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l'Arcadie du fon de cet inftrument champêtre; dont les Arcadiens le croyoient inventeur: c'étoit lui qui le premier en avoit joint (a) les tuyaux; il avoit appris aux bergers l'art d'en tirer des fons agréables; & ces idées riantes avoient fi fort échauffé les efprits, qu'on croyoit l'entendre jouer lui-même für le mont Monalius. (b) En conféquence, ce fymbole étoit devenu un de fes principaux attributs, & il paroiffoit non-feulement fur fes ftatues, (c) mais on le voit encore fur plufieurs médailles des Arcadiens que l'on conferve dans les cabinets.

No. III.

Si cette cornaline gravée en creux ne nous donne pas en petit une copie de la célébre vache de Myron, elle nous offre un fujet qui n'eft pas moins agréable; & s'il a été représenté de grandeur naturelle, & par un Sculpteur qui y ait placé le même fentiment que le Graveur a exprimé dans l'efpace étroit de cette cornaline, il aura caufé autant de plaifir aux Spectateurs que l'ouvrage de bronze qui a fourni le fujet de tant de jolies épigrammes que l'on trouve dans l'Anthologie. On ne voit point dans la description qu'on nous a donnée de la Vache de Myron, ce veau qui tette fa mere, tandis que celle-ci léve la tête, & femble en mugiffant annoncer la fatisfaction qu'elle goûte. Un petit arbre donne à cette compofition un air champêtre qui convient au fujet. C'eft un véritable petit tableau Flamand: & l'Auteur du Traité des pierres gravées, à qui j'en ai fait autrefois préfent, l'a jugée digne d'être citée dans fon Ouvrage, comme un exemple de l'habileté des Anciens dans la représentation des animaux.

(a) Virgil. Eclog. 11. (b) Paul. Voyage d'Arcad. c. xxxvI. (c) Voyage Arcad. c. XXXI.

PLANCHE LI.

N. I.

Ce petit ouvrage de terre cuite dont la couleur eft rougeâtre, eft haut d'un peu plus d'un pouce, & repréfente une belle femme. Cette tête inconnue n'a de défaut dans fes proportions que de paroître un peu étroite au-deffous des yeux, lorfqu'on la regarde de face. Cette incorrection s'il eft permis de fe fervir de ce terme, vient de la nature, & ne peut être rejettée sur l'Artifte, dont l'ouvrage eft d'ailleurs parfait. M. Taffin, Vice-Conful de l'Echelle de France au Caire, a apporté d'Egypte la tête dont je parle. Elle avoit été trouvée dans un fouterrain auprès de l'aiguille de Cléopatre. Je ne crains point de donner cette tête pour un très-beau morceau Grec; & comme les ouvrages d'une nation fi pleine de goût font trop intéreffans pour ne les pas faire connoître autant qu'il eft possible, je rapporte celui-ci de face & de profil.

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A quoi feroit-il raisonnable d'attribuer le grand nombre de ces petites têtes qu'on trouve en Egypte? On ne fçauroit douter qu'elles n'y foient communes, puifque dans un cabinet auffi confidérable que le mien, j'en compte jufqu'à douze à peu-près de la même proportion, exécutées par des Artistes de différentes Nations, & qui n'avoient rien de commun avec les Egyptiens, du moins quant aux ufages & aux pratiques. J'aurai soin de les ranger dans les claffes qui me paroiffent leur convenir.

N°. II.

LE Chevalier Maffei a publié vers la fin de fon quatriéme volume de pierres gravées, & parmi celles qu'il regardoit comme de travail moderne, une gravûre de la même composition que celle-ci, mais grouppée de deux figures de plus. Des caractères mal articulés, & qui joints

ensemble

ensemble ne formoient aucun fens, lui faifoient croire que la gravûre qu'il avoit fous les yeux n'étoit qu'une copie; & en effet, M. de Gravelle a depuis découvert l'empreinte d'une autre pierre gravée repréfentant le même fujet fans aucuns caractères, & qui ne laiffe aucun doute fur fon antiquité, quoique le travail en foit un peu trop négligé; mais ce qui rendroit cette gravûre infiniment curieuse, c'eft que l'on difoit que Raphaël, frappé de la belle compofition de ce morceau, en avoit fait un deffein que feu M. le Cardinal de Polignac avoit apporté d'Italie. Cependant ce deffein ne fortit jamais de la main de ce fameux Peintre : il est tout au plus de Jofépin. Après l'avoir examiné avec attention, j'ai cru y reconnoître fa maniére de deffiner; & je penfe que cette agréable compofition eft capable de flatter le goût d'un habile homme. On y voit Vénus tenant par la main l'Amour qui arrive d'un pas léger au milieu de quatre Divinités formant deux grouppes, l'un de deux Faunes affis & jouants de la flûte à plufieurs tuyaux & de la lyre : l'autre de Bacchus appuyé fur fon tyrfe, écoutant les leçons que lui donne un vieux Faune. S'il en faut croire le Chevalier Maffei, c'eft le jeune Bacchus, qui, conduit par une des Heures, danfe au fon des inftrumens touchés par Apollon & le Dieu Pan; & M. de Gravelle croit qu'on peut en rapporter le fujet à l'union des plaisirs de l'amour avec ceux du vin & de l'harmonie. Je ne déciderai point entre ces deux explications. Je me contenterai de faire remarquer que dans le camée qui donne occasion à cet article, le Graveur manquant d'efpace a fupprimé le grouppe de Vénus & de l'Amour, & qu'il n'a pris de la gravûre en creux qu'il mettoit en relief, que les deux autres grouppes d'hommes, dont il a fait Bacchus & trois Faunes de fa fuite. Les figures font prefque toutes fans draperies: ufage affez ordinaire aux ouvrages Grecs. Celui-ci eft d'une extrême beauté, & fon grand relief fait juger qu'il a coûté beaucoup de temps.

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Il est bien confervé, à la réserve du bras gauche caffé dans la figure du vieux Faune. L'agathe eft de deux couleurs, & ne peut être plus belle dans fon espéce. Un Flamand m'apporta ce morceau il y a environ dix-huit ans, & il est actuellement entre les mains de M. Mariette.

No. III.

CE camée eft une agathe-fardoine de deux couleurs. La compofition & le travail en font auffi recommandables que la confervation qui eft parfaite ; & rien n'eft mieux exprimé que l'action du lion & de celui qui le combat. L'habillement de la figure eft Romain, & elle a de la barbe. Un pareil fujet fe trouve traité fur des médailles de différens Empereurs, & entr'autres fur celle d'Hadrien. Je me détermine d'autant plus à lui rapporter cette pierre, que le goût du travail rappelle celui du fiécle où ce Prince vivoit; & que nous lifons dans fa vie plufieurs traits qui ont pû engager les Artiftes à le représenter dans ces fortes Pag. 12. de combats. Spartien dit qu'il avoit tué plufieurs lions; Deipnofl. xv. &, fuivant Athénée, ce Prince fe trouvant à Alexan

P. 677.

drie, le Poëte Pancrate lui préfenta une fleur de lotus qui étoit rouge au lieu d'être blanche, comme elle devoit l'être naturellement. Hadrien en ayant paru furpris, le Poëte lui dit que cette fleur, à laquelle il vouloit qu'on donnât le nom d'Antinoüs, étoit rouge, parce qu'elle avoit été arrofée du fang d'un lion qui pendant long-temps avoit ravagé la Libye, & qui étoit enfin tombé fous les coups de l'Empereur. Hadrien fut fenfible à cette fiction, & donna au Poëte une place dans le Mufée.

J'ai placé ce camée dans la claffe des monumens Grecs, parce que j'ai cru y reconnoître la main & le fçavoir d'un Artiste Grec.

PLANCHE LII.

N. I.

QUATRE pierres gravées en creux ou en relief, dont la plus grande n'excéde pas la proportion reçue pour les bagues, occupent cette Planche. A la réferve de la pierre rapportée fous le N°. I, dont le fujet eft fenfible, les autres morceaux n'ont pour recommandation que le mérite de leur travail, joint à celui d'une antiquité qu'il eft impoffible de contefter. L'impreffion agréable que font ces fortes d'ouvrages lorsqu'on les examine, eft toujours mal rendue dans les représentations qu'on en donne, où l'on fçait que les pertes qu'y fait le beau, ne font pas compenfées par l'avantage qu'y trouve le mauvais. On voit fous ce numéro un Mercure qui n'eft reconnoiffable qu'au pétafe, ou à l'efpéce de toque dont il a la tête couverte. L'agathe fur laquelle il eft gravé, eft de deux couleurs, & tout le relief en eft blanc, fuivant l'usage le plus ordinaire. Ce morceau, felon toutes les apparences, faifoit partie d'une compofition plus étendue, & dont on a conservé ce que l'on a pû.

No. II.

CETTE tête Grecque, qui m'eft inconnue, eft gravée en creux fur une très-belle améthyfte de couleur claire, & auffi grande qu'une bague peut l'être. Le travail en eft prononcé avec jufteffe, & le profil eft du caractère le plus noble & le plus grand. Les cheveux font touchés avec une extrême finesse ; mais l'encollement & la position de la tête laiffent quelque chofe à défirer, & ne répondent pas à fa beauté.

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