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43°, 17°.

Un autre paffage des Pyrénées eft également appellé fummus Pyrenæus dans l'Itinéraire d'Antonin, qui décrit une route de Cafaraugufta, ou de Saragoce, à Beneharnum. Ce paffage defcend dans la vallée d'Afpe, qui conduit à Iluro, ou Oloron : & fi on rétrograde en partant d'lluro, c'eft par des lieux dont l'Itinéraire fait mention fous les noms d'Afpaluca, & de Forum ligneum, que l'on arrive ad fummum Pyrenæum. Le cours du Gave d'Afpe dans le fond de la vallée, détermine néceffairement la direction de la route; & quoique l'Itinéraire faffe compter 24 entre fummus Pyraneus & lluro, où il convient d'employer la lieue gauloife plutôt que le mille, je pense que l'efpace en droite-ligne ne peut s'eftimer qu'environ 20, à raison des circuits auxquels la difpofition du local affujettit cette route, & c'eft la grande carte des Pyrénées, levée par ordre du Roi,qui m'en fait juger. Vers la fource du Gave, on rencontre deux paffages dans la montagne; l'un fur la droite, & qui fe nomme le port de Bernère, conduit dans une vallée nommée Aragues, l'autre fur la gauche, & nommé le port de Canfranc, defcend à Jaca, ville d'Aragon. Le nom de Berner pourroit être dérivé de Pyrener, & il y a une vieille bâtisse à la droite du port de Canfranc, qui se nomme Peyraner. De ces deux paffages qui donnent entrée en Espagne c'eft celui du port de Bernère & du val d'Aragues, qui doit répondre à la route que trace l'Itinéraire. Ce qui me l'indique, c'est le lieu d'Ebellinum, par lequel ċet Itinéraire en partant de Cafaraugufta tend au fummus Pyrenæus, & que je retrouve dans la position actuelle de Baillo, dont le nom eft tiré d'Ebellinum. On y arrive en defcendant les Pyrénées, à l'iffue des vallées d'Aragues & d'Echo, & après avoir traversé la rivière d'Aragon à la puente de la Reyna, & les diftances que marque l'Itinéraire, tant à l'égard de Cafaraugufta, que

du

du fummus Pyrenæus, convenant à cette pofition, elle réunit par ce moyen tout ce qui peut fervir à la fixer.

43°, 17o.

Nous avons un troifième paffage des Pyrénées, fous la même dénomination de fummus Pyrenæus, dans l'Itinéraire d'Antonin, entre Pompelo & Aqua Tarbellica. Les lieux connus fur cette route dans l'étendue de la Gaule, fçavoir imus Pyrenæus & Carafa, le retrouvent, le premier dans la pofition de S. Jean furnommé Pied-de-Port, l'autre dans celle de Garris, & ils ont chacun leur article particulier. Mais, il est évident par ces pofitions, que le fummus Pyrenæus dont il s'agit, eft le port par lequel pour entrer en Espagne on defcend à Roncevaux. Dans l'article Lapurdum, qui me fournit l'occafion de traiter des limites de la Gaule de ce côté-là, on voit que ce fommet des Pyrénées a été diftingué par une croix, nommée Crux Caroli, qui rappelloit apparemment le fouvenir de la défaite d'une partie de l'armée de Charlemagne à fon retour de l'Efpagne. Roger de Hoveden, hiftorien Anglois, parlant fous l'an 1177, d'une expédition de Richard, comte de Poitiers, qui vouloit réduire à l'obéissance Barclos & Navarrenfes, dit qu'il s'avança ufque ad portum Sizara, que porta Hifpaniæ dicitur. Je trouve M. de Marca cité par M. Weffeling, fur ce qu'il place le fummus Pyrenæus au lieu nommé el Burguete, ce qui m'étonne, parce que ce lieu eft plus bas que Roncevaux, qui eft déja au pied de la montagne. L'Îtinéraire indique une pofition fous le nom de Turiffa, entre le fummus Pyrenæus & Pompelo; & je crois la reconnoître fur la route dans le lieu nommé Ofteriz, fur le bord d'une des rivières qui fe joignent près de Pamplune. Mais, la distance qui eft marquée XVIII, doit fe réduire à vIII, ce qui eft d'autant moins douteux, que l'efpace actuel entre le passage de la montagne & Pamplune n'admet point le compte que fournit l'Itinéraire; qui eft ; 40 au lieu que la fup

* Kkkk

Itiner. p. 455.

66.

Hiftor. lib. IV,

preffion d'un x que demande la position de Turiffa, le rend convenable fur le pied de 30. Méla fait mention d'une ville d'Ituriffa, qui comme il la place fur le fleuve Magrada, ne fçauroit être Turissa entre Jummus Pyrenæus & Pompelo. Il y a une pofition d'Ituriffa dans Ptolémée, qui par rapport à celle qu'elle garde avec Pompelo, conviendroit mieux à Turissa de l'Itinéraire. On peut même inférer du nom d'Ofteriz, qui fait retrouver Turissa, que c'eft un défaut dans l'Itiné raire de n'y pas lire Ituriffa.

51°, 24°.

SUNICI. Tacite en fait mention, difant que Civilis ayant fait entrer ceux de Cologne dans fa révolte, & armé les Sunici, fut arrêté par Labeon, qui avec du monde ramaffé à la hâte chez les Betafii, Tungri, & Nervii, l'avoit prévenu, en occupant le pont de la Meufe; pontem Mofa fluminis anteceperat. Il y a lieu de préfumer, que ce pont fur la Meufe étoit celui de Trajectum Mofa, comme on peut voir à l'article Coriovallum; & que les Sunici devoient être fitués entre la Meufe & les Agrippinenfes autrement appellés Ubii, au territoire defquels Tacite adjuge Marcodu rum, ou Duren fur la Roer, & Tolbiacum, ou Zulpik. Lib. IV, cap. 17. Pline nomme les Sunuci (ainsi lit-on dans fon texte) à la fuite des Tungri; ce qui feroit propre à confirmer la position qui paroît leur convenir, fi Pline gardoit toujours un ordre févèrement exact à cet égard, entre les peuples dont il fait l'énumération.

50°, 24°.

SURA FLUV. Aufone, dans fon poème fur la Mofelle: Namque & Pronea, Nemefæque adjuta meatu

Sura tuas properat non degener ire fub undas. Sour, rivière du pays de Luxembourg, & qui ayant reau celles de Prum & de Nyms réunies enfemble, tom be dans la Mofelle, fur fa rive gauche, au-deffus de Trèves.

T.

50°, 27°.

TABERNÆ. On trouve deux pofitions fous ce nom de Taberna dans l'Itinéraire d'Antonin, & dans la Table Théodofienne : l'une entre Noviomagus & Saletio Spire & Seltz; l'autre fur la route d'Argentoratum à Divodurum, ou Metz. La première étant près du Rhin, eft appellée Rhin-Zabern, pour la diftinguer d'un autre Zabern, qui fur la même ligne, ou à peu près, étant au pied des montagnes, porte le nom de Berg-Zabern. La diftance de Taberna à l'égard de Noviomagus, marquée XI dans l'Itinéraire, XII dans la Table, paroît d'environ 11 lieues gauloifes en droite-ligne fur le local, & la mesure affujettie à la route doit avoir quelque chofe de plus. A l'égard de Saletio, l'indication de l'Itinéraire fçavoir XIII, eft préférable à celle de la Table, qui est XI, parce que l'efpace approche de 15000 toifes. La Notice de l'Empire fait mention de Taberna entre Saletio & Vicus Julius, faisant l'énumération des garnisons romaines établies fur la frontière du Rhin, fous les ordres du général résidant à Maïence.

49°, 26°.

L'autre pofition de Taberna, marquée également dans l'Itinéraire & dans la Table, fe diftingue de l'un & de l'autre Zabern de l'article précédent, en ce qu'elle eft appellée Elfaff-Zabern, étant renfermée dans la province d'Alface, & l'usage a établi chez les François de l'appeller Saverne. L'indication de la diftance à l'égard d'Argentoratum paroît x dans l'Itinéraire ; elle eft omife dans la Table. Ce qu'il y a d'efpace entre Strafbourg & Saverne eft plus considérable qu'on ne le trouve dans quelques cartes, & il approche de 18000 toifes en droite-ligne; ce qui donne lieu de préfumer que la mefure itinéraire eft de 16 lieues au moins, & que l'indication ne fuffifant pas, il conviendroit mieux d'y trou

Lib. XVI.

ver XVII que XIIII. De Taberna, en tendant vers Divo durum, la position qui fuit immédiatement eft Pons Saravi dans la Table, & la distance marquée XII peut pa roître convenable. L'intervalle en ligne directe eft d'environ 12000 toifes: mais, le paffage de la montagne qui fépare l'Alface d'avec la Lorraine, allongeant la mefure itinéraire, on ne doit point trouver étrange que le calcul de 12 lieues gauloifes fourniffe 13600 toifes. On lit dans Ammien-Marcellin, que Julien marchant contre les Alemans, qui étoient campés près d'Argentora→ tum, répara une place qu'il nomme Tres Taberna, ajoutant que ce pofte fermoit l'entrée de l'intérieur de la Gaule à l'énemi; quo ædificato, conftabat ad intima Galliarum, ut confueverant, adire Germanos arceri. Cette circonftance ad intima Galliarum, défigne particulièrement les Taberna d'Alface, & non celles du Rhin ; d'autant plus précisément, qu'après la réparation des Tres Taberna, l'hiftorien décrivant la marche de Julien, dit qu'il rencontra les retranchemens de l'énemi qu'il alloit combattre, à 14 lieues, ou 21 milles : à loco undè Romana promota funt figna, adufque vallum barbaricum quarta leuca fignificatur & decima, id eft unum & viginti millia paffuum. Il eft évident que cela ne peut s'ap pliquer à Rhin Zabern, dont la diftance à l'égard de Strasbourg, fait au moins le double de celle de Strafbourg à Saverne. Cluvier en a pourtant penfé autrement. Il y a longtems qu'en gliffant fur le T de Tabernæ, on lui a fubftitué un Z. Nithard, qui écrivoit dans le neuvième siècle, parlant de Charle le Chauve, Elifazam ad Zabernam introiit.

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On trouve un autre lieu fous le nom de Taberna, dans le poème d'Aufone intitulé Mofella, fur la route qu'il décrit entre Bingium, ou Bingen, & Noviomagus, ou Numagen. A la fuite de Dumnissus, dont il eft queftion dans un article particulier, Aufone ajoute

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