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Eratofthenes Batavus.

appelle den Burght, petite éminence, qui eft l'ancien
dunum, je trouve 3150 roues ou verges du Rhin en
droite-ligne. C'eft la mefure que me donne une carte
fort circonftanciée, intitulée Rhenolandia, dont j'ai pris
la précaution de vérifier l'échelle, que j'ai trouvée con-
forme aux triangles de Snellius, revus par M. Muf-
chenbrouk. La verge du Rhin étant compofée de 12
pieds du Rhin, & le pied du Rhin, felon la mesure
qu'en a donnée M. Picard, d'après l'étalon qui est à
Leyde, étant de 1392 parties du pied de Paris divifé
en 1440, la longueur de cette verge eft de 11 pieds
7 pouces 2 lignes. Ainfi, les 3150 verges font 6088
toifes. Mais, cette mesure d'efpace de Leyde à Alfen
eft directe, & il y a grande apparence que la chauffée
romaine dans cet intervalle fuivoit le cours du fleuve:
son élévation pouvoit fervir de digue contre les inon-
dations, & former le long de ce canal un rempart qui
couvroit cette frontière de l'Empire à l'extrémité de la
Gaule. En affujettiffant donc la mesure aux circuits du
fleuve, je trouve environ 3900 verges, qui valent 7558
toifes. Or, le résultat de ce calcul eft fingulièrement
conforme à ce que valent 10 milles romains, & il faut
convenir que le compte des Itinéraires, qui eft égale-
ment de 10, doit se rapporter au mille, &
fe
que la lieue
gauloife y eft étrangere. On trouvera à peu près la mê
me chofe dans l'article qui concerne Prætorium Agrip-
pina, dònt la diftance de Lugdunum est marquée II.

44°, 24°.

Lib. IV, p. 263 ALBIECI, vel REII. On lit dans Strabon, que près des Salyes font des peuples, qu'il nomme Axis Axiomos. Cet endroit a paru fufpect à Cafaubon : fufpectus mihi locus, dit-il dans une note: neque enim Albienfes aut Albiacos ullos reperio. La fufpicion de Cafaubon ne devoit tomber que fur la répétition d'un même nom avec une finale différente. A cela près, il falloit reconnoître un peuple, dont le nom fe lit Albici dans le

premier & le fecond livre de Bello civili; où il en eft parlé comme de montagnards, exercés aux armes : barbari homines, qui in Maffilienfium fide antiquitùs erant, montefque fupra Maffiliam incolebant ; & dont la brayoure, prefque égale à celle des Romains, fut d'un grand fecours aux Marfeillois, tant fur mer que fur terre, dans le fiége qu'ils foutinrent contre Céfar. On retrouve le même nom dans celui de la capitale, qui est Alebece dans Pline; & que le P. Hardouin témoigne Lib. III, cap. 4i qu'il aimeroit mieux avoir lu Albiace dans les manufcrits, qu'Alebece qu'il y a trouvé. On eft redevable à ce fçavant éditeur d'avoir purgé cet endroit d'une fauffe leçon dans les éditions antérieures à la fienne, fçavoir Alebeciorum Apollinarium, au lieu d'Alebece Reiorum Apollinarium. Nous voyons que la nation a porté le nom de Reii, ainfi que le nom d'Albieci. Celui-ci a dû même faire place à l'autre, & ceffer d'être en ufage, puifque la capitale, en prenant le nom du peuple, a été appellée Reii. Je remarque qu'à environ deux lieues de cette capitale, ou de Riez, en approchant du Verdon, un lieu nommé Albiofc paroîtroit avoir tiré ce nom des Albiaci. On peut être étonné qu'il ne foit pas plus queftion des Reii que des Albiaci dans Ptolémée. Je penfe que M. de Valois donne beau- P. 9, &319 coup à la conjecture, en prenant les Reii, qui font fort écartés de la mer, pour les Segoregii (ou Segobrigii, felon Bongars) que les Marfeillois trouverent en arrivant fur la côte, comme Juftin le raconte d'après Tro- Lib. XLIII. gue-Pompée. Il femble même que le nom de Reii soit moins ancien que celui d'Albieci.

44°, 25°.

ALCONIS. L'Itinéraire maritime en fait mention, entre Heraclea Caccabaria & Pomponiana, marquant la distance à l'égard d'Heraclea xII, & xxx à l'égard de Pomponiana. Si l'on fe guide par ces indications, defquelles uniquement dépend la connoiffance de cet en

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droit de la côte, on fe trouve fixé sous le cap Taillat, dans une anfe que je vois nommée Aigue-bone fur une grande carte manufcrite de la Provence. L'emplacement au port nommé Cavalaire, que prend Honoré Bouche, Chorogr. de ne convient ni à l'une ni à l'autre des distances données, étant trop loin d'Heraclea, & trop près de Pomponiana. Ces indications paroiffent néanmoins convenables au local, comme une carte particulière de la côte, qui a été bien levée, me le fait connoître, en ce qu'elles rempliffent exactement la courfe de mer depuis S. Tropez, qui eft Heraclea, en doublant le cap nommé ci-deffus, jufqu'à Giens, qui eft Pomponiana.

47°, 20°.

ALEREA. Ce lieu eft placé dans la Table Théodofienne entre Argantomagus, ou Argenton en Berri, & Avaricum, Bourges. La diftance eft marquée xiii à l'égard d'Argantomagus, & xxvIII à l'égard d'Avaricum. L'Itinéraire d'Antonin, où l'on trouve la même route, ne fait point mention d'Alerea, indiquant un autre lieu en position différente fous le nom d'Ernodurum. Quant à celle d'Alerea, elle convient au paffage de la rivière d'Indre, à l'endroit où font deux paroiffes fous un même nom, qui eft Ardantes. L'Indre eft nommée Angera par Théodulfe d'Orléans, Anger par Grégoire de Tours, Andra dans l'acte de fondation de l'abbaye de Deols, au-deffous d'Ardantes, en 917. Comme il beaucoup de dénominations altérées dans la Table, on pourroit foupçonner celle d'Alerea d'être de ce nombre. Quoi-qu'il en foit, la distance estimée d'environ 15000 toifes en droite ligne d'Argenton à Ardantes, peut à peu près admettre la mesure itinéraire de 14 lieues gauloifes que marque la Table: & entre Ardantes & Bourges, un intervalle qui paffe 31000 toifes approche encore plus près par proportion du calcul de 28 lieues gauloifes, qui eft de 31700 toifes ou environ. J'observe dans l'article Ernodurum, que l'Itinéraire d'Antonin ne donne

y a

que

que 40, au lieu de 42, entre Argantomagus & Avaricum; & fi l'on prend le terme moyen, ou 41 plutôt que 42, le calcul de la mesure itinéraire devient plus convenable à la mesure directe.

48°, 23°.

ALESIA. Le fiége d'Alefia par Céfar, & dont le fuccès affûra aux Romains la domination dans la Gaule, a rendu cette ville très-célèbre. Les opérations de ce fameux fiége, pendant lequel Céfar se vit investi par toute la Gaule confédérée contre le nom Romain, & animée du désir de recouvrer fa liberté, font décrites fort en détail dans les Eclairciffeinens géographiques fur l'ancienne Gaule, qui ont paru en 1741. Cette defcription eft accompagnée d'un plan, qui eft la représentation pofitive, & non figurée d'imagination, comme on l'avoit hazardée auparavant, du local d'Alefia, & des environs; ce plan ayant été levé par D. Jourdain, Bénédictin, qui joint aux qualités effentielles à fon état, beaucoup de connoiffances, & du talent pour les arts. La correfpondance que l'on remarque entre la difpofition du focal, & les circonftances du fiége, comme elles font rapportées dans le feptième livre des Commentaires, ne permet pas de douter, qu'Alife, ou plutôt le fommet du mont Auxois, n'ait été l'affiette & l'emplacement d'Alefia. Si l'opinion qu'Alife pouvoit être un veftige d'Alefia n'étoit pas abfolument nouvelle, cette opinion n'avoit pas acquis le degré d'évidence & de certitude, que la comparaifon la plus exacte du local avec les faits lui a procuré. Alefia appartenoit aux Mandubii, qui étoient dans la dépendance des Ædui, Lib. IV. & felon ce que rapporte Diodore de Sicile, Hercule, en revenant de l'Ibérie, avoit jetté les fondemens de cette ville. C'est une leçon fautive que celle d'Alexia dans quelques éditions des Commentaires. On lit Alefia dans les plus anciens manufcrits de Céfar, dans Strabon, Pline, Florus, Plutarque, Polianus, Dion-Caf

G

Lib. III, cap. 10. fius. Quoique Florus prétende que Céfar détruisit Alefia, cependant les veftiges de plusieurs voies romaines qui tendent à cette ville, font un témoignage qu'elle exiftoit dans un état floriffant fous les empereurs ; & Pline nous apprend qu'on y argentoit au feu les ornemens des harnois de chevaux. Mais, Alife étoit enfevelie dans fes ruines au neuvième siècle, felon le moine Erric, qui a écrit en vers la vie de S. Germain d'Au

xerre :

Nunc reftant veteris tantum veftigia caftri. Les reliques de Sie Reine, qui étoient vénérées à Alife dès le tems de la première race de nos rois, y ont fait fubfifter un bourg fous le nom de cette fainte. Ce qui a perpétué l'ancienne dignité d'Alife, c'est que le nom de pagus Alifienfis, comme on lit dans la vie de S. Germain de Paris, écrite à la fin du fixième siècle par Fortunat, ou Alfinfis, felon les actes poftérieurs, eft demeuré au canton de pays qui faifoit vraisemblablement le territoire des Mandubii, dont Alefia étoit la ville principale: & ce canton conferve le même nom dans celui d'Auxois, dérivé de la dénomination primitive, de même que la montagne fur laquelle Alefia étoit fituée, fe nomme le mont Auxois.

49°, 16o.

ALETUM. Selon la Notice de l'Empire, Aletum étoit le pofte d'un commandant particulier, fous les ordres du général dont le district s'étendoit fur toute la région maritime, appellée Tractus Armoricanus & Ner vicanus. Quoiqu'Aletum ne paroiffe pas dans les Noti ces des Provinces de la Gaule au rang des cités, il est devenu un fiége épifcopal, qui ne fut transféré dans l'ifle d'Aaron, ou de S. Malo, que dans le douzième fiècle. L'ancien emplacement de cette ville fur une pointe de terre près du bourg de S. Servan, eft appellé par les Bretons Guich-Alet, & autrement la Cité, du terme affecté aux villes épifcopales. Mais, dans ce

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