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origine, il forme, felon Méla, deux lacs, Venetum & Acronium, qui ne font point connus d'ailleurs fous ces noms. Le premier, ou Venetus, doit être le Boden-fee, comme on l'appelle aujourd'hui, nommé Brigantinus dans Pline, & tirant ce nom de Brigantia, fituée à l'une de fes extrémités. Le fecond, ou Acronius, d'une étendue beaucoup moins confidérable, & au-deffous de Conftance, eft actuellement nommé Unter-fee, ou Lac inférieur. Entre les rivières que reçoit le Rhin, & dont il eft fait quelque mention dans l'antiquité, je crois devoir citer ici celles qui ayant leurs cours dans la Germanie, ne doivent point être mentionnées en particulier dans cet ouvrage. Ptolémée n'en connoît aucune. Nicer, ou le Necre, n'eft connu que depuis le tems de Conftantin. Eumène, dans un panégyrique de ce prince, l'appelle barbarus Nicer, parce que vers ce tems-là les terres que fépare le cours du Rhin étoient diftinguées par le terme de Romania d'un côté, & de l'autre par celui des Barbaries. Manus, le Mein, eft cité dans Méla, dans Pline, dans Tacite, dans Ammien-Marcellin. Lupia, la Lippe, eft devenue célèbre chez les Romains par leurs expéditions dans le canton de la Germanie que traverse cette rivière. Pour parler enfuite de la féparation du Rhin en plusieurs branches, on ne peut mieux faire que d'emprunter d'abord les paroles Annal. II, 6. de Tacite: Rhenus uno alveo continuus, aut modicas inJulas circumveniens, apud principium agri Batavi velut in duos amnes dividitur, fervatque nomen, ac violentiam curfus, quá Germaniam prævehitur, donec Oceano mifeeatur: ad Gallicam ripam latior & placidior defluens verfo cognomento Vahalem incolæ dicunt: mox, id quoque vocabulum mutat Mofá flumine, ejufque immenfo ore eumdem in Oceanum infunditur. Céfar avoit déja parlé du bras, qui fe féparant du Rhin fur la gauche, va fe rendre dans la Meufe: Mofa.... parte quadam Rheui receptá, quæ appellatur Valis, infulam efficit Batavo

rum. Il n'en eft point mention dans Méla, qui regarde comme finifter le bras qui conferve le nom du Rhin jufqu'à la mer, & qui eft dexter à l'égard du Wahal: ad finiftram amnis, etiam tùm, & donec effluat, Rhenus. Mais, en revanche, on doit à Méla une defcription particulière de la branche qu'il prend pour la droite du Rhin: ad dextram, primò anguftus, & fui fimilis ; poft, Lib. III, cap. zi ripis longè ac latè recedentibus, jam non amnis, fed ingens lacus, ubi campos implevit, Flevo dicitur, ejufdemque nominis infulam amplexus, fit iterum arctior, iterumque fluvius emittitur. Cette branche, dont Tacite ne fait point mention ci-dessus, eft l'émanation du Rhin par le canal de Drufus, comme on peut voir à l'article Foffa Drufiana. Selon Pline, plufieurs ifles, outre celle des Batavi, font renfermées entre les embouchures qu'il appelle Helium & Flevum: ita adpellantur oftia, in qua Lib. IV, cap. 13. effufus Rhenus, ab feptentrione in lacus, ab occidente in amnem Mofam fe fpargit ; medio inter hæc ore modicum nomini fuo cuftodiens alveum. On voit diftinctement que la première des deux embouchures dans ce paffage eft le Flevo de Méla; que la feconde eft l'os immenfum de Tacite, fous un nom particulier, fçavoir Helium ; & que la bouche intermédiaire eft la branche du Rhin dont parle Tacite, fervat nomen & violentiam curfus, donec Oceano mifceatum. Il n'y a d'autre remarque à faire, fi ce n'eft que l'expreflion fervat violentiam curfus dans Tacite, ne donne pas la même idée que celle de modicum cuftodiens alveum dans Pline. On conviendra feulement avec Tacite, que le bras antérieur, ou le Wahal, l'emporte fur l'autre, étant latior & placidior. Quoique felon l'état actuel, le Rhin finiffe en dépérif fant, il paroît que les Romains, dont il couvroit la frontière, quá Germaniam prævehitur, fentoient un intérêt à maintenir cette branche du fleuve dans fa force, & que ce fut l'objet de Drufus en conftruifant une digue, pour affurer l'écoulement des eaux dans ce canal.

*9.

Hiftor. lib. V, On voit même dans Tacite, que Civilis fit une bréche à cette digue, pour que la plus grande partie des eaux prenant fon cours par une pente naturelle vers la Gaule, le canal du Rhin en fût tellement affoibli, qu'il n'y eût plus de féparation entre l'ifle des Bataves & les Germains: diruit molem à Drufo Germanico factam, Rhenumque prono alveo in Galliam ruentem, disjectis quæ morabantur, effudit. Sic, velut abato flumine, tenuis alveus, infulam inter, Germanofque, continentium terrarum fpeciem fecerat. Plufieurs fçavans ont attribué l'ouverture du Leck à cette manœuvre de Civilis , quoique Cornelius Aurelii & Hadrianus Junius rapportent d'après les annales d'Utrecht, que le canal du Leck, & les digues qui le contiennent, font l'ouvrage des habitans de la Betuwe, vers le milieu du neuvième fiècle. Il eft conftant que le Leck emporte aujourd'hui la plus grande partie des eaux, que le Wahal avoit laiffées au Rhin; & la dérivation qui s'eft faite plus bas à Utrecht, dans le Vecht, qui fe rend dans le Zuyderzée, ou dans le Flevo lacus aggrandi par la mer, un autre dommage au vieux Rhin. Ce n'eft pas même une circonftance récente, que de le voir devenir à rien avant que d'arriver à la mer, puifqu'un diplôme de l'empereur Frédéric Barbe-rouffe, dans le douzième fiècle, ordonne, que l'embouchure du Rhin obftruée fera dégagée, & qu'on lui ouvrira un passage dans la mer. Voilà ce qui peut fervir d'éclairciffement fur ce qui concerne la divifion de ce grand fleuve en plufieurs bras, & fon écoulement par diverses embouchures. C'est une matière qui a donné lieu aux fçavans, divifés dans leurs opinions, de compofer des volumes entiers, de la lecture defquels Adrien de Valois prétend que l'on fort moins inftruit qu'on ne croyoit l'être auparavant. Il faut l'entendre s'expliquer fur ce fujet : De foffis quidem ac de oftiis tanti fluvii, tàm immodica prodentium difcordia eft, tot tamque diverfæ fententiæ vel

P. 472

caufe

conjectura, tot ex omnibus partibus argumenta; ut poft-
quam ingentes fingulorum ac univerforum libros evolveris,
aliorum alios impugnantium, jacturam temporis feciffe te
agnofcas, nec ftatuere poffis quid potiffimum fequaris; fed
multo quam anteà incertior, multo magis dubius, & in his
etiam quæ optimè te fcire putaveras, hæfitans recedas. Il
femble néanmoins que les difficultés que M. de Valois
relève avec tant de chaleur, font fort applanies par les
circonftances qui viennent d'être expofées fans une trop
longue difcuffion. Les différends entre les fçavans fur de
pareils fujets, n'ont fouvent leur cause
dans ce que
l'étude du local n'y prend pas autant de part qu'elle doit
en prendre, & n'accompagne pas affez étroitement les
recherches de pure érudition. Malgré les changemens
qu'on ne peut douter être arrivés dans la partie infé-
rieure du Rhin, on démêle fuffifamment quel a été l'é-
tat ancien des lieux, pour pouvoir le concilier avec le
rapport des auteurs de l'antiquité, & fçavoir à quoi
peut s'appliquer ce que chacun d'eux rapporte en parti-
culier.

47°, 26°, & 44°, 23°.

que

A. Gell. lib. X,

cap. 7.

Sol. cap. 8.

RHODANUS FLUVIUS, & RHODANI OSTIA. Aulu-Gelle, & Solin, citent Varron, le plus fçavant des Romains, comme ayant compris le Rhône dans les trois plus grands fleuves de l'Europe, en prenant le Danube & le Rhin pour les deux autres. On fent bien que descendant dans la Méditerranée, que plufieurs écrivains Romains appellent mare noftrum, cette rivière a été plus connue, & connue de meilleure heure, que les autres rivières de la Gaule. La rapidité de fon cours a pu faire croire, par allufion à un terme Grec, que le nom de Rhodanus venoit des Grecs établis fur la côte. Pline dérive ce nom d'une ville nom- Lib. III, cap. 42 mée Rhoda, que l'on ne connoît point, & qui étant appellée Rhodanufia par Marcien d'Héraclée, & dans Etienne de Byzance, auroit plutôt reçu fon nom du

Lib. VI.

ram,

fleuve, que de lui communiquer le fien. A cela près; la defcription que Pline fait du Rhône eft convenable en peu de mots: Galliarum fertiliffimus Rhodanus amnis, ex Alpibus fe rapiens per Lemannum lacum, feg gnemque deferens Ararim, nec minus fe torrentes, a& Druentiam. Ce qu'il dit enfuite d'une manière plus circonftanciée qu'aucun autre des auteurs de l'antiquité, fur les embouchures, fera expliqué féparément. Je crois pouvoir me difpenfer de citer Strabon, Méla, Ptolémée, fur ce qui concerne le Rhône. La Notice de l'Empire fait mention de la flote du Rhône, Claffis fluminis Rhodani, dont le commandant étoit établi à Vienne, ou à Arles.

44°, 23°.

Je viens à l'article concernant les bouches du Rhône en particulier, & qui demande de la difcuffion. Les anciens ont varié fur le nombre de ces bouches, comme fur celles de plufieurs autres fleuves qui fe partagent en Lib. III, p. 183. divers bras pour fe rendre dans la mer. Polybe, felon Strabon, reprenoit Timée d'en compter cinq, n'en reconnoiffant que deux. Artémidore en connoiffoit trois; & Pline diftingue en effet trois bouches par des noms Lib. III, cap. 4. particuliers: Libyca appellantur duo (Rhodani) ora modica: ex his, alterum Hifpanienfe, alterum Metapinum: tertium, idemque ampliffimum, Maffalioticum. Marcianus Capella en parle de même. Ptolémée ne diftingue que deux embouchures, l'occidentale & l'orientale: mais on peut regarder comme une troisième bouche du Rhône, le canal qu'il prend pour celui de Marius, & qu'il indique avant que d'arriver à la bouche occidentale, en procédant, comme il fait, d'occident en orient. Si l'on applique aux embouchures que défigne ainsi Ptolémée, les noms qu'on trouve dans Pline; l'embouchure orientale, & par conféquent la plus voisine de Marseille, eft l'oftium Massalioticum; l'occidentale représente l'oftium Metapinum, & la troisième l'oftium

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