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vancer à Ægitna, pourroit être celle qui coule en-deçà du Var, & au-delà d'Antibe, & qu'on appelle le Loup. On ne manqueroit pas d'allufion entre la fignification du terme Grec, qui viendroit des Marseillois, fondateurs d'Antibe, & le nom actuel de ce torrent. 44°, 24°.

́ÆMINES PORTUS. J'ai trouvé beaucoup de difficulté à fçavoir quelles peuvent être les pofitions citées dans l'Itinéraire maritime entre Toulon & Marseille. L'étude que j'y ai employée me perfuade, qu'il y a du défordre dans cette partie de l'Itinéraire; & c'eft la matière d'une difcuffion, dont cet article fera chargé, quoique fon résultat doive influer fur plufieurs autres. Il m'a paru d'abord, que les dénominations locales fe faifoient connoître fi diftinctement, qu'on ne pouvoit douter d'acquérir par ce moyen la pofition des lieux représentés par ces dénominations. Comment méconnoître Carfici, ou comme une infcription veut qu'on écrive Carcici, dans le nom de Caffis ; Tauroëntum dans Taurenti. Cependant, l'ordre des lieux dans l'Itinéraire ne répond point à ces pofitions. Car, le lieu qui fuit immédiatement Telo Martius, felon l'Itinéraire, & dont la distance n'eft marquée que xII, ne peut convenir aux veftiges de Tauroëntum, fous le nom de Taurenti, dans la baye de la Ciotat. En féparant Carcici, qui fuccède. à Tauroentum, d'avec Immadra, "par les ports de Citharifta & d'Emines, & la fomme des diftances que ces pofitions intermédiaires produifent fe montant jufqu'à 36; ces diverses circonftances de pofitions & de diftances ne conviennent aucunement à Caffis. L'infpection. du local me fait voir, que depuis l'enfoncement du port de Caffis jufqu'à l'ifle de Maire, qui eft incontestablement Immadra, on ne peut admettre que 11 à 12 milles: & j'en prends occafion de remarquer, que la diftance qui précède Immadra, ou qui fépare cette pofition d'un autre lieu antérieur quelconque, eft marquée XII

dans l'Itinéraire. Or, cette indication de distance étant auffi analogue qu'on le voit, à ce qu'il y a de route dans la réalité entre Carcici & Immadra ; il faut en conféquence reconnoître que Carcici eft la position immédiate à l'égard d'Immadra, & que ce n'eft point portus Emines, comme il paroît dans l'Itinéraire. Donc, ce port Emines, & pareillement Citharifta, font hors de place, & doivent être tranfportés ailleurs. En examinant fort en détail tout ce qui eft connu fur la côte, je crois retrouver le nom d'Emines dans celui que porte l'ifle d'Embiez, qui fe présente devant la rade du Bruc ou des Embiez, après avoir tourné le cap Cicier, en partant de Toulon. Je reconnois dans cette pofition, qu'elle peut quadrer à la distance marquée xii dans l'Itinéraire entre Telo Martius, & le lieu qui lui fuccède, lequel ne fçauroit être Tauroëntum, parce que Taurenti eft dans un plus grand éloignement de Toulon. En revenant d'Embiez vers Toulon, je trouve que 12 milles de route conduisent au goulet qui fépare la grande rade de Toulon d'avec la rade intérieure. C'eft une circonftance tirée du local, qui fe concilie avec le rapport qui paroît entre le nom actuel d'Embiez, & l'ancienne dénomination d'Æmines.

45°, 23°.

AËRIA. Strabon nomme cette ville entre celles des Cavares, fçavoir Avenio & Araufio. Pline en fait auffi mention. Etienne de Byzance cite pareillement Aeria comme une ville de la Gaule, d'après Apollodore. Selon Artémidore, au rapport de Strabon, le nom que portoit cette ville étoit très-convenable à sa position en lieu extrèmement élevé. Le P. Briet, en prenant Vaifon pour Aëria, n'a pas fait attention que Vafio, capitale des Vocontii, & qui n'appartient point aux Cavares, eft citée féparément d'Aeria dans Pline, & Cellarius l'a déja remarqué. Je ne vois dans le canton de pays où il convient de fe renfermer, de fituation qui représente

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Orbis defc.

mieux Aëria, que le mont Ventoux, à l'extrémité du diocèfe de Carpentras. Et cette fituation répond encore à ce qu'ajoute Strabon, fçavoir, que d'Aëria à la Durance, dont le nom fe lit Duriona pour Druentia en cet endroit, le pays eft montueux & fauvage. Car, telle est en-effet la difpofition du local, qui forme une chaîne de montagnes fans interruption, depuis le mont Ventoux jufqu'au bord de la Durance entre Sifteron & Forcalquier.

44°, 22°.

AGATHA. Selon Scymnus de Chios, cette ville doit Lib. IV, p. 182. fa fondation aux Phocéens; felon Strabon, aux Marfeillois, ce qui revient au même. Denys Périégete s'explique fans équivoque, en difant, que les Phocéens qui ont bâti Marseille, ont occupé Agatha. Etienne de Byzance, en donnant les Liguriens pour fondateurs de cette Ville, eft contredit par la dénomination purement Gréque d'Agatha, & qui, felon Timofthene cité par Etienne, étoit Ayal run, ou bonne fortune. Céfar ayant privé les Marseillois de leurs établiffemens, on trouve Lib. III, cap. 4. dans Pline, Agatha, quondam Maffilienfium. Ptolémée fait mention d'Agathe polis, & même d'une ifle en mer fous le nom d'Agatha; mais qu'on ne retrouve point, comme on peut voir dans l'article Blafcon infula. Il y a un endroit dans Strabon, où nommant Rhoen-Agathan, les critiques l'accufent de confondre Agatha avec une autre ville, dont il eft parlé dans l'antiquité fous le nom de Rhode, autrement Rhodanufia, & dont la fituation eft inconnue. La plus ancienne des Notices de la Gaule ne fait point mention d'Agatha; & on n'a point connoiffance que ce fût un fiége épifcopal avant le concile qui y fut affemblé en 506.

P. 180.

49°, 21°.

AGEDINCUM, pofteà SENONES. Il eft fait plus d'une fois mention dans les Commentaires de cette capitale d'un peuple, qui étoit puiffant dans la Gaule.

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dans

Quoique felon les éditions des Commentaires, le nom foit Agendicum, M. de Valois veut qu'on préfère la N. G. p. 6. leçon d'Agedincum, fur le témoignage de Surita qu'elle eft plus conforme aux manufcrits, & fur ce ce que quelques écrivains du moyen âge, & entr'autres l'auteur des Annales de S. Bertin, qui affecte d'employer les anciens noms des villes, on lit Agedincum. Le même nom écrit Agetincum dans la Table Théodofienne, favorife encore cette leçon. On lit dans Ptolémée Ayndinòv. Au-refte, le nom du peuple a pris la place du nom primitif, comme il eft arrivé à la plupart des capitales. On trouve le nom de Senones pour celui d'une ville dans Ammien-Marcellin. Il cite cette ville comme une des Lib. XV, cap. 11. plus confidérables de la Lionoife première, dans un tenis où il n'y avoit encore que deux provinces Lionoifes.Mais, lorfque le nombre fut de quatre, la quatrième étant diftinguée des autres par le nom de Senonia; Sens, capitale des Senones, parvint au rang de métropole, & c'est ainsi qu'il en eft mention dans la Notice des Provinces de la Gaule: metropolis ( Lugdunenfis Senonia) civitas Senonum. On a dit Senone également comme Senones.

47°, 16°.

AGESINATES. Leur nom eft tiré de Pline, dans Lib. IV, cap. 197 l'énumération des peuples de l'Aquitaine; & il nous donne un moyen de les connoître plus particulièrement, en ajoutant Pictonibus juncti. Mais, le nom de Cambolectri, qui précède celui d'Agefinates, n'en eft point féparé par une virgule dans l'édition du P. Hardouin comme il l'eft dans quelques autres : & le fçavant éditeur a pensé, que Pline citant dans la Narbonoife des Lib. III, cap. 4 Cambolectri, diftingués par un furnom, qui Atlantici cognominantur; d'autres Cambolettri qu'indique le même auteur dans une autre partie de la Gaule, font de même diftingués par le furnom d'Agefinates. Il femble que c'eft s'épargner une conjecture, que de s'en tenir au nom

d'Agefinates. Je crois du moins que ce nom peut fuffire, pour trouver l'emplacement qu'il convient de lui donner dans la carte de la Gaule, ne connoiffant rien au contraire qui montre quelque rapport à celui de Cambolectri, que l'on n'a point tiré de l'obscurité où plufieurs noms de peuples qu'on lit dans Pline font reftés. Perfonne n'ignore, que Luçon, ainfi que Maillezais ou la Rochelle, eft un nouveau diocèfe dans l'ancien territoire des Picones. Or, je retrouve le nom des Agefinates dans celui d'Aisenai, qui eft un des trois Archidiaconés qui compofent le diocèfe de Luçon, & en même tems un doyéné particulier. On ne fçauroit difconvenir, que l'ancienne dénomination ne fubfifte dans la dénomination actuelle d'une manière plus diftincte, & avec moins d'altération qu'en beaucoup d'autres, fur le rapport defquelles on ne forme néanmoins aucun doute. Ceux qui font à portée de confulter les titres particuliers du pays, doivent être invités par cette découverte, à rechercher le nom que porte Aifenai dans ces titres. Il eft à préfumer, qu'on le trouvera employé dans des actes de plus ancienne date que la bulle du pape Jean XXII, de l'an 1317, pour l'érection de Luçon en fiége épifcopal. Dans le dénombrement des doyénés, qui font diftraits du diocèfe de Poitiers, pour compofer celui de Luçon, le doyéné d'Aisenai eft appelle Afianenfis. Mais, ce n'eft pas d'une pièce auffi récente que le quatorzième fiècle, qu'on doit attendre la vraie nomenclature d'Aifenai. On croiroit devoir la trouver dans les titres de Marmoutier, parce qu'à Aisenai on connoît un prieuré dépendant de cette célèbre abbaye, fous le nom de S. Benoît. Mais, les Huguenots n'épargnerent point les archives de Marmoutier, en pillant le tréfor de l'églife l'an 1562. Je fuis néanmoins redevable au R. P. Prieur D. Rouaud, de fçavoir que dans quelques donations particulières, il eft mention du prieuré d'Azenais; & dans cette dénominatio

on

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