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Tout le monde convient, que ce canal eft celui qui fort du Rhin fur la droite, au-deffous de la féparation du Wahal, & qui fe joint à l'Iffel près de Doesbourg. On croit même que le travail de Drufus ne s'eft point borné à cette communication, & qu'il lui a fallu creufer un lit plus considérable à l'Iffel; ce qui peut avoir donné lieu à Suétone d'employer le pluriel foffas, en parlant de ce travail. On ne trouve le nom de l'Iffel dans aucun monument de l'antiquité. Ce nom lui eft commun avec une rivière de la Hollande entre le Leck & le Rhin, & qui dans les titres du moyen-âge eft appellée Chifla & Hifla, & depuis fans afpiration Ifla & Ifala. Ainsi, on n'eft point autorisé à mettre le nom de Sala dans des cartes qui repréfentent l'ancienne Géographie. Plufieurs fçavans ont appliqué à l'Iffel la mention que Tacite fait d'une rivière fous le nom de Nabalia, qui pourroit être corrompu, & qui fe lit autrement dans quelques textes de cet hiftorien. Civilis, chaffé de l'ifle des Bataves par Cerealis, & retiré chez les Germains, eut une entrevue avec ce général Romain fur le bord. de cette rivière, qu'il faut ainfi fuppofer au-delà du Rhin, fur la frontière. Le Rhin dérivé dans l'Iffel, & l'ayant groffi par la décharge d'une partie de fes eaux, a d'abord formé un lac, nommé Flevo. Il renfermoit auffi une ifle de même nom. Réduit enfuite à un canal, qui confervoit ce nom de Flevo, il arrivoit à l'Océan avant que ce canton de la Frife fût fubmergé, & devînt une mer, que l'on nomme Zuyder-zée. PomponiusMela eft celui de tous les Géographes de l'antiquité qui s'explique plus en détail fur ce fujet. On reconnoît encore le nom de Flevo dans celui de Vlie, ou FlieStroom, entre les ifles de Flie-land & de Schelling, à l'entrée du Zuyder-zée. Mais, les limites de l'ancienne Gaule ne nous portent pas jufque-là.

44, 23°.

FOSSA MARIANA. Selon Plutarque, dans la vie

de Marius, ce général fit creufer un canal, pour recevoir plus aisément les vivres qui lui étoient amenés par mer, & avec moins de rifque qu'il n'y en avoit aux embouchures du Rhône, dont l'entrée remplie de vaze & expofée aux coups de mer, devenoit très-difficile. Strabon en parle conformément; & il ajoute, que Marius fit don de ce canal aux Marfeillois, pour reconnoître les fervices qu'ils lui avoient rendu dans fon expédition contre les Ambrones & les Toygeni, dont les armes étoient jointes à celles des Cimbres. Méla, Pline, Solin, ont fait mention du même canal. Mais, on peut reprendre Ptolémée d'avoir rangé ce canal au couchant des bouches du Rhône, parce qu'on a les preuves les plus pofitives du contraire. C'eft entre Marseille & leLib. I, cap. 5. Rhône qu'il eft placé dans Méla, entre le Rhône & Lib. II, cap. 4. Maritima, ou Martigues, dans Pline. L'Itinéraire Maritime indique même xvi milles de diftance depuis les Foffa Mariana ( car il y emploie le pluriel) jufqu'au Rhône, en rangeant la côte d'orient en occident; & dans l'Itinéraire qui décrit les routes de terre, on trouve Foffa Mariana entre Marfeille & Arles. Ainfr, ce Ptolémée nomme le canal de Marius, en-deçà des deux principales embouchures du Rhône, en procédant dans l'ordre contraire à celui de l'Itinéraire Maritime, feroit plutôt une troisième bouche du Rhône, connue d'ailleurs fous le nom d'Hifpanienfe oftium. On pourroit conjecturer, que l'entrée d'une rivière, dont le nom de Kanos @rauss, ou de rivière nouvelle, dans Ptolémée, femble plus convenable à un canal factice qu'à une rivière naturelle, défigneroit le canal de Marius, quoique Ptolémée eût déplacé fon embouchure, en la marquant entre Maritima & Marfeille, au lieu de l'indiquer entre le Rhône & Maritima. Cette conjecture s'appuieroit fur ce qu'en cet intervalle que prend Ptolémée, on ne voit arriver à la mer aucune rivière qui mérite d'être connue, & que d'ailleurs les pofitions de Ptolé

que

mée ne font pas à l'abri de la critique, comme la manière dont il se méprend fur le canal de Marius en eft une preuve qu'il ne faut pas aller chercher bien loin. Le docte commentateur de Pline, qui, dans le nom que fournit Ptolémée de καινός ποταμός, a cru voir un indice d'un peuple dont Pline fait mention fous le nom de Cenicenfes, & qui nous eft inconnu comme plufieurs autres, n'a pas fait attention à la différence effentielle de ces dénominations. Je dis en paffant, que les Cenicenfes de Pline nous font inconnus. Car de les établir, comme dans la carte de Sanfon, aux environs du mont Cenis, ce feroit faute d'obferver, que Pline en faifant mention de Cenicenfes dans la defcription de la Narbonoise, ne permet pas de les placer ainfi derrière les Centrones, qui felon l'état des chofes au tems de Pline, n'étoient point. encore, non plus que les Caturiges, renfermés dans la Gaule, & dépendoient de l'Italie. Mais, après avoir rapporté ce qu'on trouve dans les anciens fur le canal de Marius, il doit être queftion d'en reconnoître quelque trace, & fon iffue dans la mer. Ceux d'entre les modernes qui veulent que le grand canal du Rhône paffant à Arles, & dont le cours jufqu'à la mer eft d'environ dix lieues, foit l'ouvrage de Marius, n'ont pas pris garde à la difficulté de l'exécution, & on pourroit leur demander ce qu'étoit le cours du fleuve féparément de ce canal. Il n'étoit pas néceffaire que Marius remontât fi haut, pour parer aux inconvéniens de l'entrée par

les

bouches naturelles du Rhône. L'ancienne embouchure, appellée Maffalioticum oftium, qui paroît avoir été celle qu'on nomme actuellement le Gras du midi, ou le grand Gras, comme on peut voir dans l'article intitulé Rhodani oftia, étoit diftante de Foffis Marianis de xvi milles, felon l'Itinéraire Maritime. Or, cette distance, en rangeant la côte depuis cette embouchure, conduit précisément fur la plage vis-à-vis du lieu qui conferve le nom de Foz. Ce lieu eft marqué dans les cartes com

me étant sur un terrain élevé, quoique les environs foient prefque au niveau de la mer. C'eft ainfi qu'on reconnoît l'entrée du canal de Marius. La figure d'un édifice, en forme de demie-lune ouverte du côté de la mer, comme la Table Théodofienne en donne la repréfentation, avec le nom de Foffis Marianis au-deffus convient vraisemblablement à cet endroit. Cet édifice donne l'idée d'un port, qui auroit été orné & accompa gné de bâtimens par les Marfeillois, devenus propriétaires du canal, & qui en tiroient un droit de navigation en montant & en defcendant, comme le rapporte Lib. IV, p. 183. Strabon. Cependant, les ouvrages qui ne font

III, ch, 5.

pas ceux de la nature, étant fujets à périr avec le tems, le canal de Marius ne conduit plus à Foz. Mais, il n'y a guère plus d'un fiècle, qu'une dérivation du Rhône avoit fon cours jufque-là, felon le témoignage de l'hiftorien de Tome I, liv. Provence, Honoré Bouche. Cette dérivation, qu'on nomme aujourd'hui le Bras-mort, & qui a été obftruée dans les derniers tems pour favorifer la ville d'Arles, & dans la vue de deffécher des marais, tendoit en premier lieu vers l'étang nommé Galéjon, dont la communication avec la mer ouvroit une première iffue à ce canal; & un refte d'émanation, qui n'a plus la même continuité, s'étendoit jufqu'au rivage de Foz. Cette circonftance de plus d'un débouchement, nous fait connoître, que ce n'eft point à tort que plufieurs des auteurs qui parlent du canal, fe fervent du pluriel. C'eft ainfi qu'il en eft mention dans l'Itinéraire, & dans la Table. On lit pareillement Foffa, & non pas. Foffa, dans l'édition de Pline du P. Hardouin; & dans Solin, Foffis manu factis. Je préfume, d'après des cartes très-circonftanciées du local, que la navigation du canal de Marius, depuis la féparation d'avec le Rhône, pouvoit être d'environ 12 milles. Il paroît en même tems, que cette féparation fe faifoit à quelques 10 milles au-dessus de l'oftium Maffalioticum; & la navigation du Rhône, en remontant.

jusqu'à Arles, y ajoutoit environ 20 milles. Or, c'eft précisément ce que demande l'Itinéraire Maritime : à Gradu, per fluvium Rhodanum, Arelatum, M. P. xxx. On ne fçauroit admettre xxx milles entre Foffa Mariana, ou Foz, & Arles, par la route de terre comme on le voit dans l'Itinéraire d'Antonin, & le local veut qu'on en fupprime une dixaine.

51°, 20°.

FRETUM GALLICUM. C'eft ainfi que Solin désigne ce qu'on appelle aujourd'hui le Pas de Calais. Fretum Oceani dans Tacite, & dans Ammien-Marcellin. Freta Morinûm dans le poëte Gratius.

51°, 20°.

FRUDIS (vel PHRUDIS) OSTIUM. Ptolémée place cette embouchure de rivière entre l'embouchure de la Seine & le promontoire Itium. Ce nom n'eft point connu d'ailleurs, de même que Ptolémée en nommant l'Escaut Tabuda, diffère des auteurs qui ont fait mention de cette rivière fous fon nom de Scaldis. Il n'eft point équivoque que c'eft la Somme que défigne Ptolémée. Je reconnois même le nom de Frudis dans celui de Hourdel, que porte une pointe de terre à l'entrée de la Somme, & contre laquelle la mer brife en montant. On trouve la lettre F, & la prononciation qui lui eft propre, remplacées en plufieurs mots par un н: & le terme de Hourd, ou Heurd, qui chez le peuple du pays de Galles, & en baffe-Bretagne fignifie choc, ou agitation, convient parfaitement au lieu où nous le trouvons employé. Mais, le nom de Frudis oftium n'étant pas celui qui étoit propre & particulier à cette rivière, voyez l'article Samara.

G..bi

45, 22

GABALI. C'est ainfi qu'on lit dans, Céfar, & qu'on doit écrire d'après Ptolémée, Gabates felon Strabon

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