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file Rhône devoit fon origine au lac même :

Quá rapitur preceps Rhodanus, genitore Lemano. Strabon eft plus correct, en difant que le Rhône traverfe le lac Léman ; & Ammien eft du nombre de ceux qui ont cru que les eaux du fleuve ne fe mêlent point avec les eaux du lac : paludi fefe ingurgitat Lemano (Rhodanus) eamque intermeans, nufquam aquis mifceLib. II, cap. 5. tur alienis. Méla avoit débité la même chofe en d'autres termes: Lemano lacu acceptus, tenet impetum, feque per medium integer agens, quantus venit, egreditur. Dans l'Itinéraire d'Antonin, le nom du lac eft Laufonius, dans la Table Théodofienne Lofannete. Les annales de S. Bertin, fous l'an 839, l'appellent mare Rhodani. La ville de Genève étant la plus considérable de celles qui en font voifines, lui communique aujourd'hui fon nom. On pourroit être tenté de croire que le nom de Leman eft appellatif, & dérivé d'un terme femblable au síra ou aípyn des Grecs. Car, il y a des termes qui Λίμα Λίμνη fe trouvent être communs à des nations différentes.

46°, 24°.

LEMINCUM. En fuivant une route qui conduit depuis Vienne jufqu'au paffage de l'Alpis Graia, ou dụ petit S. Bernard, & qui traverfe la Tarentaife, on trouve dans l'Itinéraire d'Antonin & dans la Table Théodofienne une position fous le nom de Lemincum. Ce nom s'eft confervé dans celui de Lemens, que porte un petit lieu trop voifin de Chamberri, dont il n'eft féparé que par le cours de la rivière de Laiffe, pour être aujourd'hui de quelque confidération. Dans un titre de l'an 1025 ou Tom. III, p. 4. environ, rapporté par Guichenon, & qui eft une charte de Rodolfe III, roi de Bourgogne, en faveur de l'abbaye d'Ainai, ce lieu eft appellé villa Lemenfis. En remarquant quelle eft la direction qui convient à la route où Lemincum fe rencontre, on voit que la fituation.de Lemens concourt avec fa dénomination, pour nous faire connoître Lemincum; & le moyen d'en bien juger

fe développe dans l'article particulier de chacun des lieux qui y ont rapport immédiatement. Sanfon perdant de vue cette direction, a jetté Lemincum dans le Grai fivaudan, & je vois que le nom de Lumbin que porte

un lieu fitué à mi-chemin de Grenoble au fort de Barraux, lui en a impofé. Quand l'analogie qu'on n'y découvre point, feroit un peu plus évidente, elle ne fe foutiendroit point contre l'identité qui eft entre Lemens & Lemincum. Il faut que M. de l'ffle n'ait pas connu Lemens, en plaçant Lemincum fur l'Isère dans fa carte de l'ancienne Italie.

46°, 19°.

LEMOVICES. Céfar, Strabon, Pline, Ptolémée ; en font mention. Dans Ptolémée, leur nom est Lomouici, felon le texte Grec, & dans la verfion Latine Lithuici. Il s'explique convenablement fur leur fituation, en difant qu'ils font avancés dans les terres, & contigus aux Pictones. Je pense que perfonne n'ignore, que le diocèfe de Limoges, renfermant celui de Tulle, qui n'eft pas ancien, ni de grande étendue, & en y comprenant l'extenfion de ce diocèfe au dehors du Limousin dans la province de la Marche, qui eft propre ment Marchia Lemovicina, repréfente les Lemovices. On peut croire qu'un petit heu fous le nom de MaisonFeines, à l'extrémité de la Marche vers le Berri, est un indice des anciennes limites des Lemovices du côté des Bituriges. Mais, la répétition que l'on trouve du nom de Lemovices dans le feptième livre des Commentaires, forme une difficulté, qu'il eft plus aifé d'expofer que de réfoudre. Les peuples de la Gaule fournissant leur contingent de troupes, pour marcher au fecours d'Alife, inveftie par Céfar, les Lemovices font nommés pour armer également comme les Bellovaci, dix mille hommes: Bellovacis (millia) decem, totidem Lemovicibus. On lit quelques lignes plus bas, & à la fuite de plufieurs autres peuples; univerfis civitatibus quæ Ocea

P. 269.

num attingunt, quæque eorum confuetudine Armorica ap pellantur, quo funt in numero Curiofolites, Redones, Ambibarii, Cadetes, Ofifmii, Lemovices, Unelli, fena. Or, il répugne également de voir les Lemovices répétés, comme de les voir au nombre des peuples maritiines, s'il faut l'entendre des Lemovices qui ont donné le nom au Limoufin : & cela paroît d'autant plus étrange, que les Santones & les Pictones, quoiqu'ils foient voifins de la mer, ne font point compris dans le dénombrement entre les cités Armoriques. C'est ce qui a déterminé plufieurs critiques, Jofeph Scaliger, Ciacconius, à rejetter cette feconde mention des Lemovices, & Sanfon eft de même avis. Mais, tous les manufcrits s'y oppofent, & le métaphrafte Grec eft d'accord avec les manufcrits. M. de Valois eft même perfuadé, que S. Ouen en écrivant la vie de S. Eloi, & Flodoard en parlant de S. Bafle, ont dû lire dans Céfar il y a plus de mille ans ce qu'on y lit aujourd'hui, parce qu'ils confondent les Lemovices avec ceux qui font indiqués entre les peuples Armoriques. Car, dans ces auteurs il est parlé du territorium Lemovicinum, ou du Limousin dont S. Eloi & S. Bafle étoient fortis, comme d'un pays compris dans l'Armorique, in partibus Armoricanis; ce qui paroît tirer fa fource de la lecture de Céfar. M. de Valois, & quelques autres fçavans ont cru, qu'on pouvoit remplacer les Lemovices nommés en fecond, par le nom de Leonenfes, qui défigneroit le pays de Léon dans la baffe-Bretagne. En ce cas-là, je penfe qu'il conviendroit mieux, pour s'écarter d'autant moins de ce qui eft écrit Lemovices, de lire Leonices, ou même Leonnices, puifque dans la chronique de Robert du Mont-S. Michel, on trouve en quelques endroits LeunActa SS. Ord. num & Leunnenfes. Quoique dans la vie de S. Gildas, S. Bened. Tom. I. S. Paul, qui a été évêque de Léon, foit appellé Oxifmorum ecclefiæ epifcopus, il ne s'enfuit pas en rigueur, que le territoire de Léon, fur lequel le nom des Off

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mii a pu dominer, ne fçauroit être défigné fous le nom d'un autre peuple. Nous voyons dans les Commentaires qu'il y avoit des peuples fubordonnés à un peuple plus confidérable, & renfermés dans fon territoire. Au-refte, ces considérations ne font pas fuffifantes Four fe permettre d'infcrire des Leonices dans une carte de l'ancienne Gaule : & il eft à propos d'ajouter, que dans le paffage de Céfar qui donne lieu à cette discussion, les Ambibarii qu'on y voit dénommés, font demeurés inconnus. Car, c'eft deviner avec Sanfon, que de les confondre avec les Abrincatai. Les Cadetes font dans le même cas, fuppofé qu'on ne juge pas convenable de Lire plutôt Caleti ou Caletes.

47°, 27°.

LEPONTII. Céfar fait fortir le Rhin des Lepontii; & je remarque à ce fujet, que la partie des Alpes qui s'étend depuis les fources du Rhône jusqu'au-delà de l'Unter-Rhin, ou du Rhin poftérieur, a été appellée Livinen Alpen, comme la vallée par laquelle defcend le Téfin au pied du mont S. Gothard, fe nomme Leventina. Ces dénominations tirent leur origine du nom de Lepontii. L'inscription du Trophée des Alpes, Strabon, Pline, font mention de ce peuple, & Ptolémée leur donne la ville d'Ofcela, aujourd'hui Domo d'Ofula, qui eft au-delà des monts ainsi que la vallée Leventine, qui s'étend jufqu'à Bellinzone. Mais, les Lepontii tiennent auffi à la Gaule, puifque les Viberi, faifant partie de cette nation, au rapport de Pline, avoient leur territoire dans la vallée Pennine.

44°, 25°.

LERINA. Le nom de cette ifle dans Strabon eft Planafia, parce qu'en effet elle eft très-unie & fans hauteurs; ce qui a donné lieu à plusieurs écrivains, depuis l'établissement du Chriftianifine, à commencer par Sidoine-Apollinaire, de dire, que de cette ifle fi baffe beaucoup de faints perfonnages, qui y ont embraffé la vie

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monaftique, se font élevés vers le ciel comme des montagnes. Elle eft auffi très-refferrée dans fon étendue n'ayant qu'environ 700 toifes de longueur, fur 200 de largeur. Il en eft mention fous fon nom de Lerina dans Pline, & dans l'Itinéraire Maritime. Toute petite qu'elLib. III, cap. s. le eft, elle avoit renfermé une ville, felon Pline: in quá (Leriná, dit-il, ) Vergoani oppidi memoria. Le nom de Planafia en a impofé à l'hiftorien de Provence, Honoré Bouche, qui veut que Lérin foit la Planafia où Agrippa Pofthumme fut relégué, quoique le lieu d'éxil de ce fils d'Agrippa & de Julie fille d'Augufte, foit aujourd'hui Pianofa, peu éloignée de l'ifle d'Elbe, & comme la défigne Dion-Caffius, en parlant de cet exil, voifine de Corfe. L'ifle de Lérin a été plus recommendable par le monaftère de S. Honorat, que par aucune autre circonftance. Le nom de Lerina eft fans difficulté un diminutif de celui de Lero, qui eft une isle plus étendue, & dont elle n'eft féparée que par un canal d'environ 300 toifes. On comprend même Lérin fous le nom de l'ifle qui la furpaffe en grandeur, quand on raffemble l'une & l'autre en difant les ifles de fainte-Margue

Lib. LV.

rite.

44°, 25o.

LERO. Strabon place à la fuite des ifles Stochades celles de Planafia & de Lero, qu'il dit être habitées, Lib. IV, p. 185. & Lero, fituée vis-à-vis d'Antipolis. Pline, qui après les Stachades nomme plufieurs ifles trop obfcures pour qu'on puiffe les diftinguer, s'exprime en finiffant par Lero & Lerina, conformément à Strabon, adverfum Antipolim. Mais, cette manière d'indiquer ces isles ne doit pas être prife en rigueur. L'Itinéraire Maritime marque x1 milles de diftance, entre Antipolis & les ifles Lero & Lerina; & on peut admettre autant de route de mer, ou à peu près, parce qu'en fortant d'Antibe, cette route circule néceffairement autour d'un promontoire fort avancé au large, & dont le nom eft caput

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