout par un fuffrage refpectable, & d'autant plus défintéreffé qu'il n'avoit pas mis fon nom à la tête de ce Recueil, & qu'il n'a pas l'honneur d'être connu de M. le M. de P. ayant refondu fur d'anciens manufcrits, l'Hiftoire des quatre fils d'Aymon, fe difpofoit à la livrer à l'impreffion, lorfqu'il apprit que Fournier, Libraire, venoit d'acquérir le refte de l'édition de Coftard: il le fit avertir du deffein où il étoit de continuer cette fuite de Romans, Le fieur Fournier fe concilia avec lui pour la réimpreffion & correction des numéros déjà imprimés, & pour la rédaction des autres Romans anciens, ainfi qu'il l'avoit annoncé dans la Préface de Pierre de Provence.

Ce dernier a été refondu par M. le Comte de Treffan, en 1779, dix ans après la premiere édition de la Bibliotheque bleue. Son Ouvrage, inféré dans la Bibliotheque des Romans, écrit d'un ftyle féduifant, n'a porté aucun préjudice au premier; c'eft le même tableau préfenté au Public par deux Peintres, dont la maniere différente a été également bien accueillie.

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maniere très agréable, dans un livre, imprimé pour la premiere fois en 1769 in-8°. Je confeille aux Dames de lire ce Recueil en entier il fera autant de plaifir à celles de ce temps - ci, que les Romans originaux ont pu en faire à leurs ayeules il y a trois cents ans.

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QUATRE FILS D'AYMON.

HISTOIRE HEROIQUE.

PREMIERE PARTIE.

CHAPITRE PREMIER.

Charlemagne envoie Lothaire, fon fils, fommer le rebelle Duc d'Aigremont. Horrible félonie du Duc. Charlemagne fait Chevaliers les quatre fils d'Aymon, & s'apprête à venger l'affaffinat de Lothaire. Les fils d'Aymon, parens de l'affaffin, quittent la Cour de Churlemagne, pour n'être pas obligés de combattre contre lui. Accueil que leur fait leur mere. Le Duc d'Aigremont vient au - devant de Charlemagne, eft vaincu, & demande grace pour fes Sujets au Vainqueur Clémence héroïque de Charlemagne.

CHARLEMAGNE venoit de terminer contre les Sarrafins une longue & fanglante guerrre. Il avoit mis à mort leur Chef, & avoit remporté une victoire complete. If jouiffoit au milieu d'une Cour brillante & nombreuse

des douceurs de la paix & de l'amour de fes Peuples On fe confoloit au fein des plaifirs & des fêtes de la mort des Seigneurs & des grands Capitaines que le fer avoit moiffonnés. Paris étoit le rendez-vous de toutes les nations. Les Arts que ce Monarque protégeoit ; le luxe & la politeffe qui les accompagnent y attiroient ce qu'il y avoit de plus diftingué en Allemagne, en Angleterre, parmi les Normands, en Lombardie, dans toutes les parties de la France, dans les Royaumes voisins & même parmi les Peuples barbares qui s'étoient emparé de l'Italie.

Les douze Pairs de France ornoient la Cour de Charlemagne. Parmi ces plus vaillans Guerriers, on diftinguoit le brave Duc Aymon, Prince des Ardennes, & fes quatre fils Renaud, Allard, Guichard & Richard, Héros dont les exploits étoient connus aux deux bouts de la terre à Renaud étoit le plus renommé; fa taille de fept pieds, & les juftes proportions de fon corps, le faifoient regarder comme le plus bel homme qu'il y eût au monde.

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Charlemagne affembla fes Chevaliers & fes Barons, une des fêtes de la Pentecôte, & leur parla en ces termes : » Généreux Chevaliers, chers Compagnons de mes vic» toires, c'est à votre valeur que je dois les conquêtes rapides que j'ai faites: par vous j'ai fait mordre la pouffiere au téméraire Sarrafin, & j'ai chaffé loin de nos » frontieres cette nation infidelle & barbare. Il est vrai » que nous avons perdu plufieurs braves Chevaliers : ils partageroient nos triomphes & notre gloire, fi d'orgueilleux vaffaux n'avoient pas refufé de venir combattre avec nous, quelques invitations que je leur en aye » faites. Vous le favez, courageux Duc de Bretagne, vous qui, au bruit de la trompette, accourûtes à notre fe» cours; & vous, brave Galerand de Bouillon, qui portiez l'Oriflâme, vous Lambert de Berry, & vous » Geoffroi de Bourdeille, braves foutiens d'un Roi qui » vous chérit, vous le favez, fans vous le Sarrafin vainqueur, après avoir fubjugué l'Italie, auroit porté fa » fureur & fa religion facrilege au fein de votre patrie. Les refus obftinés de Gerard de Rouffillon, & de fes » deux freres, le Duc de Nanteuil & le Duc Beuves

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» d'Aigremont, font la caufe de nos pertes; ils nous ont empêché de porter plus loin la terreur de nos armes. » Nous aurions pu repouffer jufqu'à fa fource ce torrent » de Barbares qui s'eft répandu dans l'Europe; mais celui qui a témoigné le plus d'obftination eft le Duc de Beuves. » Je me propofe de le fommer encore ; & s'il refufe j'irai, le fer & la flamme à la main, affiéger Aigre» mont, & quand je l'aurai en mon pouvoir, je jure ›› de de ne faire grace ni à ce Duc infidele, ni à Maugis fon " fils, ni à fa femme, ni à fes vaffaux ».

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Le fage Naimes de Baviere, le Neftor de la Cour de Charlemagne, arrêta fa fureur. » Sire, lui dit-il, quelque jufte que foit votre reffentiment, avant de con» damner le Duc d'Aigremont, je crois qu'il eft de » votre fagesse de lui envoyer un homme qui réuniffe la prudence & l'art de parler au cœur, afin qu'il lui » remontre fes devoirs, & qu'il difcute fes raifons. Un » Souverain ne doit employer la force contre fes ennemis » qu'au défaut de tout autre moyen. Les querelles des » Rois intéreffent les Peuples. Que deux particuliers re» courent à la vengeance, elle ne peut être funefte tout » au plus qu'à deux hommes; mais la mort d'un million » de Sujets eft fouvent la fuite du courroux d'un feul. »

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Charlemagne approuva la propofition de Naimes: il attendit que quelque Chevalier fe préfentât pour fe charger de ce meffage; aucun n'ofoit prendre fur lui une commiffion fi délicate: d'Aigremont étoit craint; d'ailleurs prefque tous les Chevaliers étoient fes parens, & le Prince des Ardennes étoit fon coufin.

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L'Empereur voyant leur embarras, appela Lothaire fon fils, & lui dit: » Món fils, s'il étoit de la dignité d'un » Souverain d'aller lui-même demander à fon Sujet raison » de fa révolte, je n'hésiterois pas un moment de partir: l'injure qu'il fait à votre pere retombe fur vous; c'eft » donc à vous de vous charger de cette entreprise : je ne » vous diffimule pas qu'elle eft dangereufe. Beuves eft » cruel & perfide; mais vous êtes le fils de fon Roi; » vous êtes brave; & fi ces titres facrés ne lui en impofoient point, je vous donne cent Chevaliers à votre » choix pour vous accompagner. Vous direz au Duc d'Ai

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» gremont que je veux bien lui accorder trois mois pour » faire fes préparatifs : mais fi après ce terme il ne fe » rend pas auprès de nous avec fes troupes, déclarez-lui » que je le traiterai en ennemi ; que j'irai mettre le fiége » devant Aigremont; que je renverferai fes murailles; » que je détruirai fa ville; que je dévasterai fes cam"pagnes; que fur les débris de fes tours embrafées, je » ferai couler le fang du pere & du fils, & du fils, & que je livrerai » fa famille aux bourreaux ».

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Lothaire s'inclina, nomma fes Chevaliers, & le lendemain il alla prendre congé du Roi, qui ne put retenir fes larmes en l'embraffant, comme s'il eût prévu le fort qui l'attendoit. Toute la Cour vit partir le jeune Lothaire avec regret, fans que perfonne osât néanmoins foupçonner Beuves, d'être affez déloyal pour ofer porter une main facrilége fur le fils de fon Roi, revétu par fon pere du titre facré d'Ambaffadeur.

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Le Duc d'Aigremont fut bientôt informé par fes efpions du départ de Lothaire: il affembla fon Confeil, non comme un bon Prince qui cherche dans les lumieres de fes Sujets l'avis le plus fage, mais comme un tyran qui ne raffemble fes efclaves, que pour leur faire approuver les deffeins les plus injuftes. » De quel droit, leur dit-il, Charlemagne prétend-il me forcer à le fecourir? eft-ce parce qu'il régne fur de plus vaftes Etats que moi? » S'il mefure l'Empire fur l'étendue, ne puis-je pas le » mefurer fur l'obéiffance aveugle de mes Sujets? S'il fe >> croit mon Souverain, parce qu'il penfe être le plus fort, » à quoi se réduit fon titre, dès que je puis former les » mêmes prétentions que lui? Il eft vrai que j'ai fait

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ferment de lui obéir & de lui porter fecours; mais vous » connoiffez tous la valeur de ces fermens politiques » arrachés prefque toujours ou à la foibleffe des Souve » rains, ou à l'impérieufe néceffité des circonftances, & » dont l'effet ceffe avec l'impuiffance de repouffer une » force fupérieure. Tel eft le cas où je me trouve : Souve» rain abfolu de mes Sujets, plus fort Charles que » fituation de mes Etats, plus fort encore par la valeur » de Gerard de Rouffillon, du Duc de Nanteuil, & du » Prince des Ardennes mes freres, & fur-tout par l'intré

par

la

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