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toises en ligne aërienne & directe, & il eft naturel qu'en calculant l'indication de la mesure itinéraire, ce calcul ait quelque chofe de plus que l'évaluation de la inefure directe. Je fuis informé, qu'il fubfifte des veftiges d'une ancienne voic, qui tend directement de Tours à Orléans, laissant la position de Blois à quelque diftance fur la droite, & que l'on nomme dans le pays la voie Charrière. Mais, il n'en eft pas moins vraifemblable, qu'il y eut une autre voie, qui fit la communication des lieux de quelque considération fitués avantageusement fur la Loire; & cette route moins directe paroît plus convenable à ce que donne l'indication de la Table. On m'a assuré, que dans la nouvelle édition de la Table, qui eft fortie de Vienne depuis quelques années, on y voyoit ce qui eft omis dans l'ancienne édition, la trace d'une route entre la pofition qui eft celle d'Autricum, ou de Chartres, & Genabum. Or, les veftiges de cette route fubfiftent fous le nom de Chemin de Céfar: & M. Lancelot, dans le huitième volume des Mémoires de l'Académie, produit le témoignage de Charles Dumoulin, que du tems de ce jurifconfulte il y avoit encore fur pied des colonnes marquant les distances: vetus iter ab Aureliis Carnotum..... ubi lapides à tempore Romanorum milliaria diftinguentes erecti vifuntur. En mefurant la trace du chemin fur la repréfentation du local, la distance fe trouve de 31 lieues gauloifes. Toutes ces routes que les anciens Itinéraires conduisent à Genabum, s'adreffant à Orléans, renverfent le fyftême d'un fçavant, qui a tranfporté Genabum à Gien. Ce fçavant ayant pour objet d'illuftrer la ville d'Auxerre, en y plaçant Vellaunodunum dont il eft parlé dans Céfar, & la pofition de Genabum à Orléans n'étant pas favorable à cette hypothèse, il a paru néceffaire de la déranger de fa place. Car, M. le Beuf avoue, que fi Genabum eft Orléans, Vellaunodunum ne peut être Auxerre ; & pour voir cette question traitée plus

en détail, on peut confulter les Eclairciffemens fur l'ancienne Gaule, qui ont paru en 1741. C'eft pour avoir changé de nom, & non pas comme ayant une pofition différente, que la ville de Genabum eft devenue celle d'Aureliani. Dans la Notice des provinces de la Gaule, civitas Axrelianorum eft au nombre de celles de la province Sénonoife: & l'opinion qui tire ce nom de l'empereur Aurélien, eft vraisemblable. Dans le moyen-âge on a communément écrit d'une manière indéclinable Aurelianis. Par un démembrement de l'ancien territoire des Carnutes, Aureliani eut un territoire diftin&t & particulier; & ce qui indique une féparation qui ait eu lieu dès le tems de la domination romaine, c'eft la dénomination de quelques endroits fitués fur la frontière de ces différens territoires. Il y a un Fins dans le diocèfe de Chartres à quelque diftance en-deçà de fes limites. Je connois un autre Fins à la hauteur de Baugenci, dans la paroiffe de Talci, du diocèfe de Blois, qui eft une diftraction toute récente du diocèfe de Char très. Il existe un autre lieu fous le nom de Fins à l'extrémité de l'ancien territoire des Carnutes, où le diocèse de Blois confine à l'extenfion que prend le diocèfe d'Orléans aux environs de Romorentin. Une paroiffe d'Orléans, par laquelle ce diocèfe eft terminé vis-à-vis ou à peu près du premier Fins dont j'ai parlé, qui est de Chartres, paroît défigner par le nom de Terminier qu'elle porte, la même chofe que Fins. En remarquant ces circonftances particulières du local, on croit répan-· dre quelque lumière fur l'ancien état de la Gaule.

47°, 24°.

GENEVA. On lit dans le premier livre des Commentaires de Céfar: extremum oppidum Allobrogum eft, proximumque Helvetiorum finibus Geneva: ex quo oppido pons ad Helvetios pertinet; c'est-à-dire, que le pont qui y étoit, donnoit entrée dans le pays des Helvetii. Dans une infcription du recueil de Gruter, Genevenfis pro

vincia défigne le district particulier de cette ville, com pris dans l'étendue de pays qu'occupoient les Allobroges, & à l'extrémité duquel Genève étoit située, comme on vient de voir dans Céfar. Pour trouver quelque autre mention de cette ville dans les monumens de l'âge Romain, il faut paffer aux Itinéraires, & à la Notice des provinces de la Gaule. Son nom eft écrit Cenava, & même Cenabum, en quelques exemplaires de l'Itinéraire d'Antonin; Gennava dans la Table Théodofienne. Civitas Genavenfium fuit immédiatement la métropole, in provincia Viennenfi, dans la Notice. Les écrivains du moyen-âge difent Janua, ou Januba; & le nom de Genève chez les Alemans eft Genff. Je ne vais point fur quel fondement cette ville eft appellée Colonia Allobrogum dans quelques livres, coinme y ayant été imprimés.

45°, 24°.

GERAINÆ. Ce lieu dans la Table Théodofienne eft placé fur une route, qui de Lucus Augufti tend à l'Alpis Cottia ; & je remarque dans l'article Geminæ dont la pofition précède Geraina en fuivant cette route, que le nom de Geraina fubfifte, & même très-diftincte ment, dans celui de Jarain, petit lieu dans le Val-Godemar. Il est situé à la gauche du cours d'une rivière nommée Severeffe, qui tombe dans le Drac vis-à-vis de Lefdiguières. En avançant au-delà, pour arriver au paffage du Mont Genèvre, ou de l'Alpis Cottia ; la difpofition du local exige que l'on fe rende par la ValLouise à Briançon, quoique la ligne qui repréfente la route dans la Table, ne s'adreffe point au nom de Brigantio, & foit tirée vers l'Alpis Cottia directement. La Table eft mal figurée à cet égard; & on ne fçait même à quoi rapporter le nombre XIIII qu'on y voit au-deffous du nom de Geraina. Cette distance ne conduiroit au plus loin qu'au paffage du Val-Godemar, dans la Val-Louise, & il y auroit au moins 18 milles à compter, depuis là jufqu'à Briançon

46°, 21°.

c'eft

GERGOVIA. La pofition de cette ancienne place des Arverni, que Céfar ne put emporter, eft une de celles pour la connoiffance de laquelle on fe fent le plus de curiofité. L'opinion que l'alliette de cette place occupoit le fommet d'une montagne, à deux petites lieues communes (environ 4000 toifes) de Clermont entre l'orient d'hiver & le midi, a été combattue par M. Lancelot, dont le Mémoire fur ce fujet eft inféré dans le P. 6356 volume vi de l'Académie. Il paroît perfuadé, que uniquement d'après Gabriel Simeoni, auteur d'un ouvrage publié il y a environ 200 ans, fous le titre de Dialogo pio, que cette opinion s'eft établie. Je fuis informé, que des recherches particulières fur les lieux, par une perfonne qui a de la littérature, & qui fait fon féjour à Clermont, l'ont perfuadée que l'emplacement de Gergovia devoit être celui dont je viens de parler : mais, le détail de ces recherches ne m'eft point communiqué. Un plan exact & bien figuré du local, & par lequel on pourroit juger du plus ou moins de convenance avec ce qui eft rapporté dans le septième livre des Commentaires, feroit très-neceffaire pour l'éclairciffement de la question. Quoique je n'en fois pas actuellement tout-à-fait dépourvu, ce que j'ai fous les yeux n'a pas le même mérite que le plan des environs d'Alefia, qui a paru dans les Eclairciffemens géographiques fur l'ancienne Gaule. M. Lancelot a pu fans beaucoup de peine, réfuter les conjectures frivoles & hazardées de Simeoni, fur diverses circonftances de détail aux environs de Gergovia, auffi-bien que quelques traditions populaires fur plufieurs lieux du même canton. Mais, que Sidoine-Apollinaire, en décrivant fa maison d'Avitacus, dont la position eft inconnue, se taife fur Gergovia, quoiqu'il en faffe mention ailleurs, il n'en réfulte point d'argument négatif fur la pofition de Gergovia. Que Céfar ne parle point d'un étang peu éloigné de la montagne,

& aujourd'hui defféché, & appellé Sarliève, on ne le trouve point à redire, si on a lieu de croire, que Céfar dirigea fes attaques contre la place par un côté tout oppofé. Que la montagne de Gergovia foit appellée Podium Mardoniæ dans un acte du quatorzième fiècle, il ne paroît point extraordinaire, en confidérant qu'il y a une terre du nom de Mardogne au pied de la montagne, que cette montagne, qui alors & depuis a pu être comprise dans le domaine de cette terre, foit appellée du même nom, quoiqu'elle en eût un qui lui fût propre & particulier. M. Lancelot infifte principalement, fur les raifons de douter de l'authenticité du titre de fondation, ou de reftauration de l'abbaye de S. André dans un faubourg de Clermont. Par cet acte, Guillaume, comte de Clermont, fait donation aux religieux de cette abbaye, de ce qu'il poffédoit, in Sauzeto, in Juffiaco, in Gergobia, in Fontentigia, &c. Il ajoute ; nec ampliùs folvent tributum noftro caftro de Monte-rigofo, five de Montrognon, ratione arcis quam eis etiam dedimus & damus, & in Gergobia, & in circuitu ipfius, & in monte five podio qui eft fupra, ufque & comprehendendo veterem mafuram antique Gergobia. On ne fçauroit fe difpenfer d'avouer, que l'on reconnoît par divers endroits, , que l'acte dont il eft queftion eft un de ces titres qui ont été refaits ou renouvellés d'après d'autres plus anciens, & qui portent des indices manifeftes de nouveauté & d'interpolation, par l'ignorance & la malhabileté de ceux de la main defquels ces piéces font forties. Mais, de même que l'on ne révoquera point en doute, que l'abbaye de S. André n'ait été fondée ou restaurée par le comte Guillaume, vers le milieu du douzième siècle, & ne foit antérieure à l'époque que l'on jugera convenir au renouvellement du titre des donations faites par ce comte; on peut penfer fur le fond conformément à ce qu'en a penfé M. Balufe, qu'il paroit bon, & qu'il le froit vrai, felon que M. Lancelot le rapporte dans fon

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