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pour trouver un rivage uni & découvert, littus apertum & planum, où il pût aborder & mettre à terre. Or, fa navigation ayant été, comme nous en fommes inftruits, de 30 ou de 32 milles, il en résulte, que du port où il avoit mis à la voile jufqu'au point de reconnoître la côte Britannique, le trajet étoit de 22 milles, ou de 24 au plus ; & en-effet, ce qu'il y a de largeur de canal entre le rivage de Wiffan & celui de l'Angleterre, au pied des falaifes qui le bordent, répond précisément à 24 milles. Ce qui convient ainfi au rivage de Wiffan, ne convient à aucune autre pofition, & particulièrement à celle de Geforiacum, dont la distance en droiteligne du rivage de la Grande-Bretagne le moins écarté, & aux environs de Douvre, eft de 34 milles. Par un examen de toutes les circonftances de l'un & de l'autre trajet de Céfar, en les appliquant à la difpofition du local, on reconnoît qu'il fit defcente fur la plage de Hyth, à l'oueft de Douvre, & où il exiftoit du tems des Romains un port fous le nom de Lemanis. C'eft vers cet endroit qu'un rivage uni & découvert, apertum & planum littus, fuccède à une côte roide & efcarpée, qui règne dans un efpace d'environ 16 milles. Le mémoire dont j'ai parlé ci-deffus, eft accompagné d'un plan particulier des deux rivages oppofés de la Gaule & de la Grande-Bretagne, fixés dans leur position en rigueur géométrique; & ce plan met ainfi fous les yeux ce qui correfpond à tous les faits expofés dans le mémoire. L'argument qu'on a le plus fait valoir en faveur de Ge-foriacum, c'est qu'il paroît que fous les empereurs le port de cette ville a été le plus fréquenté pour faire le trajet de la Gaule dans la Grande-Bretagne. Mais, il ne s'enfuit pas que Céfar ne pût préférer un lieu où il envisageoit l'avantage d'un plus court trajet ; quod erat breviffimus in Britanniam trajectus. L'hiftoire des tems qui ont fuivi la domination romaine nous apprend par beaucoup de faits particuliers, que l'on a fréquemment

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paffé de France en Angleterre en s'embarquant à Wif
fan. M. du Cange, & un fçavant Anglois, Edmond
Gibson, qui a pareillement écrit fur le port Itius, ont
remarqué, que Guillaume de Poitiers & Guillaume de
Jumiège, en parlant du paffage d'Alfred, frere de faint
Edouard, en Angleterre, l'un de ces hiftoriens appelle
portus lccius, ce que l'autre appelle portus Wifanti. Il
faut obferver que
le nom d'Itius fe trouve écrit diverse-
ment, ou par un t, ou par un c. Les manufcrits de Cé-
far, felon Fulvius-Urfinus, ont unt, & Strabon pareil-
lement. Le texte Grec de Ptolémée porte un dans le
nom d'Icium promontorium. L'orthographe des écrivains
d'un tems moins reculé, qui ont doublé le c, ne fait
point autorité.

51°, 25°.

JULIACUM. Ce lieu eft connu par l'Itinéraire d'Antonin, où on le rencontre en deux endroits, & par la Table Théodofienne. La distance à l'égard de Colonia Agrippina, marquée également XVIII dans l'Itinéraire & dans la Table, paroît très-convenable à l'efpace que donne le local. Car, entre Cologne & Juliers, ou Giulik, comme difent les Alemans, j'eftime qu'il répond à peu près au calcul de 18 lieues gauloifes, d'environ tiner. p. 375. 20400 toises. L'abbé Eginhart, cité par M. Weffeling, indiquant la distance entre Juliacus, antiquum municipium, & vicus Aquenfis, ou Aix-la-Chapelle, fur le pied de huit lieues, VIII leucarum fpatio ; je remarque que la mesure de lieue y tient plus de la lieue gauloife que de toute autre mesure itinéraire. Car, à juger de cet intervalle proportionnément à l'espace d'entre Juliers & Cologne, il ne s'évalue qu'à environ 12000 toifes. On n'eft point du tout affuré que Juliacum ait tiré fon nom de Jule-Céfar précisément, quoique Witekind de Corbie, & l'auteur des merveilles opérées par S. Bernard l'ayent écrit.

50°; 19°.

50°, 19°.

JULIOBONA. Ptolémée qui nous indique les capitales des cités, nomme ainfi la ville des Caleta, ou Caleti. Il en eft auffi mention dans l'Itinéraire d'Antonin, & dans la Table Théodofienne : & quand on fuit la trace des voies romaines qui ont rapport à cette pofition, on reconnoît à n'en pouvoir douter, que c'eft Lilebone. Ce lieu confervoit dans le moyen-âge le nom de Juliabona, & les ducs de Normandie en trouvoient le féjour fort agréable, comme on le voit dans la chronique de Robert, abbé du Mont-faint-Michel: Juliabona, in Caletenfi pago, à dominis Normannorum multum amata & frequentata. Ordéric-Vital, moine d'Uticum ou de faint Evroul, & la foufcription de quelques actes nous apprennent, que Guillaume le conquérant y tenoit fa cour. L'hiftorien que je viens de citer, parlant du concile affemblé à Juliobona en 1080, ajoute; hæc fynodus in vico regali, fecùs Sequanam, celebrata eft. Il dit que de fon tems le nom de Juliobona étoit vulgairement Illebone barbara locutio lllebonam, corrupto nomine, vocat. Ainfi, le tems poftérieur n'a fait qu'y ajouter une lettre initiale en forme d'article. J'ai cru qu'il étoit néceffaire d'alléguer ces autorités, pour conftater la position de Juliobona, nonobftant l'opinion de M. de Valois, qui adhérant à celle de Cluvier, tranfporte ce lieu à Dieppe : & comme le déplacement d'une position entraîne celles qui y font liées, M. de Valois plaçant au P. 129, & 256, Crotoi fur la Somme le Carocotinum de l'Itinéraire, qui prend fa pofition à Harfleur fur l'embouchure de la Seine, il a vu plus de rapport & de proximité entre Dieppe & le Crotoi, qu'entre le Crotoi & Lilebone. La foufcription d'un évêque de Juliobona, ecclefiæ de Juliobona, au concile tenu à Challon, fous Clovis II, qui régnoit fur la Neuftrie comme fur la Bourgogne au milieu du feptième fiècle, paroît fufpecte à M. de Valois. Mais, pourquoi la cité des Caleti, diftincte & indépen

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Comment. L

dante de celle des Veliocaffes, qui renferme la ville de Rouen, n'auroit-elle pas eu autrefois des évêques particuliers? La dignité de métropole attachée à l'églife de Rouen, jointe à la proximité de ce diocèfe, ne peut-elle pas avoir donné lieu à l'extinction d'un évêché chez les Caleti? Sanfon en agit étrangement à l'égard de Juliobona, & il en fait deux villes différentes. Le nom de Juliobona étant écrit Luliobona dans la Table, ce géographe diftingue une position particulière de Luliobona dans celle de Lilebone; & quoique Juliobona foit la capitale des Caleti, Sanfon l'a tranfportée ailleurs, & dans la pofition de Baïeux, capitale des Bajocaffes. Ces arrangemens étant arbitraîres & fans fondement, on est dispensé de les réfuter.

48°, 18°.

JULIOMAGUS, pofteà ANDECAVI. Le nom de la ville principale des Andecavi eft Juliomagus dans Ptolémée, & cette ville eft figurée comme une capitale fous le même nom dans la Table Théodofienne. Elle a quitté ce nom pour prendre celui du peuple où elle tenoit le premier rang. Ainfi, dans la Notice des provinces de la Gaule, le nom de civitas AndicavoTum eft employé dans la troisième Lionoife. L'ufage dans le moyen-âge a été d'écrire Andecavis, ou Andegavis, d'où eft venu le nom d'Angers. Quant aux diftances qui s'y rapportent en suivant une voie romaine tracée dans la Table, comme ces diftances font plus néceffaires à fixer les lieux de position immédiate, c'est à l'article de ces lieux qu'il eft couvenable de les dif

cuter.

47°, 25°.

JURA MONS. Céfar dit que cette montagne fait la féparation des Helvetii d'avec les Sequani: monte Jurá altiffimo, qui eft inter Sequanos & Helvetios : & dans un autre endroit, montem Juram, qui fines Sequanorum ab Helvetiis dividit, Il a bien connu que la chaîne de

cette montagne s'étendoit jufqu'au bord du Rhône : iter per Sequanos anguftum & difficile, inter montem Juram & Rhodanum. Le nom eft Juraffus dans Strabon, & dans Ptolémée. Mais Ptolémée, en plaçant les Helvetii audelà de cette montagne, eft mal informé de fa fituation, en la faisant contigue aux Lingones. Car, ce qui pourroit fe dire du Vogefus, que ce géographe n'a point connu, ne convient point au Juraffus. Le nom de Jura eft proprement attaché à ce qui s'élève depuis le Rhône jufqu'à la fource du Doux & au-delà: mais, ce qui fe prolonge enfuite jufqu'au Rhin près de l'embouchure de l'Aar, & fur les limites des Rauraci, prend des noms différens.

L.

44°, 19°.

LACTORA, & LACTORATES. Aucun des anciens géographes n'en fait mention: mais plufieurs inf criptions du tems des Antonins portent le nom de Lactorates, & de civitas Lactoratenfis. Dans la Notice des provinces de la Gaule, civitas Lacoratium eft une de celles de la Novempopulane. Je penfe même, qu'en recherchant quelles peuvent être les neuf cités qui ont donné lieu à ce nom de Novempopulane, celle des Ladorates paroît devoir y tenir une place. Outre le nom de Ladora dans la Table Théodofienne, on y voit celui de Ladorates. Entre les foufcriptions du concile d'Agde tenu en 506, eft celle de Vigilius, epifcopus de civitate Lactorenfi. Le nom des Ladorates n'a pourtant point fait celui de la contrée des environs, qui eft appellée Leomania, la Laumagne. L'Itinéraire d'Antonin place Ladora entre Aginnum & Climberrum, ou Auch; & la diftance à l'égard de l'une & de l'autre de ces villes eft marquée xv. Je fuis informé qu'on reconnoît la trace de la voie romaine entre Leitoure & Auch : & felon les opérations faites en France, l'intervalle en droite-ligne

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