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P.349.

Epift. 17:

Hift. lib. IV.

les deux distances en une feule indication, qui eft x. Une carte manuscrite & topographique que j'ai fous les yeux, me fait connoître que la mesure itinéraire paroît trèsconvenable fur le pied d'environ 10 milles, quoique la mefure directe de Briançon à Sézane ne foit guère que de 8: mais, il faut confidérer que c'est un chemin dans les Alpes. M. de Valois n'est point entré dans le détail que fourniffent l'Itinéraire & la Table. Ce détail le conduifoit au mont Genèvre, & l'auroit empêché de tranfporter l'Alpis Cottia au mont Cenis: noftri, dit-il, Alpem Cottiam, vel Cottianam (vocant) montem Cinifium, le mont Cenis. Il ne peut être question du mont Cenis en paffant de la Gaulè en Italie, qu'en fortant de la Maurienne, & non pas en partant de Briançon. Le nom des Alpes Cottiennes n'étoit point encore mis en oubli dans l'onzième fiécle. Pierre-Damien écrivant à Adelhaïde, fille de Mainfroi, marquis de Sufe, & femme d'Amédée, comte de Maurienne, la qualifie du titre de duciffa Alpium Cottiarum.

46°, 25°.

ALPIS GRAIA. Elle eft marquée dans la Table Théodofienne, fur la trace de la route qui paffe par Darantafia pour entrer en Italie par Augufta-Prætoria. L'Itinéraire d'Antonin n'en fait point mention dans le détail de la même route. Dans Tacite c'eft mons Graius; dans Cornelius-Nepos (in Annibale) faltus Graius. Pline s'explique fur la fituation d'Augufta-Prætoria; dans le pays des Salaffi, en ces termes : juxta geminas Alpium fauces, Graias atque Paninas : & on voit en effet que les voies romaines en partant de cette ville, traversent l'Alpe Gréque d'un côté, & de l'autre l'Alpe Pennine, c'est-à-dire, le petit & le grand S. Bernard. Ptolémée, qu'il faut approuver d'avoir placé les villes des Centrones dans les Alpes Gréques, eft à blâmer d'y placer également Seguftum, Sufe, qui eft au pied des Alpes Cottiennes, & de plus Eburodunum, Embrun,

qui eft bien éloigné du petit S. Bernard. On sçait que la dénomination d'Alpis Graia eft attribuée au paffage plus fabuleux qu'hiftorique d'Hercule, qui, felon la tradition que Pline rapporte, avoit établi dans ces quartiers une partie des Grecs dont il étoit fuivi. Tite-live fait connoître ce qu'il penfoit de ce paffage d'Hercule, lorf qu'en difant que les routes pour traverfer les Alpes ne paroiffoient point frayées aux Gaulois, qui néanmoins pénétrerent en Italie, il ajoute, nifi de Hercule fabulis credere libet.

44°, 26°.

ALPIS MARITIMA. La Table Théodofienne marque VIII entre Cemenelium & Alpis Maritima; & l'indication eft la même dans l'Itinéraire d'Antonin entre Alpis Jumma & Cemenelium, en fuivant la voie qui étoit appellée Aurelia. C'eft fur ce fommet de l'Alpe Maritime qu'étoient élevés les Trophées d'Augufte, & leur position nous eft connue dans celle qui exifte fous le nom de Turbia, qui eft une altération de la dénomination de Tropaa. Je fuis inftruit par des cartes qui ont été levées dans le plus grand détail, & felon la plus parfaite topographie, par ordre du Roi, que ce qu'il y a d'efpace entre Cimies, ou les veftiges de Cemenelium, & Turbia, eft au moins de 5000 toifes, & répond à environ 7 milles romains. Mais, il faut croire que la mefure itinéraire fur une route dans les Alpes, doit furpaffer fenfiblement la ligne aërienne & directe; & la topographie que j'ai fous les yeux me donne tout lieu de juger, que cette mefure ne peut guère différer de ce que l'Itinéraire & la Table indiquent également. Les cartes dont je viens de parler s'étendant jufqu'à Vintimille, l'avantage qu'on en peut tirer m'invite à reconnoître les distances jufqu'à cette position. L'Itinéraire fait mention d'un lieu entre Albintimilium, ou plutôt Albium-Intemelium, & l'Alpis fumma, fous le nom de Lumone; & on y trouve d'Albintemelium à Lumone XVI,

* H

Lib. III, cap.io.
Lib. V, fett. 34a

& de Lumone au fommet de l'Alpe x. La Table eft manifeftement en faute, parce qu'on n'y voit autre chose que viu entre l'Alpe Maritime & Albintimilium, ce qui pourroit être attribué à l'omiffion du lieu intermédiaire indiqué par l'Itinéraire. Or, je remarque, que l'efpace ⚫ en droite ligne de Turbia à Vintimille n'eft donné que de 9000 toises au plus, ce qui ne répond qu'à environ 12 milles romains: d'où il faut conclure, que quelque peu directe & unie que foit la route, qui dans prefque toute cette étendue borde le pied des montagnes à peu de distance de la mer, elle ne peut cependant confumer 26 milles, comme l'Itinéraire les fait compter. En partant de Vintimille, & mefurant autant qu'il eft poffible les circuits de la route, je rencontre au terme de 6 milles la position de Menton, que je vois être la feule qui puiffe représenter celle de Lumone. Ainfi, l'indication de l'Itinéraire, au lieu de xvi, fe réduit à vi; & le compte des distances entre Vintimille & Turbia n'étant plus que de xvi, l'erreur de l'Itinéraire confifte à avoir appliqué à un intervalle particulier, ce qui regarde la distance entière de Vintimille à Turbia. Entre Menton & Turbia, il me paroît que l'indication de viIII qu'on trouve dans la Table fuffiroit à remplir cet intervalle, & que celle de x par conféquent, felon l'Itinéraire, auroit quelque chofe de trop. J'ai cru qu'il falloit profiter ainfi du moyen qui m'étoit donné d'analyfer ces diftances, quoique hors des limites de la Gaule, mais qui tiennent à la pofition de l'Alpis Maritima.

46°, 26°.

ALPIS PENNINA. Dans l'Itinéraire d'Antonin, & dans la Table Théodofienne, le paffage que l'on nomme aujourd'hui le grand S. Bernard eft appellé fummus Penninus. Il paroît que dans la prononciation de ce nom Penn, on a fait fonner l'n, comme dans le mot Latin pinna, quoiqu'il foit écrit diversement, & avec l'n feule, fpécialement dans l'inscription trouvée fur le mont

Hift. lib. I, c. 61,

S. Bernard, DEO PENINO. On lit Penninus dans Tite-live, dans Tacite Pennina juga, Penninum iter: Lib. XXI, fect. dans la Notice des provinces de la Gaule, Alpes Pen- 38 nina. Le nom de l'Apennin, qui dérive de Penn, s'é- & 70. crit Apenninus. Chez les nations Celtiques, Penn défigne une élévation, la cime d'un lieu dominant. Il fubfifte dans la dénomination de quelques montagnes & promontoires, chez les Gallois de la Grande-Bretagne, & dans la Bretagne Françoife. La langue Efpagnole conferve le terme de Peña, pour fignifier une roche élevée & qui domine fur les environs, C'eft par erreur, quoique cette erreur foit ancienne, qu'on a attribué le nom de l'Alpe Pennine à celui des Pani, ou des Carthaginois, en fuppofant qu'Annibal étoit descendu en Italie par cette montagne. Tite-live, lorfqu'il réfute cette opinion, fait voir qu'elle avoit cours, & on la trouve pareillement dans Pline, en parlant de la double gorge Lib. III, cap. 176 des Alpes, Graiarum & Peninarum faucium: his Panos, ajoute-t-il, Grais Herculem tranfiffe memorant. Mais, quand on fuit la marche d'Annibal, & que du canton qu'occupoient les Tricorii, on le voit descendre chez les Taurini, qui lui avoient fervi de guides; on ne fçauroit douter qu'il n'ait traversé les Alpes au mont Genèvre, plutôt que par-tout ailleurs. Tite-live témoigne de l'étonnement, de ce qu'on a pu imaginer que le général Carthaginois eût pris fon chemin par l'Alpe Pennine : miror ambigi, quanam Annibal Alpes tranfierit, & vulgò credere Pennino, atque indè nomen ei jugo Alpium inditum, tranfgreffum. Il ajoute, que les Veragri, habitans de la contrée, n'ont aucune connoiffance que les Pani ayent paffé par chez eux; mais qu'ils reconnoiffent, que le nom de la montagne eft celui de la divinité révérée fur le fommet de cette montagne: neque herculè montibus his ab tranfitu Panorum ullo, Veragri incolæ jugi ejus, norunt nomen inditum ; fed ab eo, quem in fummo facrazum vertice, Penninum montani adpellant. L'idole de cette

divinité ayant été renversée par S. Bernard, prêtre de l'église d'Aoufte, & qui annonça l'Evangile aux habitans de la montagne, fon nom a pris la place de celui du dieu Penn. L'Itinéraire & la Table font d'accord à marquer xxv, entre le fummus Penninus & Octodurus, le chef-lieu des Veragri, en defcendant dans la Vallée Pen

nine..

50°, 27°.

ALTA-RIPA. Il en eft mention dans la Notice de l'Empire, comme d'un pofte établi entre Nemetes & Vangiones, c'est-à-dire Spire & Wormes, fous les ordres du général réfidant à Maïence. Ce lieu conferve le nom d'Altrip, dans le fond très-refferré d'un coude que fait le Rhin, avant que de recevoir le Nekre fous Manheim.

48°, 24°.

AMAGETOBRIA. Dans quelque réserve que l'on veuille fe tenir fur ce qui peut paroître trop conjectural, il y a des pofitions, que le défir de ne les point omettre, parce qu'il y a des circonftances qui les diftinguent, fait hazarder plus qu'on ne fe propofe en général de le faire. Il n'eft parlé d'Amagetobria que dans le premier livre des Commentaires de Céfar, mais par rapport à un événement dont les fuites déterminerent Céfar à faire la guerre à Arioviste. Les querelles entre les Edui & les Sequani, ayant armé ces deux puiffantes cités l'une contre l'autre, les Sequani, voifins du Rhin & des nations Germaniques, appellerent à leur fecours Ariovifte, par qui les dui furent défaits avec une très-grande perte: quod prælium factum fit Amagetobriæ, comme on lit dans les Commentaires. Chifflet (in VeParte I, cap. 35. fontione) croit reconnoître l'emplacement d'Amagetobria aux envitons d'un lieu nommé Broie, & la Moigte de Broie, près du confluent de la rivière d'Ognon dans la Saône, peu au-deffus de Pontalier. La tradition du pays veut qu'il ait existé une ville en cet endroit; &

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