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» abrégé les penfées, par les diverfes figures d'animaux » qu'ils offroient aux yeux; & de plus, ils fe déroboient à » la curiofité des prophanes, par des traits femblables à des » nœuds, à des roues, ou à ces filamens avec lesquels » les branches de vigne s'accrochent & s'entrelacent ».

Il me femble que par ces expreffions, Apulée a voulu défigner les hiéroglyphes tels qu'on les rencontre communément fur les monumens Egyptiens, & qu'ils font tracés fur ce rouleau. On y voit un animal * dans la bande supé* Un Epervier rieure; & vers le milieu de la bande inférieure, un caractère, peut-être. ou un trait, qui après avoir formé deux replis ou deux nœuds, fe termine en autant de pointes. Cet hiéroglyphe a quelquefois un plus grand nombre de nœuds; & comme on en faifoit grand ufage dans l'écriture fymbolique, il a pu fixer l'attention d'Apulée. Les roues dont il parle, font de même un hiéroglyphe ufité parmi les Egyptiens on le trouve fur plufieurs monumens produits par le P. Kirker. A l'égard de ces entortillemens, qui, fuivant Apulée, reffemblent aux mains ou liens de la vigne, peut-être que ce Philofophe a voulu défigner ces lignes remplies de finuofités, qui reviennent affez fouvent fur les obélifques. Suivant cette explication, la figure gravée dans cette Planche repréfenteroit le Chef des Prêtres d'Ifis, tenant en main le rouleau facré dont il fe fervoit dans les initiations aux mystères. M. Warburton n'a pas entendu le Miff. de Moyfe, paffage d'Apulée dans le même fens : il prétend qu'il n'est 1. 1v.se&t. 4. pas queftion dans cet endroit d'hieroglyphes proprement dits; mais d'une écriture courante, connue fous le nom d'hiérographique, & formée par les hiéroglyphes fimplifiés & réduits à de fimples traits. Je fuis perfuadé que ce fçavant Anglois n'a pas fondé fon opinion fur le mot caractères ou lettres, dont Apulée s'eft fervi. Ce mot est générique, & fignifie non-feulement les lettres d'un alphabet, mais encore les hieroglyphes. Je pourrois en Plut. de fid.& citer plufieurs exemples, que je me contente d'indiquer à Ofirid.

Macrob.

Strom. l. VI. p.

633.

Admir. Rom. An

tiq. tab. XVI.

Metam. l. xx.

la marge. Cependant fi l'on veut préférer l'explication de Warburton à celle que je viens de propofer, je dirai fimplement que la figure dont il s'agit, eft celle d'un Scribe facré, étudiant les livres d'Hermès. Ces livres, au nombre de quarante-deux étoient écrits en différens caractères, au rapport de S. Clément d'Alexandrie. Ceux qui traitoient des Sciences prophanes; telles que la Cofmographie, la Géographie, les élémens d'Aftronomie, &c. étoient écrits en hiéroglyphes, & faifoient l'occupation du Scribe sacré, No. IV.

CETTE Pierre gravée repréfente un Prêtre. Ma conjecture eft fondée fur un bas relief, qu'on voit à Rome dans le Palais Matei, & qui a été publié par Pietro Santo Bartoli; mais au lieu que ce dernier tient un rouleau, l'autre femble porter une fleur de lotus avec fa tige. Apulée nous apprend que, dans une de ces cérémonies, où les Miniftres d'Ifis paroiffoient avec les fymboles des Divinités les plus puiffantes, le Prêtre portoit la fleur de lotus, plante particuliérement confacrée à Ofiris ; & fi le Lecteur n'eft pas fatisfait de cette conjecture, j'ajouterai que Tom, 1. p. 109. Pocock rapporte dans l'élévation du tombeau d'Ofymanduas à Thèbes, onze figures affifes, formant un demicercle, & que celle du milieu tient un fymbole tout-à-fait femblable à celui qui eft représenté fur cette pierre. La figure eft gravée fur une belle prime d'émeraude, d'une couleur très-foncée, & la beauté de fon travail eft remarquable par rapport au peuple à qui nous la devons. Cette réflexion me conduit à une autre, dont je ne puis m'empêcher de faire part au Public. Quoique nous connoissions un grand nombre de pierres Egyptiennes gravées en creux, nous n'en avons prefque point de gravées en relief, que nous appellons camées. Cependant, par plufieurs raifons que fourniffent les principes de l'art, ces deux fortes de grayûres ont toujours marché d'un pas égal, & auroient dû

де

dû fe multiplier dans la même proportion. Eft-ce par hazard qu'on a jufqu'à préfent trouvé plus des unes que des autres ? ou devons-nous croire que les camées faciles à être mutilés, n'étoient pas du goût des Egyptiens? Le temps pourra réfoudre ce probleme

PLANCHE V I I.

A LA VUE de cette Planche, on conçoit aisément que ni le goût du deffein, ni aucune autre partie de l'art ne peuvent m'avoir engagé à faire graver ces trois figures de terre cuite; mais outre que la fragilité de leur matiére rend ces fortes de morceaux extrêmement rares, les Sçavans conviennent que les monumens antiques, de quelque nature qu'ils foient, ne doivent jamais être négligés. Ceux que je rapporte ici font très-bien confervés : je les dois à M. de Lironcour, ci-devant Conful au Caire, qui me les envoya l'année derniére, avec d'autres morceaux qui fe trouveront dans ce Recueil,

No. I.

LA coëffure de ces deux enfans eft finguliére, & fe rencontre très - rarement fur les monumens Egyptiens. Ils font affis auprès d'un vase, dont ils femblent retirer quelque chofe pour le porter à la bouche. Il fe peut faire qu'il n'y ait aucun rapport entre ces figures & la Religion des Egyptiens; mais peut-être auffi que l'ouvrier réunissant divers objets du culte établi dans fon pays, & faisant deux Divinités différentes d'Horus & d'Harpocrate, les a voulu représenter ici avec un vase rempli de l'eau du Nil. Il eft vrai qu'Harpocrate porte ordinairement la main droite à la bouche : mais le P. Kirker en a fait graver un qui y met la main gauche; & il lui donne le nom d'Horus, parce qu'il étoit perfuadé que cette Divinité ne devoit pas être diftinguée de celle d'Harpocrate.

Ce petit morceau a quatre pouces cinq lignes de hauteur,
Tome I.

D

Oedip. Egypt.

} tom. I. p. 153.

P. 366.

& trois pouces & demi de largeur. Il eft, ainfi que les deux morceaux fuivans, d'une parfaite confervation.

No. I I.

Je ne doute point qu'on n'ait voulu repréfenter ici le bœuf Apis, avec le croiffant fur la tête. Il eft couvert d'une houffe dont les plis font faciles à diftinguer; & il eft foutenu, dans les parties de devant, par deux figures qui ont la tête rafée, & une longue robe arrêtée par une ceinture. Les deux figures qui le foutenoit par derrière, De Ifid. & Ofirid. font cachées fans doute par la houffe de l'animal. Plutarque dit que tous les ans, vers le Solftice d'hyver, les Prêtres Egyptiens rappelloient, par des cérémonies lugubres, le trifte état où Ifis fut réduite par la mort d'Ofiris. Une de ces cérémonies confiftoit à montrer pendant quatre jours au peuple le fimulacre d'un bœuf, fymbole d'Ofiris. Ce fimulacre étoit doré, & couvert d'une houffe de lin de couleur noire. Il faut joindre à ce récit un paffage du Poëte Claudien, où il compare la marche de l'Empereur Honorius, revêtu du 4o. Confulat, & porté fur les épaules de quelques jeunes gens de la premiere qualité, à celle des Divinités Egyptiennes, lorfqu'on les tiroit de leurs Sanctuaires pour les expofer aux yeux du Public. Il dit, entr'autres chofes, que dans cette pompe la ftatue d'Apis étoit portée fur une efpéce de brancard, par des Prêtres habillés de lin. Je pourrois citer d'autres paffages de Macrobe & d'Apulée, qui difent à peu-près la même chofe; mais ceux que j'ai rapportés fuffifent pour expliquer le monument dont il eft queftion. On y voit la houffe dont le bœuf étoit couvert, fuivant Plutarque. Les Prêtres y font caractérisés, foit par leurs têtes nues foit , la robe dont parle Claudien. & l'on y diftingue jufqu'aux bâtons du brancard qu'ils portent fur leurs epaules. Du refte l'ouvrage eft très-peu terminé, & des plus mauvais. Il n'y a aucune proportion entre l'animal & ceux qui le

par

foutiennent; mais on doit obferver que de pareils monumens n'étoient destinés qu'à mettre la représentation des cérémonies Religieufes entre les mains de ceux qui n'etoient pas en état de faire une grande dépenfe, & dont on vouloit cependant entretenir la fuperftition. Celui-ci a cinq pouces cinq lignes de hauteur, & trois pouces fept lignes de largeur,

No. III.

Diod. Sic. lib. 1.

plut. de fid. & ofirid. p. 10.

Le tribunal où l'on rendoit la juftice parmi les Egyptiens, Diod. Sic. lib. 1. n'étoit pas moins célébre par la fageffe des Magiftrats, p. 48. que l'Aréopage d'Athénes & le Sénat de Lacédémone. Il étoit compofé de trente Juges, fous un Président qu'ils choififfoient eux-mêmes, & à qui l'on donnoit le nom de Chef-Juge, ou de Chef de la Juftice. Il portoit au cou une chaîne d'or, à laquelle étoit fufpendue une pierre précieufe, qu'on appelloit la vérité; foit qu'effectivement elle en portât l'empreinte, foit qu'elle n'en fût que le le fymbole. Ce Sénat étoit représenté fur un des murs du fuperbe monument ou tombeau qu'on avoit élevé à Thèbes en l'honneur du Roi Ofymandias. Les Juges y étoient fans mains, pour marquer qu'ils ne devoient pas être sensibles à l'intérêt ; & pour montrer que leur Chef ne devoit fe propofer, dans fes jugemens, d'autre régle que la vérité, il regardoit fixement cette pierre qu'il avoit fur la poitrine. Je croirois affez que la petite figure de terre cuite dont il s'agit, pouvoit être celle du Chef des Juges. La chaîne qu'on lui a mise au cou, le foin le foin que l'on a pris de marquer les bras & de cacher les mains, le peu de rapport qu'on y trouve avec les autres figures Egyptiennes, fuffifent, ce me femble, pour appuyer cette explication, & pour détruire, ou du moins affoiblir l'objection qu'on tireroit de ce que la direction des yeux n'eft point telle qu'elle devoit être ; car il n'eft donné qu'à un très-habile Artifte d'exprimer un pareil sentiment; & l'exécution de

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