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viran 43000 toises, dont il ne réfulte que 38 lieues gauloifes. Pour employer fur le local les nombres indiqués par la Table, fans en rien rabattre, il faudroit ne point trouver étrange que la position de Bibe fît le fommet d'un angle de 90 degrés, par les rayons qui tendroient des points de Chailli & de Reims à cette pofition. Il eft, ce semble, plus naturel de juger, qu'il y a de l'excès dans les nombres de la Table. Je crois reconnoître la route dont il s'agit par fon alignement, qui eft très-remarquable fur le local, depuis le paffage du petit Morin, près de Montmirel, jufqu'à S. Martin d'Ablois; ce qui doit s'étendre à 15000 toifes & plus, en fuivant la trace du chemin, & il en résulte 13 à 14 lieues gauloifes. La partie antérieure de cette route, ou depuis Chailli jufqu'au petit Morin, peut s'eftimer de 15 lieues gauloifes au moins. Ainfi, de Chailli à Ablois. environ 29 lieues ; & par la feule tranfpofition de l'unité dans le nombre xxxi, on aura en effet xxix. Entre Ablois & Reims, la distance en droite ligne étant, d'environ 15000 toifes, qui paffent 13 lieues gauloifes, & qui peuvent en renfermer 14 de mesure itinéraire ; il s'enfuivra de pouvoir substituer xiii à xxii dans la Table. Ablois, dont la pofition paroît convenir à Bibe, eft un gros bourg, qu'une côte élevée fépare du cours de la Marne, que la voie romaine paffoit vraisemblablement à Epernai, dont il n'est point mention avant l'acquifition qu'en fit S. Remi pour fon église de Reims.

47°, 23°.

BIBRACTE, deinde AUGUSTODUNUM. Il y a des fçavans qui ne conviennent point que Bibracte & Auguftodunum foient la même ville. M. de Valois, Cellarius, M. l'Abbé de Longuerue, ont diftingué Bibracte, d'Auguftodunum. Cette queftion eft traitée fort en détail dans les Eclairciffemens géographiques fur l'ancienne Gaule, qui ont paru en 1741; & je crois que l'iden tité de Bibracte & d'Auguftodunum y eft démontrée. Se

Comment. I,

lon Céfar, Bibracte eft indubitablement la ville princi-
pale & dominante chez les Edui: oppidum longè maxi-
mum, ac copiofiffimum; oppidum apud Eduos maximæ & VII.
autoritatis. En diftinguant cette ville d'avec Augufto-
dunum, on s'eft fondé fur de l'analogie entre le nom de
Bibracte & celui d'une montagne à quelques lieues d'Au-
tun, dont on n'eft point affuré que le nom actuel de
Beuvrai foit tiré de Bibracte, mais bien de celui de Bi-
fractum, que l'on trouve dans les anciens titres de l'é-
glife d'Autun. Plufieurs auteurs qui ont écrit dans le
pays, reconnoiffent que ce lieu de Beuvrai n'a jamais
pu fervir d'affiette à une grande ville, oppido longè ma-
ximo, ac copiofiffimo. Je me contenterai de citer S. Ju-
lien, en fes Antiquités des Bourguignons; » s'il falloit
» faire vue du lieu, on ne trouveroit entre ces rochers
place, en laquelle il fût poffible imaginer une si

s'il falloit Liv. I, ch. 4.

gran

» de & populeufe ville, que Bibracte a été, pouvoir

» être pofée «. Strabon, qui felon que l'a remarqué M. Hift. des Enip. de Tillemont, écrivoit le quatrième livre de fa Géo- Tome I, p. 131. graphie vers l'an 18 de l'Ere Chrétienne, ne nomme

point Auguftodunum, mais Bibracte, comme la place de

défenfe des Edui, epeprov Bí@panтa. Cependant, on ne peut Lib. IV, p. 192. douter qu'Auguftodunum ne foit du même tems, puif

que

Tacite décrivant la révolte des Edui fous Sacro-Annal. lib. III, vir, qui arriva l'an 21, fait mention d'Auguftodunum, Se&t. 43. comme de la capitale du peuple Eduen, caput gentis. Il feroit d'autant plus étrange que le filence de Strabon fur Auguftodunum caput gentis, fût une omiffion de fa part, qu'il n'a point oublié dans l'étendue de la même cité une ville d'un rang inférieur, Cabullinum, ou Challon. Ce géographe, que l'on remarque fuivre Céfar en plufieurs circonftances, a employé le nom qu'il trouvoit dans les Commentaires, préférablement à une dénomination nouvelle, qui n'avoit point encore fait oublier la dénomination précédente & primitive. Mais, on a cru yoir une diftinction formelle de Bibracte & d'Au

veteres VII.

guftodunum dans un panégyrique d'Eumène à Conftantin. Cet empereur, & fon père Conftance Chlore, ayant donné de grandes marques de bienveillance à la ville d'Autun, qui avoit beaucoup fouffert d'un long fiége qu'elle effuya de la part de Tetricus, fecondé de la milice des Bagaude; cette ville, pour témoigner fa reconnoiffance, prit le nom de Flavia, parce que les princes dont elle avoit été favorisée portoient celui de Flavius. Auffi le Rhéteur rendant grace à Conftantin de fes bienInter Panagyr. faits, appelle Autun Flaviam Æduorum. Il ajoute, en adreffant la parole à ce prince, que quoiqu'il foit également le maître dans tout l'Empire, la ville des Edui lui eft comme appropriée par le nom de Flavia qu'elle vient de prendre: il fait entendre, que l'ancien nom de Julia, fait place au nom de Flavia: omnium fis licet dominus urbium, omnium nationum, nos tamen etiam nomen accepimus tuum jam, non antiquum. Bibracte quidem hucufque dicta eft Julia, Polia, Florentia ; fed Flavia eft civitas Æduorum. La ville qui vient de prendre le nom de Flavia, eft ici la même qui jufqu'alors avoit porté le nom de Julia: l'adverbe jam, d'un membre, répond aux adverbes huc-ufque, de l'autre membre. Ces adverbes affectent une même ville, qui jusqu'alors, hucufque, a porté un nom, & qui vient d'en prendre un autre, accepimus tuum jam. C'eft la ville d'Auguftodunum qui prend le nom de Flavia: c'est donc la même ville qui avoit porté le nom de Julia, & cette ville eft Bibracte. Ajoutons que l'orateur s'expliquant ainsi ail-leurs, Flavia Eduorum tandem æterno nomine nuncupata; le tandem fuppofe une mutation d'un nom antérieur & précédent, mis en oppofition, & ce nom eft Julia, adapté fpécialement à Bibracte. Les Ædui avoient mis leur capitale au nombre de leurs divinités. On a trouvé à Autun deux infcriptions en l'honneur de la déeffe Bibracte, & dont la plus remarquable a été rapAntiq. expliq. portée par D. Bernard de Montfaucon. Méla diftingue

Tome II, p. 236.

y

Auguftodunum par fa richesse entre les villes de la Gau- Lib. III, cap. 2. leurbes opulentiffima in Treviris Augufta, in Æduis Auguftodunum. Si l'on ne remarquoit pas dans Pline autant d'inégalité qu'il y en a fur ce qui intéreffe le détail de la Gaule, on feroit plus furpris de n'y voir aucune mention d'Auguftodunum. Ptolémée n'eft pas dans le même cas. Mais, ce qui donne une illuftration particulière à Autun, c'eft ce que rapporte Tacite, que la noblesse de la Gaule y étoit inftruite dans les fciences : nobiliffimam Galliarum fobolem liberalibus ftudiis ibi operatam. La Géographie faifoit partie des fciences qu'on cultivoit. Eumène (oratione pro reftaurandis fcholis) dit que fur les portiques du lieu destiné à l'instruction de la jeuneffe, on avoit tracé la représentation des terres & des mers: videat in illis porticibus juventus, & quotidiè fpecket omnes terras, & cuncta maria, &c. fiquidem illic... quò manifeftiùs oculis difcerentur, quæ difficilius percipiuntur auditu; omnium, cum nominibus fuis, locorum fitus, fpatia, intervalla, defcripta funt; quidquid ubique fluminum oritur & conditur, quacumque fe littorum finus flectunt, vel quo ambitu cingit orbem, vel impetu irrumpit Oceanus. Je pense qu'on ne fera point étonné qu'une pareille circonftance ne foit point oubliée dans un ouvrage purement géographique commne celui-ci.

50°, 22°.

BIBRAX. Céfar en fait mention comme d'une ville des Remi, diftante de huit milles du camp qu'il occupoit fur la rivière d'Aifne, après l'avoir paffée en marchant contre les Belges, qui avoient pris les armes : ab ipfis caftris oppidum Remorum, nomine Bibrax, aberat millia paffuum 11x. Si l'on s'en rapporte à la chronique de Normandie, écrite par Dudon de Saint Quentin, & à plufieurs légendes, Bribrax fera Laudunum clavatum, où Laon. Mais, cette opinion eft démentie par les cirConftances qui concernent Bibrax. Laon eft dans une

Comment. II.

distance de la rivière d'Aifne, qui double à peu près
celle qui eft indiquée ; & il feroit difficile que le fecours
que Céfar fit partir au milieu de la nuit, fut arrivé affez
promptement pour faire fufpendre l'attaque dès le jour
qui fuivit. On voit les affiégeans auffi-tôt au pied du
rempart que devant la place, & appliquant la fappe
aux murailles; & ce qui défigne ainsi une place dont
l'affiette n'eft pas de difficile accès, ne convient point
à Laon. Sanfon, en prenant la position de Fimes pour
celle de Bibrax, n'a pas fait attention que Bibrax fut
attaqué par les Belges, avant la tentative qu'ils firent
de paffer l'Aifne, comme le récit de Céfar y eft formel.
C'eft donc amener mal-à-propos à un lieu fitué en deçà
du cours de l'Aifne, & fur les derrières du pofte qu'a-
voit pris Céfar, une place qui devoit être en avant &
de l'autre côté de la même rivière. En-effet, on trouve
Bièvre, qui conferve évidemment le nom de Bibrax
en s'avançant de Pont-à-Vere fur l'Aifne du côté de
Laon; & la distance de huit milles marquée par Céfar
eft également convenable à l'égard des environs de
Pont-à-Vère. On lit dans Céfar, que fur le fleuve près
duquel il avoit affis fon camp, il y avoit un pont:
eo flumine pons erat.

43°, 18°.

in

BIGERRONES. Ils font ainsi nommés dans le troifième livre des Commentaires, entre les peuples de l'Aquitaine, que l'expédition de Craffus, Lieutenant de Céfar, réduifit à fe foumettre. Leur nom eft Begerri Lib. IV, cap. 19. dans Pline. Ptolémée & les autres Géographes ne les connoiffent point. S. Paulin les appelle pellitos Bigerros, parce qu'une partie de leur pays, fituée dans les neiges des Pyrénées, les oblige à fe vêtir d'une fourrure, que Sulpice-Sevère dans la vie de S. Martin, appelle Bigerrica veftis hifpida. Il feroit prefque fuperflu de dire que la Bigorre conferve le nom de ce peuple. Quant au reffort du fiége épiscopal de Tarbe, capitale

du

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