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s'eft quelquefois pratiqué: fi le flambeau venoit à s'éteindre entre les mains de celui qui en avoit été faifi le premier, celui-ci déchû de toute espérance, donnoit le fambeau à un fecond, qui n'ayant pas été plus heureux, le donnoit à un troifiéme, & ainfi de fuite, jufqu'à ce qu'on eût épuisé le nombre de ceux qui fe préfentoient pour difputer le prix; & fi aucun des prétendans n'avoit réussi, le prix étoit réfervé pour une autre fois.

L'Archonte Roi préfidoit, foit que ce spectacle tenant un peu à la Religion, exigeât fa préfence; ou qu'on crût par-là relever la dignité de ces jeux, & prévenir le défordré. L'Archonte étoit accompagné des Epimélétes, nom fort connu dans les ufages d'Athènes, & qui défignoit en général des Commiffaires chargés de l'exécution des ordres émanés de la volonté du Souverain, ou de celle des Particuliers, mais qui semble ici reftreint à une espéce d'Infpecteurs commis pour le détail de tous les petits foins que demandoient l'appareil & la célébration de ces jeux. Je fuis tenté d'ajoûter,quoique je n'en trouve aucune trace, que l'Archonte & les Epimélétes connoiffoient des petits différends qui s'élevoient quelquefois entre les champions; qu'ils décidoient du dégré de mérite de chacun d'eux en cette journée; qu'ils nommoient & couronnoient le vainqueur, & qu'on ne pouvoit appeller de leurs jugemens; & fi quelqu'un prétend outre cela que l'Archonte & les Epimélétes, ou même l'Archonte feul donnoit le signal pour commencer la course, je n'en difputerai point avec lui, quoique j'aie dit nettement le contraire; pourvû toutefois qu'il puiffe plier à fon fentiDans la Comédie ment les termes d'Ariftophane, l'unique fondement de mon opinion à cet égard.

des Grenouilles.

Une plus ample explication deviendroit une differtation, s'écarteroit du deffein général de cet ouvrage, &, puifqu'il faut tout dire, feroit fort au-deffus de mes forces;

ET DES CULS-DE-LAMPES.

xix ainsi je laisserai aux Littérateurs profonds le foin de rechercher pourquoi l'ancien Commentateur de Perfe donne le nom de vainqueur à celui qui commençoit la course: une victoire précédente, le fort, ou quelqu'autre titre décidoit-il du rang dans lequel les prétendans devoient courir? Sur quoi fe fonde Pfellus lorfqu'il avance, contre le texte de Paufanias, que le flambeau tout allumé paffoit de main en main fucceffivement, & tout en courant? Je demanderai encore fi la coupe qui eft ici repréfentée étoit le prix ordinaire de ces jeux; fi l'on y couron noit plus d'un vainqueur, comme l'infcription femble l'infinuer, ou file nom de Lampadiftes fe donnoit indifféremment à tous ceux qui avoient difputé le prix, même fans fuccès; & enfin fi Meurfius a bien rencontré lorfqu'il a dit, contre le témoignage de quelques textes affez précis, qu'aux fêtes Panathéniennes ces jeux fe donnoient dans le Pirée, & non pas dans le fauxbourg d'Athènes, comme aux fêtes de Vulcain, & à celles de Prométhée.

On voit au-deffus de la coupe le nom de celui qui avoit fait dreffer le monument: mais il n'eft pas facile de déterminer qui étoit cet Atticus, ce nom ayant été don-né à plufieurs en différens temps..

La couronne qui fert de cul-de-lampe pag. 156. a été trouvée fur un bas-relief dans le Monaftère de S. Jean, fur le mont Hymette. Elle étoit avec huit autres trèsparfaitement espacées fur le marbre. Quelques-unes ren-fermoient des infcriptions. On fçait la coûtume des Athé-niens: lorfqu'un citoyen s'étoit diftingué par fes fervices ou par ses talens, le Sénat, quelquefois même le Peuple affemblé, lui décernoit une couronne qui lui étoit don-née folemnellement dans un jour de fête en préfence de tout le Peuple. Ces couronnes étoient quelquefois d'or;;

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RECUEIL

2 l 1

RECUEIL D'ANTIQUITÉS

ÉGYPTIENNES, ÉTRUSQUES, GRECQUES ET ROMAINES.

PREMIERE PARTIE.

DES ÉGYPTIENS,

'ORIGINE des Egyptiens fe perd dans les temps fabuleux; & l'hiftoire ne nous apprend rien des commencemens de ce Peuple. Il s'y montre d'abord avec des traits de fageffe & de grandeur qui cara&térisent toutes fes idées. Nous le voyons environné des Arts, qu'il a approfondis, parce qu'il en a connu la vafte étendue & toutes les fineffes : & comme l'Egypte eft la fource où les Anciens ont puisé les

Tome I.

A

principes du goût, nous ne pouvons mieux faire que de commencer par elles l'examen des monumens échappés à la barbarie des temps.

Les mystères dont les Egyptiens ont enveloppé leur Religion, pour lui concilier plus de refpect, ont couvert leur hiftoire même d'un voile impénétrable; & ce Peuple qui fembloit ne vouloir travailler que pour la poftérité, n'a pas prévû qu'en employant une écriture fymbolique, connue fous le nom d'hieroglyphes, il mettoit lui-même obftacle à fon deffein: tant il eft vrai que les vûes des hommes font bornées & très-imparfaites.

Les antiquités Egyptiennes font donc de nature à ne pouvoir être parfaitement éclaircies. Il faut le plus fouvent fe contenter d'entrevoir quelques pensées ; & l'explication, telle qu'on eft en état de la donner aujourd'hui, ne fçauroit jetter affez de lumiére fur aucun point de l'hiftoire. La connoiffance qu'il nous eft poffible d'avoir de ce Peuple, eft renfermée dans un petit nombre de figures & de caractères. Malheureufement encore, le peu que nous en fçavons eft couvert d'obscurité, & fe reffent du mystère qui regnoit dans ce pays. C'eft pourquoi je ferai obligé de remettre fous les yeux du Lecteur une partie des conjectures déja propofées; & même de les tirer quelquefois des Auteurs modernes. Cependant je tâcherai de tomber rarement dans ces fortes de répétions; & je m'attacherai aux morceaux qui n'ont point été rapportés, ou dont l'explication m'a présenté quelque chofe de nouveau. J'aurois voulu ne pas confondre les temps, & comme je l'ai fouvent remarqué, diftinguer la plus haute antiquité, du fiécle des Ptolémées ; mais pour s'en bien acquiter, il faudroit avoir plus de morceaux de comparaifon. J'ai, fur-tout, eu foin de marquer le temps qui fe reffent de la domination des Romains, ce qui n'a point été difficile; car c'eft-là l'époque du mauvais goût: au lieu que les Egyptiens, par l'élévation & la noblesse de leurs pensées, avoient infpiré aux Etrufques & aux

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