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truction religieuse, et avec elle la pratique de toutes les vertus dont elles offrent le parfait modèle. Elles font la classe aux enfants; elles leur apprennent à travailler, à faire de la dentelle; elles assistent et soignent les malades, Leur dévouement et leur désintéressement admirables attirent sur cette congrégation les bénédictions abondantes du ciel.

NOTRE-DAME DE LA RETRAITE (CONGRÉGATION DE), ou Notre-Dame du Cénacle. (Voy. Retraite.)

L'œuvre des retraites, but de cette congrégation, a pris naissance à Lalouvesc, petit village des montagnes du Vivarais, où l'on vénère le tombeau de saint François. Régis, Papôtre des Cévennes; Dieu voulant que cette œuvre eût pour protecteur un des grands saints des derniers temps de l'Eglise, formé lui-même à l'école des exercices qui servent de base aux retraites, et sanctifié par leur usage. De là le nom des Retraites Saint-Régis donné à Lalouvesc, à la première maison de l'œuvre.

la Congrégation naissante fut autorisée en 1836 par l'évêque diocésain, Mgr Bounel, évêque de Viviers. Mais c'est à son successeur immédiat, Mgr Guibert, qu'elle doit en 1844 l'approbation de ses Constitutions et de ses règles sous le nom de Congrégation de Notre-Dame de la Retraite, ou de NotreDame au Cénacle; le vocable et le patronage de Marie au Cénacle, convenant spécialement au but que se proposent les membres de la congrégation. Ce que nous lisons à ce sujet dans les saintes Ecritures suggère l'dée des Retraites, et en donne le modèle dans la réunion des apôtres et des premiers fidèles, sous les auspices de Marie, la mère de grace, avec laquelle ils persévéraient dans la prière. De plus, ce nom de bénédiction, en rappelant l'origine, la fin et les conditions des retraites, offre en même temps dans cette première assemblée de l'Eglise naissante le parfait modèle d'une cominunauté religieuse.

La Congrégation de Notre-Dame de la Retraite, outre l'approbation de ses constitutions et de ses règles, doit aussi à Mgr Guibert la bénédiction de Sa Sainteté le Pape Grégoire XVI, et diverses indulgences qu'il a daigné lui concéder. C'est Mgr Guibert encore qui a sollicité pour elle auprès de notre Très-Saint-Père le Pape Pie IX, qui a bien voulu les accorder, deux indulgences plénières à l'occasion des retraites, l'une en faveur des retraitantes, l'autre en faveur des religieuses.

La congrégation a pour objet spécial l'instruction religieuse des femmes de toutes conditions: elle tend à ce but par le moyen des retraites, son œuvre principale, et par celui des catéchismes qui se font dans ces maisons, individuellement ou en commun, à toutes les personnes adultes qui y viennent dans cette intention. De plus, elle prête son concours à toutes les œuvres qui ont pour fin le salut et le bien des âmes.

Elle ne s'abstient que de celles qui demandent des soins assidus et perpétuels, imcompatibles avec des retraites continues: comme serait l'éducation des enfants, la tenue des hospices, etc., œuvres auxquelles la charité a du reste suffisamment pourvu.

Outre les retraites et catéchismes, la congrégation ouvre ses maisons, et pour le temps nécessaire à cet effet, aux protestantes ou autres personnes qui sont en voie de conversion.

On peut considérer ces maisons comme des écoles de doctrine chrétienne, ouvertes à toutes les femmes qui seront amenées à l'y chercher, et des asiles de recueille ment, où celles qui veulent se former à la vie chrétienne trouvent à cet effet toutes les facilités et les divers genres d'assistances désirables.

Les retraites qui réunissent un nombre suffisant de retraitantes sont présidées par un directeur qui leur donne en commun les instructions nécessaires, proportionées à l'importance de la réunion. Les retraites individuelles sont dirigées par le confesseur de chaque retraitante. Parmi les retraites communes on distingue les générales, ou celles qui sont spéciales, selon qu'elles sont données à des personnes de toutes conditions ou à celles d'une profession particulière.

Dans le nombre des œuvres de la congrégation, on peut désigner à Paris l'association des institutrices, l'association en l'honneur de l'Immaculée Conception, pour les jeunes personnes employées dans le commerce, qui leur offre un soutien au milieu des dangers qui les environne. A Lyon on peut nommer la congrégation des jeunes ouvrières de Notre-Dame de Fourvières.

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La Congrégation de Notre Dame de la Retraite compte jusqu'à ce moment quatre maisons, toutes soumises à la même supérieure générale. Une à Lalouvesc, près du tombeau de saint Régis; cette maison, berceau de l'institut, est dès lors particulièrement chère à ses membres. Une seconde à Tournon sur Rhône. La troisième a été commencée à Lyon en 1840, sur la demande de Son Eminence Mgr le cardinal de Bonald. La quatrième a été fondée à Paris, en 1850.

Une cinquième maison va être établie à Montpellier, et donnera aux provinces méridionales son asile de prière et de recueillement.

NOTRE-DAME DE SION (CONGREGATION des religieuses DE), maison mère à Paris

L'œuvre de Notre-Dame de Sion se rattache à la conversion qui eut lieu à Rome le 20 janvier 1842.

Celui qui fut l'objet de cette grâce se sentit vivement;pressé, dès les premiers instants où il ouvrit les yeux à la lumière, de faire participer ses anciens coreligionnaires à cette grande miséricorde.

Sous l'influence incessante de cette pensée, il se préoccupait déjà des moyens de la

DIC AONNAIRE réaliser pendant sa retraite préparatoire du saint baptême.

I en écrivit à son frère, missionnaire apostolique, qui remplissait les fonctions de sous-directeur de l'archiconfrérie de NotreDame des Victoires, à Paris. I le conjura de faire l'acquisition d'une maison pour y élever des enfants israélites, et leur procurer, avec le consentement de leurs parents, le bienfait de la régénération chrétienne.

Cette pensée parut extraordinaire à tous égards Néanmoins on ne voulut point la rejeter sans avoir consulté Dieu; et le missionnaire, se tournant vers la glorieuse fille de David, lui dit avec simplicité : « Si c'est vous, ô Marie! qui voulez cette œuvre, et qui avez inspiré cette pensée, faites-le-moi connaître par un signe; envoyez-moi sans retard un enfant, un seul enfant d'Israël; et ce sera pour moi, à mes yeux, comme une marque de votre approbation!

Le signe ne se fit pas attendre.

Le même jour, il reçut une lettre de M. l'abbé Aladel, supérieur des Lazaristes de Paris qui l'informait qu'une dame israélite, dangereusement malade, désirait, avant de mourir, confier ses deux jeunes filles à des mains chrétiennes. Ce fut avec une émotion profonde qu'il se rendit auprès de cette femme respectable. Il lui montra, par l'Ecricriture, que Jésus-Christ était le Messie, l'unique Rédempteur sans lequel il n'y a point de salut; que le christianisme, loin d'être une autre religion que celle des Juifs, n'était que l'accomplissement des prophéties sacrées; et que la foi chrétienne n'était que la foi d'Israël propagée dans tout l'univers, selon les promesses faites à Abraham et aux patriarches: Toutes les nations de la terre seront bénies en celui qui sortira de vous. (Gen. xxII, 18.)

Le voile tomba des yeux de cette digne fille de Jacob; elle demanda le baptême, et peu de jours après, elle mourut en bénissant les noms de Jésus et de Mavic

La semaine n'était pas encore écoulée, qu'une dame israélite, frappée du récit de la conversion qui s'était accomplie à Rome, vint trouver le même prêtre, et à la suite de quelques entretiens, elle lui remit ses enfants pour en faire des Chrétiennes bientôt après, elle voulut elle-même être baptisée; et elle amena successivement aux fonts sacrés ses jeunes fils et la famille tout entière de sa sœur.

Plusieurs autres catéchumènes se présentèrent dans le même temps. Ils s'attiraient les uns les autres en se communiquant les consolations douces que leur procurait l'instruction chrétienne. La plupart des jeunes enfants furent provisoirement placées dans la maison de la Providence dirigée par les Sœurs de Saint-Vincent de Faul, et composèrent le premier noyau de l'institut des néophytes.

Ces prémices se développaient, à vue d'œil, sous la protection de la miséricordieuse Mère du Sauveur le moment était venu d'organiser l'œuvre, de la consolider et de lui donner une vie propre.

Mais alors se présentait une sérieuse diffi culté. On se demandait quelles seraient les servantes de Dieu, les mères spirituelles qui s'intéresseraient spécialement au salut des Juifs; qui prieraient avec persévérance pour ces restes de l'ancien peuple de Dieu; qui se dévoueraient à l'instruction des catéchumè nes, à l'éducation des néophytes, aux soins de tant d'enfants nouvellement nés à l'église? Les congrégations religieuses existantes, ayant chacune leur but niarqué, leur sphère d'activité propre, et ne pouvant d'ailleurs s'écarter des limites de leurs attributions, ne semblaient pas s'adapter aux conditions de l'œuvre naissante, dont les éléments réclamaient une culture particulière. Sur ce point, l'avenir ne s'était pas encore dévoilé; et aucune lumière, aucune indication n'avait éclairci une question si importante.

C'était à Rome que la premiere pensée de l'œuvre avait jailli c'est aussi à Rome qu'elle devait recevoir sa consécration.

A cette époque, au mois de juin 1842, le sous-directeur de l'archiconfrérie se rendit dans la cité sainte, avec le vénérable curé de Notre-Dame des Victoires. Dès son arrivée, il se mit aux pieds du Souverain Pontife Grégoire XVI; et après lui avoir exposé ce que la divine Providence avait fait, il se sentit encouragé à demander au Saint-Père la mission spécial de travailler à ramener au bercail de l'Eglise les brebis dispersées du troupeau d'Israël. Le vicaire de Jésus-Christ, digne successeur de l'apôtre des Juifs, daigna accueillir ce vou; et levant ses deux mains sur la tête du missionnaire, il lui donna, avec une grande effusion de charité apostolique, la bénédiction qui dut féconder cette œuvre salutaire.

La grâce, émanée du siége de Pierre, produisit immédiatement des effets précieux; les conversions se multiplièrent par des voies admirables; et en même temps le cœur de Marie, source de toute tendresse maternelle, mit au cœur de quelques pieuses Chrétiennes la pensée de se consacrer spécialement à la régénération et au salut des Juifs.

Animées d'une vive confiance, elles rassenblent autour d'elles les âmes déjà conquises; elles en appellent d'autres, et posent les fou dements d'un premier établissement.

C'était au mois de Marie 1843.

A mesure que les brebis de cette bergerie croissaient en nombre, le Seigneur augmen tait aussi les instruments de la grâce divine. Des Chrétiennes dévouées vinrent successivement se joindre aux premières fondatrices; et toutes ensemble, unies dans un même esprit et un même sentiment, travaillèrent, sous les auspices de Marie, à l'affermissement et à l'extension de leur communauté. Au commencement de l'année 1845, la première maison ne suffisait déjà plus pour abriter les jeunes néophytes. On fit l'acqui sition d'une maison plus vaste, dont le régime intérieur prit graduellement la forme, la règle et les traditions de la vie religieuse: et la nouvelle famille se plaça tout d'abord sous le patronage de Notre-Dame de Sieu.

De puissants encouragements vinrent la fortifier. Mgr Affre, le saint archevêque de Paris, touché du bien qui s'acomplissait dans la maison de Sion, lui accorda une chapelle où lui-même vint administrer plusieurs fois les sacrements de baptême et de confirmation. Mgr Sibour, son digne et vénéré successeur, plein de compassion pour les brebis égarées de la maison d'Israël, ajouta de nouveaux témoignages de bienveillance à ceux du prélat martyr, et daigna exprimer hautement ses sympathies pour cette œuvre. D'autres princes de l'Eglise, le nonce de Sa Sainteté, Son Eminence le cardinal Fornari, le cardinal Giraud de Cambrai, le cardinal archevêque de Bordeaux; plus tard le patriarche de Jérusalem, et un grand nombre de nos seigneurs les archevêques et évêques voulurent visiter et bénir le bercail des néophytes.

A ces hautes approbations, est venue s'aouter la plus précieuse de toutes les faveurs; le Souverain Pontife lui même, Pie IX, in'formé des résultats obtenus par la communauté de Notre-Dame de Sion, lui adressa un bref en date du 15 janvier 1847, et lui concéda de nombreuses indulgences. Puis, ouvrant derechef les trésors de l'Eglise, et donnant cours à sa bienveillance paternelle, i daigna étendre ces indulgences à tous les fidèles qui apporteraient leur concours à l'œuvre.

La bénédiction du vicaire de Jésus-Christ tomba comme une rosée féconde sur la montagne de Sion, et fit mûrir des moissons de plus en plus abondantes. On vit des familles entières, touchées de la transformation que le christianisme avait opérée dans quelques-uns de leurs membres, demander l'instruction et le baptême; et la séve chrétienne, circulant à travers les branches et les rameaux de ces familles nombreuses, remontades petits enfants jusqu'à leurs parents octogénaires.

Outre les jeunes enfants, baptisés et élevés dans les établissements de Notre-Dame de Sion, on compte des centaines de néophytes qui vivent chrétiennement dans le monde. Les uns, pour des raisons graves, ne peuvent encore arborer ouvertement la bannière du christianisme; les autres, plus heureux, confessent leur foi au prix des plus grands sacrifices, et souvent en face des tribulations les plus douloureuses. On remarque parmi eux des personnes de toutes les conditions: des médecins, des avocats, des militaires, des artistes, des littérateurs, des ouvriers; même des vieillards, entre autres, un docte rabbin, âgé de plus de quatre-vingts ans; quelques-uns ont embrassé la vie religieuse; plusieurs néophytes éprouvées se sont consacrées au Seigneur dans la congrégation des filles de Notre-Dame de Sion.

La grâce accordée au zèle apostolique de cette congrégation religieuse ne s'est point arrêtée aux Juifs; elle s'est répandue également sur des schismatiques et des hérétiques. Un bon nombre de protestants, parmi lesquels on pourrait citer des noms illustres,

sont rentrés au sein de l'unité catholique dans la chapelle de Notre-Dame de Sion..

Un fait plus remarquable, mais très-peu aperçu de notre époque, c'est le mouvenient général qui se manifeste parmi les Juifs répandus dans les diverses contrées du monde. Leur contact avec les Chrétiens, depuis que la Providence a permis que les barrières sociales fussent renversées, a eu pour effet de dissoudre les derniers vestiges de leur nationalité, et de les mêler à la vie de la société chrétienne, en sorte qu'ils se trouvent enveloppés, et comme envahis de tous côtés par l'atmosphère vivifiante du christianisme.

Aujourd'hui, la Synagogue n'est plus ce qu'elle était il y a vingt ou trente ans. Destituée de sa foi antique, et de toute inspiration divine, elle a couvert sa nudité en s'affublant de quelques lambeaux empruntés aux divers cultes chrétiens. Les observances de la Loi sont tombées en désuétude; les traditions thalmudiques sont inconnues à la génération nouvelle; l'administration du judaïsme, calquée sur celle du protestantisme, n'est plus qu'une espèce de constitution civile qui varie, et se transforme au gré des gouvernements.

Quand on compare cet étrange mouvement du judaïsme moderne avec l'immobilité où il est demeuré depuis plus de dix-huit siècles, ne peut-on pas constater quelque dessein providentiel sur les restes de Jacob ?...

L'Evangile, comme le soleil, a fait le tour du monde. Il s'est graduellement manifesté à toutes les nations assises dans les ombres de la mort; et, d'un pôle à l'autre, les hérauts apostoliques ont porté les annonces du salut. Jamais le zèle des missionnaires ne se déploya avec plus de puissance et d'universalité.

Et chose merveilleuse, qui ne s'est pas vue dans les siècles passés, aujourd'hui, les femmes elles-mêmes, d'innombrables servantes de Dieu, messagères de la charité, se répandent sur tous les points du globe, où elles font bénir le nom de Jésus avec le nom de Marie. L'Evangile achève la conquête du monde, en même temps que les découvertes de la science rapprochent toutes les distances, et mettent tous les peuples en communication instantanée les uns avec les autres. C'est un nouvel ordre de choses qui commence. Et ne faut-il pas se rappeler, en ces graves conjonctures, la parole sortie de la bouche de Jésus-Christ Jérusalem sera foulée aux pieds jusqu'à ce que le temps de la gentilité soit accompli? (Luc. xxi, 24.) Parole commentée par saint Paul lui-même, quand il explique aux Romains de quelle sorte le salut, sorti des Juifs, doit retourner aux Juifs.

Quoi qu'il en soit, la charité catholique, qui s'en va chercher des âmes par toute la terre, passera-t-elle avec indifférence à côté des ruines toujours subsistantes de l'ancien peuple de Dieu? La charité, qui s'intéresse à toutes les infortunes, et embrasse tous les

peuples, pourrait-elle oublier les brebis que Jésus-Christ a si spécialement recommandées aux apôtres : Ile potius ad ovcs quæ perierunt domus Israel : « Allez avant tout aux brebis perdues de la maison d'Israël? (Matth. x, 6.) N'est-ce pas elle qui devra remplir la mission dont parle Isaïe: Le Seigneur étendra sa main pour reconquérir les restes de son peuple; il rassemblera des quatre coins de la terre ceux qui avaient été dispersés ? (Isa. XI, 11.)

Sans doute, un terrible anathème pèse sur les Juifs; ils ont méconnu le Sauveur; ils ont blasphémé le saint d'Israël (Isa. 1, 4), comme le prophétisait Isaïe; ils ont demandé que le sang du Juste retombât sur la tête de leurs enfants; et, pendant près de deux mille ans, ils ont traîné à travers le monde le poids d'une visible réprobation. Les prophètes leur avaient prédit cette destinée; mais les mêmes prophètes en prédisent le terme.

Les enfants d'Israël, dit l'un d'eux, seront longtemps sans roi, sans prince, sans sacrifice, sans autel, sans ephod, et sans théraphins. (Osee 11, 4.) Et il ajoute :

Après ce temps, ils reviendront, et ils chercheront le Seigneur leur Dieu et David leur roi; et, dans les derniers jours, ils recevront avec une frayeur respectueuse le Seigneur et les grâces qu'il doit leur faire. (Osee 111, 4.)

En ces jours-là, et en ces temps, dit un autre prophète, on cherchera l'iniquité d'Israël, et elle ne sera plus; parce que je me rendrai favorable à ceux que j'aurai réservés. (Jerem. L, 20.)

Je répandrai sur eux un esprit de grace et de prière; ils jetteront les yeux sur moi qu'ils auront percé: ils gémiront avec larmes et soupirs, comme on pleure sur un fils unique, et ils seront pénétrés de douleur, comme on l'est à la mort d'un fils aîné. (Zach. xII, 10.) Alors, on demandera au Seigneur D'où viennent les plaies que vous avez au milieu des mains? Et il répondra J'ai été percé de ces plaies dans la maison de ceux qui m'aimaient. (Zach. XIII, 6.)

:

Cependant, je ne traiterai point ceux qui seront restés de ce peuple comme je les ai traités autrefois, dit le Seigneur des armées; car il y aura une semence de paix.... Et alors, O maison de Juda et maison d'Israël, comme vous avez été une malédiction parmi les peuples, ainsi je vous sauverai, et vous serez une bénédiction. (Zach. vIII, 11.)

Ces textes sacrés, et une foule d'autres prophéties consignées dans l'Ancien Testament, annoncent avec évidence la conversion des Juifs. Les Livres évangéliques, les enseignements des Pères et des docteurs, et toutes les traditions de l'Eglise, consacrent les mêmes vérités. L'apôtre saint Paul les résume dans sa divine Epître aux Romains:

Est-ce que Dieu a rejeté son peuple? Non, certes; car je suis moi-même Israélite, de la race d'Abraham, et de la tribu de Benjamin.

Que dirai-je donc? Les Juifs sont-ils tombés de telle sorte que leur chute soit sans remède? A Dieu ne plaise! Mais leur chute est devenue

une occasion de salut aux gentils, afin que l'exemple des gentils leur donnât de l'émulation. Que si leur chute a été la richesse du monde, combien leur plénitude enrichirat-elle le monde encore davantage? Et si leur perte est devenue la réconciliation du monde, que sera leur salut, sinon un retour de la mort à la vie? Que si les prémices des Juifs ont été saintes, la masse l'est aussi; et si la racine est sainte, les rameaux le sont aussi. Or, si quelques-unes des branches ont été retranchées; et si vous, qui n'étiez qu'un oli vier sauvage, avez été enté parmi celles qui sont demeurées sur l'olivier franc, et avez été rendu participant de la sève et du suc qui sort de la racine, n'ayez pas la présomption de vous élever contre les branches naturelles: car si vous pensez vous élever au-dessus d'elles, sachez que ce n'est pas vous qui portez la racine, mais que c'est la racine qui vous porte.

Mais, direz-vous, ces branches naturelles ont été rompues, afin que je fusse enté à leur place. Cela est vrai: elles ont été rompues à cause de leur incrédulité; et pour vous, vous étes ferme dans la foi. Cependant, prenez gerde de ne vous pas élever, et tenez-vous dans la crainte; car si Dieu n'a point épargné les branches naturelles, vous devez craindre qu'il ne vous épargne pas non plus.

Que si eux-mêmes ne demeurent pas dans leur incrédulité, ils seront de nouveau entés sur leur tige, puisque Dieu est tout-puissant pour les enter encore. Et si vous-même avez été coupé de l'olivier sauvage, qui était votre tige naturelle, pour être enté contre votre nature sur l'olivier franc, à combien plus forte raison les branches naturelles de l'oli vier seront-elles entées sur leur propre trone! L'Apôtre continue:

Je veux bien, mes frères, vous découvrir ce mystère et ce secret, afin que vous ne soyez point sages à vos propres yeux : c'est qu'une partie des Juifs est tombée dans l'aveuglement jusqu'à ce que la multitude des nations entrat dans l'Eglise; et qu'ainsi tout Israel soil sauvé, selon qu'il est écrit: Il sortira de Sion un Libérateur qui bannira l'impiété de Jacob. Et c'est là l'alliance que je ferai avec eux, lorsque j'aurai effacé leurs péchés. Donc, quant à l'Evangile," ils sont maintenant ennemis à cause de vous; mais, quant à l'élection, ils sont aimés à cause de leurs pères. Car les dons et la vocation de Dieu sont immuables, et il ne s'en repent point.

Ainsi, comme autrefois vous ne croyez peint en Dieu, et que vous avez ensuite obtenu miséricorde, à cause de l'incrédulité des Juifs; de même les Juifs n'ont pas cru que Dieu voulût vous faire miséricorde, afin que la miséricorde qui vous a été faite, leur serve à obtenir miséricorde à leur tour. O profon deur des trésors de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses jugements sont impené trables et ses voies incompréhensibles! (Rom. XI, 1 sqq.)

Sans prétendre computer les temps, ni sonder le mystère des conseils de Dieu, il peut être opportun aujourd'hui de rappeler ces avertissements d'en haut; et l'on doit

signaler à l'attention chrétienne la situation. nouvelle du peuple juif. D'un côté, la dissolution de leurs croyances sous l'action du rationalisme, et l'altération, sinon l'oubli total de leurs rites anciens, de leurs traditions, de leurs observances. D'une autre part, leur incorporation dans la société chrétienne et les conversions de plus en plus nombreuses qui éclatent de nos jours: ces changements, ces phénomènes ne seraient-ils pas les indices d'une prochaine transformation? Ne seraient-ils pas les prémices des miséricordes positivement annoncées ?

Et si la Providence choisit ordinairement ce qu'il y a de plus faible pour accomplir son œuvre, ne faudrait-il pas envisager à ce point de vue et avec une humble espérance, le ministère de N.-D. de Sion? Cette congrégation naissante, consacrée à la Mère du Sauveur, et placée sous son égide, serait-elle appelée à triompher sur un terrain où, selon l'Ecriture, les forts d'Israël avaient eux-mêmes cessé de combattre? Cessaverunt fortes in Israel, et quieverunt donec surgeret Mater in Israel (Jud. v, 7.) Auraitelle reçu la bienheureuse mission de faciliter aux cœurs droits la recherche de la vérité, la voie du salut et l'accès du bercail? Serait-elle destinée à consoler des infortunes qui jusqu'ici repoussaient toute consolation? Le fait seul de son existence et de sa vocation semble se rattacher aux promesses des saintes Ecritures: Vous vous lèverez, Seigneur, et vous ferez miséricorde à Sion; car le temps de la miséricorde est venu, le temps est venu : « Tu exsurgens, misereberis Sion; quia tempus miserendi ejus, quia venit tempus. » (Psal. cI, 11, 14.)

Oui, la même charité qui pressait avec tant d'ardeur saint Pierre et saint Paul, est toujours active dans l'Eglise; elle a de nos jours préparé des dévouements nouveaux pour répondre à de nouveaux besoins; et quels qu'en soient les fruits, ces dévouements ne seront pas sans mérite devant Dieu; puisque déjà, du vivant de NotreSeigneur, c'était un titre à ses faveurs que d'aimer la nation juive: Diligit enim gentem nostram. (Luc. vii, 5.)

La congrégation de Notre-Dame de Sion n'est encore qu'une faible plante éclose sur le sol de l'Eglise; mais, bénie par le Père commun des fidèles, et récemment enrichie de nouvelles grâces et de nouvelles indulgences, elle a vu ses branches se multiplier à tel point, que déjà elle a dû fonder plusieurs établissements: les uns, devenus des pensionnats florissants pour de jeunes Chrétiennes; les autres destinés spécialement aux catéchumènes, et offrant aux Israélites de tout âge et de toute condition les moyens de s'instruire et d'entrer dans une ère nouvelle.

On a pu, lors de la fondation de cette

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œuvre, révoquer en doute son utilité, son opportunité; mais après quatorze années d'expériences, et à la vue de sa fécondité, le découragement n'est plus permis. Déjà, quatre cents Israélites ont reçu le baptême; les âmes sauvées attireront d'autres âmes; désormais l'étincelle vivante qui a réveillé les prémices des enfants d'Israël, ne s'éteindra plus.

Les religieuses de Sion, dont les diverses maisons sont placées sous l'autorité d'une supérieure générale, exerce parmi les Juifs un apostolat qui s'étend de plus en plus et se propage partout.

Ce qui a été fondé pour les jeunes filles tend aussi à s'établir pour les garçons: plusieurs ecclésiastiques se sont unis pour seconder l'œuvre de Sion; prenant pour règle cette parole de Jésus-Christ: Ite potius ad oves quæ perierunt domus Israel (Matth. x, 6), ils n'ont d'autres vœux, d'autres liens que ceux de la charité apostolique; et partageant leur vie entre le travail et la prière, dans la paix de leur habitation commune, ils poursuivent leur mission principale, tout en remplissant les autres fonctions du ministère sacré.

Des laïques dévoués et généreux peuvent s'associer, à titre de frères auxiliaires, à cette communauté naissante; et ils suivent tous la même règle qui n'est autre que la règle de l'Evangile, et qui ne tend qu'à reproduire la vie simple de l'Eglise primitive.

Cette dernière fondation, canoniquement instituée par Mgr l'archevêque de Paris, et encouragée par la sainte congrégation de la Propagande de Rome, complète les éléments de l'oeuvre de Sion; et, bien qu'elle ne soit encore qu'un germe presque imperceptible, elle renferme une vitalité qui se développera au jour marqué par la Providence.

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Rien n'est impossible à Dieu; et l'on doit beaucoup espérer quand on répète sans cesse avec Jésus Christ crucifié: Pater, dimitte illis! (Luc. XXIII, 34) quand on redit avec Marie, la céleste reine de Sion: Suscepit Israel puerum suum, recordatus misericordiæ sua! (Luc. 1, 54) quand on se pénètre des sentiments que le grand Apôtre a exprimés d'une manière si touchante dans son Epitre aux Romains (1x, 1-5): Ma conscience me rend ce témoignage par le SaintEsprit, que je suis saisi d'une tristesse profonde, et que mon cœur est sans cesse pressé 'd'une violente douleur, jusque-là que j'eusse désiré devenir anathème pour mes frères qui sont d'un méme sang que moi, selon la chair, les Israélites à qui appartient l'adoption des enfants de Dieu, sa gloire, son alliance, sa loi, son culte et ses promesses; de qui les patriarches sont les pères, el desquels est sorti, selon la chair, Jésus-Christ lui-même, qui est Dieu au-dessus de tout, et béni dans les siècles.

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