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Mémoire. Si la teneur de l'acte n'étoit entièrement controuvée que depuis environ un fiècle, auquel M. Lancelot borne l'antiquité de cette pièce; de quel endroit un fauffaire mal inftruit tenoit-il les dénominations locales de Mons rigofus, de Fontentigia, de Juffiacum, puifque ces lieux ne fe nommoient depuis plufieurs fiècles que Mont-rognon, Fontange, Juffat? Les étyinologies abfurdes de plufieurs noms de lieu aux environs de Gergovia nous rendent certains, que les noms employés dans le titre de S. André ne font point dûs à Simeoni. Et quant aux défauts de ce titre, dont on se prévaut pour lui ôter toute autorité, on peut demander, fi les faux miracles, les anachronifmes dont les Légendes font remplies, fi même quelques erreurs de fait dans des hiftoriens, comme dans Grégoire de Tours & plufieurs autres, empêchent qu'on n'y reconnoiffe la mention qui y eft faite d'une infinité de lieux, qui doivent entrer dans les Notices du moyen-âge? M. Lancelot ne difconvient pas, que la fituation de l'ancienne Gergovia, qui felon Céfar, pofita in altiffimo monte, omnes aditus difficiles habebat, n'ait de la reffemblance à la montagne qui en porte le nom. Mais, il y a plus d'une circonftance locale, qui témoigne cette reffemblance : & s'il eft vrai que le lieu qu'on nomme le Crest foit trop éloigné de la montagne de Gergovia, comme le remar que M. Lancelot, pour être la colline dont parle Céfar; erat è regione oppidi collis, fub ipfis radicibus montis, egregiè munitus, atque ex omni parte circuncifus: on reconnoît cette colline à une élévation ifolée, mais immédiatement adhérante à la partie de la montagne de Gergovia qui regarde le midi, & diftinguée de cette montagne par un nom particulier, le Pui de Monton. Cette pofition convient fort à ce qu'ajoute Céfar; quem { videlicet collem) fi tenerent noftri, & aquæ magná par te, & pabulatione libera, prohibituri hoftes videbantur. Car, avec quelque connoiffance du local, on voit clai

rement, qu'en effet il devenoit difficile par ce moyen, que l'énemi communiquât aisément à un ruisseau nommé la Serre, qui eft le plus voifin de Gergovia ; & qu'il pût s'écarter du côté des rivages de l'Allier, où la commodité d'aller au fourrage devoit être plus grande, & les fourrages plus abondans. Quoique Savaron, dans fes antiquités de Clermont, eût fait des efforts pour y trans porter Gergovia; cependant il avoit bien changé d'avis dans fes notes fur Sidoine-Apollinaire, où il s'explique ainfi, en parlant de la pofition de Gergovia fur la monCarm. V, p. 83. tagne qui lui fervoit d'affiette: hujufce vetuftatis indubia monimenta, vifura lucem, fi lux fuppetat. Il est à défirer, que quelque perfonne habile & fur les lieux, veuille fuppléer à ce que Savaron n'a pas eu le loisir d'exécuter. Quant à la fituation d'une autre ville de Gergovia chez les Boii, que les Ædui avoient reçus chez eux, elle eft demeurée inconnue jufqu'à préfent. Il est étonnant de voir Sanfon vouloir ne faire qu'une feule & même ville des deux Gergovies, dont l'une fut attaquée par Vercingetorix, & l'autre par Céfar; & d'autant plus étonnant, que Gergovia & Auguftonemetum, ou Clermont, n'étant point des villes différentes felon Sanfon, c'eft mettre les Boii en poffeffion de la capitale des Arverni,

Rem. fur la C. de Gaule, trad.

de d'Ablanc.

Lib. IV, fect. 30.

Liner. p. 556.

45°, 25°.

GESDAO. On lit Gefdaone, par la déclinaison de ce nom, dans l'Itinéraire de Bourdeaux à Jérusalem, Gadaone dans la Table Théodofienne. La leçon de l'Itinéraire peut tirer avantage de celle que donne l'anonyme de Ravenne, qui eft Geffabone, quoiqu'elle ne paroiffe pas non plus fort correcte; & M. Weffeling a fait la même remarque. L'Itinéraire d'Antonin paffant d'une ftation qui porte le nom de Mars, jufqu'à Brigantio, fans lieu intermédiaire, ne connoit point ainsi la pofition de Gefdao. Celui de Jérufalem marque x de Brigantio à Gefdao; la Table vi de Brigantio à l'Al

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pis Cottia, & v de l'Alpis Cottia à Gadao. Entre Gefdao
ou Gadao & la ftation de Mars, vIII dans la Table, Ix
dans l'Itinéraire: de forte qu'un mille de plus ou de
moins dans le détail des diftances qui fe rapportent à
Gadao, fe trouve compensé au total de Brigantio à la
ftation de Mars, qui eft également 19, & l'Itinéraire
d'Antonin marque en effet xvIII entre le lieu nommé
ad Martis & Brigantio. Or, il eft indubitable que la
pofition de Gefdao tombe fur Sezane, au paffage de la
Doria, entre le mont Genèvre & Oulx, qui eft la sta-
tion de Mars, comme on peut voir dans l'article inti-
tulé ad Martis. L'indication des distances quadre aux
efpaces que donne le local, avec l'attention de confi-
dérer, que la mesure itinéraire au paffage des Alpes, &
dans des vallées refferrées entre les montagnes, doit
furpaffer fenfiblement ce que l'ouverture du compas
fur une carte peut renfermer d'une position à l'autre.

52°, 25°.

GESONIA. Florus, après avoir dit que Drufus fous Augufte fortifia la rive du Rhin de plus de cinquante places ou châteaux, ajoute; Bonnam & Gefoniam pon- Lib. IV, cap. 127 tibus junxit, claffibufque firmavit. C'eft ainfi que ce paffage eft lu par les critiques, qui ont examiné le texte de Florus. Cluvier fubftitue Mogontiacum à Gefonia, M. de Valois Novefium. Mais, l'opinion de Cluvier paroît hazardée & fans fondement: il y a dans celle de M. de Valois l'inconvénient que la fituation de Neuff ou Nuis n'est point pareille à celle de Bonn, ne tenant Point au Rhin, mais à une petite rivière nommée Erfft. Je vois une autre pofition dans celle de Zons au deffous de Cologne, qui n'a pas le même défaut de convenance; & il femble que le nom de Zons conferve de l'analogie avec celui de Gefonia.

51°, 20°.

GESORIACUM, pofteà BONONIA. Pomponius-
Méla parlant du riyage de la Gaule, prolongé vers le Lib. III, cap. 2.

* Yy

nord, ad ultimos Gallicarum gentium Morinos, dit que le port de Geforiacum eft l'endroit le plus célebre fur cette côte; nec portu, quem Geforiacum vocant, quidquam habet notius. Ce port devint le plus fréquenté fous les Romains, pour faire le trajet dans la Grande-Bre tagne. Claude s'y embarqua, au rapport de Suétone : & je crois, après plufieurs fçavans, que le Phare élevé par Caligula, lorfque menaçant de porter la guerre dans l'ifle des Bretons, il fe rendit fur la côte feptentrionale de la Gaule, étoit à Geforiacum, plutôt qu'ailleurs. Car, la tour qui exiftoit encore à l'entrée du port de Boulogne au commencement du dernier fiécle, & à laquelle Charlemagne fit faire des réparations, avoit été conftruite longtems auparavant, felon le témoignage d'Eginhard: ad navigantium curfus dirigendos (Pharum) antiquitus conftitutam, reparavit. Pline & PtoléLib. IV, cap. 10. mée font mention de Geforiacum. Mais, Pline exagère, en faifant le plus court trajet entre le port de Geforiacum & le rivage de la Grande-Bretagne, de 50 milles : abest (Britannia infula) à Gefforiaco, Morinorum gentis littore, proximo trajectu, quinquaginta M. En prenant à la lettre l'expreffion de Pline proximo trajectu, la distance de Boulogne à Douvre, n'eft que de 25 à 26000 toises, & elle n'eft guère plus forte au port de Hyth, qui eft plus occidental que Douvre, & aux environs duquel Céfar fit fon débarquement, comme on peut voir dans l'article luius portus. Or, il n'entre dans cet efpace que 34 milles romains au plus, non pas 50. Mais, comme il paroît que le port où les Romains ont le plus fréquemment abordé dans la Grande-Bretagne a été celui de Rutupia, à l'entrée du canal qui forme l'ifle de Thanet, la distance à l'égard de Boulogne, que je ne trouve valoir que 33 à 34000 toifes, ne répond ainfi qu'à environ 44 milles, & ne s'étend pas jufqu'à 50. L'Itinéraire romain Maritime, qui indique CCCCL ftades à por tu Gefforiacenfi ad portum Ritupium, nous montre des

ftades d'une mefure inférieure au ftade qui eft plus connu comme faifant la huitième partie du mille romain. Car, du nombre de 450 ftades, renfermé dans un efpace de 33 à 34000 toifes, il ne réfulte qu'environ 74 toifes par-ftade. On n'eft point libre de foupçonner d'erreur le nombre des ftades, puifqu'on le trouve également dans l'Itinéraire d'Antonin, dans Dion-Caffius, Dio, lib. XXXIX. & dans le vénérable Bede. J'ai parlé en plufieurs autres Hift. Ecclef.fub ouvrages de l'ufage qu'on a fait dans l'antiquité d'un init. ftade plus court que le ftade ordinaire d'un cinquième de ce ftade, & que j'ai reconnu être propre fpécialement à plusieurs distances relatives à des efpaces de mer. Ce ftade devenant par fa réduction la dixième partie du mille romain, s'évalue conféquemment à 75 toifes & demie. Or, il en peut entrer rigoureufement environ 444 dans la diftance directe du port de Geforiacum à celui de Rutupia: & en ne tenant pas la corde aussi tendue, fi cette expreffion eft permife, on ne fe trouvera pas éloigné de l'indication des deux Itinéraires, confirmée par le témoignage de plufieurs auteurs, & qu'il faut d'ailleurs prendre pour un compte rond, plutôt que pour une mefure de rigueur. Ce qu'on lit dans Strabon, que Céfar aborda dans la Grande-Bretagne it. IV, p. 199 après une navigation de 320 ftades, ou ou de 300 feulement comme le rapporte Euftathe, ne peut de même fe concilier avec le rapport de Céfar lui-même circiter millium paffuum xxx, qu'en prenant 10 ftades pour chaque mille. Je reviens à Geforiacum, qui du tems de Conftantin avoit pris le nom de Bononia. L'auteur anonyme de la vie de cet empereur, dont on doit la publication à Henri de Valois, s'explique ainfi: properans ad patrem Conftantium, venit Bononiam, quam Galli priùs Geforiacum vocabant. Ainfi, dans les hiftoriens poftérieurs à Conftantin, Ammien-Marcellin, Eutrope, Olympiodore, felon l'extrait qu'en donne Photíus, on ne voit plus le nom de Geforiacum, mais uñi

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