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iv

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les aufpices du PERE & de l'AÏEUL de VOTRE ALTESSE SERENISSIME embrassent les quatre Parties du Monde. Je Vous dois, MONSEIGNEUR, l'hommage de ce nouvel ouvrage, qui intéresse en particulier la Nation Françoife, dont vous faites déja les délices.

Je fuis avec le plus profond respect,

MONSEIGNEUR, .

de VOTRE ALTESSE SERENISSIME,

Le très-humble, très-obéiffant & très-dévoué ferviteur

D'ANVILLE.

PREFACE.

PRÉFACE.

XLIII.

'AI regardé depuis longtems comme un devoir que j'avois à remplir, de travailler fur la Gaule dans tout ce qu'elle embraffe d'étendue. Un historien célebre de l'antiquité, après avoir recueilli les faits des nations étrangères, totiùs propemodùm Juftin. lib. orbis rebus explicitis; revient comme d'un long voyage dans le lieu de fa demeure, velut poft longam peregrinationem domum revertitur. Il fe croiroit coupable d'ingratitude envers fa patrie, s'il ne faifoit pas pour elle ce qu'il a fait pour tous les autres peuples: ingrati civis officium exiftimans, fi, cùm omnium gentium res geftas illuftraverit, de folâ tantum patria taceat. Ce fentiment de Trogue Pompée peut s'étendre à un objet différent du fien, fans qu'un mérite égal dans l'exécution y réponde. J'ai craint qu'on ne me reproche d'avoir donné par préférence mon application à tout autre pays qu'à celui auquel je dois le plus d'atta

chement.

Lorfque j'ai formé le deffein de dreffer une carte de l'ancienne Gaule, j'ai pensé que le défir de la plupart de ceux qui l'auroient fous les yeux, feroit d'y voir des noms actuellement d'ufage, felon qu'ils correspondent à ceux des lieux anciens, ou qu'ils les remplacent. Mais, j'ose dire, que c'eft par le défaut d'une connoiffance bien diftincte de la Géographie des tems fort antérieurs à notre fiècle, qu'on croira la chose plus pratiquable qu'elle ne l'est en effet. Il n'y a que cette connoiffance, qui par un grand détail de circonftances particulières, puifle faire voir l'impoffibilité d'exprimer avec quelque exactitude la correfpondance de l'état moderne avec l'ancien, dans une carte où l'on fe proposera de représenter l'un de ces états plutôt que l'autre. Entre nos provinces, celles qui en confervant des noms anciens paroiffent avoir le plus de rapport à l'antiquité, ne font plus contenues dans les mêmes limites. Je pense que personne n'ignore, que la Provence n'eft qu'une petite partie de ce qui a porté le nom de Provincia. La Guienne ne reffemblant que très - imparfaitement à l'ancienne Aquitaine, fon nom qui en dérive, ne sçauroit figurer avec celui d'Aquitania. On ne connoît point de nom actuel de pays qui réponde au territoire des Ædui, des Remi, & de beaucoup d'autres peuples. Les Cenomani, qui ont donné le nom au Maine, ne rempliffent point cette pro

vince, les Atrebates l'Artois. Les Lemovices, au contraire, fortent des limites du Limousin. Les Nervi ont habité dans le Hainau & dans une partie de la Flandre, les Menapii dans le nord du Brabant: mais, quel rapport entre ce qui compofe ces provinces nouvelles, & le pays que l'on préfume avoir été occupé par les peuples que je viens de nommer? Je crois qu'il eft inutile d'accumuler ici un plus grand nombre d'articles qui font dans le même cas.

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Mais, en supposant qu'on ait fous les yeux une carte, où par une bigarrure affez étrange, il y ait un mélange de noms modernes avec les anciens; donnera-t-on fa confiance à cette efpece d'alliance, fans être inftruit des moyens plus ou moins solides sur lesquels elle peut être fondée, & que chaque position exige en particulier? Il semble qu'à l'égard du pays que nous habitons cette condition foit plus exigible, que s'il s'agiffoit des contrées, fur lesquelles par leur éloignement on eft excufable d'être moins éclairé. Ce n'eft donc qu'en écrivant, que l'auteur d'une carte de la Gaule peut en développer tout le détail, rélativement à ce que l'on connoît d'existant; & le devoir de ceux qui veulent être inftruits de cette manière, eft de lire, & de ne pas fe contenter du fimple coup-d'œil fur une carte, qui ne rend point raifon de ce qu'elle repréfente.

J'expose ainfi le motif qui m'a engagé à écrire,

& à vouloir même que l'ouvrage fût en entier par écrit, avant que de dreffer la carte, parce que l'obligation d'examiner les chofes d'affez près pour qu'elles paroiffent démontrées en écrivant, y met plus de févérité que dans ce qu'on pourroit hazarder fur une carte. Mais, c'est avec le plus de briéveté qu'il étoit poffible que j'ai voulu écrire. J'aurois même tranché plus court fur des articles affez connus,& qui concernent prefque toujours les lieux qui ont subsisté dans un état plus confidérable, fi en les omettant, je n'avois craint le reproche d'être incomplet, & de mettre le lecteur dans l'obligation de recourir à d'autres ouvrages fur le même fujet. Cependant, s'il m'a paru indifpenfable de ne pas me taire abfolument fur les articles dont je parle, je m’y suis renfermé dans ce qui eft purement géographique, & convenable à l'objet de cet ouvrage en général, fans m'en écarter par des ornemens étrangers à cet objet. On remarquera que les lieux obfcurs font communément ceux qui tiennent plus de place dans l'étendue de l'ouvrage, par l'étude & les recherches qu'il falloit employer pour les tirer de leur obscurité, & je m'y fuis appliqué comme s'ils m'avoient été réfervés.

Comme il s'agiffoit d'entrer en explication fur chacune des pofitions qui devoient fe placer dans la carte, il en a réfulté des articles diftincts & féparés, qui n'ont pû être rassemblés que dans

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