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Lib. XVI.

diocèse de Strasbourg. Car, de ce que la Notice de l'Empire place Saletio fous les ordres du général réfidant à Maïence, par conféquent, hors de la dépendance d'un comte qui commandoit dans le Tractus Argentoratenfis; on peut inférer que la cité des Nemetes s'étendoit jufquelà, comme en-effet Seltz eft du diocèfe de Spire, fur les confins de celui de Strasbourg. Du côté des Rauraci, un lieu nommé Markelsheim, qui eft précisément fur cette marche ou frontière du diocèfe de Strasbourg confinant à celui de Bafle, & placé fur la voie romaine, défigne la même chofe que le terme de Fines fur d'autres voies, & dans les provinces de la Gaule où la langue romaine domine, plutôt que la langue Tudefque. Le nom de Triboci ne paroît point dans la Notice des provinces, comme ceux de Nemetes & de Vangiones, y paroiffent dans les villes capitales de ces peuples. Civitas Argentoratenfium en tient la place, immédiatement après Maïence sa métropole.

49°, 27°.

TRIBUNCI. Ammien-Marcellin parlant de la fuite de Chnodomaire, roi des Alemans, vaincu près d'Argentoratum par Julien, s'explique ainfi : rex Chnodomarius.... celeritate rapidá properabat ad caftra, quæ propè Tribuncos & Concordiam, munimenta Romana, fixit intrepidus, ut adfcenfis navigiis, dudum paratis ad cafus ancipites, in fecretis feceffibus evaderet. La connoiffance que l'on a de la pofition de Concordia fur la rivière de Lauter au.deffous de Weiffenbourg, conduit à celle des Tribunci, & détermine le canton qui lui convient, puifque caftra Chnodomarii étoient voisins de l'un & de l'autre de ces lieux. On juge même que Tribunci devoit être plus à portée du Rhin que ne paroît Concordia, vu que Chnodomaire tenoit, en proximité de fon camp, des bâtimens tout prêts, pour pouvoir traverser le fleuve au befoin. Je crois donc qu'on peut fixer la pofition de Tribunci aux environs de l'embouchure du Lauter, &-la pofition d'un

lieu nommé Bergen, vis-à-vis de Lauterbourg, paroît y répondre. Un lieu qui en eft voifin fous le nom de Neubourg, femble fuppofer qu'il y en avoit un plus ancien dans ce canton. M. Schoepflin préfere la leçon de Tribuni dans le manufcrit de Colbert de la Bibliothéque du Roi, à celle de Tribunci, fur laquelle les autres manufcrits d'Ammien font d'accord.

49°, 22°.

TRICASSES. Ils ne font point nommés dans Céfar, ni dans Strabon. Pline & Ptolémée en font mention comme d'un peuple de la Gaule Lionoife; & civitas Tricaffium eft une de celles de la Lionoife quatrième, ou Sénonoife, dans la Notice des provinces de la Gaule. Dans Ammien-Marcellin, & dans une infcription du recueil de Gruter, on lit Tricaffini. Le filence de Céfar fur la cité des Tricaffes, fait préfumer à Nicolas Sanson, que ce diftrict de Troies étoit primitivement compris dans la cité de Sens très-puiffante. 45°, 23°.

Lib. XXI, fect.

TRICASTINI. Il en eft mention dès le tems du paffage des Gaulois en Italie, fous la conduite de Bellovèfe, qui felon Tite-live, in Tricaftinos venit, en pre- Lib. V, Sect. 34: nant sa route vers les Alpes. Car, l'hiftorien ajoute, Alpes indè oppofitæ erant. On trouve enfuite le nom des Tricaftini dans la marche d'Annibal, qui ayant paffé le Rhône plus bas que dans la pofition de ce peuple, prit fur la gauche; ad lavam in Tricaftinos flexit, comme on lit dans Tite-live, pour rafer enfuite les limites des Vocontii, dont le territoire étoit limitrophe; inde 31• per extremam oram Vocontiorum agri. Pline fait mention des Tricaftini, en citant leur capitale Augufta. On trouve Tricasteni dans Ptolémée; mais en position fort étrange, par une graduation qui les range à trois degrés & demi de longitude au-delà des Segalauni, & en même tems plus au nord de deux tiers de degré. On peut voir ce qui en eft, en considérant la pofition refpec

Lib. XVIII.

tive de S. Paul-trois-châteaux & de Valence. Le nom des Tricaftini s'eft confervé pur dans celui du Tricaftin, 52°, 25°.

TRICESIMÆ. Ammien-Marcellin cite ce pofte au nombre de ceux, que Julien étant Céfar, fit réparer fur la frontière du Rhin; & les nommant par ordre en remontant du bas Rhin vers le haut, il place Tricefima entre Quadriburgium, que l'on juge avoir été situé vers la féparation du Wahal d'avec le Rhin, & Nove fuum, qui eft Neuff ou Nuis. Dans l'Itinéraire d'Antonin, on trouve Legio xxx Ulpia, à la fuite de Vetera; fans diftance intermédiaire. Ptolémée en fait auffi mention. Ce furnom d'Ulpia emprunté de Trajan, a pu induire à confondre ce lieu avec Colonia Trajana. Mais, plufieurs infcriptions qui portent LEG. XXX. V. v. dont les dernières lettres s'expliquent Ulpia Vidrix, ayant été trouvées sur le bord du Rhin auprès de Vetera ; il y a tout lieu de croire qu'il faut diftinguer le camp romain établi par Trajan, d'avec la colonie fondée par lui, & dont l'emplacement connu près de Clève fous le nom de Koln, ne montre rien de semblable. On voit même par la proximité de ce camp à l'égard de Vetera, pourquoi l'Itinéraire faisant mention de l'un & de l'autre, ne les fépare point par une indication de dif

tance.

44°, 21°.

AD TRICESIMUM. Les anciens Itinéraires ont beaucoup de pofitions fous des dénominations femblables, & tirées de la diftance des lieux à l'égard des villes principales qui de leur emplacement comptoient ainsi dans l'étendue du territoire de leur dépendance: & ce Tricefimum eft rélatif à Narbone, comme l'Itinéraire de Bourdeaux à Jérufalem le fait connoître, en marquant deux diftances de xv milles chacune entre Tricefimum & Narbone. On eft furpris qu'un trèsfçavant commentateur de l'Itinéraire témoigne de l'in

certitude

certitude fur le lieu duquel ce Tricefimum étoit compté. 45°, 24°.

TRICORII. L'emplacement de ce peuple dépendra de fuivre Annibal dans fa marche, depuis le paffage du Rhône pour arriver au pied des Alpes. On lit dans Ti- Lib. XXI, Seót. te-live, qu'ayant paffé le Rhône, Annibal prit sa route 31. fur la gauche, par le pays des Tricaftini, ad lavam in Tricaftinos flexit; & que rafant l'extrémité du territoire des Vocontii, il entra chez les Tricorii. Polybe, Pol. lib. III. & même Tite-live d'après lui, nous apprennent, que remontant le long du Rhône, il arriva le quatrième jour de marche, quartis caftris, à la jonction d'une rivière avec le Rhône, aux confins des Allobroges, qui habitoient entre les deux rivières. Quoique le nom de cette rivière fût écrit Expas dans le texte de Polybe, où l'on a fubftitué papos, & qu'on life Arar dans Titelive; cependant il faut convenir avec les plus judicieux d'entre les fçavans, que c'eft de l'Ifère, Ifar ou Ifara, qu'il eft queftion. Pourquoi Annibal ne prenoit pas le plus droit chemin, & peut-être le plus commode pour arriver aux Alpes, les hiftoriens nous en donnent la raison, qui étoit d'éviter une action par la rencontre d'une armée romaine avant que d'être entré en Italie. C'est donc de ce point aux environs du confluent de l'Ifère & du Rhône, qu'il convient de partir pour arriver chez les Tricorii, après avoir traversé l'extrémité du territoire des Vocontii: per extremam oram Vocontiorum agri tetendit ( Annibal) in Tricorios, felon les termes de Tite-live. Or, du point dont on part, cette extrémité du pays des Vocontii ne fçauroit s'entendre que de la partie feptentrionale du diocèse de Die, qui eft une ville de la dépendance des Vocontii: & les Tricorii, dont l'emplacement fuccède fans intervalle à cette partie du territoire des Vocontii, doivent avoir habité fur le Drac, dans la partie méridionale du diocèse de Grenoble, & en montant vers les fources du * Oooo

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P. 138.

Drac dans le duché de Champfaur. Je me fuis cru obligé d'entrer dans ce détail, pour être autorifé à ne point embraffer l'opinion de M. de Valois, qui prétend que la marche d'Annibal, & même les anciens Itinéraires, placent les Tricorii à Vapincum, ou Gap: cùm Vapincum Tricoriis, Itineraria prifca, & via Hannibalis, adjudicare apertè videantur. Si l'extrema Vocontiorum ora pouvoit auffi-bien convenir à la partie inférieure des Vocontii, entre Vaison & Carpentras, qu'elle convient d'un autre côté, & à vingt lieues plus haut, en ce cas il feroit vraisemblable qu'Annibal prenant une route directe vers l'orient d'été, fans s'écarter vers le nord comme il fit jufqu'à l'Ifère, fe feroit approché de Gap; & il eft à remarquer que fur cette route il rencontroit les Caturiges, nation plus confidérable & plus connue que celle des Tricorii. Quant aux anciens Itinéraires, dont M. de Valois employe ici le témoignage, qui ne croiroit fur l'affertion d'un fçavant du premier ordre, & fans approfondir le fait, que ces Itinéraires doivent fournir quelque indice évident (apertè ) de la route d'Annibal par Vapincum. Cependant, tout ce qu'on peut fuppofer que les Itinéraires ont de commun avec cette route fe réduit à tendre au mont Génèvre: & comme Annibal defcendant en Italie, rencontra d'abord les Taurini, cette circonftance détermine en effet le paffage d'Annibal par cet endroit des Alpes. Mais, j'obferve que la marche du général Carthaginois depuis 'Ifère jufqu'aux Alpes, eft évaluée par Polybe à 800 ftades, ce qui répondra en-effet à l'emplacement des Tricorii fur une route directe; au lieu que par un détour qui conduiroit aux Caturiges, dont il n'eft fait aucune mention fur la route d'Annibal, cette route pafferoit 1000 ftades, & ne fe réduiroit point à 800. On Lib. IV, p. 185. trouve les Tricorii cités dans Strabon, & comme il convient qu'ils le foient, pour les juger fitués au-delà des Vocontii, en s'enfonçant dans les terres. Il en eft

& 203.

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