Imágenes de páginas
PDF
EPUB

cet ouvrage : la forme, le trait & les détails de chaque monument font devenus mes régles en plufieurs occafions, & je n'ai pas eu lieu de m'en repentir. Quoique jusqu'ici on ait peu fuivi cette maniére d'écrire fur les antiquités, je la crois cependant très-utile ; elle est du moins très-propre à donner aux Artistes quelques idées des belles formes, & à leur faire fentir la néceffité d'une précision, dont le prétendu goût d'aujourd'hui & le faux brillant de la touche ne les écartent que trop fouvent. Cette voie peut encore leur rendre des moyens d'opérer qui ne nous paroiffent impraticables que par la raifon qu'on ne les pratique plus.

Je suis bien éloigné de penser que ce Recueil puiffe produire ces deux grands effets; il faudroit avoir un fonds de lumière plus étendu, des monumens plus précieux & en plus grand nombre, pour ofer l'efpérer. J'aurai du moins ouvert une carriére féconde en découvertes, & dans laquelle l'homme de

Lettres comme l'Artifte doivent également entrer. L'un en joignant la connoissance de l'art à celle des faits hiftoriques, rendra fon étude moins féche pour lui, & plus utile à la postérité; l'autre perfectionnera fon talent, en approchant un peu plus de la maniére noble & fimple du bel antique.

J'ai rapporté avec foin la matiére & les proportions de chaque morceau. Je ne crois pas cette exactitude indifférente: une figure de bronze plus petite ou plus grande, prouve une multiplication réelle du même objet ; la mesure des liqueurs que les vafes contiennent peut faire reconnoître ceux qui ont été confacrés à l'usage public. Enfin, toutes les attentions de ce genre fervent à éclaircir des paffages, à établir du moins des conjectures vraisemblables, & peuvent par conféquent avoir leur utilité. Je n'ignore pas ce que l'on a dit & écrit contre Ficoroni qui a fuivi cette méthode. L'efpérance d'être utile me feroit courir de plus grands rifques. Je

dirai même au fujet de cet Antiquaire que j'ai fort connu à Rome, que l'Antiquité lui a des obligations particuliéres, quoique la plûpart de ses ouvrages aint été faits fur les Mémoires que lui fourniffoit le P. Contucci, Jéfuite.

On s'appercevra facilementà certains traits d'érudition, que je n'ai point travaillé seul. En effet, M. l'Abbé Barthélemi a bien voulu me communiquer quelquefois fes lumiéres; & je ne pourrai marquer ce qui lui appartient, ainfi qu'à quelques autres de mes Confréres de l'Académie; car il faut ménager le Lecteur; il s'embarraffe peu d'où viennent les chofes, & n'aime point à être interrompu.

J'ai enrichi ce petit Ouvrage le plus qu'il m'a été poffible, & je n'ai pas voulu que les ornemens fuffent tirés du Recueil même. Je vais donner une description sommaire de ceux que j'ai empruntés.

EXPLICATION DES VIGNETTES

LA

ET DES CULS-DE-LAMPES.

A Planche du titre représente le fond de mon jardin, où l'on voit un petit monument de pierre dure, haut de neuf pieds treize pouces dans fa totalité. Il a été deffiné & penfé par M. Bouchardon. Les licences que ce grand Artiste a pris dans cette bagatelle, apprenent de quelle maniére on peut s'écarter des régles de l'Architecture, quand on s'y trouve obligé ; & comment on doit toujours conferver l'élégance, la grandeur, enfin l'efprit de l'Art. Le fleuron du titre donne une idée de la disposition de mon petit cabinet.

La vignette que l'on voit à la tête de l'Epître dédicatoire, représente les armes de l'Académie des BellesLettres, foutenues par Apollon & par Mercure.

& que

La vignette de l'Avertiffement eft tirée d'un vafe Romain, deffiné dans un Recueil raffemblé par M. de Peiresc, l'on conferve dans le cabinet des eftampes du Roi. L'Afpergillum en ufage chez les Romains fe trouve dans le même Recueil, & fert de cul-de-lampe à l'Avertiffement. On fçait que l'on fe fervoit de cet inftrument pour faire des afperfions d'eau luftrale fur les Affiftans, principalement lorsqu'ils étoient dans les temples.

La vignette pag. 1. repréfente une Ifis de pierre de touche, dont la couleur tire fur le verd. Elle eft très-singuliére par la petite figure d'Ofiris élevée fur des marches, & placée debout devant elle. Le P. de Monfaucon a

rapporté ce monument à la Planche CXIII. N°. IV du tom. II. part. II. de fon Antiquité expliquée, mais il n'a rien dit de fa matiére ni de fes dimenfions. Il a treize pouces fept lignes de haut, & huit pouces de large, fans compter une plinte quarrée d'environ deux pouces réfervée dans le même morceau, & ornée d'hieroglyphes fur chacune de fes faces. Cette antiquité n'eft pas d'une confervation parfaite; car la tête de la petite figure pofée devant l'Ifis eft mutilée. On pourroit peut-être la regarder comme le corps d'Ofiris retrouvée par cette Déeffe.

Un vafe de pierre destiné à renfermer un oiseau embaumé, & qui conferve encore une partie de la matiére deftinée à cet ufage.Ce monument a onze pouces de hauteur, & environ fix pouces de largeur. Le couvercle qui représente une tête d'épervier affez mal formée, eft d'albâtre. Mais ce couvercle, quoique du même goût & du même pays, n'eft pas vraisemblablement celui que ce vase avoit autrefois : il eft à préfumer qu'on les affortit comme on peut en Egypte, avant que de les envoyer en Europe; car j'en ai vû quelques-uns complets pour la matiére, & plufieurs autres dans le cas de celui-ci ; c'eft-à-dire, qu'on pouvoit leur reprocher le même défaut d'affortiment. La plus grande partie des monumens Egyptiens, principalement ceux qui paroiffent avoir été destinés à renfermer quelque chofe, préfenteront toujours ces fortes de dérangemens. Les Arabes les ouvrent & les vifitent dans l'efpérance d'avoir de l'or, & ne les vendent jamais aux Francs qu'après un examen folide, & ordinairement dépourvû de foin & d'arrangement.

Un petit fiftre de bronze très-bien conservé, dont la hauteur totale eft de fept pouces. Il eft couronné par une chate qui nourrit deux petits.

Ces trois morceaux font tirés du cabinet des antiquités du Roi. On trouve dans la même collection la petite Ifis

d'or

« AnteriorContinuar »