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par la diverfité de fes couleurs, étoit regardée comme le Tymbole de la variété qui se fait remarquer dans les productions de la nature, que l'on confondoit fouvent avec Ifis. Les feuilles dont cette Déeffe eft couronnée, font des feuilles de mufa, efpéce d'arbre fort commun aux environs de Damiette, & que Théophrafte a mis dans la a Horus Apollo. claffe des palmiers. Si c'eft de cet arbre qu'on a dit a qu'il Hierog.1.1.6.23. pouffoit une feule branche à chaque lunaifon, & que les Egyptiens l'employoient dans leur écriture fymbolique,

on ne doit pas être furpris que fes feuilles foient entrées dans la parure d'Ifis, Divinité qui n'étoit pas différente de Lib. 2. c. 41. la Lune. A l'égard des cornes, Hérodote rapporte que les Egyptiens repréfentoient cette Déeffe avec des cornes de bœuf, de la même maniére que les Grecs représentoient De Ifid. & Ofirid. Io; & Plutarque dit que Mercure mit une tête de bœuf fur celle d'Ifis, à la place du diadême qu'Horus venoit de lui ôter. Mais comme il ne faut pas beaucoup s'arrêter à ces fortes de traditions, je penferois plûtôt que les cornes de bœuf ayant été dans les plus anciens temps l'emblême de la puiffance, elles entroient dans le nombre des attributs qui caractérifoient les Princes & les Dieux & je me fonde fur un paffage de Sanchoniaton, où il est dit, qu'Aftarte mit fur la tête la marque de la Royauté, c'est-à-dire, une tête de taureau. Les rapports d'Ifis avec la Lune font trop connus, pour que je doive rendre raifon du difque que l'on voit fur sa tête.

Eufeb. Prap. Evan. l. 1. c. 10.

No. III.

Voici encore une autre tête d'Ifis, également de bronze, & très-bien confervée. On pourroit la regarder comme tronquée ; elle ne l'eft cependant point: on la voit dans fon entier, & telle qu'elle a toujours été ; c'est-à-dire, faite pour être jointe avec quelque gaîne d'une autre matiére; les barres & traverses qui font dans l'intérieur, & qui ont été fondues avec la tête même, en font une

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preuve. Ce buste a cinq pouces & demi de hauteur, & quatre pouces fix lignes de largeur, La plinte que la Déeffe a fur la tête, & qui femble former une efpece de couronne, a un trou quarré dans fon milieu. Il eft long de huit lignes fur cinq de large, & a fervi à porter quelqu'ornement qui ne fubfifte plus, & qui vraisemblablement n'étoit autre chofe que des cornes de boeuf accompagnées du difque de la Lune; telles enfin que l'on en voit dans les figures précédentes: car toutes les têtes qui portent cet ornes ment, pofent fur une pareille base.

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TOUT ce qui prouve les connoissances & les différentes pratiques des Anciens dans les Arts, mérite notre attention, ou du moins confole de la peine que l'on s'est donnée pour les retrouver. C'eft en conféquence de cette pensée, que j'ai fait graver ces quatre petits morceaux,& nullement à caufe de leurs formes. En effet, quoiqu'il fe trouve quelquefois des variétés dans les figures d'une même espéce, faites par les Egyptiens, on peut dire en général que ces variétés ne font pas fort confidérables. Qui voudroit, par exemple, fuivre les différences que préfente la coëffure des Ifis, n'auroit pas beaucoup d'obfervations à faire, & je doute qu'elles fuffent même fort utiles. Car comment s'exprimer,ou quels éclairciffemens pourroit-on donner fur des chofes de détail qui nous font absolument inconnues?

No. I.

CETTE Ifis qui a deux pouces dix lignes de hauteur, tient le petit Horus fur fes genoux. Il eft auffi mal formé dans l'original, qu'il le paroît dans la copie.

tom. 2. p. 522.

No. II.

CETTE autre Ifis a deux lignes de moins que la précé'dente. Elles font affifes l'une & l'autre : c'est une attitude assez ordinaire à cette Divinité Egyptienne. Le derriére de leurs chaifes, qui font de même matiére que la figure, & qui font corps avec elle, eft orné d'hiéroglyphes; ce qui fe rencontre fort fouvent.

N°. III.

CE Nain a trois pouces quatre lignes de hauteur. J'en ai un autre abfolument femblable pour la forme & pour la Oedip. Egypt. matiére, mais qui n'a que huit lignes de hauteur. Le P. Kirker qui a rapporté cette figure, la regarde comme une efpéce d'amulette, & je ferois affez de fon avis; car ce morceau, ainfi que les deux Ifis dont il eft précédé dans cet article, ont chacun leur attache ou leur trou fait dès le temps de leur fabrique, pour être fufpendus foit au cou d'une perfonne, foit dans les temples en Ex-voto.

Tome 2. p. 159.

N. IV.

LE Docteur Schaw rapporte que l'on trouve au fond des puits creufés dans la plaine de Saccara, de petites images de terre cuite, femblables pour la forme aux caiffes des mumies. » Il y en a, dit-il, de bleues, de blanches, de » bigarrées, ou en habit de Religieufe. Ces figures font » rangées tout autour du piedestal de chaque caiffe de » mumie, comme si c'étoit autant de Génies gardiens ou » de fuivans. Les différens attributs de ces figures, comme » le fouet, la houlette, le filet, l'alpha facré, &c. tout » cela, dis-je, pourroit faire croire que c'eft l'Ifis Averrunca, ou l'Ifis qui chaffe les mauvais Génies.»

La figure qui fait le fujet de cet article, eft femblable à celle qu'a décrit le Voyageur Anglois. Les attributs qui devroient la caractériser ne font qu'indiqués; mais ils

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fe trouvent fur quantité de figures pareilles, qui m'ont paffé par les mains & en particulier fur celle du No. I. de la Planche fuivante. J'en parlerai plus au long en la décrivant; & je paffe à la fabrique des quatre morceaux gravés dans cette Planche.

Ces morceaux font de terre, en quoi ils n'auroient rien 'd'extraordinaire, & ne vaudroient pas trop la peine d'être examinés, car nous en avons un nombre prodigieux de ce genre ; mais cette terre eft couverte d'un émail qu'on appelle couverte dans nos Fabriques de fayance & de porcelaine. Cet émail eft tout-à-fait pareil à celui que nous employons aujourd'hui au même ufage, & n'a pas moins de dureté que le nôtre; il eft d'ailleurs bien confervé, & préfente le plus beau bleu que l'on puiffe imaginer, plus pâle ou plus foncé dans une figure que dans une autre ce qui prouve que les Egyptiens obfervoient des dégrés dans leurs couleurs ; & qu'ils fçavoient conduire la porcelaine, & donner le feu avec certitude. Toutes ces opérations ferviroient à prouver, fi l'on voit l'ignorer, que les Egyptiens connoiffoient & pratiquoient avec fuccès la Chymie, dont quelques Auteurs les regardent même comme les inventeurs.

PLANCHE VI.

No. I. II. III.

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la

CETTE figure de terre, parfaitement semblable pour forme à la derniére de la Planche précédente, eft remarquable par la fineffe avec laquelle elle a été travaillée. On en trouve bien peu qui marquent tant de délicateffe, & une fi grande précision d'ébauchoir. Elle a fix pouces & demi de hauteur, & n'a jamais été chargée d'aucun hiéroglyphe. J'ai promis dans l'article précédent, d'examiner les attributs dont elle eft ornée.

Ses mains font croifées. De la droite elle tient une

tom. 3. p. 490.

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efpéce de triangle & un cordon, que le Docteur Schaw a pris mal-à-propos pour un fouet. C'est la corde d'un filet fufpendu derriére l'épaule: elle tient de la gauche un bâton, ressemblant, fuivant Schaw, à une houlette, ou Oedip. Egypt. plutôt à un harpon, comme l'a cru le P. Kirker. Plutarque rapporte en effet que le corps d'Ofiris ayant été jetté dans la mer, Ifis l'en retira par le moyen d'un harpon & d'un filet. Il eft naturel que d'après une pareille tradition on air représenté cette Déeffe avec ces deux inftrumens. C'eft le fentiment du Pere Kirker, qui remarque dans plufieurs endroits de fon ouvrage, que cette efpéce de triangle que la figure tient de la main droite, eft un monogramme compofé des initiales de deux mots Grecs, qui fignifient le bon Génie. C'eft donc fous ce point de vue, qu'on peut envifager toutes les petites figures de terre cuite, répandues dans les différens Cabinets d'antiquités. Elles repréfentent cette Divinité puiffante, qui, fuivant Metam. 1. xi. l'expreffion d'Apulée, fouloit aux pieds le tartare, & qui, placée auprès des corps, étoit cenfée en écarter les Génies mal-faifans. Une feule de ces figures auroit dû fuffire pour produire cet effet; mais la fuperftition, en les multipliant, croyoit augmenter leur vertu.

Α'γαθὸς Δαίμων.
Agathodæmon.

Metam. I. x1,

N°. II.

CE Prêtre Egyptien eft de bronze. Il a cinq pouces quatre lignes de hauteur, & deux pouces neuf lignes depuis fon à plomb jufqu'à l'extrémité des pieds. Il tient un rouleau chargé d'hieroglyphes, qui feront développés fur la même Planche, fous le N°. III. Ce rouleau peut être regardé comme un de ces Livres facrés ou Rituels dont les Prêtres d'Ifis fe fervoient pour initier quelqu'un aux myfteres de cette Déeffe. Voici la defcription qu'en fait Apulée.

» Le Prêtre tire du fond du Sanctuaire, certains livres » écrits en caractères inconnus, Ces livres exprimoient en

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