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Pierre de S. Julien, dans fes Antiquités des Bourguignons, avoit parlé de cette tradition avant Chifflet. La fituation de ce lieu paroît en-effet convenable, en ce que les Edui allant au-devant de l'énemi pour couvrir leur pays, c'eft en remontant la Saône & dans fon voifinage qu'ils ont dû le rencontrer. J'ai donc cru, que ces probabilités pouvoient permettre de donner une place à Amagetobria dans la carte de l'ancienne Gaule. L'opinion qui tranfporte ce lieu auprès de Bingen au-deffous de Maïence, en fe fondant fur ce vers d'Aufone, in Mofellá,

Aquavit Latias ubi quondam Gallia Cannas, eft infoutenable, parce qu'il n'y a point de vraifemblance à mettre aux mains les Edui & les Sequani si loin de leurs foyers.

48°, 19°.

AMBACIA. Sulpice-Sévere, qui écrivoit au commencement du cinquième fiècle, fait mention d'Ambacia, où les Gaulois dans le paganifie avoient élevé un temple en forme de pyramide & Grégoire de Tours parle d'un pont de bateaux, fur lequel on traversoit la Loire à Amboife. Il eft remarquable dans l'histoire intitulée Gefta Confulum Andegavenfium, qu'elle indique un lieu dans Amboife auquel on donnoit le nom de Ve tus Roma, ce qu'il faut attribuer à quelque refte d'édi fice romain fubfiftant dans le douzième fiècle.

47°, 23°.

AMBARRI. Ils étoient, felon l'expreffion de Céfar, dans le premier livre des Commentaires, neceffarii & confanguinei Æduorum. Céfar en fait encore mention au feptième livre, avec d'autres peuples également dépendans des Ædui. On voit diftinctement par fon expédition contre les Helvetii, qu'ils étoient établis, du moins en partie, fur la rive gauche ou ultérieure de l'Arar, ou de la Saône. Car, ils lui font porter leurs plaintes du ravage de leurs terres avant que tout le corps de la

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Dial. III, 9%

C

Lib. V.

nation Helvétique ait paffé cette rivière, puifque Céfar arrive affez à tems pour défaire les Tigurini, qui étoient reftés en arrière. Les Ambarri font cités bien antérieurement, étant nommés par Tite-live entre les peuples qui pafferent les Alpes pour s'établir en Italie, ce qui remonte jufqu'au tems que le premier des Tarquins régnoit à Rome.

?

50°, 20°.

AMBIANI. Céfar, Strabon, Pline, Ptolémée, font mention des Ambiani. Ils tenoient un rang diftingué entre les peuples de la Belgique. On voit dans Céfar, que fortant du territoire des Bellovaci, il entre dans celui des Ambiani, ce qui eft pofitif, & conforme à la fituation que ces cités gardent entr'elles. Mais, ce qu'on lit enfuite dans les Commentaires, eorum ( Ambianorum fcilicet) fines Nervii attingebant, ne doit pas être entendu d'une manière trop étroite, & ne fignifie autre chofe, finon que les Ambiani ne font point éloignés des Nervii. Car, à moins que de refferrer les Atrebates, ou les Veromandui, jufqu'aux portes de leur capitale, on ne fçauroit amener les Nervii jufque fur la frontière des Ambiani précisément. Le nom de civitas Ambianenfium, au lieu d'Ambianorum, dans la Notice des provinces de la Gaule, entre les cités de la feconde Belgique, paroît formé fur celui d'Ambiani, devenu propre à la capitale, en prévalant fur celui de Samarobriva. Ce qui eft appellé proprement pagus Ambianenfis, l'Amiénois, ne fait aujourd'hui qu'une partie de l'ancien territoire des Ambiani.

51°, 26°.

AMBIATIATINUS VICUS. Suétone ( in Caligula) rapporte, d'après le témoignage de Pline, que cet empereur étoit né in Treveris, vico Ambiatino, fupra Confluentes: & on y voyoit, felon Pline, des Autels dreffés en l'honneur d'Agrippine, mère de Caius ou de Caligula. Cluvier a cru voir cette pofition dans celle d'un

lieu nommé Capelle, au-deffus de Coblentz. Sa fituation fur le bord du Rhin, vis-à-vis de l'embouchure d'une rivière dont le nom eft Logana, Lohn ou Lahn, peut paroître avantageufe pour un camp romain, où f'on prétendoit que Caligula avoit pris naissance, felon ce vers qui couroit du tems de Suétone :

In caftris natus, patriis nutritus in armis.

Si l'on ne s'attache pas à l'emplacement de Capelle précifément, & que l'on veuille remonter un peu au-def fus, on trouve un lieu que les affemblées des princes de l'Empire Germanique ont rendu remarquable, comme une lettre écrite au pape Benoît XII en 1339 le témoigne en ces termes: ubi principes electores fuper Marq. Freher negotiis Imperii tractandis convenire confueverunt ab an- Scriptor. Germ tiquo. Dans un affez court efpace entre Capelle & Renfe Tom. 1, p. 427. où Reetz, ce lieu d'affemblée eft appellé Konigftuhl, ou thrône royal; & Marquard-Freher en parle ainfi : hic fedes regni Germanici, & thronus imperialis adhuc Origin. Palats vifitur. Voilà donc un lieu, qui diftingué de cette ma- lib. II, cap. 8. nière depuis long-tems, pourroit avoir commencé à l'être par le camp romain qu'avoit choifi Germanicus.

44°, 22°.

AMBRUSSUM. L'Itinéraire d'Antonin, & celui de Bourdeaux à Jérufalem, conviennent de placer ce lieu à égale distance de Nemaufus & de Sextantio, en marquant xv de Sextantio comme de Nemaufus. La Table Théodofienne marque bien xv dans l'une de ces diftances, & celle qui paroît marquée xx, ne tient pourtant lieu que de xv, conformément aux Itinéraires. Ce qu'il y a d'efpace entre Nîmes & la pofition de Sextantio dont il fubfifte des veftiges à environ 3 milles de Montpellier, fur la gauche du Lez, s'eftime d'environ 22000 toifes: & il eft naturel que le calcul de 30 milles romains, repréfentant la mesure itinéraire, & qui eft rigoureufement de 22680 toifes, ait un excédent fur la mesure directe. Je crois pouvoir juger, que l'emplace

I,

Pag. 4.

Lib. III, cap. 4.

ment d'Ambrussum au paffage du Vidourle, se rencontre entre 15 & 16 milles de Nîmes, & la position d'un lieu dont l'ancienne dénomination de octavo (fubaudi lapide) aujourd'hui Uchau, fe rapporte à Nîmes, fert de fondement à cette opinion. Mais, en même tems, la diftance d'Ambruffum à Sextantio ne paroiffant que de 14 à 15, il y a compenfation entre les diftances particulières. Les reftes du pont conftruit par les Romains fur le Vidourle, font à quelques milles au-deffus du pont de Lunel, par lequel paffe le chemin actuel de Montpellier à Nîmes; & ces reftes confervent le nom de Ambruis ou Ambrois.

44°, 26°.

pont

ANAO PORTUS. Holftenius, dans fes annotations fur l'Italie de Cluvier, ne pense pas comme lui que ce port doive être confondu avec un autre, que l'Itinéraire Maritime indique également fous le nom d'Avifio. Il eft vrai qu'à un peu plus de 2000 toises du fond de l'anfe d'Eza, qui eft l'Avifio portus, entre Sud & Lebeche, une pointe de terre qui porte le nom de SantoHofpitio, ou de Sofpiers, forme une autre anfe, que la pêche du ton fait appeller la Tonnara. L'intervalle que je viens d'indiquer, d'après la plus exacte représentation du local, répond à peu près à 3 milles: felon l'Itinéraire, ab Avifione Anaone portus IV.

44°, 23°.

ANATILII. Il en eft mention dans Pline; & c'est après avoir parlé des bouches du Rhône, du canal de Marius, de Maritima Avaticorum, & des Campi lapidei, qu'il ajoute immédiatement enfuite: regio Anatiliorum; & intus Defuviatium, Cavarumque. Il femble qu'on doive conclure de ces circonftances, que les Anatilii étoient placés au-delà du Rhône à notre égard; & que par une diftinction que l'expreffion intùs met entre leur emplacement & celui des Defuviates & des Cavares, ils devoient être voifins de la mer. Et quant à ce

dernier

dernier point, Ptolémée le voudroit de même, parce
que ne connoiffant point les Avatici, il attribue Ma-
ritima aux Anatilii : Αγατιλῶν Μαρίτιμα. Mais, v que les
Avatici occupoient Maritima, felon le témoignage de
Méla & de Pline, on ne voit de place aux Anatilii que
vers le Rhône, & vraisemblablement entre fes embou-
chures. Si l'on en croit même une infcription, rappor-
tée par Honoré Bouche, & citée par Spon, par M. du
Cange, par les PP. Meneftrier & Hardouin, & qu'on P.
prétend avoir été trouvée à S. Gilles, les Anatilii
y au-
roient eu une ville fous le nom d'Heraclea. Il eft vrai p. 572.
que M. de Tillemont a formé des doutes fur l'authenti-
cité de cette infcription, & que les fçavans Bénédictins

Chorog. de Prova
Mifcell. p. 159.

158.

Chron. Pafch.

qui ont compofé l'hiftoire de Languedoc, l'ont combat- Tom. I, p. 6431 tue par des raifons, qui, fans être tout-à-fait convainquantes, font honneur à leur critique. L'inscription fait parler les Anatilii, comme ayant voulu par ce monument témoigner leur reconnoiffance envers Ataulphe, roi des Vifigoths, & Placidie fon époufe, qu'on fçait avoir été fœur de l'empereur Honorius, de ce qu'ils ont choisi pour réfidence cette ville d'Héraclée. On ne sçauroit douter, fur le rapport de Godefroi de Viterbe, qu'Ataulphe ne fe fût établi en ce lieu: ubi hodie villa S. Ægidii dicitur, in loco qui ufque hodiè palatium Gothorum vocatur, confedit ( Ataulphus) fupra Rhodanum fluvium. Les environs de S. Gilles ont porté le nom de Vallis Flaviana: & felón les bulles de Jean VIII, dans le neuvième siècle, cette vallée a été donnée à S. Gilles par un roi des Goths: quam vallem Flavius, quondam Gothorum rex, beato Egydio dedit. Dans l'infcription, Ataulphe porte le furnom de Flavius: & néanmoins on en tire un argument contre cette infcription, fur l'opinion qu'on a que Reccarede, poftérieur à Ataulphe d'environ 170 ans, eft le premier des Vifigots d'Espagne qui ait affecté le nom de Flavius. Mais, de ce qu'Ataulphe ne s'eft pas foutenu longtems dans ce canton, ayant été

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