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vons parlé, à entreprendre ce grand coup. Il fe rendit fecretement à Bude pour exccuter fon deffein, il fe gliffa dans le Palais pour étudier l'occafion favorable, mais heureusement il fut reconnu&arrêté.Il fut fur le champ fouillé, & on trouva un poignard caché dans la manche de fa vefte; il fut interrogé & mis à la question, où il avoua que pour affurer fa fortune, par les grandes promeffes qu'on lui avoit fait, il avoit entrepris d'affaffiner le Roy. Ce deffein parut i horrible, que ce malheureux fur condamné à être chargé de groffes & pefantes chaînes d'être enfermé dans un fac & jetté dans le Danube, afin qu'il ne reftât aucun veftige d'un fi méchant homme.

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Après ce mauvais fuccès Ferdinand ne pouvant ni par les armes ni par les entreprises, fatis

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faire fon ambition, reprit, à fon ordinaire, les négociations. Il. propofa de nouveau d'entrer dans. un accommodement qui termina la guerre & procura la paix au Royaume. Le Miniftre fut d'a-vis que le Roy écoutât les pro-pofitions de fon ennemi; qu'il » lui étoit glorieux de l'avoir réduit à lui demander la paix, que c'étoit un aveu de la foi» bleffe de fes forces: que lorfqu'on connoîtroit les intentions. » de la maifon dAutriche, on en profiteroit felon les occurrenfans s'engager à rien de prejudiciable à fes droits. Mais fur tout que Sa Majesté, pendant ces pourparlers captieux, » ne devoit point confentir à » une treve, ni à quelque fuf-penfion d'armes, qui pût arrê »ter fes progrès. Le Roy fuivit le confeil de fon fage Miniftre,. & Ferdinand lui offrit de le

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laiffer paifible poffeffeur du Royaume de Hongrie pendant le cours de fa vie, à condition « qu'après fa mort la maison d'Autriche rentrât dans tous fes droits; qu'elle s'obligeroit, en « cas que le Roy eut des enfans, de leur donner des Seigneuries & des revenus convenables à... leur naiffance, & que l'aîné de « fes fils feroit déclaré Vaivode « de Tranfilvanie.

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Il femble par ces propofitions,. que Ferdinand auguroit que la vie du Roy Jean ne devoit pas être longue; car pendant les allées & venues de cette négocia tion, ce Prince fe fentit frappé de maux extraordinaires ; cependant par fon grand courage il continuoit à remettre fous fon obéiffance, les places dont Ferdinand étoit encore le maître dans le Royaume. Il étoit occupé au fiege de l'importante

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fortereffe deFogarai en Tranfilvanie,défendue par Etienne Maillat, un des grands Seigneurs du païs, mais entierement dans le parti de la maifon d'Autriche, lorfqu'il reçût un courier de la part du Miniftre, pour lui apprendre que la Reine venoit de lui donner un fils. Cette nouvelle agréable ré-. joüit infiniment le Roy; il en fit rendre graces à Dieu dans tout le Royaume, & tandis qu'il les rendoit lui-même, il fit faire trois décharges de toute fon artillerie : il fit publier & preparer de grandes fêtes, & de magnifiques tournois à Millembac, la plus riche ville de Tranfilvanie: mais comme il voulut être prefent à tous ces divertiffemens, fa fanté en fut plus alterée; enfin fentant diminuer fes forces ce fage Prince voulut mettre ordre aux affaires, & fe préparer à la mort; il declara fes dernieres volontez

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par un teftament authentique, & après avoir rempli tous les devoirs d'un Prince veritablement Chrêtien, il rendit l'efprit à l'âge de 53. ans, le 21. Juillet 1540. & le 14. de fon Regne.

Un Roi fi fage, fi vaillant & fi bon, fut infiniment regretté de tous les peuples: il étoit également bien fait de corps & d'ef prit, plus porté à la clemence qu'à la severité, même envers fes plus grands ennemis : liberal jufqu'à ne fe rien referver pour recompenfer le merite, où l'attachement de fes fujets : il avoit le cœur droit & magnanime, préferant la gloire à tout; inviolablement attaché à la foi Catholique; enfin ses ennemis ne lui ont pû reprocher que de s'être trop livré à la paffion de regner, défaut qui peut être mis au nombre des vertus morales dans les bons Princes, comme il peut

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