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le Crocodile comme Dieu, ou de s'en préferver. En effet, voit cet animal, & au-deffus un Taureau affis fur fon cul, & dont la tête eft frufte dans la gravûre. On y voit aussi un caractère hiéroglyphique, qui revient souvent dans les monumens Egyptiens, & qui fe trouve gravé avec des traits peu différens, fur les épaules du Sphinx rapporté plus bas dans la Planche xiv.

No. III.

Ce petit Hippopotame de bronze a treize lignes dans fa plus grande hauteur, & quinze dans toute fa longueur. Il n'a rien de fingulier : je ne le rapporte que pour donner une figure de cette efpéce d'animal, qui rempliffe la Planche. Je crois ce petit monument bien antique, mais d'un ouvrage Romain, dans lequel il y a beaucoup à 'défirer. Ma conjecture eft autorifée par la raison que l'Hippopotame étoit fort connu à Rome. M. Scaurus étant Edile a, l'avoit pour la premiére fois donné en fpec- Pline, 1.8.c.26. tacle, & depuis on avoit continué à le produire dans les jeux publics.

PLANCHE III.

No. I. & II.

CETTE figure d'Ofiris eft de bronze, & a treize pouces de hauteur; elle tient d'une main un fouet, & de l'autre un bâton recourbé. Je ferois trop long, fi je voulois rapporter tout ce que les Antiquaires ont dit fur ces fymboles; mais je dois faire remarquer une des plus grandes fingularités de cette figure, & à laquelle elle doit fa confervation parfaite. Pour l'empêcher d'être altérée par le temps, l'ouvrier avoit pris la précaution d'enduire le bronze de tous côtés d'une couche de plâtre, épaiffe d'environ une ligne, qu'il avoit enfuite dorée, comme on a coutume de dorer aujourd'hui fur cette matiére,

Quelqu'un de ceux à qui cet Ofiris a appartenu, pour fatisfaire fa curiofité, ou peut-être fon avarice, a caffé l'enduit en plusieurs endroits, & la figure m'a été envoyée dans l'état où je la représente. Comme je l'ai fait deffiner avec exactitude, on diftinguera aifément les parties de la figure de bronze qui restent à découvert, & celles que l'enduit de plâtre couvre encore. Cette Divinité se présente de face fous le N°. I; & la tête, ainfi le haut du corps, que depuis A jufqu'à B, eft fans enduit; mais il fubfifte dans toute la partie inférieure. Il en reste davantage à la partie poftérieure de la figure, N°. II; il a été confervé au derriére de la tête, à commencer à l'endroit marqué C, & finiffant à D. Tout ce qui eft compris depuis la lettre B, jusqu'au bas de la figure, eft pareillement couvert de l'ancien enduit.

La précaution de garantir ainfi le bronze, eft une nouvelle preuve des foins que les Egyptiens fe donnoient pour faire paffer à la postérité les plus petits ouvrages qui fortoient de leurs mains. On comprend aifément qu'il a été nécessaire d'introduire quelques corps, pour rendre la liaison de cet enduit plus ferme & plus folide fur une matiére liffe comme le bronze, & fans tenue en beaucoup d'endroits; on s'eft fervi, pour cet effet, de paille de riz: elle eft très-facile à diftinguer.

Ce bronze m'a toujours paru mériter quelque considération, par les circonftances que je viens de rapporter; auffi dès l'année 1739. je le fis communiquer à l'Académie des Belles-Lettres, dont je n'étois point encore; & il en est fait mention dans le XIVe Volume de fes Mémoires, page 13.

No. III.

CETTE gravûre eft fur une pierre noire, qui paroît être une espèce de pierre de touche. Les figures n'y font, pour ainsi dire, qu'indiquées & touchées fans beaucoup d'étude,

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Ce n'eft point l'élégance générale du travail & du deffein qui m'engagent à la rapporter; c'eft le fujet même qui y eft traité; c'eft l'agrément que l'on aura d'y voir l'image riante de ces fêtes & de ces voyages de plaifir, que les Egyptiens faifoient fur le Nil en certains temps de l'année. Maillet parle de ces fêtes; mais ce qu'il en dit eft un peu ampoulé, & tient trop, felon moi, aux mœurs & aux idées modernes. Strabon en fait auffi mention. Ce qu'on en lit dans Hérodote eft plus précis. Après avoir dit que les Egyptiens s'affembloient plufieurs fois l'année en différentes villes, pour y offrir des facrifices en l'honneur de leurs Dieux, il ajoûte: » Voici ce qu'ils font quand ils » vont à Bubafte. Ils s'embarquent fur le Nil, & chaque » bateau eft rempli d'une grande quantité de perfonnes de l'un & de l'autre fexe; des femmes font du bruit avec » leurs crotales pendant le voyage, & des hommes jouent » de la flûte, tandis que le refte de la troupe chante & bat » des mains. Lorfqu'ils approchent de quelque ville, ce qu'ils font le plus qu'il leur eft poffible, quelques-unes » des femmes continuent leur fymphonie; d'autres appellent à haute voix celles de la ville, & leur difent des injures : quelques-unes danfent; d'autres enfin fe tiennent » debout, en levant leur robe avec indécence. Ces fortes de jeux fe recommencent toutes les fois qu'on passe devant les villes fituées fur le bord du Nil. Quand ils » font arrivés à Bubafte, ils célébrent la fête qui les affemble; ils offrent des facrifices magnifiques. On prétend qu'on y confomme plus de vin que dans le refte de l'année ; & l'on ajoûte, que le nombre des hommes & des femmes qui font le voyage de Bubafte, monte à sept cents mille perfonnes, fans compter les enfans.

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Il me femble que le récit d'Hérodote s'accorde avec la pierre gravée, autant qu'il eft poffible à une gravûre de ce genre, & à fon peu d'étendue, d'exprimer une action & un pareil fujet. Les figures qui danfent fur le

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P. 492.

pont, ou fur la couverte du bateau, paroiffent repréfenter en effet des femmes ; elles font très-peu vêtues, & tiennent leurs crotales dans les mains. On fçait que cette efpéce d'inftrument étoit compofé de deux lames de cuivre, qui fervoient à faire du bruit, ainfi que Saumaife Salm. ad Vopifc. l'a démontré. L'homme qui joue des deux flûtes à la pouppe du bateau, eft la feule chofe que l'on puiffe ne pas trouver parfaitement d'accord avec ce que nous fçavons d'ailleurs fur les Egyptiens; car il ne paroît pas que l'ufage de ce double inftrument ait été établi dans l'Egypte. Mais comme je ne donne pas cette gravûre pour être de la premiere antiquité Egyptienne, & qu'au contraire fon travail me porte à la croire Grecque ; à la croire Grecque; il aura pû se faire ou que l'Artiste aura pris la licence d'introduire cet inftrument de fon pays, ou qu'en effet les Egyptiens l'auront reçû des Grecs dans des temps poftérieurs. Car s'il eft très-important, comme on n'en peut douter, de ne point confondre les temps en matiére d'antiquités, il est indifpenfablement néceffaire de les diftinguer dans tout ce qui regarde l'Egypte.

pl. 60.

Avant que de finir cet article, je dois remarquer que le sujet que je viens d'expliquer, fe trouve traité de la même maniére fur une cornaline gravée dans un Recueil Muf. Cortonenfe. d'antiquités, publié depuis peu en Italie. Le fçavant Antiquaire qui a pris foin de l'éclaircir, ne voit dans cette compofition qu'une troupe de pantomimes, tels qu'ils Bellorii Lucern. font représentés fur plufieurs monumens Romains. J'avoue tab. A4. & 45. que fes preuves font capables de faire impreffion, & que je me rendrois à fon autorité, fi je n'étois encore arrêté par les raifons qui m'ont déterminé à embraffer un fentiment contraire. 1°, Le bateau représenté fur les deux pierres, reffemble entiérement aux barques que l'on voit fur les monumens Egyptiens, & entr'autres fur la face feptentrionale de l'obélifque de S. Jean de Latran, où l'on remarque dans le milieu un pont ou une élévation quarrée.

quarrée. 2°. Sur le premier plan où l'on reconnoît le bord de la riviere, on apperçoit des rofeaux & des oiseaux, qui fur ma pierre paroiffent être des Ibis, ce qui dénote les bords du Nil, & fixe par conféquent le lieu de la fcéne. 3°. Enfin je ne crois pas que le goût du travail foit Romain; & s'il n'eft pas Grec, comme je l'ai déja dit, j'y trouverois bien plus de rapports avec le goût Egyptien. J'infifterois même d'autant plus fur cette derniére preuve, qu'elle m'a femblé toujours recevoir un nouveau degré de force du fréquent examen que j'ai fait de la pierre. PLANCHE IV.

N°. I. & II.

L'ISIS que l'on voit dans cette Planche; avec fon fils Horus fur fes genoux, eft de bronze, & a un pied de ha uteur. Quoique ces fortes de figures aient été fort multipliées parmi les Egyptiens, il eft rare d'en trouver d'un fi grand volume & d'une fi parfaite confervation. J'en pofféde cependant une autre femblable, qui a cinq à fix lignes de plus dans fa hauteur, & dont je n'ai fait graver que la tête; elle eft au No. II. Cette partie avoit feule des différences. Les fiéges de bois, fur lesquelles font affifes l'une & l'autre aujourd'hui, ne font pas du même temps; ceux qu'elles avoient autrefois ayant été ou détruits, ou féparés des figures, il m'a fallu y en fubftituer de nouveaux. La coëffure de ces deux figures mérite quelqu'attention : on y voit d'abord un oiseau, dont les aîles éployées accompagnent la chevelure; au-deffus de l'oifeau eft une couronne de feuilles, du milieu de laquelle s'élevent deux grandes cornes qui embraffent le difque de la Lune.

Dans la table Ifiaque, & dans d'autres monumens Egyptiens, Ifis paroît plus d'une fois avec la dépouille d'un oifeau fur la tête. Kirker a & Pignorius ont cru que Synt. 1. p. 91. de a Oedip. Egypt. c'étoit la poule de Numidie, ou la poule Pintade, qui mens.Ifiac. p. 43.

Tome 1,

C

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